ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Saliere (Page 14:544)

Saliere, s. f. (Gram.) ustensile domestique, autre petit vaisseau plat de crystal, de verre, de fayance, d'or & d'argent, qu'on remplit de sel égrugé, & qu'on met sur la table.

Saliere (Page 14:544)

Saliere, (Littérat.) salillum, salinum, concha salis; les anciens mettoient le sel au rang des choses qui devoient être consacrées aux dieux; c'est dans ce sens qu'Homere & Platon l'appellent divin. Vous croyez sanctifier vos tables en y mettant les salieres & les statues des dieux, dit Arnobe. Aussi n'oublioiton guere la saliere sur la table; & si l'on avoit oublié de la servir, on regardoit cet oubli comme d'un mauvais présage, aussi bien que si on la laissoit sur la table, & qu'on s'endormît ensuite. Festus rapporte à ce sujet l'histoire d'un potier, qui à ce que croyoit le vulgaire, avoit été puni par les dieux de cette faute; s'étant mis à table avec ses amis près de sa fournaise toute allumée, & s'étant endormi pris de vin, & accablé de sommeil, un débauché qui couroit la nuit, vit la porte ouverte, entra, & jetta la saliere au milieu de la fournaise, ce qui causa un tel embrasement, que le potier fut brûlé avec la maison. Cette superstition n'est point encore éteinte dans l'esprit de beaucoup de gens, qui sont affli gés, si un laquais a oublié de mettre la saliere sur la table, ou si quelqu'un vient à la renverser. Les Romains avoient pris des Grecs ce scrupule ridicule qui a passé jusqu'à nous.

Festus nous apprend encore sur l'usage des salieres à Rome; qu'on mettoit toujours la saliere sur la table, avec l'assiette dans laquelle on présentoit aux dieux les prémices; sa remarque nous procure l'intelligence de ce passage de Tite - Live, lib. XXVI, ch. xxxvj. Ut salinum, patellamque Deorum causâ habere possint. « Qu'ils puissent retenir une saliere & une assiette, à cause des dieux.» C'est encore la même remarque qui sert à éclaircir ces vers de Perse, satyre iij.

Sed ruri paterno Est tibi far modicum, purum & sine labe salinum Quid metuas? Cultrix que foci secura patella.

« Que craignez - vous? Vous avez un joli revenu de votre patrimoine; votre table n'est jamais sans une saliere propre, & sans l'assiette qui sert à présenter aux dieux les prémices.»

Souvent les salieres que les anciens mettoient sur leurs tables, avoient la figure de quelque divinité. Sacras facitis mensas salinorum appositu & simulacris Deorum. Horace a dit de même.

Splendet mensa tenui salinum.

L'ancien commentateur a observé sur ce vers, que salinum propriè est patella, in quâ diis primitioe cum sale offerebantur, Stace confirme cet usage.

Et exiguo placuerunt farre salina.

Tite - Live, l. XXVI, ut salinum patellamque deorum causâ habeant. Valere - Maxime, en parlant de la pauvreté de Fabricius & d'Emilius: uterque, dit - il, patellam Deorum, & salinum habuit.

Ce fait présupposé, il n'est plus surprenant que les Romains se soient imaginés que la divinité qui présidoit à la table, se tînt offensée, lorsque sans respect on renversoit le sel; mais on doit s'étonner de ce que dans le christianisme, des personnes, d'ailleurs éclairées, soient encore dans ces idées ridicules, de craindre quelque malheur à cause du renversement d'une saliere. (D. J.)

Saliere (Page 14:544)

Saliere, en terme de Diamantaire, c'est un ustensile de bois, monté sur une patte, & dont la partie supérieure un peu creusée en forme de saliere, reçoit dans un autre trou fait à son centre & qui descend assez bas, la coquille sur laquelle on monte le diamant en soudure. Voyez Mettre en soudure, & la fig. Pl. du Diamantaire. R la saliere, S la coquille dans laquelle est monté un diamant.

