ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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calciné & réduit en ce qu'on appelle céruse ou blanc
de plomb; on le divile en monceaux, & on le fait
sécher au soleil.
On se sert du blanc de plomb dans la peinture à
l'huile & dans la peinture en détrempe. La couleur
qu'il donne est belle, mais il est un peu dangereux
pour ceux qui le broyent & pour ceux qui l'employent,
parce qu'il peut être mis au rang des poisons: il leur occasionne une maladie appellée colique de plomb. Voyez Couleur.
Le blanc de plomb est aussi un cosmétique: les femmes
s'en servent pour se blanchir la peau; on en fait
le fard. Les revendeuses à la toilette font ce blanc de
plomb en mettant du vinaigre & de l'orge perlé le plus
beau, dans un vaisseau qui ait un couvercle de plomb.
Elles placent le tout dans cet état dans un lieu chaud:
la vapeur du vinaigre calcine le plomb, & fait un
blanc que ces femmes détachent pour leur commerce: elles prétendent que l'orge qu'elles joignent au
vinaigre, empèche que le blanc de plomb n'ait de mauvais
essets. Celles qui n'ont pas le moyen d'avoir
cette espece d'orge perlé, qui est la plus chere, y
substituent le riz. (M)
La céruse ne doit être autre chose que le blanc
de plomb broyé, si elle est bien pure: mais elle peut
être mêlangée avec une partie du blanc de Roüen
ou de craie, sans qu'on puisse s'en appercevoir facilement,
si ce n'est par la suite; car après qu'elle a été
employée à l'huile, elle noircit. On peut absolument
reconnoître si elle est mêlangée, parce que si l'huile
avec laquelle on l'a broyée n'est pas vielile, & que
le blanc soit gras, cela vient de la craie. C'est pourquoi
ceux qui veulent avoir de beau blanc de plomb
pour la peinture à l'huile, doivent toûjours le faire
broyer quand il est en écaille.
Blanc
(Page 2:270)
Blanc, ou Magistere de Bismuth, (Chimie.)
Voici, suivant M. Pott, la meilleure façon de le faire:
on prend une partie de régule de bismuth pulvérisé,
on verse par - dessus bien doucement & à plusieurs
reprises deux parties d'esprit de nitre bien pur & bien
dégagé de l'acide vitriolique, pour que le magistere
soit bien blanc; car sans cela il prendroit une couleur
grise; on prend garde qu'il n'arrive point d'effervescence.
Peu de tems après la solution, il se formera
des crystaux blancs; ou si on ne veut pas attendre
la formation de ces crystaux, on n'aura qu'à
précipiter la solution avec huit parties d'eau claire
toute pure; on fait par là tomber une chaux blanche,
qu'on lave dans plusieurs eaux pour l'édulcoter;
on la fait sécher ensuite à l'ombre: car si on le
faisoit au soleil ou au feu, la chaux perdroit de sa
blancheur. Si on met cette chaux calciner, elle
devient blanche & brillante comme du talc folié;
c'est ce qu'on appelle blanc de bismuth, blanc d'Espagne, ou blanc de perles. Cette chaux est regardée
comme un grand cosmétique; on s'en sert comme
d'un fard pour cacher les difformités du visage, &
on prétend qu'elle blanchit le teint.
Lorsqu'on veut employer cette chaux pour des
usages de medecine, on la met en distillation avec
de l'eau - forte affoiblie par moitié ou plus d'eau commune,
ou bien l'on en fait plusieurs cohobations
avec l'esprit de vin. Cela produit, suivant quelques-uns,
un bon remede pour les maladies inflammatoires: mais il vaut mieux de s'en défier à cause de l'arsénic
qui est toûjours attaché au bismuth, & qui ne
peut guere produire de bons effets dans le corps humain.
Lorsqu'on applique extérieurement cette chaux,
on trouve qu'elle est dessiccative, astringente, &
propre à nettoyer les ulceres; on en vante aussi
beaucoup l'usage pour les maladies de la peau, comme
galle, rougeurs, dartres & boutons, après avoir
préalablement préparé le corps par des purgations.
On la mêle pour cet effet avec des pommades ou du
beurre de cacao, ou de l'eau - rose; mais ce remede
ne laisse pas d'endommager la peau à la longue, c'est
pourquoi il vaut mieux en bannir entierement l'usage
même extérieur.
