ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"305"> ce qui fait qu'on en fait des tuyaux de pompes & de conduites d'eau.

Les chênes, pour pouvoir en faire du bois bon pour l'usage de la charpenterie, ne doivent point être abattus avant soixante ans, & plus tard que deux cents ans; parce que passé deux cents ans ce bois dépérit, & qu'avant soixante ans il est trop jeune.

Dans la charpente on employe de deux sortes de bois, le bois de brin & le bois de sciage.

Le bois de brin est celui qui se fait en ôtant les quatre dosses & flache d'un arbre en l'équarrissant.

Le bois de sciage se tire ordinairement des bois courts & trop gros, ou des pieces moins saines. On en parlera plus au long ci - dessous.

Le bois de chêne qu'on nomme bois gras ou doux, est celui qui est moins poreux & sans fil, & a moins de noeuds que le bois ferme; & il n'est bon pour l'usage des menuisiers, que pour faire des panneaux & des assemblages qui ne fatiguent point; car il ne vaut rien pour les bâtis de portes, & tout ce qui peut souffrir la moindre fatigue.

Le bois dur ou rustique, est celui qui a le fil gros. Il vient dans les terres fortes & fonds pierreux & sablonneux, & au bord des forêts.

Les bois légers sont les bois blancs, comme sapins, tilleuls, trembles, &c. Les charpentiers ne s'en servent que dans les cloisons au défaut du chêne.

Bois (Page 2:305)

Bois, un cent de bois; c'est, en terme de Charpentier, soixante - douze pouces de longueur sur six pouces d'équarrissage. Tout le bois de charpente se réduit à cette mesure, & une seule poutre est comptée pour autant d'autres, qu'elle contient de fois cette mesure, soit pour la vente, soit pour la voiture, soit pour le toisé.

Le bo s de charpente prend différentes dénominations selon ses différentes qualités; il s'appelle:

Bois affoibli (Page 2:305)

Bois affoibli, quand on a diminué considérablement la forme d'équarrissage, en le rendant difforme, courbe, ou rampant, pour laisser des bossages aux poinçons, ou des encorbellemens aux poteaux sous les poutres qui portent dans les cloisons. Au reste ce bois se toise dans le plus gros du bossage.

Bois apparent (Page 2:305)

Bois apparent, lorsqu'étant en oeuvre, comme dans les ponts de bois, planchers, cloisons, &c. il n'est point recouvert de plâtre ou autre matiere.

Bois blanc (Page 2:305)

Bois blanc, quand il tient de la nature de l'aubier, & se corrompt facilement.

Bois bouge (Page 2:305)

Bois bouge, quand il a du bombement, ou qu'il est courbé en quelque endroit.

Bois cantiban (Page 2:305)

Bois cantiban, lorsqu'il n'a du flache que d'un côté.

Bois corroyé (Page 2:305)

Bois corroyé, quand il a été dressé à la varlope ou au rabot.

Bois déchiré (Page 2:305)

Bois déchiré, celui qui revient de quelque ouvrage mis en pieces, pour raison de vétusté ou autre.

Bois déversé (Page 2:305)

Bois déversé ou gauch, lorsqu'après avoir été travaillé & équarri, il n'a pas conservé la forme qu'on lui a donnée, mais s'est dejetté, courbé, incliné & déformé de quelque maniere & par quelque cause que ce soit.

Bois d'échantillon (Page 2:305)

Bois d'échantillon, quand les pieces de bois sont d'une grosseur & longueur déterminée.

Bois échauffé (Page 2:305)

Bois échauffé; lorsqu'il commence à se gâter & à pourrir, & qu'on lui remarque de petites taches rouges & noires; ce sont ces sortes de bois que quelques-uns appellent bois pouilleux.

Bois d'entrée (Page 2:305)

Bois d'entrée, s'il est entre verd & sec.

Bois d'équarrissage (Page 2:305)

Bois d'équarrissage, quand il est propre à recevoir la forme d'un parallelepipede: il ne s'équarrit point de bois au - dessous de six pouces de gros.

Bois flache (Page 2:305)

Bois flache, quand il ne pourroit être bien équarri sans beaucoup de déchet, & que les arrêtes n'en sont point vives.

