ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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SATIO (Page 14:690)

SATIO, (Geogr. anc.) ville de la Macédoine, selon Polybe, l. V. & Tite - Live, l. XVII. Le premier la place sur le bord du lac Lychnidus, & le second dit qu'elle devoit être rendue aux Athamanes; ce qui a fait croire à quelques - uns que par Satio, Tite - Live & Polybe entendoient chacun une ville différente. (D. J.)

SATIRE (Page 14:690)

SATIRE MÉNIPPÉE, (Hist. lit. de France.) titre d'un ouvrage qui fit beaucoup de bruit du tems de la ligue sur la fin du seizieme siecle, & qui est toujours fort recherché par les curieux; c'est ce qui m'engage d'en dire un mot à cause de la singularité.

L'ouvrage qui porte ce titre est composé de celui qu'on nomma plaisamment Catholicon d'Espagne, qui parut en 1593, & de l'abregé des états de la ligue, qui fut imprimé l'année suivante; le tout fut appellé satire ménippée.

L'auteur de l'abregé chronol. de l'histoire de France nous apprend que M. le Roi, aumônier du jeune cardinal de Bourbon, & depuis chanoine de Rouen, fut seul l'auteur du catholicon. Pour l'abregé des états, plusieurs y travaillerent; Passerat & Rapin, deux bons poëtes, en composerent les vers; M. Gillot, conseiller au parlement de Paris, dont nous avons un éloge en latin de Calvin, fit la harangue du cardinal légat. Florent Chrétien, homme d'esprit, composa la harangue du cardinal Pellevé. On est redevable au savant Pierre Pithou de la harangue de M. Aubrai, qui est la meilleure de toutes; & l'on doit encore à Rapin la harangue de l'archevêque de Lyon; & celle du docteur Rose, grand - maître du college de Navarre, & évêque de Senlis. Peut - être que la satire ménippée ne fut guere moins utile à Henri IV. que la bataille d'Ivri, ou que l'Hudibras de Butler le fut à Charles II. roi d'Angleterre. Le ridicule a tant d'empire sur les hommes. Risus rerum soepè maximarum momenta vertit, dit Quintilien. (D. J.)

SATISDATIO (Page 14:690)

SATISDATIO, (Jurispr. rom.) ce mot se prend dans la jurisprudence romaine pour une garantie, & quelquefois pour une simple promesse. Satisdare secundum mancipium, c'étoit rei mancipium, seu dominium proestare, répondre à l'acheteur qu'il ne seroit point troublé dans la possession de ce qu'il achetoit; ce qui se faisoit communément nudâ repromissione, par une simple promesse, & cette promesse s'appelloit satisdatio dans le tems où l'on étoit obligé de donner caution; cet usage changea dans la suite, & cependant on ne laissa pas de se servir toujours du même terme de satisdatio pour désigner la simple garantie du vendeur. (D. J.)

SATISFACTION, Contentement (Page 14:690)

SATISFACTION, Contentement, (Gramm.) l'un de ces deux mots n'a point de pluriel, c'est celui de satisfaction; & l'autre appliqué au monde désigne les plaisirs qui passent comme une ombre. L'auteur de la justesse de la langue, & M. l'abbé Girard, trouvent quelque différence entre ces deux mots; selon eux la satisfaction est plus dans les passions, & le contentement dans le coeur: un homme inquiet, disent - ils, n'est jamais content; un homme ambitieux n'est jamais satisfait. (D. J.)

Satisfaction (Page 14:690)

Satisfaction, (Théolog.) satisfactio; l'action de satisfaire, c'est - à - dire de réparer une injure ou de payer une dette.

Le terme de satisfaction dans sa signification naturelle, emporte avec soi l'une ou l'autre de ces idées. Un homme a contracté une dette, il la paye; on dit qu'il a satisfait à son créancier. Une personne en offense une autre, ou l'outrage, soit de paroles, soit d'action; elle répare ensuite cet outrage, soit par des excuses qu'elle fait à la personne lésée, soit par d'autres voies; on dit également qu'elle a satisfait à celui qu'elle a outragé.