Les fleurs de bismuth se tirent, suivant M. Lemery,
en réduisant le bismuth en poudre, & y mêlant partie
égale de sel ammoniac: on met ces deux matieres
sur le feu, & il se fait une sublimation; on prend ce
qui a été sublimé, on le dissout dans de l'eau, on précipite
la solution avec de l'esprit de sel ammoniac,
ou de l'huile de tartre; il tombe au fond une poudre
blanche qu'on appelle fleur ou sucre de bismuth; on
s'en sert pour les mêmes usages que le magisiere précédent.
( - )
Blanc des Carmes
(Page 2:270)
Blanc des Carmes; ce blanc n'est autre chose
que de la chaux de Senlis fort blanche & passée dans
un tamis tres - fin. Quand elle est claire comme du lait,
on en donne cinq ou six couches: mais il faut que
chacune de ces couches soit bien seche avant que
d'en appliquer une nouvelle; il faut aussi les bien
frotter avec la br>e; après cela on frotte l'ouvrage
avec une brosse de poil de sanglier, ou avec la paume
de la main; c'est ce qui lui donne ce luisant qui
en fait tout le prix.
On fait dans les Indes un blanc plus pur encore &
plus luisant avec de la chaux vive meiée avec du
lait & du sucre, dont on enduit les muratiles que l'on
polit avec une pierre d'agate. Cet endut les send
d'un poli qui imite la glace, & dont le plus beau blanc
des Carmes n'approche pas.
Blanc
(Page 2:270)
Blanc, (chez les Batteurs d'or.) ce n'est autre
chose que de l'argent dont ils allient quelquefois l'or,
malgré l'infidélité qu'il y a & le danger de ne pouvoir
plus le travailler & le mettre en feuilles. Voyez
Batteur d'or.
Blanc
(Page 2:270)
Blanc, (en terme de Doreur sur bois.) se fait avec
du plâtre bien battu qu'on sasse à un tamis très - sin,
& qu'on assine à force de le noyer dans de l'eau. On
en forme ensuite des pains qu'on laisse sécher; on le
délaye avec de l'eau pour s'en servir, & on l'applique
à plusieurs couches sur les ouvrages destinés à
être dorés, afin de remplir les traits des outils, &
rendre la dorure égale & unie. Voyez Blanchir.
Blanc
(Page 2:270)
Blanc, donner le blanc, (chez les Fayenciers.) c'est
couvrir le biscuit de l'émail de la fayence. Voyez
Fayence.
Blanc
(Page 2:270)
Blanc, (chez les Fondeurs en lettres d'Imprimerie.)
les blancs font partie du moule à fondre les caracteres
d'Imprimerie, & en sont les deux principales pieces;
elles forment le corps du caractere: par exemple, si
c'est un moule pour fondre du cicero, les blancs sont
juste de l'épaisseur du corps de cicero. Voyez Corps.
Ces blancs sont égaux entre eux & arrêtés sur la longue
piece d'un bout par une vis, & de l'autre par
une piece qu'on nomme potence, qui traversece blanc,
la longue piece & la platine par un trou quarré, pratiqué
égal dans ces trois pieces, dont cette potence
remplit les vuides, & est fortement arrêtée par - dessous la platine avec une vis & un écrou qui les unit
ensemble; toutes ces parties sont de fer. Voyez
Longue piece, Platine
Blanc a encore une autre acception, chez les mêmes
ouvriers: on dit des lettres en fonte qu'elles ont
blanc dessus, dessous, ou dessus & dessous: une m,
par exemple a blanc dessus & dessous, & le corps de
cette lettre doit être coupé de ces deux côtés; un b
n'a blanc que dessous, parce que le trait s'éleve au - dessus
de ceux de l'm; on ne le coupe par conséquent
que dessous: le q dont le trait occupe la partie inférieure
du corps a blanc dessus, & se coupe de ce côté.
Ainsi des autres lettres, dont les traits occupent les
parties supérieures ou inférieures du corps; les places
vuides s'appellent blancs, & se coupent pour lais<pb->
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ser l'oeil isolé, & que rien ne nuise à l'impression.
Voyez Couper.
