ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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En réduisant la cire en rubans, les surfac es en sont prodigieusement multipliées, ce qui donne plus de prise à l'action de l'air & du soleil à laquelle on les expose sur les quarrés pour dissiper l'huile volatile qui fait la couleur jaune de la cire.

Les quarrés sont de grands chassis de charpente de dix piés de large sur une longueur telle que le lieu le permet, élevés d'un pié & demi au - dessus du terrein. Sur les chassis sont tendues horisontalement des toiles soûtenues dans le milieu de leur largeur par une piece de bois horisontale qui se trouve dans le plan du chassis. C'est sur cet assemblage de charpente & de toile qu'on étend ou éparpille également la cire mise en rubans ou en pains, ainsi qu'il sera dit ci - après. On entoure encore le quarré d'une bande de toile verticale accrochée à des piquets, dont l'usage est d'empecher que le vent n'emporte la cire, & ne la jette par terre. Lorsque la cire a été exposée un tems convenable sur les quarrés, on la retourne, ensorte que la partie qui étoit dessous paroisse dessus. Et lorsque l'on juge que la cire a acquis un premier degré de blancheur, on la reporte à la fonderie, où on lui fait subir la même suite d'opérations que nous venons de détailler; c'est - à - dire qu'on la remet en rubans, & qu'on l'expose encore sur les quarrés à l'action du soleil & de l'air: mais comme il ne peut pas manquer d'arriver à cette seconde fonte que les parties intérieures des premiers rubans ne se trouvent à la surface des seconds, il suit que toutes les parties de la cire auront été successivement exposées à l'action de l'air & du soleil. On réitere une troisieme fois cette opération, si on juge que la cire n'ait pas encorè acquis le degré de blancheur que l'on desire qu'elle ait.

La cire exposée pour la derniere fois au soleil sous la forme de rubans, est encore remise dans une chaudiere, d'où, après qu'elle a été fondue, on la laisse couler dans la cuve: au lieu de la faire passer par la greloire, comme dans les opérations précédentes, on la laisse couler dans le coffre représenté fig. 7, que l'on substitue à la place de la greloire.

Ce coffre est une caisse de cuivre etamé, portée sur quatres piés de fer semblables à ceux de la chevrette. Aux deux longs côtés de ce coffre sont deux auges de même métal, dans lesquelles on place des réchauds de braise dont l'usage est d'entretenir dans l'état de fluidité la cire dont le coffre est rempli: on tire la cire de ce coffre par le robinet A, dans l'écuellon fig. 5, qui est un vase de cuivre ayant deux anses A A, & deux goulettes B B, avec lequel on verse la cire dans les planches à pains.

Les planches à pains, ainsi appellées parce que c'est dans ces planches que l'on fait prendre à la cire la figure de pains, sont de chêne d'un pouce d'épaisseur, creusées de deux rangées de trous ronds, chacun d'un demi pouce de profondeur sur 4 pouces de diametre; on remplit deux de ces moules à la fois au moyen des deux goulettes de l'écuellon, observant de mouiller la planche auparavant, afin que la cire ne s'y attache point. Après que les pains sont figés, on les jette dans l'eau de la baignoire pour les affermir: on les porte ensuite sur les quarrés; on les y laisse jusqu'à ce qu'ils ayent acquis tout le degré de blancheur que l'on desire qu'ils ayent, ou dont ils sont capables, observant de les retourner quand ils sont assez blancs d'un côté, ce qui se fait avec une main de bois qui est une planche de bois mince représentée fig. 3: cette planche a 3 piés ou environ de longueur sur un demi - pié de large; elle est percée d'un grand trou vers une de ses extrémités qui est traversée d'une poignée par laquelle on tient cette machine, avec laquelle on retourne les pains comme on feroit avec une pelle plate; ce qui est plus expéditif que de les retourner les uns après les autres.

