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Bibles Moscovites (Page 2:226)
Le nombre des Bibles en langue vulgaire est si prodigieux, & d'ailleurs elles sont si connues, que nous n'avons pas jugé nécessaire d'en traiter expressément. Voyez le livre de Kortholtus Allemand, intitulé de variis Bibliorum editionibus. R. Elias Levita. le P. Morin. Simon, Hist, critiq. du vieux & du nouv. Testam.
* Comme nous ne nous sommes pas proposés seulement de faire un bon ouvrage, mais encore de donner des vûes aux auteurs, pour en publier sur plusieurs matieres de meilleurs que ceux qu'on a, nous allons finir cet article par le plan d'un traité qui renfermeroit tout ce qu'on peut desirer sur les questions préliminaires de la Bible. Il faudroit diviser ce traité en deux parties: la premiere seroit une critique des livres & des auteurs de l'Ecriture sainte: on renfermeroit dans la seconde certaines connoissances générales qui sont nécessaires pour une plus grande intelligence de ce qui est contenu dans ces livres.
On distribueroit la premiere partie en trois sections: on parleroit dans la premiere des questions générales qui concernent tout le corps de la bible: dans la seconde, de chaque livre en particulier & de son auteur: dans la troisieme, des livres cités, perdus, apocryphes, & des monumens qui ont rapport à l'Ecriture.
Dans la premiere de ces sections, on agiteroit six questions. La premiere seroit des différens noms qu'on a donnés à la Bible, du nombre des livres qui la composent, & des classes différentes qu'on en a faites. La seconde, de la divinité des Ecritures; on la prouveroit contre les payens & les incrédules: de l'inspiration & de la prophétie; on y examineroit en quel sens les auteurs sacrés ont été inspirés; si les termes sont également inspirés comme les choses; si tout ce que ces livres contiennent est de soi, même les faits historiques & les propositions de physique. La troisieme seroit de l'authenticité des livres sacrés, du moyen de distinguer les livres véritablement canoniques d'avec ceux qui ne le sont pas; on y examineroit la fameuse controverse des Chrétiens de la communion Romaine, & de ceux de la communion Protestante, savoir si l'Eglise juge l'Ecriture; on expliqueroit ce que c'est que les livres deutérocanoniques; dans quel sens & par quelles raisons ils sont ou doivent être nommés deutérocanoniques. La quatrieme seroit des différentes versions de la bible & des diverses éditions de chaque version: on y parleroit par occasion de l'ancienneté des langues & des caracteres; on en rechercheroit l'origine; on examineroit quelle a été la premiere langue du monde; si l'Hébraique mérite cette préférence. S'il n'étoit pas possible de porter une entiere lumiere sur ces objets, on détermineroit du moins ce qu'on en voit distinctement; on rechercheroit jusqu'où l'on peut compter sur la fidélité des copies, des manuscrits, des versions, des éditions, & sur leur intégrité; s'il y en a d'authentiques outre la vulgate, ou si elle est la seule qui le soit; on n'oublieroit pas les versions en langues vulgaires; on examineroit si la lecture en est permise ou défendue, & ce qu'il faut penser de l'opinion qui condamne les traductions des livres sacrés. La cinquieme seroit employée à l'examen du style de l'Ecriture, de la source de son obscurité, des différens sens qu'elle souffre, & dans lesquels elle a été citée par les auteurs ecclésiastiques; de l'usage qu'on doit faire de ces sens, soit pour la controverse, soit pour la chaire ou le mystique: on y discuteroit le point de conscience, s'il est permis d'en faire l'application à des objets profanes. La sixieme & derniere question de la section premiere de la premiere partie, traiteroit de la division des livres en chapitres & en versets, des différens commentaires, de l'usage qu'on peut faire des rabbins, de leur talmud, de leur gemare, & de leur cabale; de quelle autorité doivent être les commentaires & les homélies des peres sur l'Ecriture; de quel poids sont ceux qui sont venus [p. 227]
La seconde section seroit divisée en autant de petits traités qu'il y a de livres dans l'Ecriture: on en feroit l'analyse & la critique; on en éclairciroit l'histoire; on donneroit des dissertations sur les auteurs, les tems précis, & la maniere dont ils ont écrit.