On appelle encore blanc, des reglettes minces de
fonte ou de bois que l'on met à l'Imprimerie entre
chaque ligne de caractere, pour les éloigner un peu
les unes des autres, & laisser par - là plus de blanc
entre elles; ce qui se fait ordinairement pour la
poësie.
On dit une fonte portant son blanc, lors qu'un caractere
est fondu sur un corps plus sort qu'il n'a coûtume
d'être; comme lorsqu'on fond le caractere de
petit - romain sur le corps de cicero. Cet oeil de petitromain
qui se trouve par - là sur un corps plus fort
qu'il n'a coûtume d'être, laisse entre les lignes plus
de blanc que s'il étoit fondu sur son corps naturel:
cela évite d'ajoûter des choses étrangeres pour écarter les lignes, & est beaucoup plus propre & plus
sûr. Voyez Corps.
Blanc
(Page 2:271)
Blanc, chez les Facteurs d'orgue, est une composition
dont ils se servent pour blanchir les parties qu'ils
veulent souder; c'est un mêlange de colle, d'eau, &
de blanc d'Espagne. Pour faire le blanc propre à blanchir
les soudures, on met de l'eau dans une terrine,
dans laquelle on jette du blanc d'Espagne réduit en
poudre, voyez l'article Blanc: on met ensuite
la terrine sur le feu, qui ne doit point échauffer la
composition jusqu'à la faire bouillir, ce qui la rendroit
inutile. On verse ensuite dedans un peu de colle
fondue, que l'on mêle bien avec la composition,
qui se trouve ainsi achevée. Pour en faire l'essai, on
en met un peu sur une bande d'étain poli: si le blanc
s'écaille, c'est une marque qu'il est trop collé, s'il
s'efface, on connoît qu'il n'a pas assez de colle. Il
vaut mieux mettre de la colle petit - à - petit, que d'en
mettie trop, parce qu'il faudroit remettre de l'eau &
du blanc, & faire rechausser le mêlange, que l'on
connoît être bon, lorsqu'en tortillant le morceau
d'étain sur lequel on fait l'essai, il ne s'écaille ni ne
s'efface point.
Autrement, prenez du blanc d'Espagne réduit en
poudre dans une terrine de terre vernissée; versez dessus
du vinaigre en quantité suffisante pour détremper
le blanc, vous aurez une composition qui n'a point
besoin d'épreuve. Pour employer ce blanc, qui ne
s'écaille ni ne s'efface jamais, il faut en prendre avec
un pinceau, & passer ce pinceau sur les vives ou arrêtes
des pieces que l'on veut souder, en sorte qu'elles
en soient couvertes. On met une seconde couche
sur l'etain, après que la premiere est sechée, ensuite
on gratte, avec la pointe à gratter, le blanc & même
la surface des pieces à souder, dans tout l'espace que
l'on veut que la soudure occupe. Après que les pieces
sont soudées, on fait chauffer de l'eau dans un
chaudron, dans laquelle on trempe un linge, avec
lequel on lave la soudure & le blanc, que l'on ôte
par ce moyen. Lorsque ce sont des tuyaux d'étain
que l'on soude, il faut qu'ils soient blanchis en - dedans pour empêcher la soudure d'y entrer. Lorsqu'on
veut ôter le blanc qui est dedans les tuyaux où l'on ne
peut pas fourrer la main, on attache au bout d'une
baguette un linge, avec lequel on emporte le blanc
que l'on veut ôter.
Blanc
(Page 2:271)
Blanc, en terme de Pratique, se dit en quelques
phrases pour l'endroit d'un acte qui est resté nonécrit.
C'est en ce sens qu'on dit qu'on a laissé deux,
trois ou quatre lignes de blanc, qu'on a laissé un nom
en blanc. (H)
Blanc
(Page 2:271)
Blanc, s. f. (Commerce.) petite monnoie de cuivre
qui avoit autrefois cours en France, de la valeur
de cinq deniers. Selon le prix réel du marc d'argent,
le billon dont on fabriquoit les blancs avoit plus ou
moins de titre. Le blanc n'a pas de cours dans le commerce,
il n'y a plus que le bas peuple qui se sert de
l'expression six blancs, pour marquer le prix de trente
deniers.
