ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"642"> nous en donne Cassien dans sa quatorzieme conférence où il les appelle, renuitoe quia jugum regularis disciplinoe renuunt. Saint Jérôme n'en parle pas plus favorablement dans une lettre à Eustochium, où il les appelle remoboth; & S. Benoît en fait une peinture affreuse dans le premier chapitre de sa regle.

C'étoient les Egyptiens qui avoient donné aux sarabaïtes le nom de remoboth; & voici ce qu'en dit S. Jérôme: Hi bini vel terni nec multò plures simul habitant suo arbitratu ac ditione viventes, & de eo quod laboraverint, in medium partes conferunt, ut habeant alimenta communia. Habitant autem quam plurimi in urbibus & castellis, & quasi ars sancta, non vita, quidquid vendiderint majoris est pretii. Inter hos soepe sunt jurgia quia suo viventes cibo, non patiuntur se alicui esse subjectos. Reverà solent certare jejuniis, & rem secreti victorioe faciunt. Apud hos adfectata sunt omnia, laxoe manicoe, caligoe follicantes, vestis crassior, crebra suspiria, visitatio virginum, detractio clericorum, & si quando dies festus venerit, saturantur ad vomitum. Epist. XXII. ad Eustoch.

SARABALES (Page 14:642)

SARABALES, s. f. (Hist. jud.) sorte de vêtement des Hébreux.

Il est dit dans Daniel, c. iij. vers. 94. que les trois hébreux ayant été jettés dans la fournaise, le feu ne leur fit aucun mal, & que leurs sarabales demeurerent entieres: saraballa corum non sunt immutata. Ce terme saraballa est chaldéen, & on le lit dans l'original de l'édit de Nabuchodonosor, Daniel, c. iij. vers. 21. Aquila Théodotion & Symmaque ont lu sarabara, SARABARA. Tertullien lit de même, & dit dans son traité de Pallio qu'Alexandre le grand n'eut pas honte de quitter l'habit militaire des Grecs pour prendre les sarabares des peuples vaincus. Ces sarabares étoient, à ce qu'on croit, des culotes ou des bandes qui enveloppoient les jambes & les cuisses. On trouve aussi quelquefois sarabara pour un habillement de tête. Voyez Saumaise sur Tertullien de Pallio, c. iv. & Ducange, Gloss. au mot sarabara; Calmet, Diction. de la Bible, tome III. p. 480.

SARABANDE (Page 14:642)

SARABANDE, s. f. air de musique & sorte de danse à trois tems, d'un caractere lent, grave & sérieux.

SARABARA (Page 14:642)

SARABARA, (Critique sacrée.) ce terme grec de Théodotion est expliqué par des hauts - de - chausses ou bandes qui enveloppoient les jambes & les cuisses, braccas; l'auteur apocryphe des additions faites au troisieme chapitre de Daniel dit, vers. 94. sur les trois jeunes hommes jettés dans la fournaise, que le feu n'endommagea pas même leurs vêtemens. Le grec met SARABA/RA. (D. J.)

SARABAT, le (Page 14:642)

SARABAT, le, (Géog. mod.) riviere d'Asie dans l'Anatolie; elle se décharge dans le golfe de Smyrne, auprès de Smyrne. C'est l'Hermus des anciens. Voyez Hermus. (D. J.)

SARABRIS (Page 14:642)

SARABRIS, (Géog. anc.) ancienne ville de l'Espagne tarragonoise, selon Ptolomée. Ses interpretes disent que c'est Zamora. Florien d'Ocampo prétend que c'est Toro sur le Duero, & son sentiment est favorisé par Gomez Vasaeus. (D. J.)

SARACENE, la (Page 14:642)

SARACENE, la, (Géog. anc.) contrée de l'Arabie pétrée, selon Ptolomée, l. V. c. xvij. Elle étoit au couchant des montagnes Noires en tirant vers l'Egypte. (D. J.)

SARACENI (Page 14:642)

SARACENI, (Géog. anc.) ancien peuple de l'Arabie. Eratosthene, dans Strabon, les nomme Scenitoe Arabes. Les premiers, dit - il, qui occupent l'Arabie heureuse sont les Syriens. Apres eux est une terre sablonneuse & stérile, qui produit des épines & des bruyeres, & qui a de l'eau lorsque l'on creuse dans la terre, comme dans la Gédrosie. Ce pays est occupé par les Arabes scénites qui nourrissent des chameaux.

