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SAUF, SAUVE (Page 14:710)
SAUF, SAUVE, adj. (Gram.) qui est en sûreté, à qui il n'est point arrivé de dommage ou d'accident, à qui il n'en sauroit arriver. Il est sorti de cette action sain & sauf. Il a obtenu son bagage & sa vie sauve; sauf mon honneur, j'abandonne le reste; sauf à recommencer; sauf à se rebattre.
Sauf (Page 14:710)
Sauf - conduit (Page 14:710)
Toutes les questions que l'on propose sur les saufconduits peuvent se décider, ou par la nature même des sauf - conduits accordés, ou par les regles générales de la bonne interprétation.
1°. Un sauf - conduit donné pour des gens de guerre regarde non - seulement des officiers subalternes, mais encore ceux qui commandent en chef, c'est l'usage naturel & ordinaire des termes qui le veut ainsi.
2°. Si l'on permet à quelqu'un d'aller dans un certain endroit, on est aussi censé lui avoir permis de s'en retourner, autrement la premiere permission se trouveroit souvent inutile; il pourroit cependant y avoir des cas où l'un n'emporteroit pas l'autre.
3°. Si l'on a accordé à quelqu'un la liberté de venir, il ne peut pas pour l'ordinaire envoyer quelqu'autre à sa place; & au contraire celui qui en a permission d'envoyer quelqu'un ne peut pas venir lui - même; car ce sont deux choses différentes, & la permission doit naturellement être restrainte à la personne même à qui elle est accordée, car peut - être ne l'auroit - on pas accordée à une autre.
4°. Un pere à qui l'on a accordé un sauf - conduit, ne peut pas mener avec lui son fils, & un mari sa femme.
Pour les valets, quoi qu'il n'en soit fait aucune mention, on présume qu'il est permis d'en mener un ou deux, ou même davantage, selon la qualité de la personne.
6°. Dans le doute & pour l'ordinaire, le privilege d'un sauf - conduit ne s'éteint pas par la mort de celui qui l'a accordé; rien n'empêche cependant qu'il ne puisse, pour de bonnes raisons, être révoqué par le successeur; mais alors il faut que celui à qui le sauf - conduit avoit été donné soit averti de se retirer, & qu'on lui accorde le tems nécessaire pour parvenir en lieu de sûreté.
7°. Un sauf - conduit accordé pour aussi long tems qu'on voudra, emporte par lui - même une continuation du sauf - conduit, jusqu'à ce qu'on le révoque bien clairement; car sans cela, la volonté est censée subsister toujours la même quelque tems qui se soit écoulé; mais un tel sauf - conduit expire, si celui qui
SAUGE (Page 14:710)
SAUGE, s. f. salvia, (Hist. nat. Bot.) genre de plante
à fleur monopétale & labiée; la levre supérieure
est convexe dans quelques especes, & dans d'autres
elle ressemble à une faucille. La levre inférieure est
divisée en trois parties, relevée en bosse & non pas
concave, comme dans l'ormin & la toute - bonne. Le
pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à
la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre
embryons qui deviennent dans la suite autant de
semences arrondies & renfermées dans une capsule
qui a servi de calice à la fleur. Ajoutez aux caracteres
de ce genre que les étamines ressemblent en quelque
sorte à un os hyoïde. Tournefort, inst. rei herb. Voyez
Sauge (Page 14:710)
Tournefort compte dix - huit especes de souges; nous décrirons ici la sauge ordinaire & la sauge pomifere de Candie.
La sauge ordinaire, salvia major, I. R. H. 180. a la racine dure, vivace, ligneuse, fibreuse. Elle pousse des tiges rameuses, d'un verd blanchâtre, ordinairement quarrées, revêtues de feuilles opposées, larges, obtuses, ridées, blanchâtres, ou purpurines, ou de différentes couleurs, épaisses, cotonneuses, crenelées sur les bords, spongieuses, attachées à des queues un peu longues, d'une odeur forte, pénétrante, agréable, d'un goût aromatique, amer, avec une âcreté qui échauffe la bouche.
Les fleurs naissent comme en épi aux sommets des rameaux, verticillées, formées en gueule ou en tuyau découpé par le haut en deux levres, avec deux étamines, dont la birfurcation représente assez l'os hyoïde; ces fleurs sont peu odorantes, de couleur bleue, tirant sur le purpurin, rarement blanches, soutenues sur un calice ample, formé en cornet, découpé en cinq parties, & d'une odeur extraordinaire de térébenthine. Lorsque les fleurs sont passées, il leur succede quatre semences arrondies, noirâtres, renfermées dans une capsule qui vient du calice.
Cette plante se cultive dans les jardins où elle fleurit communément en Juin & Juillet; ses sommités sont humectées d'une humeur glutineuse & aromatique; toutes les especes de sauge aiment les terres argilleuses, & sont beaucoup employées dans les cuisines.
On tire aussi des fleurs de sauge dans les boutiques une huile distillée, qui, mêlée avec l'esprit - de - vin, est bonne pour frotter des parties, où la circulation du sang est trop foible. On emploie utilement toute la plante dans les fomentations aromatiques.
Une des plus belles especes de sauge est celle de l'île de Candie, salvia cretica, frutescens, pomifera, foliis longioribus incanis & crispis, I. R. H.
