ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"704"> ses malades; il est d'ailleurs destitué de remedes qui puissent procurer cette excrétion, de même que les purgatifs procurent celle des sucs intestinaux; les diurétiques celle des urines, &c. L'usage immoderé de la biere occasionne bien un flux gonorrhoïque, mais ce n'est que de l'humeur des prostates. Je ne doute pas que s'il connoissoit de pareils secours, il ne pût en toute sureté de conscience les administrer dans le cas de nécessité. Si donc le malade ne peut pas absolument se marier; il faudra chercher des remedes à ses maux dans les rafraîchissans, dans le travail, l'exercice outré, les veilles, & le gorger de boissons nitreuses, de tisanes de nymphea, d'émulsions préparées avec les graines de pavot, les semences de chanvre, d'agnuscastus & le syrop de nymphea, lui faire prendre des bains froids, le mettre à une diete un peu sévere, ne le nourrir que d'alimens legers & adoucissans; lui interdire l'usage du vin & des liqueurs spiritueuses; enfin l'exténuer de différentes façons; & pour le délivrer d'une simple incommodité, si facile à dissiper par des moyens illégitimes, lui donner à leur défaut une maladie très - sérieuse; encore par cette méthode risque - t - on souvent de manquer son but; la maladie en s'invéterant s'opiniâtre, la semence par un long sejour devient âcre & plus active, les érections sont en conséquence plus fortes & plus fréquentes; & le satyriasis entretenu par les vices de quantité & qualité de la semence, & par la disposition maladive des parties de la génération, devient plus difficile à guérir; on n'a cependant lieu d'attendre du soulagement que dans l'usage continuel des secours proposés; on peut y joindre les préparations du plomb, le sel de Saturne en très - petite quantité; il seroit dangereux d'insister encore trop long - tems sur ce remede, personne n'ignore les terribles effets que son usage intérieur produit; on peut aussi avoir recours aux applications locales sur la région des lombes qui passent pour amortir les feux de l'amour; telles sont les fomentations avec l'oxicrat, la liqueur de Saturne, les ceintures de l'herbe de nymphea, l'application d'une plaque de plomb, les immersions fréquentes des parties affectées dans de l'eau bien froide, &c. Parmi tous ces remedes, l'expérience heureuse de Timeus paroît avoir particulierement consacré la vertu du nitre & du nymphea; cet auteur rapporte qu'ayant épuisé tous les rafraichissans que la matiere médicale fournit, sur le musicien attaqué du satyriasis, dont nous avons parlé au commencement de cet article, il lui conseilla de se marier, suivant l'axiome de saint Paul, qu'il vaut mieux se marier que brûler. Le malade suit le conseil, épouse une robuste villageoise, & laisse entre ses bras une partie de sa maladie, quelque tems après le satyriasis reparoît avec plus de violence, il lasse son épouse & s'énerve de plus en plus; il demande de nouveaux remedes: Timeus propose le jeûne & la priere, mais il n'en éprouve d'autre effet qu'un dérangement d'estomac, & sa maladie augmente au point, que fatigué & anéanti par les fréquentes excrétions auquelles il ne pouvoit se refuser, & croyant tous les secours inutiles, il imaginât de mettre fin à ses maux par une opération, dont l'effet étoit immanquable, mais trop fort. Timeus la déconseille & l'en détourne, en lui représentant le danger pressant qu'elle entraînoit; enfin, se rappellant qu'un néphrétique après un long usage du nitre étoit resté impuissant, il essaye ce remede & donne une prise de ce sel le matin & le soir dans de l'eau de nymphea; ce dernier secours fut si efficace, qu'en moins d'un mois les feux de ce musicien furent amortis, de façon qu'à peine il pouvoit satisfaire aux devoirs que lui imposoit le mariage vis - à - vis son épouse, lui qui auparavant eût été un champion digne de la fameuse Messaline.

