ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"282"> la blancheur de la peau, produit la sensation du bleu. Voyez Noirceur. (O)

Bleu d'azur (Page 2:282)

Bleu d'azur, (Chimie.) On peut tirer cette couleur de l'argent: mais le savant Boyle & Henckel prétendent avec raison que cela n'arrive qu'en raison du cuivre qui se trouve ordinairement mêlé à ce métal. Voici la façon la plus courte de le faire: faites fondre dans de fort vinaigre distillé, du sel gemme, du sel alkali, & de l'alun de roche; suspendez au - dessus de ce vinaigre des lames d'argent fort minces, enterrez le vase où vous aurez fait fondre ces matieres dans du marc de raisin; vous pourrez tous les trois jours ôter de dessus les lames d'argent la couleur bleue qui s'y sera formée.

Autre maniere. Mettez dans une livre de fort vinaigre des lames d'argent aussi minces que du papier; joignez - y deux onces de sel ammoniac bien pulvérisé; mettez le tout dans un pot de terre vernissé, que vous boucherez avec soin; enterrez ce pot dans du fumier de cheval pendant 15 ou 20 jours, vous trouverez au bout de ce tems les lames d'argent chargées d'un très - beau bleu d'azur.

Autre maniere. Prenez une once d'argent dissous dans l'esprit de nitrè, 2 2/1 scrupules de sel ammoniac, autant de vinaigre qu'il en faut pour précipiter l'argent, décantez le vinaigre, mettez la matiere précipitée dans un matras bien bouché; laissez reposer le tout pendant un mois, vous aurez un beau bleu d'azur.

On tire aussi le bleu d'azur du cuivre, du mercure & du plomb: pour le tirer du cuivre, on prend de verd de gris & de sel ammoniac de chacun 3 onces; on mêle ces deux matieres avec de l'eau où l'on a fait fondre du tartre; on en fait une pâte molle; on met le tout dans un vase bien bouché qu'on laisse en repos pendant quelques jours, & l'opération est faite.

Autre. AEsustum & lie de vin, de chacun 2 onces, de soufre une once; réduisez en poudre l'oes ustum & le soufre; versez par - dessus du vinaigre ou de l'urine; mettcz le mêlange dans un pot vernissé, & laissez - le bien bouché pendant 15 jours.

On peut tirer le bleu d'azur du vif - argent & du plomb de la maniere suivante: c'est Agricola qui la donne telle qu'il suit. On prend 3 parties de vif - argent, 2 parties de soufre, & une partie de sel ammoniac: on met au fond d'un plat de la litharge, & l'on fait fondre par - dessus le soufre pulvérisé; on y jette ensuite le sel ammoniac en poudre & le vif - argent; on remue toutes ces matieres avec un petit bâton, afin qu'elles se mêlent exactement: on laisse refroidir le mêlange qu'on réduit en poudre; on met cette poudre dans un matras bien luté qu'on laissera un peu ouvert; lorsque le lut sera seché, on mettra le matras sur un trépié & sur un feu moderé, & on couvrira l'ouverture d'une lame de fer, & on en regardera de tems en tems le dessous pour voir s'il ne s'y forme plus d'humidité. Il faut alors boucher l'ouverture avec du lut; on pousse le feu pendant une heure; on l'augmente encore jusqu'à ce qu'il s'éleve une fumée bleue; cela fait, on trouvera un beau bleu au fond du matras. ( - )

Bleu d'émail (Page 2:282)

Bleu d'émail, (Chimie.) appellé quelquefois smalte bleue, est une couleur d'un grand usage pour les Emailleurs: voici la façon de la préparer suivant Neri, dans son Art de la Verrerie. On prend quatre livres de la fritte ou matiere dont on fait l'émail. V. l'article Email, 4 onces de saffre réduit en poudre, qui n'est autre chose qu'une préparation du cobalt, voyez l'article Cobalt, & 48 grains d'oes ustum, ou de cuivre calciné par trois fois: on mêle exactement ces trois matieres; on les met au fourneau de verrerie, dans un pot vernisse en blanc; lorsque le mêlange est bien entré en fonte, il faut le verser dans de l'eau claire pour le bien purifier; on le remet ensuite fondre de nouveau; on réitere l'extinction dans l'eau, & la fonte deux ou trois fois; l'on obtient de cette façon un très - beau bleu d'émail.