On distingue deux sortes de satisfaction; l'une rigoureuse & proprement dite, l'autre non rigoureuse & improprement dite. On définit la premiere une réparation proportionnée à l'injure qu'on a faite, ou le payement d'une somme égale à celle qu'on a empruntée: par satisfaction non rigoureuse & improprement dite, on entend une réparation disproportionnée à la grandeur de l'injure qu'on a faite, mais dont néanmoins se contente par pure bonté & par pure miséricorde, celui qui a été lésé; ou le payement d'une somme non égale à celle qui a été empruntée, & dont le créancier se contente pour éteindre la dette de son débiteur.

La question de la satisfaction de Jesus - Christ pour le salut du genre humain, est une matiere des plus controversées entre les Catholiques & les Sociniens. Ces derniers conviennent que Jesus - Christ a satisfait à Dieu pour nous; mais ils entendent qu'il n'a satisfait qu'improprement & métaphoriquement, en remplissant toutes les conditions qu'il s'étoit lui - même imposées pour opérer notre salut, & obtenant de Dieu pour nous une relaxation gratuite des dettes que nous avions contractées envers lui par le péché; soit parce qu'il s'est imposé à lui - même des peines pour nous montrer ce que nous devons souffrir pour obtenir le pardon de nos crimes; soit parce qu'il nous a indiqué par son exemple, par ses conseils, & par ses prédications, le chemin qu'il faut tenir pour arriver au ciel; soit enfin parce qu'il nous a fait entendre par son sacrifice, qu'il falloit accepter la mort avec une résignation parfaite à la volonté de Dieu, en punition de nos péchés.

Les Sociniens avouent encore que Jesus - Christ est le sauveur du monde; mais seulement par ses discours, ses conseils & ses exemples, & non par le mérite & l'efficace de sa mort; & s'ils sont forcés de dire que Jesus - Christ est mort pour nous, ils entendent que c'est pour notre avantage & notre utilité, & nullement qu'il ait souffert la mort à la place des hommes coupables.

Pour détruire ces interprétations ou fausses ou insuffisantes, les Catholiques disent que Jesus - Christ a satisfait à Dieu proprement & rigoureusement en payant à son pere un prix non - seulement équivalent, mais encore surabondant pour les péchés des hommes, le prix infini de son sang: 2°. qu'il est leur sauveur non - seulement par ses discours, ses conseils & ses exemples, mais par le mérite & l'efficace de sa mort: 3°. qu'il est mort non pas simplement pour notre avantage, mais au lieu de nous, à notre place, & par une véritable substitution à la place d'hommes coupables.

Le péché étant tout à la fois une dette par laquelle nous sommes obligés envers la justice divine, une inimitié entre Dieu & l'homme, un crime qui nous rend coupables & dignes de la mort éternelle, il s'ensuit qu'à tous ces égards Dieu est par rapport à nous comme un créancier à qui nous devons, comme partie offensée qu'il faut appaiser, comme juge qui doit nous punir. La satisfaction rigoureuse exige donc pareillement trois choses, 1°. le payement de la dette, 2°. le moyen d'appaiser la justice divine, 3°. l'expiation du crime; d'où il est aisé de conclure qu'étant par nous - mêmes incapables de remplir ces conditions, nous avions besoin auprès de Dieu d'un garant ou d'une caution qui se chargeât de notre dette, & qui l'acquittât pour nous: 2°. d'un médiateur qui nous reconciliât avec Dieu: 3°. d'un prêtre & d'une victime qui se substituât à notre place, & qui expiât nos péchés par les peines auxquelles elle s'est soumise. Or c'est ce qu'a pleinement accompli Jesus - Christ, comme le démontrent les théologiens catholiques, aux ouvrages desquels nous renvoyons le lecteur.