La cire blanchie & réduite en pains passe entre les mains du cirier, qui l'employe aux différens usages de sa profession. Voyez Cirier.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir ou faire blanchir, (en terme de Confiseur) c'est enlever de dessus les abricots, amandes, &c. cette espece de bourre ou de duvet dont ils sont chargés, en faisant passer ces fruits par une lessive préparée pour cela. Voyez Amande, Abricots, &c.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (chez les Couteliers) c'est quand la piece est forgée & dressée à la lime, la passer sur la meule pour la premiere fois; c'est sur la seconde meule qu'on la dégrossit, & sur la troisieme qu'on la met à tranchant: la polissoire succede à la meule.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (en terme de Cuisine) c'est faire revenir une piece, quelle qu'elle soit, dans de l'eau tiede: il ne faut l'y laisser qu'un demi - quart d'heure ou environ.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (en terme de Doreur) s'entend d'une opération par laquelle on enduit de plusieurs couches de blanc une piece qu'on veut dorer. Voyez Dorer. C'est par - là qu'on remplit les inégalités du bois qui empêcheroient l'or de s'étendre par - tout. La figure 5, Planche du Doreur, représente un ouvrier qui blanchit.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (en terme de Cloutier d'épingle) c'est étamer les clous de cuivre. Voyez Etamer.

BLANCHIR (Page 2:274)

BLANCHIR, (en terme d'Epinglier) c'est faire changer au laiton, sa couleur jaune en blanche; pour cet effet, on étend d'abord les épingles au nombre de six ou sept mille sur les plaques. Voyez Plaque. On empile ces plaques les unes sur les autres, tant qu'il y en a de la même espece d'épingle, sur des croisées; on les lie ensemble avec les fils de laiton des croisées. Voyez Croisée. Soit qu'il y ait une ou plusieurs portées de plaque, voyez Portée, on met le tout dans une grande chaudiere avec de l'eau & de la gravelle, ou lie de vin; on le fait bouillir trois heures & demie ou environ. On les déteint, on les lave, on les seche, & on les vanne. Voyez ces mots à leurs articles, & les fig. Pl. II. de l'Epinglier; 13, est la chaudiere; 12, son couvercle; 14, la croisée, aux quatre extrémités de laquelle sont attachées des cordes de laiton; 15, une plaque chargée d'épingles que l'on pose sur la croisée; 11, plusieurs plaques empilées sur la croisée, que l'on met dans la chaudiere, par le moyen des cordons de laiton attachés à cette croisée.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (en terme de Layetier.) Voyez Rabotter.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir la sole d'un cheval (Maréchalerie) c'est en ôter simplement la premiere écorce.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (en Monnoyage) l'argent se blanchit en le faisant bouillir dans de l'eau forte, mêlée avec de l'eau commune, ou seulement de l'eau où on a fait dissoudre de l'alun. Les ouvriers en médailles & en monnoie sablonnent tous les flancs, & les frotent dans un crible de fer pour en ôter les barbes. Voyez Blanchiment.

Blanchir (Page 2:274)

Blanchir, (en terme d'Orfévre en grosserie) c'est mettre un morceau d'orfevrerie dans de l'eau seconde, pour le délivrer des ordures qui empêcheroient de le polir & de recevoir tout l'éclat dont la matiere est susceptible. On blanchit encore en Allemagne avec de l'alun bouilli dans de l'eau, ou même avec de la gravelle & du sêl mesuré par portion égale: mais ce blanchiment ne peut servir en France, où l'argent est monté à un titre beaucoup plus haut qu'en Allemagne. Voyez Blanchiment, & Eau seconde

Blanchir le Plomb (Page 2:274)

Blanchir le Plomb, (terme de Plombier) est l'étamer au feu, ou le couvrir de feuilles d'étain. Les plombiers sont obligés de blanchir toutes les pieces [p. 275] de plomb qu'ils placent sur un bâtiment neuf & qui sont en vûe. C'est pourquoi ils ont un fourneau à étamer, sur le foyer duquel chargé de braise, deux compagnons tiennent suspendues & chauffent les tables de plomb, tandis qu'un autre y étend des feuilles d'étain battu, qu'il frotte avec des étoupes & de la poix - résine, à mesure que l'étain se fond. Voyez Plomb & Plombier, & la fig. prem. Pl. III. de Plomberie.

