ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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On peut lire dans M. de Fontenelle les réflexions solides & judicieuses qu'il a écrites sur le bonheur. Quoique notre bonheur ne dépende pas en tout de nous, parce que nous ne sommes pas les maîtres d'être placés par la fortune dans une condition médiocre, la plus propre de toutes pour une situation tranquille, & par conséquent pour le bonheur, nous y pouvons néanmoins quelque chose par notre façon de penser. (C)

Bonheur, Prospérité (Page 2:323)

* Bonheur, Prospérité, (Gramm.) termes relatifs à l'état d'un être qui pense & qui sent. Le bonheur est l'effet du hasard; il arrive inopinément. La prospérité est un bonheur continu, qui semble dépendre de la bonne conduite. Les fous ont quelquefois du bonheur. Les sages ne prosperent pas toûjours. On dit du bonheur qu'il est grand, & de la prospérité qu'elle est rapide. Le bonheur se dit & du bien qui nous est arrivé, & du mal que nous avons évité. La prospérité ne s'entend jamais que d'un bien augmenté par degrés. Le capitole sauvé de la surprise des Gaulois par les cris des oies sacrés, dit M. l'abbé Girard, est un trait qui montre le grand bonheur des Romains: mais ils doivent à la sagesse de leurs lois & à la valeur de leurs soldats, leur longue prospérité.

BON HOMME DE CHEVAL (Page 2:323)

BON HOMME DE CHEVAL, BON HARAS, BON PIÉ, BON TRAIN; voyez tous ces mots à leurs lettres. (V)

BONICHON (Page 2:323)

* BONICHON, s. m. (Verrerie.) c'est un trou qui communique du four aux lunettes des arches à pots: il fait dans chaque arche à pot la fonction de ventouse. Comme on met cuire les bouteilles dans les arches à pots, dès qu'on a quitté le travail, pour empêcher le feu du four d'entrer, & laisser refroidir les bouteilles, on marge la lunette.: mais la lunette étant margée, & la flamme du four n'ayant plus d'entrée ni de sortie, le four seroit étouffé, si on n'ouvroit le bonichon.

BONJEAU (Page 2:323)

* BONJEAU, s. m. (OEcon. rust.) c'est un assemblage de deux bottes de lin liées l'une contre l'autre de la tête au pié, afin d'occuper moins de place dans l'eau, où on doit mettre le lin roüir. Voyez Lin.

BONIER (Page 2:323)

* BONIER, s. m. (Commerce & Agricultu: e.) mesure de terre qui contient en surface 4074 toises cinq pouces & quatre lignes. Ainsi l'arpent contenant 900 toises, il faut quatre 1/2 arpens 24 toises 5 pouces & 4 lignes, pour l'équivalent d'un bonier en mesure de Paris. Cette mesure varie d'un canton à l'autre de la Flandre, où elle est en usage.

BONIFACIO (Page 2:323)

BONIFACIO, (Géog.) petite ville & port dans la partie méridionale de l'île de Corse Long. 27. lat. 41. 20. Le détroit qui sépare la Corse de la Sardaigne se nomme Bocca di Bonifacio.

BONITE (Page 2:323)

* BONITE, (Hist. nat.) poisson fort commun dans la mer Atlantique: il est d'une couleur assez approchante de celle de nos maquereaux, à qui il ressemble aussi par le goût, hormis qu'il est beaucoup plus grand. Il se trouve plûtôt en pleine mer que près des côtes. Il est de la forme d'un oval, dont le grand diametre auroit deux piés, & le petit un ou un & demi: il a près de la tête deux grands ailerons pointus, & depuis ses ailerons une ligne d'écaille tirée jusqu'à sa queue, qui est fourchue, & deux autres au - dessous; une au bas - ventre, & l'autre de grandeur inégale, depuis le milieu du dos jusqu'à la queue. Il est couvert d'une peau ou cuir: la chair en est excellente; elle est seche, ferme, & nourrissante. La mer en est quelquefois presque couverte. Il saute à dix ou douze piés de haut. On le prend soit à la foüine, soit au trident, soit au harpon, ou à l'hameçon. Cet hameçon est de la grosseur du petit doigt: on l'amorce avec deux plumes de pigeon blanc, enveloppées de petits linges: on attache la ligne à la vergue; on fait sautiller à une certaine hauteur l'hameçon ainsi armé; la bonite le prend pour un petit poisson volant, se jette dessus, & se trouve accrochée à l'hameçon. Voyez l'histoire des Antil. du P. du Tertre.

