ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"658"> conde année; pour lors elle se trouve de bonne qualité; celle de l'année n'est point bonne à manger; lorsque les salaisons sont bien faites, celles de la troisieme & de la quatrieme années sont les plus recherchées, parce qu'alors le poisson se trouve confit dans sa saumure.

On transporte ces salaisons à Nantes & à Bordeaux par la mer, d'où elles passent jusqu'à Cette & à Montpellier par le canal; on en charge encore quelquefois des bâtimens qui vont en droiture; par le détroit, à Marseille, à Cette, & autres côtes du Levant.

La grande vente de ces anchois & sardines se fait à la foire de Beaucaire, d'où elles passent dans les lieux de leur consommation.

Avant la venue des Provençaux en Bretagne, on n'y faisoit aucun cas des anchois; les pêcheurs les rejettoient à la mer aussi - tôt qu'ils les avoient pris; depuis leur arrivée, on achete les anchois le quadruple des sardines, & quelquefois six fois plus, & quoiqu'ils ne prennent que les plus petits de ces derniers poissons, que les pécheurs bretons méprisoient, leur choix n'a pas laissé que de doubler le prix ordinaire des sardines, en quoi les intéressés à cette pêche & les pêcheurs trouvent aujourd'hui un profit considérable sur leurs poissons, dans les lieux où on les sale en rouge.

Les marchands presseurs de sardines, de l'amirauté de Quimper, demandent que les barrils de sardines soient marqués à feu, tant du lieu de la salaison, que de celui du presleur qui l'aura préparé, & cela conformément à ce qui se pratique le long des côtes de la Normandie & de la Picardie, pour les harengs blancs de différentes qualités; cette police si nécessaire aux marchands commissionnaires, auxquels les négocians forains & étrangers ordonnent de gros achats de ces salaisons, empêchera la fraude des petits presseurs, soit par rapport aux sels usés dont ils se servent contre la défense, que pour empêcher le mélange des sardines de mauvaise qualité, ou de celles qui sont surannées, qu'ils mettent au milieu de leurs barrils, & qu'il n'est pas possible de vérifier quand une fois ils sont pressés; elle mettra aussi en réputation les marchands presseurs qui prépareront leurs salaisons loyales & marchandes, & empêchera les commissionnaires d'être trompés comme ils le sont souvent, en contenant les presseurs, dont les fraudes se découvriront aisément.

Description de la pêche de la sardine à boiter & affarer à la rave, reve, rogue, ou resure, telle qu'elle se pratique aux côtes de Poitou. Cette pêche de la sardine ne se peut faire que de jour; les pêcheurs n'ont ordinairement qu'un ret ou filet d'une seule piece, qui peut avoit dix - huit à vingt brasses de long quand il est monté, & vingt - cinq brasses non monté, parce que le haut est lâche & flotté, pour donner lieu aux sardines de mailler; il a quatre brasses de chute, il est amaré à l'arriere de la chaloupe, avec un cordage qui peut avoir quelques brasses au long du corps du bateau, à la tête du ret; il est soutenu à fleur d'eau par les flottes du liege dont la tête est garnie, & le bas, pour le faire caler de sa hauteur, est chargé de plomb, de boules de terre cuite, ou de pierres percées; à mesure qu'il y a du poisson maillé dans le ret, les pêcheurs s'en apperçoivent aisément, par le liege qui plonge; le maître de la chaloupe est placé à l'arriere pour boiter la sardine, en semant la rave avec une cuilliere; les autres pécheurs soutiennent à la marée, avec deux, quatre ou six avirons, suivant la force du vent, ou de la dérive des courans; la sardine se maille dans le ret en montant du fond pour venir gober l'appât de la rave, ou résure.

Les pêcheurs relevent leurs rets d'heure en heure, plutôt ou plus tard, quand ils s'apperçoivent qu'il y a du poisson de pris.

Les vents les meilleurs pour faire cette pêche aux côtes du Poitou, sont ceux des rumbs d'aval, qui amenent & poussent le poisson à la côte; ceux d'est sont tout - à - fait contraires à la pêche, parce qu'ils chassent au large les sardines.

