ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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BLOCUS (Page 2:286)

BLOCUS, s. m. (Art milit.) maniere d'assiéger une place qu'on veut prendre par famine, en bouchant tous les passages, & se saisissant de toutes les avenues, de façon qu'aucun renfort, ni provisions, ni autre chose, ne puissent passer. Voyez Siége.

Ce mot vient de l'Allemand blochus, ou blockhause, boulevard, ou maison de bois; ou du Gaulois blocal, barricade; quoique d'autres le dérivent du Latin buculare, boucher un passage.

Le blocus n'est point un siége régulier; car on n'y fait pas d'attaque, & on n'ouvre pas de tranchée: c'est la cavalerie qui forme le blocus.

L'objet du blocus est d'obliger ceux qui sont enfermés dans une ville de consommer toutes leurs provisions de bouche, pour les contraindre de se rendre faute de subsistance.

On voit par - là qu'un blocus doit être fort long, lorsqu'une place est bien munie: aussi ne prend - t - on guere le parti de réduire une place par ce moyen, qu'on ne soit informé que ses magasins sont dégarnis, ou bien lorsque la nature & la situation de la place ne permettent pas d'en approcher pour faire les attaques à l'ordinaire.

Les blocus se forment de deux manieres: simplement, en fortifiant ou occupant des postes à quelque distance de la place, principalement sur les bords des rivieres, au - dessus & au - dessous, & sur les grands chemins & les avenues; dans tous ces postes on tient de l'infanterie & des corps de cavalerie, lesquels se communiquent entr'eux pour veiller à ce qu'il n'entre point de vivres dans la place bloquée, où les besoins augmentant tous les jours, en font deserter la garnison, y causent des murmures & des soulevemens, qui souvent forcent le gouverneur à se rendre par capitulation.

Le succès de cette espece de blocus se fait longtems attendre; parce qu'il est presqu'impossible qu'il n'entre toûjours quelques vivres, qui font au moins prendre un peu de patience aux assiegés. Son avantage est bien plus sensible, quand après avoir ainsi bloqué une place de loin pendant un tems considérable, on en forme ensuite le siége, parce qu'on la trouve plus aisément dépourvûe de bien des choses nécessaires à sa défense.

L'autre espece de blocus se fait de plus près, par des lignes de circonvallation & contrevallation dans lesquelles l'armée se place, lorsque, par exemple, après le gain d'une bataille, l'ennemi se seroit retiré dans une ville qu'on sauroit n'être pas bien pourvûe de vivres, & qu'on présume de pouvoir affamer en peu de jours.

Ce cas n'arrive pas ordinairement; parce qu'il seroit trop imprudent à un général battu de s'exposer à perdre le reste de son armée, en s'enfermant ainsi dans une mauvaise place. Ainsi l'usage des blocus se trouve beaucoup plus souvent dans la premiere espece que dans la seconde. Mémoires de M. de Feuquieres. (Q)

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