Salieres (Page 14:544)

Salieres, (Maréchall.) Les salieres du cheval sont à un bon pouce au - dessus de ses yeux. Lorsque cet endroit est creux & enfoncé, il dénote un vieux cheval, ou un cheval engendré d'un vieil étalon. Les jeunes chevaux ont cet endroit ordinairement plein de graisse, laquelle s'affaisse en vieillissant, & devient creux à - peu - près comme celui d'une saliere où l'on met du sel.

SALIÉS (Page 14:544)

SALIÉS, (Géog. mod.) bourgade de Gascogne, dans le Béarn; elle est remarquable par ses deux sources d'eau salée qui sont très - abondantes. (D. J.)

SALIGNAC (Page 14:544)

SALIGNAC, (Géog. mod.) autrefois petite ville, aujourd'hui petit bourg de France dans le haut Périgord, célebre pour avoir donné son nom à la maison dont étoit issu l'illustre Fénélon, archevêque de Cambrai. Son Telemaque immortalise sa mémoire. Long. 18. 56. lat. 45. 38. (D. J.)

SALIGNI, marbre (Page 14:544)

SALIGNI, marbre, (Lithol.) Le marbre nommé saligni, est un certain marbre d'Italie, qui ressemble à une congellation. Il a le grain fort rude & sort gros, est un peu transparent, & jette un brillant semblable à celui qui paroît dans le sel, d'où lui vient son nom. (D. J.)

SALIGNON (Page 14:544)

SALIGNON, s. m. (Salines.) pain de sel blanc qui se fait avec l'eau des fontaines salées, qu'on fait évaporer sur le feu. Ces sortes de pains se dressent dans des éclisses comme des fromages, avant qu'ils aient pris entierement leur consistance; on en fait aussi dans des sebilles de bois. Le sel de Franche - Comté & de Lorraine se fait en salignon. Savary. (D. J.)

SALIN (Page 14:544)

SALIN, adj. (Gram.) où l'on remarque le goût du sel, ou qui est de la nature du sel. Cette substance est saline. On trouve au sang un goût salin.

Salin (Page 14:544)

Salin, s. m. (terme de regratier de sel.) Dans le commerce de sel à petite mesure, on appelle le salin une espece de bacquet de figure ovale, dans lequel les vendeuses renferment le sel qu'elles débitent aux coins des rues de la ville de Paris. Quelquesunes l'appellent saniere. Trévoux. (D. J.)

SALINAS de Mengravilla (Page 14:544)

SALINAS de Mengravilla, (las) (Géog. mod.) salines d'Espagne dans le village de Mengravilla, près d'Avila. Ce sont des mines de sel fort singulieres. On y descend, dit - on, plus de cent degrés sous terre, & l'on entre dans une vaste caverne, soutenue par un pilier de sel crystallin, d'une grosseur étonnante. (D. J.)

SALINELLO, le (Page 14:544)

SALINELLO, le, (Géog. mod.) riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze ultérieure. Elle a sa source aux montagnes près d'Ascoli, & se jette dans le golfe de Venise, entre les embouchures de Vibrato & du Tordino. (D. J.)

SALINES (Page 14:544)

SALINES, usines où l'on fabrique le sel. Il y a les marais salans où tout le travail tend à tirer le sel des eaux de la mer; & les fontaines salantes, où tout le travail tend à tirer le sel marin des fontaines qui le tiennent en dissolution. Nous allons exposer ce qui concerne ces différens travaux, & commencer par les marais salans.

Des marais salans. Pour la construction de ces sortes d'édifices, il faut une terre argilleuse ou terre glaise qui ne soit nullement pierreuse; si le fonds de cette terre tire sur le blanc, elle fera le sel blanc: ce sel est propre à la saliere: les Espagnols & les basques l'enlevent.

Si le fond se trouve rougeâtre, le sel tirera sur la même couleur; mais le fonds du terrein sera plus ferme: il est propre pour le commerce de la mer Baltique.