Kunckel, dans ses remarques sur Neri, observe qu'il n'est guere possible de prescrire exactement la dose de saffre qu'on doit employer pour faire le bleu d'émail; il est bon de commencer par en faire des épreuves en petit, suivant les différentes nuances qu'on cherche: si on trouve le bleu top clair, il faut augmenter petit à petit la dose du saffre; si au contraire elle est trop foncée, il faut remettre plus de la fritte de l'émail. C'est en suivant ainsi certaines proportions, qu'on peut produire dans l'émail les différentes nuances du bleu. Si, par exemple, on vouloit un bleu d'émail céladon ou de couleur d'aigue - marine, il faudroit renverser les doses données ci - dessus, & l'on prendroit alors 4 livres de la fritte d'émail, 2 onces d'oes ustum, & seulement 48 grains de saffre; on mêleroit bien ces trois matieres: du reste on suivroit exactement la methode précedente, pour leur fonte & leur purification. Il faut bien observer que toutes ces opérations sont fort délicates, & demandent une attention toute particuliere; car pour peu qu'on ne fasse point d'attention aux circonstances, il se produit des effets tous différens de ceux qu'on veut chercher; c'est ce que Kunckel avoue lui être arrivé dans l'opération du bleu d'émail céladon que nous venons de donner. Il avoit éprouvé cette méthode qui est de Neri: mais comme elle ne put pas d'abord lui réussir, il crut que cet auteur s'étoit trompé: ayant ensuite réitéré l'opération, & regardé la chose de plus près, il découvrit qu'elle n'avoit manqué la premiere fois, que parce qu'il n'avoit pas bien pris son tems pour retirer la matiere du fourneau, qu'il l'avoit laissée trop long - tems au feu. ( - )

* Plus le grain d'émail est gros, & plus le bleu est vif, & tire un peu sur le violet comme l'azur: mais l'émail est d'un plus beau bleu céleste. Le grain d'azur à poudrer est si gros, qu'on ne peut l'employer que tres - difficilement, & seulement en détrempe ou à fresque, ou pour mettre dans l'empois ou amydon, avec lequel il se lie fort bien. On l'appelle azur à poudrer, parce que pour faire un beau fond d'un bleu turquin, on le poudre sur un blanc à l'huile couché médiocrement épais & le plus gras qu'on peut. On l'y étend aussi - tôt avec une plume: mais il faut l'avoir bien fait sécher auparavant sur un papier au - dessus du feu. On y en met assez épais; & on l'y laisse jusqu'à ce que le fond soit bien sec, & ainsi le blanc en prend autant qu'il peut. Ensuite on le secoue, & on en ôte tout ce qui ne tient pas au blanc, en le frottant légerement avec une plume ou une brosse douce. C'est une couleur très - vive & qui dure long - tems, quoiqu'exposée à l'air & à la pluie.

L'émail qui est d'autant plus pâle qu'il est plus fin, sert dans la détrempe & à fresque: mais on ne s'en sert guere à l'huile, parce qu'il noircit, à moins qu'il ne soit mêlé avec beaucoup de blanc.