Quoe resupina jacens multorum absorbuit ictus, Et lassata viris nondum satiata recessit. (m)

SATYRIDES (Page 14:704)

SATYRIDES, (Géog. anc.) îles de l'Océan, selon Pausanias, qui pouvoit entendre par ce mot les îles Gorgosses. Voici le passage de cet ancien: « Comme je leur faisois (aux Athéniens) beaucoup de questions sur les satyres, pour tâcher d'apprendre quelque chose de plus que ce qui s'en dit communément, un carien nommé Euphemus, me conta que s'étant embarqué pour aller en Italie, il avoit été jetté par la tempête vers les extrémités de l'Océan: là il y a, me disoit - il, des îles incultes, qui ne sont habitées que par des sauvages; nos matelots n'y vouloient pas aborder, parce qu'elles leur étoient déja connues; mais poussés par les vents, ils furent obligés de prendre terre à celle qui étoit la plus proche: ils appelloient ces îles les Satyrides.

Les habitans sont roux, & ont par - derriere une queue presque aussi grande que celle des chevaux. Dès que ces sauvages nous sentirent dans leur île, ils accoururent au vaisseau, & y étant entrés, sans proférer une seule parole, ils se jetterent sur les premieres femmes qu'ils rencontrerent. Nos matelots pour sauver l'honneur de ces femmes, leur abandonnerent une barbare qui étoit dans l'équipage; & aussi - tôt ces satyres assouvirent leur brutalité, non - seulement en la maniere dont les hommes usent des femmes, mais par toutes sortes de lascivetés. Voilà, ajoute Pausanias, ce qui me fut conté par ce carien »; mais ce carien ne lui conta qu'une fable. (D. J.)

SATYRION (Page 14:704)

SATYRION, (Hist. nat. Bot.) genre de plante décrit sous le nom d'orchis. Voyez Orchis.

Satyrion (Page 14:704)

Satyrion, (Mat. méd. & Diete.) orchis, testicules de chien, &c. Les diverses especes de satyrion, & sur - tout celles des satyrions à racine bulbeuse, ont été singulierement vantées par les anciens pharmacologistes, & par ceux d'entre les modernes qui ont suivi la doctrine de Paracelse, comme l'aphrodisiaque par excellence. Cette haute réputation n'a eu cependant d'autre fondement que la forme de ses bulbes qui ont quelque ressemblance avec un testicule; & le principe qui a établi les vertus médicinales des remedes sur leur signature ou ressemblance quelconque avec certaines parties du corps humain. (Voyez Signature.) La philosophie moderne ne s'accommode point d'un pareil principe, & l'expérience qui est son vrai guide, a démontré que les bulbes de satyrion, malgré leur grande ressemblance avec un des principaux organes de la génération, n'avoient aucune influence sur ces organes; qu'elles n'excitoient point leur jeu, ne produisoient point la ma gnanimité. Voyez Magnanimité. Médecine. Les racines de satyrion n'en entrent pas moins cependant dans ces compositions aphrodisiaques, tant magistrales qu'officinales les plus usitées.

On garde ces racines dans les boutiques sous la forme de conserve, & sous celle de candit ou confiture.

Au reste ce n'est que le bulbe plein, dur, & bien nourri qu'on choisit, & auquel est attribuée la vertu propre du satyrion; car quant à un autre bulbe desséché & flétri, qui se trouve toujours avec le précédent, non - seulement il est regardé comme privé de ces vertus, mais même comme doué des propriétés contraires.

