ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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BIENS
(Page 2:244)
BIENS, en termes de Jurisprudence, & sur - tout dans
le Droit civil, sont toutes sortes d'effets, richesses,
terres, possessions, &c. Voyez Effet.
1°. Il y a deux sortes de biens; les meubles & les
immeubles. Voyez Meuble & Immeuble.
Les droits incorporels qui en effet ne sont ni meubles
ni immeubles, se rapportent eux - mêmes à l'une
ou l'autre de ces deux classes, suivant les divers rapports
qu'ils ont avec les meubles ou les immeubles
corporels: ainsi la faculté de reméré est une action
immobiliaire, parce qu'elle tend à l'acquisition d'un
immeuble; au lieu qu'un billet ou une ob igation est
réputée meuble, parce qu'elle a pour objet une somme
de deniers qui est mobiliaire.
2°. Les biens se divisent encore en propres, paternels,
héréditaires, ou de patrimoine; en acquêts, ou
biens acquis, & en conquêts. Voyez
Propre, Acquèt & Conquêt
Les biens se divisent encore en corporels & incorporels (voyez Corporel & Incorporel) & enfin en
biens nobles, & en roturiers. Voyez Noble, Roturier, &c.
Biens
(Page 2:244)
Biens adventices, sont tous ceux qui procedent
d'ailleurs que de succession de pere ou de mere,
d'ayeul, ou d'ayeule. Voyez Adventice.
Biens
(Page 2:244)
Biens dotaux, dotalia, sont ceux qui procedent
de la dot, & dont l'aliénation n'est pas permise au
mari. Voyez Dot.
Biens
(Page 2:244)
Biens de fugitifs, sont les biens propres d'un homme
qui se sauve pour crime, & qui aprés sa fuite dûement
prouvée & constatée, appartiennent au roi,
ou au seigneur du manoir. Voyez Fugitif.
Biens
(Page 2:244)
Biens paraphernaux, sont ceux desquels la femme
donne la joüissance à son mari, à condition de les
retirer quand il lui plaît. Voyez Paraphernaux.
Biens
(Page 2:244)
Biens profectices, sont ceux qui viennent de la succession
directe. Voyez Profectice.
Biens
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Biens vacans, sont ceux qui se trouvent abandonnés,
soit parce que les héritiers y renoncent, ou que
le défunt n'a point d'héritier. Voyez Vacant. (H)
* On distribue encore les biens en biens de ville &
biens de campagne: les biens de ville sont les maisons
de ville, les marchandises, les billets, l'argent, &c.
Les biens de campagne sont les rentes seigneuriales,
les champarts, les dixmes inféodées, les rentes foncieres,
&c. les terres labourables, les vignes, les
prés, les bois, & les plants. Voyez Maison, Marchandise, &c. Voyez Rente, Champart, &c.
Voyez
Terres labourables, Vignes
, &c. (H)
Bien
(Page 2:244)
* Bien, (homme de) homme d'honneur, honnête
homme. (Gramm.) Il me semble que l'homme de bien
est celui qui satisfait exactement aux préceptes de sa
religion; l'homme d'honneur, celui qui suit rigoureusement
les lois & les usages de la société; & l'honnête
homme, celui qui ne perd de vûe dans aucune de ses
actions les principes de l'équité naturelle: l'homme
de bien fait des aumônes; l'homme d'honneur ne manque
point à sa promesse; l'honnête homme rend la justice,
même à son ennemi. L'honnête homme est de
tout pays; l'homme de bien & l'homme d'honneur ne
doivent point faire des choses que l'honnête homme
ne se permet pas.
Bien, Très, Fort
(Page 2:244)
* Bien, Très, Fort, (Gramm.) termes qu'on
employe indistinctement en François, pour marquer
le degré le plus haut des qualités des êtres, ou ce
que les Grammairiens appellent le superlatif: mais ils
ne désignent ce degré ni de la même maniere, ni
avec la même énergie. Très me paroît affecté parti<pb->
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culierement au superlatif, & le représenter comme
idée principale; comme on voit dans le Très - haut,
pris pour l'Etre suprème. Fort, marque moins le superlatif,
mais affirme davantage: ainsi quand on dit
il est fort équitable, il semble qu'on fasse autant au
moins d'attention à la certitude qu'on a de l'équité
d'une personne, qu'au degré ou point auquel elle
pousse cette vertu. Bien, marque encore moins le
superlatif que très ou fort: mais il est souvent accompagné
d'un sentiment d'admiration, il est bien hardi!
Dans cette phrase, on désigne moins peut - être le
degré de la hardiesse, qu'on n'exprime l'étonnement
qu'elle produit. Ces distinctions sont de M. l'abbé Girard. Il remarque de plus que très est toûjours positif;
mais que fort & bien peuvent être ironiques,
comme dans: c'est être fort sage que de quitter ce qu'on
a pour courir après ce qu'on ne sauroit avoir; c'est
être bien patient que de souffrir des coups de bâton
sans en rendre: mais je croi que très n'est point du
tout incompatible avec l'ironie, & qu'il est même
préférable à bien & à fort en ce qu'il la marque moins.
Lorsque fort & bien sont ironiques, il n'y a qu'une
façon de les prononcer; & cette façon etant ironique
elle - même, elle ne laisse rien à deviner à celui
à qui l'on parle. Très, au contraire pouvant se prononcer
quand il est ironique, comme s'il ne l'étoit
pas, enveloppe davantage la raillerie, & laisse dans
l'embarras celui qu'on raille.
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