* Bleu d'jnde & Indigo: l'inde est plus claire & plus vive que l'indigo, ce qui vient seulement du choix de la matiere dont on les fait; car au fond c'est la même: c'est la feuille de l'anil, voyez Anil. On en fait tremper les feuilles dans l'eau pendant deux jours ou environ; ensuite on sépare l'eau qui a une légere teinture de bleu verdâtre: on bat cette eau avec des palettes de bois durant deux heures, & l'on cesse de battre quand elle mousse. On y jette alors un peu d'huile d'olive, en aspergeant. On voit aussi - tôt la matiere de l'inde qui se sépare de l'eau par petits grumeaux, comme quand le lait se tourne; & l'eau étant bien reposée, elle devient claire, & l'eau se trouve au fond comme de la lie, qu'on ramasse après avoir ôté l'eau, & qu'on fait sécher au soleil. L'inde se fait [p. 283] avec les jeunes feuilles & les plus belles, & l'indigo avec le reste de la plante. Cette plante croît dans les Indes orientales & occidentales. L'inde est ordinairement par petites tablettes de deux à trois lignes d'épaisseur & d'un bleu assez beau: mais l'indigo est par morceaux irréguliers d'un bleu brun, tirant sur le violet. Cette couleur est excellente pour la peinture à détrempe, tant pour le brun des bleux, que des verds, en y mêlant pour le verd, de la teinture de graine d'Avignon, ou du verd de vessie. On pourroit se servir de l'inde à l'huile, & elle a beaucoup de corps avec le blanc: mais elle se décharge en séchant, & perd la plus grande partie de sa force; c'est pourquoi on n'en use pas, à moins que ce ne soit en draperie, qu'on glace d'outre - mer par - dessus. Voyez Glacer.

Il y a un bleu de tournesol qui peut être d'usage dans la peinture à détrempe & dans l'enluminure. Le tournesol est une pâte qu'on forme ordinairement en pains quarrés avec le fruit de la plante appellée heliotropium ticoccon. Cette plante croît en France; on met tremper cette pâte dans l'eau; & il vient une assez belle teinture bleue. Il arrive aussi qu'elle est rouge, ce qui est occasionné par le mêlange d'acide: mais on lui rend sa couleur bleue, en y mêlant de l'eau de chaux.

Bleu d'outre - mer (Page 2:283)

Bleu d'outre - mer, (Chimie.) la base de cette couleur est le lapis lazuli; c'est aussi ce qui la rend fort chere, indépendamment des opérations qu'il faut pour en tirer le bleu, qui ne laissent pas d'être longues & pénibles: on en jugera par ce qui suit.

Pour connoître si le lapis lazuli dont on veut tirer la couleur, est d'une bonne qualité, & propre à donner un beau bleu, il faut en mettre des morceaux sur des charbons ardens, & les y faire rougir: s'ils ne se cassent point par la calcination, & si après les avoir laissé refroidir, ils ne perdent rien de l'éclat de leur couleur, c'est une preuve de leur bonté. On peut encore les éprouver d'une autre façon: c'est en faisant rougir des morceaux de lapis sur une plaque de fer, & les jettant ensuite tout rouges dans du vinaigre blanc très - fort; si la pierre est d'une bonne espece, cette opération ne lui fera rien perde de sa couleur. Après s'être assûré de la bonté du lapis, voici comme il faut le préparer pour en tirer le bleu d'outre - mer. On le fait rougir plusieurs fois, & on l'éteint chaque fois dans de l'eau, ou dans de fort vinaigre, ce qui vaut encore mieux; plus on réitere cette opération, plus il est facile de le réduire en poudre: cela fait, on commence par piler les morceaux de lapis; on les broye sur un porphyre, en les humectant avec de l'eau, du vinaigre, ou de l'esprit - de - vin; on continue à broyer jusqu'à ce que tout soit réduit en une poudre impalpable; car cela est très - essentiel: on fait sécher ensuite cette poudre après l'avoir lavée dans l'eau, & on la met à l'abri de la poussiere pour en faire l'usage qu'on va dire.

On fait une pâte avec une livre d'huile de lin bien pure; de cire jaune, de colophone, & de poix résine, de chacune une livre; de mastic blanc, deux onces. On fait chauffer doucement l'huile de lin; on y mêle les autres matieres, en remuant le mêlange qu'on fait bouillir pendant une demi - heure, après quoi on passe ce mêlange à travers d'un linge, & on le laisse refroidir. Sur 8 onces de cette pâte, on mettra 4 onces de la poudre de lapis indiquée ci - dessus; on pêtrira long - tems & avec soin cette masse; quand la poudre y sera bien incorporée, on versera de l'eau chaude par - dessus, & on la pêtrira de nouveau dans cette cau, qui se chargera d'une couleur bleue; on la laissera reposer quelques jours, jusqu'à ce que la couleur soit tombée au fond du vase; ensuite de quoi on decantera l'eau, & en laissant sécher la poudre, on aura du bleu d'outre - mer.