Bois gissant (Page 2:305)

Bois gissant, lorsqu'il est coupé, abbatu & couché sur terre.

Bois en grume (Page 2:305)

Bois en grume, s'il n'est point équarri, & si on l'employe de toute sa grosseur, par exemple, en pieux appellés pilotis.

Bois lavé (Page 2:305)

Bois lavé, quand on lui a ôté tous les traits de scie & rencontre, avec la besaiguë.

Bois mouline (Page 2:305)

Bois mouline, s'il est pourri & rongé des vers.

Bois (Page 2:305)

Bois qui se tourmente, lorsqu'il se déjette, étant employé trop verd ou trop humide.

Bois refait (Page 2:305)

Bois refait, quand de gauche & flache qu'il étoit, il est équarri & redressé au cordeau sur ses faces.

Bois de refend (Page 2:305)

Bois de refend, lorsqu'on l'a mis par éclats pour faire le merrein, les lattes, les échalats, du boisseau, &c.

Bois rouge (Page 2:305)

Bois rouge, s'il s'échauffe, & s'il est sujet à pourrir.

Bois roulé (Page 2:305)

Bois roulé, quand les cernes ou crues de chaque année, sont séparées, & ne font point de corps; ce bois n'est bon qu'à brûler. On dit que le bois devient roulé, lorsqu'étant en séve il est battu par le vent.

Bois sain & net (Page 2:305)

Bois sain & net, lorsqu'il est sans malandres, noeuds vicieux, gale, fistule.

Bois tortu (Page 2:305)

Bois tortu, quand il ne peut servir qu'à faire des courbes, & n'est bon que pour la marine.

Bois tranché (Page 2:305)

Bois tranché, s'il a des noeuds vicieux ou fils obliques qui coupent la piece, & la rendent peu propre à résister à la charge & à être refendu.

Bois vermoulu (Page 2:305)

Bois vermoulu, s'il est piqué de vers.

Bois vif (Page 2:305)

Bois vif, lorsque les arrêtes en sont bien vives & sans flache, & qu'il ne lui reste ni écorce ni aubier.

Bois de charronage (Page 2:305)

Bois de charronage: on comprend sous cette dénomination tout celui qui est employé par les Charrons à faire des charrettes, des roues, &c. comme l'orme, le frêne, le charme, & l'érable; la meilleure partie s'en débite en grume. Voyez les articles de ces bois.

Bois de chauffage (Page 2:305)

Bois de chauffage; le bois de chauffage est neuf ou flotté. Les marchands de bois neuf sont ceux qui embarquent sur les ports des rivieres navigables des bois qui y ont été amenés par charroi; & ils les empilent ensuite en théatre, comme on le voit sur les ports & autres places dont la ville de Paris leur a accordé l'usage. Voyez Chantier. Ces sortes de marchands ne font guere que le tiers de la provision de cette ville, &c.

Les marchands de bois flotté sont ceux qui font venir leurs bois des provinces plus éloignées. Ils les jettent d'abord à bois perdu sur les ruisseaux qui entrent dans les rivieres sur lesquelles ce commerce est établi; ensuite ces mêmes rivieres les amenent elles - mêmes encore à bois perdu jusqu'aux endroits où il est possible de les mettre en trains, pour les conduire à Paris; après néanmoins les avoir rétirés de l'eau avant de les flotter en train, & les avoir fait sécher suffisamment, sans quoi le bois iroit à fond. Ces marchands font les deux autres tiers de la provision.