BONITON (Page 2:323)

BONITON, s. m. amia, (Hist. nat.) poisson de mer qui ressemble au thon & au maquereau par la forme du corps, pour les nageoires & pour la queue. Il a le bec pointu, les yeux petits & de couleur d'or, le ventre gros & argenté, le dos bleu & luisant, & la queue mince & faite en forme de croissant: il y a des lignes de couleur noirâtre qui s'étendent obliquement depuis le dos jusqu'au ventre, & qui sont assez éloignées les unes des autres; il n'a des écailles qu'à l'entour des ouies. Les dents sont fort pointues & recourbées en - dedans; elles sont serrées les unes çontre les autres. Ce poisson aime l'eau douce. Sa chair est grasse & bonne. Rondelet. Voyez Poisson. (I)

BONN (Page 2:323)

BONN, (Géog.) ville forte & ancienne d'Allemagne dans l'électorat de Cologne, & située sur la rive gauche du Rhin. Elle est la résidence de l'électeur. Long. 25. lat. 50. 40.

BONNE (Page 2:323)

BONNE, (Géog.) ville maritime d'Afrique dans la Barbarie, au royaume d'Alger. Long. 25. 28. lat. 37.

Bonne (Page 2:323)

Bonne, bourg de Faucigni, dans la Savoie, à 3 lieues de Geneve.

BONNE - DAME (Page 2:323)

BONNE - DAME, s. f. (Hist. nat. bot.) plante qui doit se rapporter au genre appellé arroche. Voyez Arroche.

Bonne - dame (Page 2:323)

Bonne - dame, atriplex, (Jard.) elle est potagere. Elle se nomme encore arroche, mais elle en est un peu différente. Elle croît de la hauteur de six piés; pousse des feuilles larges qui ressemblent à celles de la blette, dont le goùt est fade. Ses fleurs sont petites, à plu sieurs étamines jaunâtres. La bonne - dame vient de graine qui se seme au printems. On se sert de sa feuille pour le potage & pour la farce. Cette plante vient en toute sorte de terre, & sa culture n'a rien de particulier. (K)

BONNE (Page 2:323)

* BONNE DÉESSE, (Myth.) Dryade, femme de Faune, roi d'Italie, que son époux fit mourir à coups de verges, pour s'être enivrée, & à laquelle de regre il éleva dans la suite des autels. Quoique Fauna aimât fort le vin, on dit toutefois qu'elle fut si chaste qu'aucun homme n'avoit su son nom, ni vû son visage. Les hommes n'étoient point admis à célébrer sa fête, ni le myrte à parer ses autels. On lui faisoit tous les ans un sacrifice dans la maison, & par les mains de la femme du grand - prêtre. Les vestales y étoient appellées, & la cérémonie ne commençoit qu'avec la nuit: alors on voiloit les représentations même des animaux mâles; le grand - prêtre s'éloignoit, emmenant avec lui tout ce qui étoit de son sexe. On prétend que c'étoit en mémoire de la faute & du châtiment de Fauna, qu'on bannissoit le myrte de son autel, & qu'on y plaçoit une cruche pleine de vin: le vin, parce qu'elle l'avoit aimé; le myrte, parce que ce fut de branches de myrte qu'on fit la verge dont elle fut si cruellement foüettée pour en avoir trop bû. Les Grecs sacrifioient aussi à la bonne déesse, qu'ils appelloient la déesse des femmes, & qu'ils donnoient pour une des nourrices de Bacchus, dont il leur étoit défendu de prononcer le nom. Du tems de Cicéron, qui appelle les mysteres de la bonne déesse par excellence mysteres des Romains, Pubhus Clodius les profana en se glissant en habit de femme chez Jules César, dans le dessein de corrompre Mutia, sa femme. La déesse Fauna faisoit un double rôle en Italie; c'étoit une ancienne reine du pays, & c'étoit aussi la terre: cette duplicité de personnage est commune à la plûpart des dieux du paganisme; & voici la raison qu'on en lit dans le grand Dictionnaire historique. Dans les premiers tems tous les cultes se rapportoient à des êtres matériels, comme le ciel, les astres, la terre, la mer, les bois, les fleuves, [p. 324] qu'on prenoit grossierement pour les seules causes des biens & des maux. Mais comme le progrès de l'opinion n'a plus de bornes, quand celles de la nature ont été franchies, la vénération religieuse qu'on avoit conçûe pour ces êtres, s'étendit blen - tôt avec plus de raison aux personnes qui en avoient inventé le culte. Cette vénération augmenta insensiblement dans la suite des âges par l'autorité & le relief que donne l'antiquité: & comme les hommes ont toûjours eu le penchant d'imaginer les dieux semblables à eux, rien ne paroissant à l'homme, dit Cicéron, si excellent que l'homme même, on en vint peu - à - peu à diviniser les inventeurs des cultes, & à les confondre avec les divinités mêmes qu'ils avoient accréditées. C'est ainsi que la même divinité fut honorée en plusieurs endroits de la terre sous différens noms, sous les noms qu'elle avoit portés, & les noms des personnes qui lui avoient élevé les premiers autels; & que Fauna fut confondue avec la terre, dont elle avoit introduit le culte en Italie. On l'appella aussi la bonne déesse, la déesse par excellence; parce que la terre est la nourrice du genre humain, & que la plûpart des êtres ne tirent leur dignité que du bien ou du mal que nous en recevons.