C'est un arbrisseau fort touffu, haut d'environ deux ou trois piés; le tronc en est tortu, dur, cassant, épais de deux pouces, roussâtre, couverte d'une écorce grise, gersée, divisée en rameaux, dont les jets sont [p. 711]
Les fleurs naissent en maniere d'épi long d'un pié, rangées par étages, assez serrées; chaque fleur est longue d'un pouce ou de quinze lignes: c'est un tuy au blanchâtre, gros de quatre ou cinq lignes, évasé en deux levres, dont la supérieure est creusée en cueilleron velu, bleuâtre, plus ou moins soncé, longue de huit ou de dix lignes; l'inférieure est un peu plus longue, découpée en trois parties, dont les deux latérales bordent l'ouverture de la gorge qui est entre les deux levres; la partie moyenne s'arrondit & se rabat en maniere de collet, échancrée, bleu - lavé, frisée, marbrée, panachée de blanc vers le milieu.
Les etamines sont blanchâtres, divisées à - peu - près comme l'os hyoïde; le pistil qui se courbe & se fourche est garni de quatre embryons dans sa partie inférieure, lesquels deviennent autant de graines ovales, noirâtres, longues d'une ligne. Le calice est un tuyau long de demi - pouce, verd - pâle, mêlé de purpurin, découpé irrégulierement en cinq pointes, évasé en maniere de cloche. Cette espece de sauge a une odeur qui participe de la sauge ordinaire & de la lavande.
Les jets de cette plante piqués par des insectes s'élevent en tumeurs de neuf à dix lignes de diametre, dures, charnues, gris - cendrées, cotonneuses, d'un goût agréable. Leur chair est dure, comme de la gelee; on les appelle pommes de sauge. On en porte des paniers dans les marchés. Cependant, quoique cette espece de sauge vienne fort bien dans les jardins des curieux, on n'y voit jamais de ces sortes de pommes, parce qu'apparemment il n'y a point d'insectes dans nos climats qui se soucient de les piquer. Il se peut faire que la seve du pays contribue à la bonté de ces sortes de productions.
Nous n'avons que de très mauvaises noix - de - galle sur nos chênes, & sur nos plantes pas le moindre tubercule qui soit bon à manger. Ceux qui se forment sur l'églantier & sur le chardon hémorrhoïdial ne servent qu'en médecine, encore leurs vertus paroissent bien suspectes. (D. J.)
Sauge (Page 14:711)
On prétend que cette plante a été nommée salvia, du mot latin salvare, comme si elle étoit éminemment salutaire. Aussi est - ce une de celles à laquelle les Pharmacologistes ont prodigué les éloges les plus outrés. Il est dit, dans l'école de Salerne, que si l'usage de la sauge ne rend pas l'homme immortel, c'est qu'il n'y a point de remede contre la mort.
Cur moriatur homo cui salvia crescit in horto? Contra vim mortis non est medicamen in hortis.
On dit que les Chinois font tant de cas de la sauge, qu'ils ne peuvent comprendre comment les Européens sont si curieux de leur thé, tandis qu'ils possedent chez eux une plante qui lui est aussi supérieure que la sauge.
Les feuilles & les fleurs, ou plutôt les calices de la sauge, & sur - tout de la petite sauge possedent en un degré distingué toutes les propriétés des substances végétales ameres, aromatiques, balsamiques.
M. Cartheuser dit que la sauge qu'il trouve avec
raison fort analogue au romarin, voyez
Les fleurs & les feuilles de petite sauge se prennent principalement en infusion théïforme. Cette infusion a un goût légerement amer, aromatique, qui n'est point désagréable, & elle est très - chargée de l'odeur propre de la plante.
Selon une ancienne opinion qui a passé des livres de quelques naturalistes dans ceux des médecins, & ensuite chez le peuple, les crapauds & les serpens qui sont regardés comme des animaux très - venimeux, & qui cependant ne sont qu'horribles; ces animaux, dis - je, aiment beaucoup à habiter sous la sauge, & ils l'infectent de leur souffle & de leur salive. On prétend, d'après ce préjugé, qu'il faut laver la sauge avant que de l'employer à des usages médicinaux. Les observations pour & contre cette prétention, & l'usage qui en résulte étant mûrement pesés, il paroît à - peu - près démontré que le danger est purement imaginaire.
L'infusion de sauge est mise au rang des remedes
les plus éprouvés contre les foiblesses d'estomac, les
douleurs & les digestions languissantes qui en sont la
suite; l'expérience & la considération chimique de
sa nature lui paroissent également favorables; mais
il s'en faut bien que ces moyens de connoissance
soient également avantageux aux autres propriétés
qu'on lui attribue en foule, comme d'être très - bonne
contre l'apoplexie, l'épilepsie, la paralysie, les vapeurs
hystériques, la suppression des regles, la bouffissure,
les fleurs blanches, les fievres intermittentes,
l'asthme, les affections vermineuses, &c. en général
une infusion théïforme quelconque paroît un
remede trop léger contre toutes ces maladies; &
l'infusion théïforme de sauge en particulier n'étant
chargée que d'un peu de principe odorant, & d'une
très - petite quantité de matiere extractive qui n'est
douée que d'une soible vertu, selon la remarque de
M. Cartheuser; une pareille infusion, dis - je, ne peut
fournir qu'une boisson à - peu - près indifférente, fort
innocente, du - moins pour la plûpart des sujets; car
il faut avouer qu'il y en a de si sensibles, que le tonique le plus léger les affecte singulierement, voyez
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