Il y a quelques siecles que l'on étoit dans l'appréhension que Paris ne manquât un jour de bois de chauffage; les forêts des environs se détruisoient, & l'on prévoyoit qu'un jour il faudroit y transporter le bois des provinces éloignées; ce qui rendroit cette marchandise si utile & d'un usage si général, d'un prix exorbitant occasionné par le coût des charrois. Si l'on eût demandé alors à la plûpart de ceux qui sentent le moins aujourd'hui le mérite de l'invention du flottage des bois, comment on pourroit remédier au terrible inconvénient dont on étoit menacé, ils y auroient été, je crois, bien embarrassés; l'accroissement & l'entretien des forêts eussent été, selon toute apparencè, leur unique ressource. C'est en effet à ces moyens longs, coûteux & pénibles, que se réduîsit alors toute la prudence du gouvernement; & la ca<pb-> [p. 306] pitale étoit sur le point de devenir beaucoup moins habitée par la chéreté du bois, lorsqu'un nommé Jean Rouvet, bourgeois de Paris, imagina en 1549 de rassembler les eaux de plusieurs ruisseaux & rivieres non navigables; d'y jetter les bois coupés dans les forêts les plus éloignées; de les faire descendre ainsi jusqu'aux grandes rivieres; là, d'en former des trains & de les amener à flot, & sans bateaux, jusqu'à Paris. J'ose assûrer que cette invention fut plus utile au royaume, que plusieurs batailles gagnées, & méritoit des honneurs autant au moins qu'aucune belle action. Jean Rouvet fit ses premiers essais dans le Morvant; il rassembla tous les ruisseaux de cette contrée; fit couper ses bois, & les abandonna hardiment au courant des eaux: il réussit. Mais son projet traité de folie avant l'exécution, & traversé après le succès, comme c'est la coûtume, ne fut porté à la perfection & ne reçut toute l'étendue dont il étoit susceptible, qu'en 1566, par René Arnoul. Voyez à l'article Train, la maniere de les construire. Ceux qui voyent arriver à Paris ces longues masses de bois, sont effrayés pour ceux qui les conduisent, à leur approche des ponts: mais il n'y en a guere qui remontent jusqu'à l'étendue des vûes & à l'intrépidité du premier inventeur, qui osa rassembler des eaux à grands frais, & y jetter ensuite le reste de sa fortune.

Entre les marchands de bois flotté, les uns sont bourgeois, les autres forains; il y a beaucoup plus de bourgeois que de forains, qui fassent le commerce du bois, qui vient du pays d'amont; au contraire il y a beaucoup plus de forains que de bourgeois, qui fassent commerce du pays d'aval.

Tout ce qui concerne le bois de chauffage se réduit à sa façon, au tems de le tirer des ventes, à sa voiture & à son déchargeage, à la diligence de voiture, à son arrivée, à sa vente dans les chantiers, & aux officiers qui y veillent.

Façon. Il est enjoint de donner à tous les bois à brûler, trois piés & demi de longueur; au bois de moule, dix - huit pouces de tour; au bois de corde de quartier ou de traverse, autant. Si le bois de quartier, de traverse, ou fendu, a dix - huit pouces de tour, il se mesure au moule; s'il n'en a que dix sept, il va avec le bois de corde dans la membrure. Le bois taillis doit avoir six pouces de tour. Le bois d'Andelle a la même grosseur: mais il est plus court; il n'a que deux piés & demi ou environ.

Sortie des ventes. Les marchands sont tenus de faire couper & sortir les bois des ventes, dans les tems qui leur auront été fixés, eu égard aux lieux & à la qualité des arpens.

Voitures. Il est permis de voiturer depuis les forêts jusqu'aux rivieres, à travers toutes terres, en avertissant dix jours auparavant par des publications aux prônes; de jetter les bois dans les rivieres; de les pousser par les ruisseaux, étangs, fossés de châteaux, &c. sans qu'ils en puissent être empêchés par qui que ce soit.

Diligence. Il est défendu de séjourner en chemin sans nécessité, & de décharger ailleurs qu'à Paris.

Vente. Il est enjoint de les mettre en chantier, & ils ne peuvent être vendus ailleurs.

Officiers. La Ville commet des personnes à elle pour veiller à cette distribution. Toute la différence qu'il y a entre les bois de chauffage soit neuf, soit flotte, se tire de la taille, de la voiture, & de la mesure.

Relativement à la taille, il se distribue en gros bois & en menu bois; à la voiture; en bois neuf & en bois flotté; à la mesure, en bois de moule & de compte, & en bois de corde.

Tout le gros bois est compris sous le nom générique de bûches; chaque bûche, de quelque bois que ce soit, doit avoir, ainsi que nous l'avons déjà dit, trois piés & demi de long.