BONNE DE NAGE (Page 2:324)

BONNE DE NAGE, (Marine) se dit d'une chaloupe lorsqu'elle est facile à manier, & qu'elle passe ou avance bien, à l'aide des avirons seulement.

BONNE TENUE (Page 2:324)

BONNE TENUE, (Marine.) Voyez Tenue.

BONNEAU (Page 2:324)

BONNEAU, s. m. GAVITEAU, (Marine) c'est un morceau de bois ou de liége, & quelquefois un barril relié de fer, qui flottant sur l'eau, marque l'endroit où les ancres sont mouillées dans les ports ou rades. Voyez Bouée. (Z)

BONNE - ESPERANCE (Page 2:324)

* BONNE - ESPERANCE, (Mythologie) Bona spes, ce fut une divinité payenne. On trouve dans le recueil de Gruter une inscription qui porte:

               B O N A E  S P E I
                   A U G.  V O T.
                     P P.  T R.
soit que ce fût la même déesse que l'Espérance, à laquelle les Romains donnoient l'épithete de bonne, soit qu'on distinguât ces deux divinités.

Bonne - Esperance, (Cap de) (Page 2:324)

Bonne - Esperance, (Cap de) Géog. le Cap de bonne Espérance, est à la pointe méridionale de l'Afrique. Voyez Cap.

BONNESTABLE (Page 2:324)

BONNESTABLE, (Géog.) ville de France, dans le Maine, à 6 lieues du Mans; il s'y fait un grand commerce de blé. Long. 18. 5. lat. 48. 11.

BONNET (Page 2:324)

BONNET, s. m. (Hist. mod.) sorte d'habillement de peau ou d'étoffe, qui sert à couvrir la tête.

L'époque de l'usage des bonnets & des chapeaux en France se rapporte à l'an 1449; ce fut à l'entrée de Charles VII. à Roüen, qu'on commença à en voir: on s'étoit jusqu'alors servi de chaperons ou de capuchons. M. le Gendre en fait remonter l'origine plus haut; on commença, dit - il, sous Charles V. à rabattre sur les épaules les angles des chaperons, & à se couvrir la tête de bonnets, qu'on appella mortiers, lorsqu'ils étoient de velours, & simplement bonnets, s'ils étoient faits de laine. Le mortier étoit galonné; le bonnet au contraire n'avoit pour ornement que deux especes de cornes fort peu élevées, dont l'une servoit à le mettre sur la tête, & l'autre à se découvrir. Il n'y avoit que le roi, les princes, & les chevaliers qui portassent le mortier. Voyez Mortier.