Si le sel est verd, il vient d'un terrein verdâtre, il est propre à la salaison de la morue, du hareng & de toutes sortes de viandes; le sel gris que l'on [p. 545] nomme sel commun, est le même sel que le verdâtre, mais il est plus chargé de vase.

Il faut toujours tâcher d'établir ses marais en un lieu autant uni que faire se pourra, & veiller à ce que les levées que l'on fera du côté de la mer empêchent l'eau de passer dessus: il est très - important de faire cette observation avant que de construire les marais, sur - tout ceux qui sont au bord de la mer, les autres n'en ont pas besoin. Lorsque l'on a trouvé le terrein, comme on le desire, il faut observer de situer autant qu'il est possible, les marais, de maniere à recevoir les vents du nord - est & un peu du nord - ouest. Car les vents les plus utiles sont depuis le nord - ouest, passant par le nord jusqu'à l'est - nord: les autres vents sont trop mous pour faire saler; il ne faut pas ignorer qu'un vent fort & un air chaud font saler avec promptitude.

Pour construire un marais, l'on choisit la saison de l'hiver; alors les laboureurs sont moins occupés, leurs terres sont ensemencées; mais on peut les construire en tout tems, lorsqu'on a des ouvriers. Il est à propos d'avoir un entrepreneur dont le prix se regle par livre de marais; c'est l'entrepreneur qui paye ses ouvriers, à moins qu'un particuliers ne fît travailler à la journée. Pour la conduite du marais il faut un homme entendu à la planimétrie, & qui ait la connoissance du slux & reslux de la mer, afin de faire creuser le jas, & de poser la vareigne; ces deux points importent beaucoup à ce qu'un marais ne puisse manquer d'eau en aucun tems; c'est en quoi la plus grande partie des marais de la saline de Marenne péche, faute d'expérience des constructeurs. Il seroit à souhaiter que tous les maîtres de marais fussent au fait de l'arpentage, & c'est ce qui n'est pas; ils se contentent pour la plûpart de mesurer le tour d'une terre, & d'en prendre le quart, qu'ils multiplient par le même nombre pour avoir le quarré: cette méthode peut passer pour les terreins quarrés, mais elle devient insuffisante quand la terre a plusieurs angles rentrans. On sent combien il est important que celui qui a la conduite de l'ouvrage, connoisse le local du marais par pratique.

Chaque marais devroit avoir son jas à lui seul pour plus grande commodité; on peut cependant les accoupler, comme il paroît sur notre plan, & sur celui de la prise du marais de Chatellars; le marais en seroit toujours mieux, les sauniers seroient moins paresseux à fermer la vareigne ou écluse, & ne se remettroient pas de ce soin les uns aux autres, ce qui fait que bien souvent le marais manque d'eau. Il faut que la sole du jas ne soit élevée que de six pouces au plus, au - dessus du mort de l'eau; par ce moyen, lors même que l'eau monte le moins, le marais ne peut en manquer; il ne faut prendre que deux piés d'eau au plus, quoiqu'on en puisse prendre jusqu'à six dans la plus forte maline, ou au plus gros de l'eau, voilà sur quoi on doit se régler. Pour la vareigne, elle auroit huit piés de haut sur deux de large, qu'il ne faudroit pas de portillons, quoique les sauniers en demandent toujours; ce portillon est sujet à bien des inconvéniens, le saunier se fiant sur ce que le portillon doit se refermer de lui - même quand la mer se retire, ne veille pas à son écluse, cependant le portillon s'engage, le jas se vuide & devient hors d'état de saler, si c'est sur la fin de la maline; lorsque la maline d'après vient, le saunier prend de l'eau de tous les côtés, cette eau est froide, elle échaude le marais qui par conséquent devient bien souvent hors d'état de saler de plus d'un mois & par delà; s'il avoit la précaution de mettre l'eau peu - à - peu, il ne tomberoit jamais dans cet inconvénient, le marais ne se refroidiroit pas.