Les plus grosses bûches sont nommées bois de moule, ou de moulure, ou de compte; parce qu'elles se mesurent dans le moule ou l'anneau. Voyez Anneau. Elles doivent avoir dix - huit pouces de tour.

Le bois de traverse suit immédiatement en grosseur le bois de compte ou de moule; il doit avoir dix - sept pouces de tour. Il y en a qui comprennent sous la même dénomination tout le bois blanc.

On appelle bois taillis, tout celui qui n'a que cinq à six pouces de tour.

Le bois de corde doit avoir au moins dix - sept pouces; il est appellé bois de corde, parce que les Bucherons plantent à l corde quatre pieux en quarré, dont le côté a huit piés, & chaque pieu a quatre piés de haut. C'est - là leur mesure ou corde qui contient, comme on voit, quatre fois 64 ou 256 piés cubes de bois. Cette méthode de mesurer le bois a duré jusqu'en 1641, qu'il fut ordonné de se servir d'une membrure de charpente, qui retint le nom de corde. Voyez Corde. Voyez Membrure.

Le menu bois est ou coteret, ou fagot, ou bourrée.

Il y a des coterets de bois taillis fendu, ou des coterets de bois rond.

Ceux - ci viennent par l'Yonne: mais ils doivent avoir les uns & les autres deux piés de long, sur dixsept à dix - huit pouces de tour.

Les fagots sont faits de branches d'arbres menues. Ils doivent avoir trois piés & demi de long, sur dixsept à dix - huit pouces de tour.

La bourrée, qui est une espece de fagot, est faite de brossailles d'épines & de ronces, &c.

Voici encore quelques dénominations qu'on donne au bois de chauffage.

Bois en chantier (Page 2:306)

Bois en chantier, est celui qui est en pile ou en magasin; on nomme ordinairement ces sortes de piles théatre.

Bois flotté (Page 2:306)

Bois flotté, est celui qu'on lie avec des rouelles & des perches, & que l'on amene en train sur des rivieres. Voyez Train.

Bois perdu (Page 2:306)

Bois perdu, est celui qu'on jette dans les petites rivieres qui n'ont pas assez d'eau pour porter ni train ni bateau, & qu'on va recueillir & mettre en train aux lieux où ces rivieres commencent à porter.

Bois canards (Page 2:306)

Bois canards, sont ceux qui demeurent au fond de l'eau, ou qui s'arrêtent aux bords des ruisseaux, où l'on a jetté une certaine quantité de bois, bûche à bûche, pour le laisser aller au courant de l'eau. Après que ces bûches sont arrivées au lieu où le ruisseau est devenu une riviere navigable, les marchands peuvent faire pêcher leurs bois canards pendant 40 jours sans rien payer. Voyez l'Ordonnance de 1672.

Bois volans (Page 2:306)

Bois volans, sont ceux que le flot amene droit au port.

Bois échappés (Page 2:306)

Bois échappés, sont ceux que les inondations portent dans les prés ou dans les terres.

Bois neuf (Page 2:306)

Bois neuf, est celui qu'on apporte dans des bateaux sans qu'il ait trempé dans l'eau.

Bois pelard (Page 2:306)

Bois pelard, est un bois menu & rond, dont on ôte l'écorce pour faire du tan. Les Rotisseurs & Boulangers s'en servent.

Bois de gravier (Page 2:306)

Bois de gravier, est un bois qui croît dans des endroits pierreux, & qui vient demi flotté du Nivernois & de Bourgogne; le meilleur est de Montargis.

Bois d'Andelle (Page 2:306)

Bois d'Andelle, ainsi nommé du nom de la riviere qui le voiture, est un bois de hêtre qui a ordinairement deux piés & demi de longueur; il faut quatre mesures d'anneau pour la voie, & quatre bûches de témoins par anneau.

Bois tortillard (Page 2:306)

Bois tortillard; ce bois n'est point ordinairement reçû dans les membrures à cause des vuides qu'il laisse, & le tort qui en résulte pour le public.

Bois boucan (Page 2:306)

Bois boucan, bûches qui par vetusté ne sont plus de mesure pour être mises en membrures.

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