Il y a bien des manieres de faire la pâte dont nous venons de parler: mais nous nous contenterons d'indiquer encore celle - ci. C'est avec de la poix - résine, térebenthine, cire vierge, & mastic, de chacun six onces; d'encens & d'huile de lin, deux onces, qu'on fera fondre dans un plat vernissé, le reste comme dans l'opération précédente. Voici la méthode que Kunckel nous dit avoir suivie avec succès pour faire le bleu d'outre - mer.

Après avoir cassé le lapis lazuli en petits morceaux de la grosseur d'un pois, on le fait calciner, & on l'éteint dans du vinaigre distillé à plusieurs reprises; ensuite on le réduit en une poudre extrèmement déliée: on prend de cire vierge & de colophone de chacune moitié du lapis réduit en poudre; on les fait fondre dans une poelle, ou plat de terre vernissé: on y jette petit à petit la poudre, en remuant & mêlant avec soin les matieres; l'on verse le mêlange ainsi fondu dans de l'eau claire, & on l'y laisse pendant huitjours; au bout de ce tems, on remplit de grands vases de verre, d'eau aussi chaude que la main peut la souffrir: on prend un linge bien propre, on pêtrit la masse, & lorsque cette premiere eau sera bien colorée, on retirera la masse pour la mettre dans de nouvelle cau chaude: on procedera de la même façon jusqu'à ce que toute la couleur soit exprimée; c'est cependant la couleur qui s'est déchargée dans la premiere eau, qui est la plus prétieuse: on laisse ensuite reposer l'eau colorée pendant trois ou quatre jours, au bout desquels on voit que la couleur s'est précipitée au fond du vase. Une même masse fournit trois ou quatre sortes de bleu d'outre - mer: mais on n'en retire que fort peu de la plus belle.

Il y a encore bien des manieres de tirer du bleu d'outre - mer: mais comme leur différence ne consiste que dans la pâte à laquelle on mêle le lapis pulvérisé, on a cru inutile d'en dire davantage. On reconnoît si le bleu d'outremer a été falsifié, non - seulement au poids, qui est moindre que celui du véritable, mais encore parce qu'il perd sa couleur au feu. ( - )

Bleu de montagne (Page 2:283)

Bleu de montagne, (Hist. nat. & Mineralogie.) lapi armenus ou coeruleum monunum, en Allemand, berg - blau. C'est un minéral ou pierre fossile bleue, tirant un peu sur le verd d'eau. Elle ressemble assez au lapis lazuli, mais avec cette différence qu'elle est plus tendre, plus légere & plus cassante que lui, & que sa couleur ne résiste point au feu comme la sienne. Lorsqu'on fait usage du bleu de montagne dans la peinture, il est à craindre que par la suite la couleur n'en devienne verdâtre. Cette pierre se trouve en France, en Italie, en Allemagne, & surtout dans le Tirol. On dit que celle qui vient de l'Orient ne perd point sa couleur dans le feu. Le bleu de montagne contient beaucoup de cuivre; celui qui est léger en fournit moins que celui qui est pesant; le premier contient un peu de fer, suivant M. Cramer. On dit qu'on contrefait le bleu de montagne en Hollande, en faisant fondre du souffre, & en y mêlant du verd de gris pulvérisé. Pour employer le bleu de montagne dans la peinture, il faut le broyer, le laver ensuite, & en séparer les petites pierres qui y sont quelquefois mêlées.

Dans la Medecine on s'en est servi quelquefois, il a une vertu purgative & émétique; il paroït cependant qu'il est à propos de s'en défier, attendu le cuivre qui en est la base. ( - )

Bleu de Prusse (Page 2:283)

Bleu de Prusse, est une matiere utile pour la peintue. On l'appelle bleu de Prusse, par ce que c'est en Prusse que sa préparation a été trouvée. Voyez le premier volume des Miscellanea Berolinensia, 1710; & les Transactions philosophiques en ont publié la composition, dans les mois de Janvier & Février 1724. Depuis, M. Geoffroy, de la faculté de Medecine & de l'académie des Sciences de Paris, en a donné la préparation dans les Mémoires de l'Académie de 1725.

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