Blanchir (Page 2:275)

Blanchir, (en terme de Plumassier) c'est ôter aux plumes le gros de la teinture, en les passant dans de l'eau claire.

Blanchir (Page 2:275)

Blanchir, (en Serrurerie) c'est enlever à la grosse lime les premiers traits de la forge.

Blanchir (Page 2:275)

Blanchir la soie, les étoffes de laine. Voyez Soie, Bonneterie, Drapier, Laine.

BLANCHISSERIE DES TOILES (Page 2:275)

BLANCHISSERIE DES TOILES, se dit de l'art de blanchir les toiles ou de leur faire perdre la couleur jaune, sale, ou grise, qu'elles ont au sortir des mains du tisserand; c'est aussi le nom que l'on donne au lieu où se fait cette opération, qui s'appelle par cette raison blanchisserie ou buerie en terme Flamand - Picard.

La blanchisserie doit être située sur le bord d'une riviere environnée de prés; elle est composée de cinq bâtimens ou atteliers séparés, qui sont le moulin, la buerie, proprement dite le frottoir, la laiterie, & la ployerie ou le magasin.

Les trois blanchisseries de Senlis sont situées sur la riviere de Nonnette, entre Senlis & Chantilly, vis - à - vis Courteuil. Les eaux de cette riviere, qui sont bordées de prés, sont au dire des gens du pays, les plus propres que l'on connoisse pour servir à blanchir les toiles.

La premiere préparation que l'on donne aux toiles, lorsqu'elles sont arrivées à la blanchisserie, consiste à en ôter le parou, qui est l'apprêt que le Tisserand leur donne. Voyez Parou & l'article Tisserand; ce qui se fait en les laissant tremper dans l'eau pure: on les y laisse en Flandre pendant 8 à 10 jours, même dans les chaleurs. Au bout de ce tems, on les repame, on les étend, & on les seche. Ici, on les fait fouler dans le moulin; ce moulin est en tout semblable à celui des foulons. Voyez Foulon, Moulin à Foulon ; il n'en differe qu'en ce que les maillets n'ont point de dents, mais sont arrondis par la partie qui tombe sur les toiles: au reste la mécanique de ces moulins est exactement la même que celle des foulons en laine. Ceux qui ne se servent point de moulin, dégorgent les toiles, à force de les arroser, après les avoir laissé tremper pendant 8 ou dix jours, comme nous avons dit.

Cette opération achevée, on repame les toiles. Repamer, c'est battre les toiles dans un eau courante, en les y jettant de dessus un petit pont qui traverse la riviere, & qui n'est élevé que d'un pié ou deux au - dessus de la surface de l'eau; ce pont s'appelle repamoir, conjointement avec la partie du lit de la riviere, dans laquelle les toiles trempent & sont battues. On étend ensuite les toiles pour les faire sécher, & on coule la premiere lessive.

Le lieu où on coule les lessives s'appelle particulierement buerie ou blanchisserie, par ce que ce n'est que par des lessives réitérées que l'on parvient à rendre les toiles blanches. Ce lieu, dis - je, est une salle plus ou moins grande selon le nombre des cuviers & des bacs que l'on y veut placer; c'est dans le même lieu que l'on prépare & que l'on coule les lessives. L'eau y est conduite par des rigoles placées à une hauteur convenable au - dessus des chaudieres; cette eau est élevée par des pompes ou une roue à pots, ou par tout autre moyen que l'hydraulique enseigne.