Blanc
(Page 2:271)
Blanc, (Jardinage.) maladie qui suryient aux
concombres: on la remarque aussi dans l'oeillet. Ce
n'est autre chose qu'une altération dans les fibres de
leurs fannes ou de leurs bras, qui n'étant plus en
état de recevoir le fuc qui les nourrit, les fait périr
sans qu'on puisse y remédier. C'est une espece de
rouille blanche, telle qu'on en voit sur les laitues,
les chicorées, les melons, & les blés. Cette maladie
vient d'une trop grande sécheresse, d'une mauvaise
exposition, d'un arrosement fait mal - à - propos, de
brouillards, & des nuits froides: une grande attention
peut en garantir ces plantes. (K)
Blanc - bois
(Page 2:271)
* Blanc - bois, (OEconomie rustiq.) on comprend
sous ce nom tous les arbres qui ont non - seulement le
bois blanc, mais encore léger & peu solide: tels sont
le saule, le bouleau, le tremble, l'aune. Mais le châtaigner,
le tilleul, le frêne, le sapin, &c. sont boisblancs & non blancs - bois, parce que, quoique blanchâtres,
ils sont fermes & propres aux grands ouvrages.
Les blancs - bois viennent vîte, même en des terreins
mauvais: mais ils n'ont point de confistance,
ne sont bons qu'à de petits ouvrages, & ne peuvent
entrer que pour un tiers au plus dans les bois à brûler.
Blanc - en bourre
(Page 2:271)
* Blanc - en bourre, (OEconomie rustiq.) espece
d'enduit fort en usage à la campagne; il est fait de
terre, & recouvert de chaux mêlée de bourre. On
l'applique aux murs des granges, des bergeries, &c.
* Blanc - étoc ou Blanc - être, (OEconom. rust.)
Couper une forêt à blanc - étoc ou blanc - être, c'est l'abattre
sans y laisser ni baliveaux ni autres arbres retenus,
ce qui est défendu sous peine de trois cents livres
d'amende, à moins qu'on n'ait fait déclaration
des baliveaux qu'on veut couper, au greffe de la maîtrise
des eaux & forêts, dont les bois sont ressortissans,
asin que les officiers puissent renonnoître avant
la coupe l'âge & la qualité des baliveaux qu'on veut
abattre. Cette loi s'étend aux taillis comme aux futaies.
Blanc - manger
(Page 2:271)
Blanc - manger, (Pharmacie.) espece de gelée,
dont Fuller donne la préparation suivante: Prenez
quatre pintes de lait, les blancs d'un chapon bouilli,
amandes douces blanchies, deux onces; battez le
tout ensemble, & faites - en une forte expression:
faites bouillir l'extrait sur le feu, avec trois onces de
farine de riz: lorsque le tout commencera à se coaguler,
ajoûtez sucre blanc, huit onces, eau de roses
rouges, dix cuillerées: mêlez bien le tout ensemble.
Cette composition est salutaire dans les consomptions,
dans les gonorrhées, & dans d'autres maladies
où l'on doit se proposer de corriger les humeurs &
d'en tempérer l'acrimonie. (N)
Blancs - manteaux
(Page 2:271)
Blancs - manteaux, s. m. pl. (Hist. ecclés.) c'est
le nom qu'on donna aux religieux de l'ordre des Servites ou Serviteurs de la sainte Vierge mere de Jesus - Christ, à cause qu'ils avoient des habits & des manteaux
blancs. Cet ordre avoit été institué à Marseille, & fut confirmé par le pape Alexandre IV. l'an
1257; & comme ils s'établirent à Paris, dans la rue
de la vieille Parcheminerie, cette rue & le monastere
ont depuis retenu le nom de Blancs - manteaux,
quoique ce monastere ait été donné, dès l'an 1298,
aux religieux Guillelmites, qui avoient des manteaux
noirs, & que les religieux Bénédictins de Cluni, qui
sont habillés de noir, y soient entrés en 1618, par la
cession que leur en firent les Guillelmites de France,
non sans opposition de la part de leur général. Les
Bénédictins de Cluni l'ont encore cedé depuis aux
Bénédictins de la congrégation de saint Maur, qui en
sont presentement en possession. Du Breuil, Antiquit.
de Paris. (G)
* Cette maison est aujourd'hui remplie de religieux
très - savans & d'un grand mérite, auteurs d'ouvrages
fort estimables & fort utiles; comme l'art de
vérifier des dates, qui a été si bien reçû du public; la
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