Les sardines du port des Sables sont plus petites que celles que l'on pêche au port de S. Gilles, où les sardines sont même plus grasses & meilleures, & où il n'est pas d'usage d'en faire aucune salaison, tout le poisson de la pêche se consommant à demi salé, dans le pays; il s'en transporte quelquefois jusqu'à Orléans.

Les pêcheurs ont différentes especes de rets à sardines, comme ceux des sables d'Olone; ils se servent des filets à plus larges mailles, à mesure qu'ils s'apperçoivent que les poissons des mattes, lites ou bouillons de sardines qui terrissent, sont de plus grosses pieces; on change les rets alors, & communément ils en ont toujours à bord de deux diverses sortes, pour s'en servir suivant l'occurrence; les plus larges mailles sont celles dont on se sert ordinairement à la fin de la saison, le poisson augmentant à mesure qu'on s'en approche.

Les pécheurs de S. Gilles ont de cinq especes de mailles à sardines; les plus larges ont neuf lignes en quarré, celles qui survent ont huit lignes, la troisieme sorte de mailles a sept lignes aussi en quarré, la quatrieme en a six, & les plus serrées, qui sont les dernieres, n'en ont au plus que cinq en quarré; on ne charge le pié ou le bas de ces rets, qu'autant qu'il faut pour les faire seulement caler de leur hauteur, les flottes restant à fleur d'eau.

SARDINIERS (Page 14:658)

SARDINIERS, s. m. pl. terme de pêche, rets à sardines. Voyez Sardines.

SARDINS (Page 14:658)

SARDINS, voyez Jardins & Galeries.

SARDO (Page 14:658)

SARDO, s. m. (Diete.) espece d'hydromele ou de liqueur fermentée, en usage chez les Ethiopiens & Abyssins. Pour la faire, on met cinq ou six parties d'eau contre une de miel; on y joint une ou deux poignées de farine d'orge germé: ce qui occasionne une fermentation; après quoi l'on y met quelques morceaux d'un bois qui a la propriété de faire disparoitre le goût doucereux & fade du miel; par - là, cette liqueur devient, dit - on, assez agréable.

SARDOA ou SARDONNE (Page 14:658)

SARDOA ou SARDONNE, s. m. (Botan. anc.) nom donné par les anciens à la renoncule à feuilles de ache, autrement dite apiastrum; c'est un poison reconnu de tout tems pour tel; mais Pline l'a confondu avec le baume sous le nom d'apiastrum, que les abeilles, dit - il, recueillent en Italie. Le sardoa a été nommé par les Grecs sardonia herba, parce que cette plante abonde dans l'île de Sardaigne, autrefois nommée Sardonia. (D. J.)

SARDOINE (Page 14:658)

SARDOINE, s. f. (Hist. nat. Litholog.) pierre fine d'une couleur jaune, de la nature de l'agate; elle a beaucoup de transparence, & elle varie pour le plus ou le moins de vivacité de sa couleur, qui est tantôt d'un jaune clair, tantôt d'un jaune plus foncé & tirant un peu sur le brun, tantôt plus ou moins pure & nette. La plûpart des auteurs ont confondu cette pierre avec la cornaline (carneolus), mais il paroit que c'est à tort, puisqu'il est, pour ainsi dire, de l'essence de la cornaline d'être rouge; & c'est sur cette couleur qu'est fondée la dénomination qu'on lui donne, tandis que la sardoine est toujours jaune. Le nom de cette pierre vient, dit - on, de ce qu'on la trouvoit près de la ville de Sardes, dans l'Asie mineure, ou suivant d'autres, de l'île de Sardaigne, où l'on dit qu'il s'en rencontroit assez communément. Les anciens s'en servoient très - fréquemment pour graver des cachets; cet usage n'est pas si commun chez les modernes; on les grave plus ordinairement sur des cornalines. Il y a tout lieu de croire que c'étoit la sardoine que les anciens ont voulu désigner [p. 659] sous le nom de sarda & de sardion. Voyez l'article Cornaline.