Car sans entrer ici dans un détail qui nous méneroit trop loin, & qui d'ailleurs n'est pas du ressort de cet Ouvrage; qu'il nous suffise de remarquer pour [p. 691] faire sentir l'insuffisance des interprétations sociniennes que nous avons rapportées plus haut: 1°. que si Jesus - Christ n'étoit mort que pour confirmer sa doctrîne, il n'auroit rien fait de plus que bien d'autres martyrs & saints personnages, dont on n'a jamais dit qu'ils soient morts ou qu'ils aient été crucifiés pour nous, ni qu'ils aient satisfait pour nos péchés: 2°. que s'il n'est mort que pour notre utilité, on ne doit pas plus attribuer notre rédemption à sa mort, qu'à ses miracles & à ses actions, qui avoient pour but l'utilité des chrétiens. Or on n'a jamais dit que les miracles & la vie de Jesus - Christ, fussent la cause efficiente & prochaine de notre rédemption: 3°. que dans les écritures l'expiation de nos péchés & notre reconciliation avec Dieu, sont constamment attribués à la mort de Jesus - Christ, comme cause efficiente, & jamais comme cause exemplaire de la mort que nous - mêmes devions souffrir en punition de ces péchés. Il est clairement marqué dans les livres saints que la mort est la peine & le salaire du péché, stipendium peccati mors; mais il n'y est nulle part énoncé qu'elle en doive opérer la rémission, ni notre reconciliation avec Dieu.

Il y a sur cette matiere une difficulté assez considérable. C'est de savoir si la satisfaction de Jesus - Christ considérée par rapport à lui - même, a été faite à un tiers, ou comme parlent les Théologiens, si elle a été ad alterum; c'est - à - dire si Jesus - Christ s'est satisfait à lui - même. Quelques auteurs prétendent qu'il n'a satisfait qu'au Pere éternel & au Saint - Esprit, & que quant à ce qui le concernoit, il a remis gratuitèment aux hommes ce qu'ils lui devoient. Mais comme l'Ecriture dit que Jesus - Christ a satisfait à Dieu, & par conséquent à toute la très - sainte Trinité, & que d'ailleurs elle ne dit rien de ce pardon accordé par Jesus - Christ seul, la plûpart des Théologiens soutiennent que Jesus - Christ s'est satisfait à lui - même de maniere que sa satisfaction a vraiment été ad alterum. Il suffit, disent - ils, pour cela de concevoir en Jesus - Christ différens rapports de la personne; selon les uns de ces rapports il a satisfait à lui - même considéré sous d'autres rapports, à - peu - près comme si le premier magistrat d'une république tiroit du trésor public une somme d'argent, & la distribuoit à tous les particuliers en prenant lui - même une portion, à condition de la rendre dans un certain tems; lorsqu'il la rendroit en effet, il satisferoit comme particulier à lui - même, considéré comme chef de la république. Or il y a en Jesus - Christ deux natures, deux volontés, deux sortes d'opérations; ainsi l'on peut dire que selon les unes, il s'est satisfait à lui - même considéré sous d'autres rapports, non que ce soit en lui Dieu qui a satisfait à l'homme, mais l'homme - Dieu qui a satisfait à Dieu. Voyez Wuistasse, trait. de l'incarnat. part. II. quoest. x. article 1. sect. 1. & article 11. sect. 111.

Satisfaction (Page 14:691)

Satisfaction, (Théolog.) considérée comme partie du sacrement de pénitence, est une réparation qu'on doit à Dieu ou au prochain pour l'injure qu'on leur a faite.

Les Théologiens la définissent un châtiment ou une punition volontaire qu'on exerce contre soi - même pour compenser l'injure qu'on a faite à Dieu, ou réparer le tort qu'on a causé au prochain, & racheter la peine temporelle qui reste à expier, soit en cette vie, soit en l'autre, bien que la coulpe & la peine éternelle aient été réunies par l'absolution.