Pline dit, l. V. c. xj. au - delà de l'embouchure du Nil, qui porte le nom de Péluse, est l'Arabie qui s'étend vers la mer Rouge, & vers cette odoriférante contrée connue sous le nom d'heureuse. Elle est stérile, excepté aux confins de la Syrie, & n'a rien de recommandable que le mont Casius. Ce nom d'Arabes scénites vient de ce qu'ils logeoient sous des tentes, comme font encore les Bédouins.

Ammien Marcellin nous apprend que les Arabes scénites étoient le même peuple que les Sarrasins, gens, dit - il, que nous ne devons jamais souhaiter d'avoir pour amis, ni pour ennemis. Ils courent çà & là, ravagent en un instant tout ce qu'ils trouvent sous leur main, semblables à des éperviers qui, s'ils voient bien haut une proie, l'enlevent par un vol rapide, & ne s'arrêtent point qu'ils n'en soient saisis.

Il ajoute les particularités suivantes: Toutes ces nations qui s'étendent entre l'Assyrie & les cataractes du Nil & jusqu'aux confins de Blemmyes, sont également guerrieres. Les hommes sont à demi - nuds, avec une saie de couleur qui les couvre jusqu'au - dessus de la ceinture; ils se portent de divers côtés à la faveur de leurs chevaux qui sont très - légers, & de leurs chameaux, & ne s'embarrassent ni de la paix, ni de la guerre: on ne voit jamais aucun d'eux mener la charrue, tailler des arbres, ou cultiver la terre pour se nourrir; mais ils sont vagabonds & dispersés dans une grande étendue de pays, sans demeure & sans lois. Ils se nourrissent de chair de bêtes sauvages, de lait qu'ils ont en abondance, & d'herbes de plusieurs especes. Nous les avons vu la plûpart, ne connoissant l'usage du blé, ni celui du vin.

Ptolomée place les Scénites & les Saraceni dans l'Arabie pétrée, & les regarde comme des colonies d'un même peuple; mais il faut bien remarquer que les noms de Scénites & de Saraceni étoient proprement des sobriquets que les autres peuples leur donnerent. Le mot de scénites vient de ce qu'ils demeuroient sous des tentes; & le mot saraceni paroît venir de l'arabe sarak, qui veut dire voler, piller, terme qu'on employa pour exprimer les brigandages de cette nation.

Il paroît par Procope que sous l'empire de Justinien les Saraceni, que nous avons nommés en françois Sarrasins, étoient partagés par tribus, entre lesquelles certaines familles conservoient une prééminence héréditaire. Mahomet, qui naquit l'an 571, s'attacha toutes ces tribus de Sarrasins, se mit à leur tête, se fit donner de nouvelles terres par Héraclius, & mourut en 633, après avoir fait de grandes conquêtes en Arabie, que ses successeurs étendirent de toutes parts. Voyez Sarrasins, Hist. (D. J.)

SARACHE (Page 14:642)

SARACHE, on donne ce nom aux petites aloses. Voyez Alose.

SARACORI (Page 14:642)

SARACORI, (Geog. anc.) ancien peuple dont AElien cite cette particularité dans son histoire des animaux, l. XII. c. xxxiv. Les Saracores, dit - il, ne se servent point d'ânes pour porter des fardeaux, ni pour tourner les meules; mais les Saracores montent sur des ânes pour se battre à la guerre. AElien ne dit point en quel lieu étoit ce peuple. Ortelius conjecture que ce pourroit bien être le même que les Saragures, peuple d'Asie, selon Suidas, *SARAGOU/ROI. (D. J.)

SARAGOSA ou SARAGUSA (Page 14:642)

SARAGOSA ou SARAGUSA, (Géog. anc.) en latin Syracusoe, ville de Sicile, dans la vallée de Noto, sur la côte orientale, à 45 lieues au sud - est de Palerme. Cette ville, qui a succédé à l'ancienne Syracuse, est encore aujourd'hui une des principales de l'île de Sicile, tant pour la bonté de son port, que pour sa situation avantageuse, ses murailles se trouvant de tous côtés baignées des eaux de la mer; car elle n'occupe présentement que le seul terrein, qui anciennement étoit appellé Ortygia ou Insula. Un château de figure irréguliere & fort défectueux sert de défense au port, & communique avec la ville par le moyen d'un pont de bois, mais fort mal disposé. On trouve dans ce château l'ancienne fontaine d'A<pb-> [p. 643] réthuse, qui est une grande source d'eau. Saragosa contient à peine huit mille habitans, sur - tout depuis le violent tremblement de terre qu'elle a essuyé au mois d'Août 1757; ce désastre a renversé un tiers de la ville, & a fait périr environ deux mille ames; c'est un évêché suffragant de Mont - Réal. Long. suivant Harris, 32. 46'. 16". lat. 37. 4.