Sardoine (Page 14:659)

Sardoine, (Mat. méd.) cette pierre a été mise par quelques anciens pharmacologistes au rang des pierres précieuses qu'ils ont cru douées de vertus médicamenteuses. Voyez Fragmens précisux. (b)

SARDONIEN ris (Page 14:659)

SARDONIEN ris, (Maladies.) est le même que ris involontaire & convulsif; cet épithete vient au mot ris de l'herba sardonia ou sardoa, qui n'est autre chose que le ranunculus palustris, apii folio loevis, qu'on dit exciter une espece de manie dans laquelle les joues sont retirées, de maniere que l'on diroit que le malade rit; c'est de - là que vient l'expression proverbiale de ris sardonien pour ris forcé; c'est avec raison qu'on le regarde comme un symptôme très - dangereux; car il est suivi d'une mort subite & inattendue, déguisé sous la forme d'un ris faux & contre nature.

On tentera la guérison de ceux qui auront pris de cette herbe, d'abord par le vomissement, ensuite par l'hydromel, le lait, les fomentations, les embrocations & l'application d'onguent chaud sur tout le corps; on ordonnera aussi des bains dans de l'eau & de l'huile chaude; on fera oindre & frotter le corps après le bain. En général on se conduira en pareil cas comme dans les convulsions. On fera prendre aussi du castoreum seul ou dans du passum avec d'autres remedes analogues. Aëtius, tetrab. IV. serm. I. cap. lxvj. Actuarius & Paul Eginete l'ont copié mot - à - mot. Voyez l'article Ris.

SARDONYX (Page 14:659)

SARDONYX, s. f. (Hist. nat. Litholog.) c'est le nom d'une agate ou pierre fine de couleur jaune ou rouge, mêlée de parties brunes semblables à l'onyx. Voyez Onyx.

SARE (Page 14:659)

SARE, s. m. (Chronol. & Astronom. chaldéenne.) les Chaldéens divisoient le tems en sares, en neres & en soses. Le sare, suivant Syncelle, marquoir trois mille six censans, le nere six cens, & le sose soixante; il est certain que cette évaluation donneroit à la durée des premiers regnes un nombre infini d'années, chaque roi ayant regné plusieurs sares, & par conséquent il faut rejetter le calcul de Syncelle; mais on pourroit regarder les sares comme des années de jours. Voyez Scaliger, Petau, & surtout l'histoire universelle donnée par une société de savans anglois.

Le sare astronomique paroit être la période de 223 lunaisons, qui suivant les astronomes baby loniens, donnoient le retour des éclipses semblables, au même lieu du ciel: ce qui supposoit que la lune se retrouvoit exactement au même point de son écliptique, & dans la même situation avec l'écliptique du soleil. M. Halley ayant eu la curiosité d'examiner si la période du sare astronomique avoit effectivement cette propriété, trouva que dans le cours des 223 lunaisons, la lune épuisoit toutes les variétés & toutes les inégalités que les astronomes supposent dans son mouvement. (D. J.)

Sare la (Page 14:659)

Sare la, ou Saare, (Géog. mod.) en latin Saravus, riviere de Lorraine, la plus grosse de celles qui tombent dans la Moselle. Elle a deux sources dans la Lorraine allemande, un peu au - dessus de Salm; & après s'être grossie des eaux de plusieurs ruisseaux qu'elle reçoit dans un cours d'environ trente lieues en Lorraine seule, elle finit par se jetter dans la Moselle, un peu au - dessus de Treves. (D. J.)

SAREPTA (Page 14:659)

SAREPTA, (Géog. anc.) ville des Sidoniens, dans la Phénicie, entre Tyr & Sidon, sur le bord de la mer Méditerranée. Pline & Etienne le géographe l'appellent Sarapta, & les Arabes Tzarphand. Josephe & les Grecs disent Sarephta ou Saraphta, & les Juifs Zarphat.

Le géographe arabe Scherif - Ibn - Idris la met à vingt milles de Tyr, & à dix milles de Sidon. Cette derniere étoit au nord, & Tyr au midi.