Le pénitent s'impose à lui même la satisfaction, ou elle lui est imposée par le confesseur, & elle précede ou elle suit l'absolution. Mais il n'est pas essentiel pour la validité du sacrement, qu'elle la précede; il suffit que le pénitent ait une volonté sincere d'accomplir la satisfaction qui lui est jointe par le confesseur; telle est au moins la discipline présente de l'Eglise, & elle est fondée sur la pratique de l'antiquité, qui n'atten<cb-> doit pas toujours que les pénitens eussent entierement subi toutes les peines canoniques qu'elle leur imposoit, avant que de leur donner l'absolution sacramentelle. Elle en usoit ainsi lorsque les pénitens étoient en danger de mort, ou lorsqu'on craignoit que le délai d'absolution ne les jettât dans le schisme ou dans l'hérésie; lorsque la persécution approchoit, ou qu'on espéroit que l'indulgence de l'Eglise raméneroit dans son sein ceux qui s'en étoient écartés; lorsque les martyrs donnoient aux pénitens des lettres de recommandation pour demander qu'on les admît à la reconciliation & à la communion; ou enfin lorsque les pénitens témoignoient une douleur extrèmement vive de leurs péchés. Tous ces cas montrent que la conduite présente de l'Eglise est fondée, & qu'on ne peut excuser ni de témérité, ni d'erreur, ceux qui pensent que sans satisfaction accomplie, l'absolution est nulle. Cette doctrine a été condamnée par Sixte IV. dans Pierre d'Osma, par la faculté de Paris dans sa censure contre un ouvrage de Theophile Brachet de la Milletiere en 1644, & récemment dans le P. Quesnel par le pape Clément XI.

Il est pourtant vrai de dire que quand la pénitence publique étoit en usage, excepté quelques cas particuliers, on ne donnoit ordinairement l'absolution aux pénitens, qu'après qu'ils avoient accompli leur pénitence.

Les Luthériens & les Calvinistes prétendent que les satisfactions imposées aux pécheurs ne sont utiles que pour le bon exemple, la correction & l'amendement des autres fideles; mais qu'elles ne servent de rien pour fléchir Dieu, ni pour obtenir la relaxation de la peine temporelle, prétendant que leur attribuer cette vertu, c'est déroger à l'efficace & à la satisfaction de Jesus - Christ. Il est visible qu'à ce dernier égard, ils ont imputé aux Catholiques une erreur dont ceux - ci sont bien éloignés; car ils reconnoissent que toutes nos satisfactions tirent leur mérite & leur vertu de Jesus - Christ, en qui seul nous pouvons mériter & satisfaire.

Les oeuvres satisfactoires, sont la priere, le jeûne, l'aumône, la mortification des sens, & les autres actions pieuses que nous accomplissons par les mérites de Jesus - Christ, & en vue de fléchir la justice divine.

SATISFAIRE (Page 14:691)

SATISFAIRE, v. act. (Gramm.) contenter quelqu'un, en lui accordant ce qui lui est légitimement dû. On dit satisfaire ses créanciers; satisfaire à la loi; satisfaire un homme offensé; satisfaire à une espérance, à une attente, à une objection, à son devoir. Satisfaire ses passions; satisfaire ses sens. Cette conduite, ce moyen, cette chose me satisfera. Satisfaire aux ordres que vous avez reçus, à la parole que vous avez donnée; satisfaire son desir; il a satisfait sa colere. Il faut que je me satisfasse une fois là - dessus.

SATMALES, les (Page 14:691)

SATMALES, les, (Géog. anc.) Satmali, peuples des pays septentrionaux: Pomponius Mela, liv. III. c. vij. rapporte qu'ils avoient les oreilles si grandes, qu'ils pouvoient s'en entourer le corps. Je m'étonne, dit plaisamment Isaac Vossius, qu'on ne se soit pas avisé de leur en faire des aîles pour voler. Comme le merveilleux se répand aisément, on a transplanté cette race aux grandes oreilles, de l'Inde dans le septentrion; car ceux qui en ont parlé les premiers, les plaçoient dans l'Inde, & peut - être cette fable a - t - elle quelque espece de fondement; du moins les Malabares ont les oreilles fort longues, & croyent qu'il leur manque quelque chose, si elles ne leur descendent presque sur les épaules. Mais Ortelius conjecture, que les anciens faute d'examen, auront pû prendre pour des oreilles, quelque ornement de tête particulier à ces peuples, & dont ils usoient pour se garantir de la neige & des autres injures du tems. (D. J.)

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