Si jamais moine a été épris de la gloire de son ordre, c'est Cajétan (Constantin), bénédictin, né à Saragosa, en 1565 & mort en 1650, âgé de 85 ans. Il a publié des ouvrages, pour prouver que S. Grégoire, S. François d'Assise, S. Thomas d'Aquin, & même Ignace de Loyola, &c. étoient autant de moines de l'ordre de S. Benoît. Je crains fort, disoit plaisamment le cardinal Scipion Cobelluci, que Cajétan ne transforme aussi saint Pierre en bénédictin. (D. J.)

SARAGOSSE, ou SARAGOCE (Page 14:643)

SARAGOSSE, ou SARAGOCE, (Géog. moderne.) en latin Coesarea Augusta, Coesar - augusta, ou Coesar - Augusta, en espagnol Zaragoça; ville d'Espagne, capitale du royaume d'Aragon, sur l'Ebre, à sa jonction avec le Galleguo & la Guerva. Elle est à 11 lieues communes d'Espagne au nord - est de Catalaïud, à 12 de Taraçone, à 16 de Lérida, à 21 au sud - est de Pampelune, à 40 au couchant de Barcelone, à 58 au nord - est de Madrid. Long. 16. 55. latit. 41. 45.

Pline, l. III. c. iij. dit que son ancien nom étoit Salduba; & l'on croit qu'elle a été bâtie par les Phéniciens. Bochard prétend que Salduba vient du phénicien Saltobaal, qui veut dire, Baal est son soutien. Quoi qu'il en soit, elle conserva son nom de Salduba chez les Romains, jusqu'à ce qu'ayant été repeuplée par une colonie romaine sous Auguste, elle prit le nom de cet empereur; d'où s'est formé le nom moderne.

On y a trouvé une médaille d'Auguste en bronze, où l'on voyoit d'un côté un étendard soutenu d'une pique, qui étoit le symbole d'une colonie, avec cette légende autour de la tête d'Auguste: Augustus D. F. & sur le revers, Coesar Augusta M. Por. Cn. Fab. II. Vir.

Le P. Hardouin en fournit quelques autres que voici: l'une représente un laboureur qui mene des boeufs attachés à une charrue, symbole l'une colonie. Varron, lib. IV. de lingua latina, dit que l'on commençoit ainsi une colonie, en attelant un boeuf avec une vache; de maniere que la vache étoit du côté de la colonie, & le boeuf du côte de la campagne. La charrue, selon cette disposition, traçoit le tour des murailles, & on portoit la charrue au lieu où l'on vouloit avoir la porte de la ville.

Pline dit, liv. III. c. iij. que Saragosse étoit une colonie franche arrosée par l'Ebre, & qu'auparavant il y avoit au même lieu un bourg nommé Salduba. Coesar Augusta colonia immunis, amne Ibero affusa, ubi oppidum antea vocabatur Salduba. Il y a dans le trésor de Goltzius, page 238. cette ancienne inscription: Col. Coesarea Aug. Salduba. Une autre médaille représente la tête d'Auguste couronnée de lauriers, avec ces mots: Coesar Augusta. Cn. Dom. Amp. C. Vet. Lang. II Vir. c'est - à - dire, Cn. Domitio Ampliato. Cajo Veturio Languido, Duumviris. Une autre porte ces mots: L. Cassio, Caïo Valerio Fenestella, Duumviris.

On lit sur une autre médaille C. C. A. Pietatis Augustoe. On y voit la tête de la Piété, pour représenter la piété de Julie, fille d'Auguste. Sur le revers est un temple & les noms des duumvirs. Juliano Lupo Pr. C. Coes. C. Pomponio Parr. II. Vir. c'est - à dire, Juniano Lupo Proefecto Cohortis Coesarianoe Cajo Pomponio Parra Duumviris. Sur une autre, on voit entre deux étendards de cohortes & une aigle légionnaire, ces trois lettres C. C. A. qui signifient Colonia Coesar Augusta.