Ensuite on fait les conches à même niveau, & on place le gourmas entre les conches & le jas, com<cb-> me il est figuré A A, & au plan à la lettre P. Le gourmas est une piece de bois percée d'un bout a l'autre, à laquelle on met un tampon du côté des conches; on l'ôte pour faire courir l'eau du jas aux conches avec vivacité; mais quand il y a 5 à 6 pouces d'eau sur les conches, on le remet pour se servir ensuite des trous qui sont dessus le gourmas au nombre de 4 à 5, d'un pouce de diametre; le gourmas est sous l'eau au niveau de la solle, du jas, & des conches; on le referme avec des chevilles; quand le saunier prend de l'eau des conches pour entretenir les conchées & le maure, il ouvre une ou deux chevilles, & quelquefois les quatre, pour que l'eau vienne moins vite que par sa voie ordinaire, & par conséquent elle refroidit moins l'eau des conches.

Le maure est un petit canal d'un pié environ de largeur, marqué par la lettre S; il fait le tour du marais un pouce plus bas que les conches; lorsqu'il est au bout, il entre dans la table marquée D, & passe par divers pertuis marqués d d; le pertuis est un morceau de planche percé de plusieurs trous, qui sont bouchés avec des chevilles, pour ménager l'eau nécessaire dans les tables qui ont au plus 2 pouces à 2 pouces ½ d'eau; de la table il va au muant marqué F, où il conserve la même hauteur d'eau; du muant il entre par l'endroit marqué O dans le brassour désigné par les lignes ponctuées.

On fait au bout du brassour, avec la cheville V, qui a un pié de long sur huit lignes de diametre, des petits trous entre deux terres marqués e, e, e, e, au plan; c'est par ces trous que l'on sait entrer un pouce d'eau au plus dans les aires pour faire le sel; l'aire est de deux pouces plus bas que le brassour & le muant; quand on voit qu'il y a assez d'eau dans les aires pour faire le sel, on referme les trous, en frottant le dedans du brassour avec une pelle marquée T; on oblige les terres de se rapprocher & de boucher la superficie du trou, pour qu'il n'entre plus d'eau, & le trou reste fait.

Un bon marais doit avoir pour le muant 32 à 33 piés de largeur; la longueur n'est pas fixe; les tables avec le maure 30 piés. On met quelquefois une velle marquée H aux deux tiers de largeur du côté du marais, & un tiers du côté des bosses ou morts. Les aires ont 18 à 19 piés de longueur, sur autant de largeur; elles sont inégales aux croisures de la vie marquée G, qui a 4 ou 5 piés de longueur. Les velles des deux côtés des aires sont de 18 pouces, & en - dedans de 17 piés. Ce sont les beaux marais qui sont faits sur ces proportions. Les aires des croisures qui font les chemins de traverse qui servent à porter le sel sur la bosse, sont plus petites, attendu que leur largeur est prise sur les aires les plus proches de ces mêmes croisures. Cet inconvénient se pourroit corriger si on vouloit y prêter attention: il y a de largeur 180 piés. Celui des marais de Chatelars a dans son milieu 126 piés de large, & au bout 162; c'est pourquoi il ne peut avoir que trois rangs d'aires, encore est - il gêné pour ses vivres. Sa longueur est de 195 toises. Quand on fait des marais, la longueur n'est pas déterminée, on se conforme au terrein; observant cependant que le plus long est le meilleur.

Dans les anciens marais les jas n'ont pas de proportion, mais la grandeur de celui - ci est proportionnée au nombre de livres de marais: il a 19 toises. Les terres d'un jas de cette grandeur sont commodes à faire à cause du charroi; l'étendue n'en étant pas considérable, rend le transport des terres facile. Les bosses entre jas & marais ont 8 toises; elles seroient meilleures à 12 & même à 16, comme celles d'entre les deux jas, qui ont 15 toises & demie. La longueur s'en fait aussi à - proportion du marais. Les conches qui répondent aux jas par les gourmas marqués P sur une partie du marais mise en grand pour que l'on voie

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