Préparation de la lessive. Après avoir pulverisé par le moyen d'une meule tournante, mûe par un che<cb-> val ou par l'équipage du moulin, les cendres de cassoude, & les avoir tamisées dans un tamis de cuivre, dont les trous n'excedent point la grosseur d'un grain de chenevi; on les met tremper dans les bacs D, E, F, qui sont des coffres de charpente, revêtus intérieurement de planches bien étanchées. On laisse écouler, quand on le juge à propos, l'eau chargée des sels desdites cendres, dans les autres bacs G, H, I, qui sont au - dessous, dont on ne voit qu'une petite partie. Ces derniers bàcs sont de briques ou tuileaux maçonnés avec du ciment, comme les bassins des jardins faits avec les mêmes matieres.

Les trois bacs D, E, F, contiennent trois différentes fortes de cendres: dans le premier. on met tremper les cendres cassoudes; dans le second, les cendres vecdasses, & dans le troisieme, les cendres communes de bois neuf: ces trois sortes de cendres employées séparément ou mêlées ensemble dans différentes proportions, forment les différentes sortes de lessives qui sont en usage dans ces manufactures. Lorsque l'on veut faire une lessive, on prend dans un des bacs G, H, I, autant d'eau chargée des sels de la cendre du bac qui est au - dessus, qu'il en est besoin, ou de plusieurs bacs, s'il est nécessaire, pour faire une lessive composée: on met ces eaux qu'on doit avoir laissé reposer jusqu'à ce qu'elles soient claires & limpides, dans un autre bac de ciment C, où on les tient en réserve pour s'en servir au besoin.

Les cendres par cette premiere lotion à l'eau froide n'ont pû être épuisées totalement de leurs sels: pour en tirer le reste, on les met dans le bac B, qui est aussi de ciment. Ce bac s'appelle bac à brasser. Il reçoit l'eau chaude de la chaudiere de fer A, qui est assise sur un fourneau de brique semblable à celui des Teinturiers. Cette eau chaude acheve de détremper les sels que l'eau froide n'avoit pû dissoudre. Cette opération est encore accélérée par le travail des ouvriers, qui remuent continuellement les cendres dans l'eau avec des pelles de bois; c'est ce qui a fait donner à ce bac le nom de bac à brasser. La lessive qu'on retire par ce moyen est jettée après qu'elle a été éclaircie dans le bac C, d'où on la tire pour la jetter dans des rigoles qui la conduisent dans les chaudieres P, Q, R, S, établies chacune sur un fourneau, dont les ouvertures Y, Y, Y, Y, répondent sous une hotte de cheminée; ensorte que la fumée du bois qui entretient le feu sous les chaudieres, puisse trouver par - là une issue. Ces chaudieres qui sont de fonte ou fer fondu, ont trois piés de diametre.

Les cuviers K, L, M, N, sont placés vis - à - vis des chaudieres: ils sont de brique maçonnée avec chaux & ciment; leur diametre est d'environ six piés, & leur profondeur à peu près la même. Chaque cuvier est garni dans son fond d'un plancher ou grillage de planches de chêne, élevé d'environ un pié au - dessus du fond des cuviers, qui est de maçonnerie comme tout le reste. Chaque cuvier a de plus deux tuyaux que l'on ferme avec des tampons ou des robinets. Un de ces deux tuyaux X qui sont placés au - dessous du plancher de planches, le plus près qu'il est possible du fond du cuvier, sert à couler la lessive du cuvier dans la chaudicre; l'autre placé à l'opposite du premier derriere le cuvier, & qu'on ne voit pas, sert à lâcher dans une rigole ou égoût caché aussi par les cuviers, au derriere desquels il est placé, la lessive contenue dans les cuviers: après qu'on en a tiré tout le service qu'on peut en espérer, elle sort par cette rigole, pour s'aller perdre dans la riviere ou dans la campagne.

Pour couler la lessive, on puise avec un seau dans les chaudieres P, Q, R, S, & on jette dans les cuviers K, L, M, N, O, remplis des toiles proposées à blanchir. Les cuviers de Flandre contiennent chacun quarante aunes de trois quarts, & on y met cent livres

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