Sarepta est fatneu se par la demeure qu'y fit le prophete Elie, chez une pauvre femme veuve, pendant que la famine desoloit le royaume d'Israel. On y montroit au tems de S. Jérôme, & encore long - tems depuis, le lieu où ce prophete avoit demeuré. C'étoit une petite tour. On bâtit dans la suite une église au même endroit, au milieu de la ville.

Le vin de Sarepta est connu chez les anciens, sous le nom de vinum sareptanum:

Et dulcia Bacchi Munera, quoe Sarepta ferax, quoe Gaza crearat.

Fortunat, dans la vie de S. Martin, dit:

Sareptae Lucida perspicuis certantia vina capillis.

Et on lit dans Sidonius Apollinaris, carm. 17.

Vina mihi non sunt gazetica, chia, falerna, Quoeque sareptano palmite missa bibas.

Fulgent. l. II. Mytholog. dit que les vins de Sarepta sont si fumeux, que les plus hardis buveurs n'en sauroient boire un setier en un mois. Or le setier, sextuarius, n'étoit que la pinte de Paris, selon Budée.

Sarepta n'est plus aujourd'hui qu'un méchant village que les Turcs nomment Sarphen. Sa situation eft sur la croupe d'une petite montagne. L'ancienne Sarepta étoit beaucoup plus près du rivage, où l'on voit encore quelques fondemens à fleur de terre. Mais on a placé la moderne sur la montagne, à cause des ravages des pirates. Du tems que les chrétiens étoient maîtres de cette ville, il y avoit un évêque & une église bâtie en mémoire de S. Elie. Elle a été détruite par les Sarrasins ou par les Turcs, qui ont fait bâtir une mosquée à la place. (D. J.)

SARGANS (Page 14:659)

SARGANS, (Géog. mod.) ville de Suisse, capitale du comté auquel elle donne son nom, avec un château où réside le bailli; c'est une petite ville bâtie sur la croupe d'un monticule qui est une branche de la grande montagne nommée Shalberg. Les sept anciens cantons acheterent cette ville, ainsi que le comté en 1423. Long. 27. 12. latit. 47. 10. (D. J.)

SABGARAUSENA (Page 14:659)

SABGARAUSENA, (Géogr. anc.) contrée de la Cappadoce, à qui Ptolomée, l. V. c. vj. donne le titre de préfecture, & en indique les villes. (D. J.)

SARGASSO, Mer de (Page 14:659)

SARGASSO, Mer de (Géogr. mod.) ou mer de Sargaso, plage de l'Océan atlantique, à laquelle on donne environ 50 lieues d'orient en occident, & tout au moins 80 du septentrion au midi. Elle est entre les îles du cap Verd, les Canaries & les côtes d'Afrique; ainsi elle s'étend depuis le vingtieme degré de latitude septentrionale, jusqu'au trente - quatrieme de latitude méridionale.

Cette mer a ceci de particulier, qu'étant fort profonde & éloignée de la terre ferme & des îles de 60 lieues, elle ressemble à un grand pré par la quantité d'herbes dont elle est couverte. Cette herbe est semblable au cresson aquatique, ou persil à petites feuilles, que les Portugais nomment sargasso, d'où est venu le nom de cette mer. Si quelque vaisseau s'y embarrasse, il n'en peut sortir que par un vent médiocrement fort, tant cette herbe est serrée. (D. J.)

SARGAZO (Page 14:659)

SARGAZO, (Bot.) s. f. espece de lentille de mer, nommée lenticula marina, serratis folits, Park. Théat. 1281; fucus folliculaceus serrato folio, C. B. P. 365. Raii hist. I. lxxij. Tourn. I. R. H. 568. Le nom de sargazo est portugais. Ce peuple appelle l'étendue de la mer qui est entre les îles du cap Verd, les Canaries & la Terre - Ferme d'Afrique, mar do sargazo, parce qu'elle est couverte de cette plante. Elle pousse plusieurs rameaux menus, gris, entortillés les uns avec les autres. Ses feuilles sont longues, minces, étroites, dentelées à leurs bords, de couleur rougeâtre, & d'un goût approchant de celui de la perce<pb->

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