La troisieme section comprendtoit trois questions: la premiere, des livres cités dans l'Ecriture; on examineroit quels étoient ces livres, ce qu'ils pouvoient contenir, qui en étoient les auteurs, enfin tout ce que les preuves & les conjectures en pourroient indiquer: la seconde, des livres apocryphes qu'on a voulu faire passer pour canoniques, soit qu'ils subsistent encore, ou qu'ils ayent été perdus, soit qu'ils ayent été composés par des auteurs Chrétiens, ou des ennemis de la religion: la troisieme, des monumens qui ont rapport à l'Ecriture, comme les ouvrages de Philon, de Josephe, de Mercure Trismegiste, & de plusieurs autres; tels sont aussi les oracles des sibylles, le symbole des apôtres, & leurs canons.
Tel seroit l'objet & la matiere de la premiere partie; la seconde comprendroit huit traités: le premier seroit de la Géographie sacré>: le second, de l'erigine & de la division des peuples; ce seroit un beau commentaire sur le chapitre x. de la Genese: le troisieme, de la chronologie de l'Ecriture, où par conséquent on travailleroit à éclaircir l'ancienne chronologie des empires d'Egypte, d'Assyrie, & de Babylone, qui se trouve extremement mêlée avec celle des Hébreux: le quatrieme, de l'origine & de la propagation de l'idolatrie; celui - ci ne seroit, ou je me trompe fort, ni le moins curieux, ni le moins philosophique, ni le moins savant: le cinquieme, de l'histoire naturelle relative à l'Ecriture, des pierres précieuses dont il y est fait mention, des animaux, des plantes, & autres productions; on rechercheroit quels sont ceux de nos noms auxquels il faudroit rapporter ceux sous lesquels elles sont désignées: le sixieme, des poids, des mesures, & des monnoies qui ont été en usage chez les Hébreux, jusqu'au tems de Notre Seigneur, ou même apres les apôtre>: le septieme, des idiomes différens des langues principales, dans lesquels les livres saints ont été écrits, des phrases poëtiques & proverbiales, des figures, des allusions, des paraboles: en un mot, de ce qui forme une bonne partie de l'obscurité des prophéties & des évangiles: le huitieme seroit un abrégé historique, qui exposeroit rapidement les différens états du peuple Hébreu jusqu'au tems des apôtres; les différentes révolutions survenues dans son gouvernement, ses usages, ses opinions, sa politique, ses maximes.
Voilà une idee qui me paroit assez juste & assez étendue pour exciter un savant à la remplir. Tout ce qu'il diroit là - dessus ne seroit peut - être pas nouveau: mais ce seroit toûjours un travail estimable & utile au public, que de lui présenter dans un seul ouvrage complet, sous un même style, selon une méthode claire & uniforme, & avec un choix judicieux, des matériaux dispersés, & la plûpart inconnus, recueillis d'un grand nombre de savans.
Qu'il me soit permis de m'adresser ici à ceux qui n'ont pas de l'étendue de la Théologie, toute l'idée qu'ils en doivent avoir. Le plan que je viens de proposer a sans doute de quoi surprendre par la quantité de matieres qu'il comprend; ce n'est pourtant qu'une introduction à la connoissance de la religion: le Théologien qui les possede ne se trouve encore qu'à la porte du grand édifice qu'il a à parcourir; une seule these de licence contient toutes les questions dont je viens de parler. On se persuade faussement aujourd'hui qu'un Théologien n'est qu'un homme qui sait un peu mieux son catéchisme que les autres; & sous prétexte qu'il y a des mysteres dans notre re<cb->
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