M. Geoffroi le cadet a préparé de la maniere suivante le bulbe des satyrions de notre pays pour imiter le salep des Turcs. (Voyez Salep.) Après avoir choisi les racines d'orchis les mieux nourries, il en ôte la peau, les jette dans l'eau froide; & après qu'elles y ont séjourné quelques heures, il les fait [p. 705] cuire dans une suffisante quantité d'eau; il les fait égoutter, puis il les enfile pour les faire sécher à l'air, choisissant pour cette préparation un tems sec & chaud. Elles deviennent transparentes; elles ressemblent à des morceaux de gomme adragant, & demeurent très - dures. On les peut conserver saines, tant qu'on voudra, pourvu qu'on les tienne dans un lieu sec; au lieu que les racines qu'on a fait sécher sans cette préparation, s'humectent & moisissent pour peu que le tems soit pluvieux pendant plusieurs jours. Mémoires de l'acad. & des Scien. année 1740.

C'est à cause de cette pente que les racines de satyrion desséchées à la maniere ordinaire ont à se corrompre, qu'est venu l'usage de les garder dans les boutiques sous forme de conserve ou de candit. (Voyez Candit.) Mais la méthode de M. Geoffroi pourvoit à leur conservation d'une maniere plus avantageuse

Le même auteur assure que les racines de satyrion de notre pays ainsi préparées, ont les mêmes propriétés médicinales que le salep des Turcs, tout comme elles ressemblent à cette drogue par leurs qualités extérieures. Voyez Salep.

Quant à la maniere de les employer, voici comme il s'en explique: on peut les réduire en poudre aussi fine qu'on veut, on en prend le poids de vingt - quatre grains, qu'on humecte peu - à - peu d'eau bouillante; la poudre s'y fond entierement, & forme un mucilage qu'on peut étendre par ebullition dans une chopine ou demi septier d'eau, & l'on est le maître de rendre cette boisson plus agréable, en y ajoutant le sucre & quelques légers parfums. Cette poudre peut aussi s'allier au lait qu'on a conseillé aux malades affectés des maladies de poitrine.

Ce dernier usage qui est le principal & le plus utile tant du salep imité, que du vrai salep (voyez Salep), prouve bien démonstrativement combien la prétendue vertu aphrodisiaque des satyrions est chimérique: car assurément les phtisiques n'ont que faire de magnanimité, & un remede capable de la produire, ne leur est rien moins que convenable. (b)

SATYRIQUE (Page 14:705)

SATYRIQUE, adj. (Gramm. & Littérat.) ce qui appartient ou a rapport à la satyre, ou qui tient de la nature de la satyre.

Ainsi l'on dit génie satyrique, style satyrique, vers satyriques, &c. Tous les auteurs satyriques ne sont pas poëtes; on peut compter parmi eux des prédicateurs, comme South; des historiens comme Burnet, Mezerai, le Vassor, &c. des philosophes, comme Apulée & Montagne. Dans la théologie payenne il y a eu jusqu'à un dieu satyrique appellé Momus. Homere donne à Thersite le caractere d'un satyrique de cour. On a accusé les Hollandois d'avoir composé des écrits ou fait frapper des médailles satyriques qui leur ont couté quelquefois bien cher.

Cependant on entend principalement par satyriques, les poëtes qui ont composé des satyres; tels qu'Horace, Boileau, le comte de Rochester, &c. L'auteur du cours des Belles - Lettres distribuées par exercices, caractérise ainsi les trois principaux satyriques latins, & le satyrique françois.

« Horace & Boileau, dit - il, avoient un esprit plus doux, plus souple: ils aimoient la simplicité; ils choisissoient les traits & les présentoient sans fard & sans affectation. Juvenal avoit un génie fort, une imagination fougueuse; il chargeoit ses tableaux, & détruisoit souvent le vrai en le poussant trop loin. Horace & Boileau ménageoi nt leur fonds; ils plaisantoient doucement, légerement; ils n'ôtoient le masque qu'à demi & en riant, Juvenal l'arrache avec colere. Quelquefois les deux premiers font exhaler l'encens le plus pur du milieu même des vapeurs satyriques. Le dernier n'a jamais loué qu'un seul homme, & cette louange se tournoit même en satyre contre le reste du genre humain. En un mot, les portraits que font Horace, Boileau, quoique dans le genre odieux, ont toujours quelque chose d'agréable qui paroît venir de la touche du peintre. Ceux que fait Juvenal ont des couleurs tranchantes, des traits hardis, mais gros. Il n'est pas nécessaire d'être délicat pour en sentir la beauté.