Le bonnet étoit non - seulement l'habillement de tête du peuple, mais encore du clergé & des gradués, au moins fut - il substitué parmi les docteurs - bacheliers, &c. au chaperon qu'on portoit auparavant comme un camail ou capuce, & qu'on laissa depuis flotter sur les épaules. Pasquier dit qu'il faisoit anciennement partie du chaperon que portoient les gens de robe, dont les bords ayant été retranchés, ou comme su<cb-> perflus ou comme embarrassans, il n'en resta plus qu'une espece de calotte propre à couvrir la tête, qu'on accompagna de deux cornes pour l'ôter & la remettre plus commodément, auxquelles on en ajoùta ensuite deux autres; ce qui forma le bonnet quarré, dont il attribue l'invention à un nommé Patouillet; ils n'étoient alors surmontés tout au plus que d'un bouton au milieu, les houpes de soie dont on les a couronnés étant une mode beaucoup plus moderne, & qui n'est pas même encore généralement répandue en Italie. Le même auteur ajoûte que la cérémonie de donner le bonnet de maître - ès - arts ou de docteur dans les universités, avoit pour but de montrer que ceux qu'on en décoroit avoient acquis toute liberté, & n'étoient plus soumis à la férule des maitres; à l'imitation des Romains qui donnoient un bonnet à leurs esclaves lorsqu'ils les affranchissoient; d'où est venu le proverbe vocare servum ad pileum, parce que sur les médailles, le bonnet est le symbole de la liberté, dont on y représente le génie, tenant de la main droite un bonnet par la pointe.

Les Chinois ne se servent point comme nous de chapeaux, mais de bonnets d'une forme particuliere, qu'ils n'ôtent jamais en saluant quelqu'un, rien n'étant, selon eux, plus contraire à la politesse que de se découvrir la tête. Ce bonnet est différent selon les diverses saisons de l'année: celui qu'on porte en été a la forme d'un cone renversé; il est fait d'une espece de natte très - fine & très - estimée dans le pays, & doublé de satin; on y ajoûte au haut un gros floccon de soie rouge qui tombe tout autour, se répand & flotte de tous côtés, ou ne houpe de crin d'un rouge vif & éclatant, qui résiste mieux à la pluie que la soie, & fait le même effet. Le bonnet d'hyver est d'une sorte de peluche, fourré & bordé de zibeline, ou de peau de renard avec les mêmes agrémens que ceux des bonnets d'été; ces bonnets sont propres, parans, du prix de huit ou dix écus, mais du reste si peu profonds, qu'ils laissent toûjours les oreilles découvertes.

Le bonnet quarré est un ornement, & pour certaines personnes la marque d'une dignité, comme pour les membres des universités, les étudians en philosophie, en droit, en medecine, les docteurs, & en général pour tous les ecclésiastiques séculiers, & pour quelques réguliers. Il y a plusieurs universités où l'on distingue les docteurs par la forme particuliere du bonnet qu'on leur donne en leur conférant le doctorat; assez communément cette cérémonie s'appelle prendre le bonnet. Il falloit que les bonnets quarrés. fussent en usage parmi le clergé d'Angleterre, long - tems avant que celui de France s'en servît; puisque Wiclef appelle les chanoines bifurcati, à cause de leurs bonnets; & que Pasquier observe que de son tems, les bonnets que portoient les gens d'église, étoient ronds & de couleur jaune. Cependant ce que nous avons ci - dessus rapporté d'après lui, prouve que ce fut aussi de son tems que leur forme commença à changer en France.

Le bonnet d'une certaine couleur a été & est encore en quelques pays une marque d'infamie. Le bonnet jaune est la marque des Juifs en Italie; à Luques, ils le portent orangé; ailleurs on les a obligés de mettre à leurs chapeaux des cordons ou des rubans de cette couleur. En France les banqueroutiers étoient obligés de porter toûjours un bonnet verd. Voyez plus bas Bonnet verd.

Dans les pays d'inquisition, les accusés condamnés au supplice sont coiffés le jour de l'exécution, d'un bonnet de carton en forme de mitre ou de pain de sucre, chargé de flammes & de figures de diables: on nomme ces bonnets, carochas. Voyez Carocha & Inquisition.

La couronne des barons n'est qu'un bonnet orné de perles sur ses bords; & celles de quelques princes

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