Le plus grand nombre des médailles portent ces trois lettres C. C. A. plusieurs ont Coesar. Augusta, avec un point après le mot Coesar; quelques - unes Coes. Augusta: dans toutes ces médailles, il faut lire Coesaroea Augusta. Cellarius soupçonne que le mot de Coesar Augusta pourroit bien être venu de ce qu'en lisant le point a été négligé.

Entre les inscriptions de Gruter, p. 324. n. 12. il s'en trouve une qui, si elle étoit exactement copiée, favorise ceux qui disent Coesaraugusta d'un seul mot; la voici: Posthumioe Marcellinoe ex Coesaraug. Karensi, que M. de Marca explique ainsi: Posthumioe origine Carensi, ex conventu Coesaraugustano. En effet, Pline met le peuple Carenses dans le département de Saragosse.

Saragosse est une des plus belles villes, des plus grandes, des plus riches, & des mieux bâties d'Espagne. Ses rues sont bien pavées, larges & propres. On distingue entre les bâtimens publics, le palais du viceroi, l'hôtel - de - ville, & l'hôpital général. Le palais de l'inquisition a été converti en citadelle; mais le tribunal ne subsiste pas moins avec tous ses officiers, résident, fiscal, alguasil, major, secrétaires, &c.

On compte à Saragosse dix - sept grandes églises & quatorze monasteres. Le chapitre de la cathédrale est composé de quarante - deux chanoines, dont treize ont des dignités. L'évêché qui étoit établi dès l'an 255, ne connoît une suite de ses évêques que depuis 1110. C'est cette même année qu'Alphonse surnommé le batailleur, roi d'Aragon & de Navarre, prit sur les Maures Saragosse, qui devint la capitale de l'Aragon, & qui ne retourna plus au pouvoir des Musulmans. Le pape Jean XXII. étant à Avignon, érigea en 1317 le siége épiscopal de Saragosse en archevêché. La date de la fondation de l'université est de l'an 1474.

Quant au gouvernement de cette ville, soit politique, soit judiciaire, il est bien différent de ce qu'il étoit autrefois. Elle a un viceroi, un capitaine général du royaume, & une audience royale, qui décident de tout. Il n'y a plus de grand justicia d'Aragon. Il étoit difficile de trouver une plus belle disposition que celle des lois de cette ville dans les tems antérieurs. Tout y marquoit l'éminence d'une prudence législative; mais cette belle économie fut entierement changée en 1707, par l'abolition des priviléges de l'Aragon, que le roi réduisit en province du royaume de Castille, dont on lui donna les lois. La cour des jurés, semblable à celle de la grande Bretagne & encore plus parfaite, a passé à des régidors qui sont à la nomination du roi, & qui ont pour chef un intendant du prince, en qui toute l'autorité réside.

L'air est fort pur & fort sain à Saragosse; tous les vivres y sont en abondance & à bon marché. On y passe l'Ebre sur deux ponts, dont l'un est de pierre & l'autre de bois. Cette riviere fournit aux habitans de l'eau, des denrées & du commerce; elle y est belle & navigable: aussi les Carthaginois, les Grecs & les Romains la remontoient jusqu'à Saragosse. Elle coule autour de la ville, de maniere qu'elle en baigne le pié des édifices en quelques endroits, & ses bords y sont ornés d'un quai qui sert de promenade aux habitans. Elle n'avoit pas autrefois précisément le même lit qu'elle a aujourd'hui: comme elle causoit de grands dégâts sur sa route, lorsqu'elle venoit à s'enfler, on y a porté remede, en lui ouvrant un cours avec tant de succès, que quelque débordement qui lui survienne, elle s'étend paisiblement sur le rivage qui est de l'autre côté de la ville; & quoique le courant soit fort, à cause de tous les ruisseaux qu'elle reçoit, elle ne fait aucun ravage dans les vergers & les jardins de son voisinage.

Prudence, en latin Aurelius Prudentius Clemens, poëte chrétien, naquit en 1348 à Saragosse, selon Alde Manuce, Sixte de Sienne, Possevin & quelques autres. Il fut d'abord avocat, ensuite homme de guerre, & enfin attaché à la cour par un bel emploi. Il n'exerça

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