Horace & Boileau ont des traits propres & qui les séparent: Horace nous paroît quelquefois plus riche, & Boileau plus clair. Horace est plus réservé que Juvenal; mais il l'est beaucoup moins encore que Boileau. Il y avoit plus de nature & de génie dans Horace, plus de travail & peut - être plus d'art dans Boileau.

Perse a un caractere unique qui ne sympathise avec personne; il n'est pas assez aisé pour être mis avec Horace. Il est trop sage pour être comparé à Juvenal, trop enveloppé & trop mystérieux pour être joint à Despreaux. Aussi poli que le premier, quelquefois aussi vif que le second, aussi vertueux que le troisieme; il semble être plus philosophe qu'aucun des trois. Peu de gens ont le courage de le lire; la premiere lecture une fois faite, on trouve de quoi se dédommager de sa peine dans la seconde ». Cours de Belles - Lettres, tome II. page 162. & suivantes.

Satyriques jeux (Page 14:705)

Satyriques jeux, (Théâtre.) espece de farces qu'on jouoit à Rome le matin avant la grande piece pour les plaisirs du peuple. Elles ne venoient ni des Umbriens, ni des Liguriens, ni des autres peuples de l'Italie; mais on les avoit empruntées des Grecs. (D. J.)

SATYRIUM (Page 14:705)

SATYRIUM, (Géog. anc.) canton d'Italie dans la Messapie, aux environs de la ville de Tarente, selon Etienne le géographe. Elle donna son nom à la ville de Tarente, qui est appellée Saturum Tarentum dans ces vers de Virgile, Géorg. l. II. v. 195.

Sin armenta magis studium vitulosque tueri, Aut foetus ovium, aut urentes culta capellas, Saltus & Saturi petito longinqua Tarenti, Et qualem infelix amisit Mantua campum, Pascentem niveos herboso flumine cygnos. « Si vous vous plaisez à élever des troupeaux de boeufs, de brebis ou de chevres, transportez - vous dans le pays de Tarente, à l'extrémité de l'Italie, ou dans les herbages du Mantouan, pays helas! enlevés à ses malheureux habitans; délicieuses campagnes, où tant de cygnes paissent sur les bords du Mincio ».

Rien n'empêche qu'on ne dise que Satyrium, ville de ce canton, ne soit aujourd'hui la bourgade Satuzo. (D. J.)

SATZ ou ZIATECK (Page 14:705)

SATZ ou ZIATECK, (Géog. mod.) ville de Bohème, capitale d'un cercle de même nom, sur la rive méridionale de l'Egra, à 15 lieues au nord ouest de Prague. Elle a été souvent le séjour des ducs de Bohème.

Satz (Page 14:705)

Satz, cercle de, (Géog. mod.) en allemand Satzeer - Kraiss, cercle de Bohème, dans sa partie occidentale. Il est borné au nord par la Misnie, au midi par le cercle de Pilsen, au levant par celui de Rakonick, & au couchant par celui d'Elnbogen. Il occupe les deux bords de l'Egra. (D. J.)

SATZUMA (Page 14:705)

SATZUMA, (Géog. mod.) une des neuf provinces du Saïkokf, ou de la contrée de l'empire du Japon, qui est dans le pays de l'Ouest. Cette province n'a que deux journées de longueur, & est cependant divisée en quatorze districts; elle est médiocrement fertile, mais elle a de bonnes manufactures de draps, produit quantité de meuriers, & peut presque fournir les autres provinces de camphre. Kaempfer ajoute qu'elle surpasse toutes les provinces de l'île de Sai<pb->

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