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BLÉ (Page 2:280)
BLÉ, s. m. plante qui produit un grain dont on
fait le pain, qui est la principale nourriture de l'homme.
Voyez
On donne aussi le nom de blé au grain ou semence
de cette plante, après qu'elle est séparée de son épi.
Voyez
Dans le commerce des blés on n'en distingue que
de trois sortes: le blé proprement dit, qu'on nomme
autrement froment; voyez
A l'égard des laboureurs, ils mettent encore au nombre des blés plusieurs de ces grains que l'on seme au mois de Mars, comme l'orge, l'avoine, les pois, la vesce, &c. voyez ces mots: mais pour les distinguer, ils les qualifient de petits blés.
Le maïs & le sarasin sont encore des grains auxquels
on donne le nom de blé: l'un s'appelle blé de
Turquie & blé d'Inde, & l'autre blé noir. Voyez
Il n'y a que l'Europe, mais non pas par - tout; l'Egypte, & quelques autres cantons de l'Afrique, le long des côtes de Barbarie, & peu d'endroits de l'Amérique, défrichés & cultivés par les Européens, comme la nouvelle France, la nouvelle Angleterre, & l'Acadie, qui produisent du blé.
Les autres parties du monde ont en place le maïs
& le riz; & même en quelques lieux des îles &
du grand continent de l'Amérique, de simples racines,
telles que sont les patates & la manioc. Voyez
L'Egypte passoit autrefois pour le pays le plus fertile en blé. On sait par l'histoire sainte, en quelle réputation elle étoit sur ce point dès les premiers tems; & l'on apprend par l'histoire profane, qu'elle en fournissoit à une partie des peuples soûmis à l'empire Romain, & qu'on la nommoit la mere nourrice de Rome & de l'Italie. La France, l'Angleterre, & la Pologne semblent avoir pris la place de l'Egypte; & c'est de leur abondance & de leur superflu, que la plûpart des autres nations de l'Europe subsistent.
L'opinion commune est que dans les premiers siecles
du monde on ne vivoit que des fruits de la terre
& de gland: quelques - uns ajoûtent cette espece de
noisette que produit le hêtre, qu'ils prétendent avoir
été appellé pour cela fagus en Latin, du mot Grec
On dit que c'est Cerès qui a fait connoître le blé aux hommes; ce qui la fit mettre au rang des dieux. D'autres attribuent cet honneur à Triptoleme, fils de Celée, roi des Eleusiniens. D'autres veulent que Cerès ait trouvé le blé, & que Triptoleme ait inventé l'art de le semer & de le cultiver.
Diodore de Sicile dit que ce fut Isis; surquoi Polydore Virgile observe qu'il ne differe point des autres, parce qu'Isis & Cerès sont la même. Les Athéniens prétendoient que c'étoit chez eux que cet art avoit commencé. Les Crétois & les Siciliens
D'autres prétendent que Cerès passa d'abord dans
l'Attique, de - là en Crete, & enfin en Sicile. Il est cependant
des savans qui soûtiennent que c'est en Egypte qué l'art de cultiver les blés a commencé; & certainement
il y avoit des blés en Egypte & dans l'Orient, long - tems avant Cerès. Voyez aux articles
Pour conserver le blé, il faut le bien sécher & le
tenir net. Le grenier doit avoir ses ouvertures au septentrion
ou à l'orient, & des soûpiraux au haut. Il
faut avoir soin de le travailler de quinze en quinzo
jours tout au moins, les six premiers mois: dans la
suite il suffit de le cribler tous les mois. Après deux
années il ne s'échauffe plus, & il n'a plus rien à craindre
que de l'air & de l'humidité étrangere. Voyez
Peu de tems après le siége que soûtint Metz sous Henri II. le duc d'Epernon fit faire de grands amas de grains dans la citadelle, qui se sont conservés jusqu'en 1707. Quoique la citadelle eût été bâtie sous Henri III. il y en avoit un tas dans le magasin, avec lequel on fit du pain, dont le roi, le dauphin, & les seigneurs qui passerent par cette ville mangerent.
Une des choses qui contribue le plus à la conservation du blé, c'est la croûte qui se forme sur toute la superficie par la germination des grains extérieurs, jusqu'à l'épaisseur d'un pouce & demi. On se promenoit sur celui de Metz, sans que cette croûte obéît. On a vû à Sedan un magasin taillé dans le roc & assez humide, dans lequel il y avoit un tas de blé très - considérable depuis 110 ans: il étoit revêtu d'une forte croûte épaisse d'un pié.
Il y a des greniers à Chaalons où l'on conserve le blé 30 ou 40 ans.
On choisit le plus beau blé & du meilleur cru qu'il est possible. Après l'avoir travaillé, on en fait un tas aussi gros que le plancher le peut permettre: on met ensuite dessus un lit de chaux vive en poudre de trois pouces d'épaisseur; puis avec des arrosoirs on humecte cette chaux qui forme avec le blé une croûte. Les grains de la superficie germent, & poussent une tige d'environ un pié & demi de haut, que l'hyver fait périr: on n'y touche point que quand la nécessité y oblige.
Blé de Turquie (Page 2:280)
Il y a du blé de Turquie en Bourgogne, en Franche - Comté, & ailleurs. Il vient facilement, & c'est
toûjours un secours dans les famines. On en fait du
pain assez sain. On en consomme considérablement
dans l'Amérique, aux Indes, & en Turquie. Il aime
la terre grasse bien remuée, & les sillons larges; le
froid lui est très - contraire. Quant à sa culture, voy.
Blé noir (Page 2:280)
* Le sarrasin est plus commun en France que le
blé de Turquie. Il ne sert qu'à nourrir la volaille. Les
faisans en sont friands; c'est pourquoi l'on en seme
dans les bois, & par - tout où l'on veut attirer ces
oiseaux. Le pain & la bouillie qu'on en fait, sont
noirs & amers, à moins qu'on n'y mêle d'autres grains.
Le fourrage en est bon pour les vaches. Il vient dans
toutes sortes de terres, & aime la secheresse. Les labours
lui sont avantageux, & on le seme en sillons.
Les pierres & les cailloux ne l'empêchent pas de
pousser. En semant de bonne - heure dans les pays
chauds, on en fera jusqu'à deux récoltes par an.
Quant à sa culture, c'est la même que celle des autres
grains. Voyez
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