ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"520"> champ, & comme le sainfoin est en plus grosses masses, il craint moins la rosée, & même la pluie quand elle n'est pas abondante.

Si on laissoit le sainfoin répandu fort mince sur tout le champ pendant une huitaine de jours, quand même il ne tomberoit point d'eau, il perdroit beaucoup de sa qualité. C'est pourquoi, sitôt qu'il est suffisamment sec, il faut le mettre en grosses meules, ou le serrer dans les granges: & à cette occasion, il est bon de remarquer, que supposant le sainfoin & le foin ordinaire également secs, on peut faire les meules de sainfoin beaucoup plus grosses que celles de foin, sans craindre qu'il s'échauffe, parce que les brins se pressant moins exactement les uns contre les autres, il passe entre deux de l'air qui empêche la fermentation.

On a observe que le sainfoin n'est jamais meilleur que quand il a été desseché par le vent, & sans le secours du soleil. Outre cela, une pluie qui feroit noircir le foin ordinaire, le trefle, & même la luzerne, n'endommage pas le sainfoin; il n'est véritablement altéré que quand il est pourri sur le champ.

Quand le tems est disposé à la pluie, si le sainfoin n'est pas encore sec, on peut le ramasser en petits meulons, & on ne craindra pas qu'il s'échauffe, si l'on met au milieu de chaque meulon une corbeille, ou un fagot qui permettre la circulation de l'air & l'évaporation des vapeurs; mais sitôt que l'herbe est bien seche, il faut la serrer dans des granges, ou en former de grosses meules, & les couvrir avec du chaume.

Parlons à présent de la récolte du sainfoin qu'on a laissé mûrir pour la graine. Comme toutes les fleurs du sainfoin ne s'épanouissent que les unes après les autres, la graine ne mûrit pas non plus tout - à - la - fois. Si l'on coupoit le sainfoin lorsque les graines d'en bas sont mûres, on perdroit celles de la pointe. Si l'on attendoit pour faucher les sainfoins, que la graine de la pointe fût mûre, celle d'en bas seroit tombée & perdue. Ainsi il faut choisir un état moyen, & alors les graines qui sont encore vertes achevent de mûrir, & au bout de quelque tems, elles sont aussi bonnes que les autres.

Il faut bien se donner de garde de faucher, ni de ramasser ces sortes de sainfoins dans la chaleur du jour; la plus grande partie de la graine seroit perdue. Le vrai tems pour ce travail, est le matin ou le soir, quand la rosée ou le serein rendent la plante plus souple.

S'il fait beau, le sainfoin se desseche assez en ondins, sans qu'il soit besoin de les retourner; mais s'il a plû, & qu'on soit obligé de retourner les ondins, le mieux est pour ne point faire tomber la graine, de passer le bâton sous les épis & de renverser l'ondin de façon que les piésdes sainfoins ne fassent que tourner comme sur un axe. Il ne faut pas attendre que le sainfoin soit fort sec pour le mettre en meules, car on courroit risque de perdre beaucoup de graines. Il y a des gens qui pour ne point courir ce risque, l'enlevent dans des draps; alors on le peut serrer si sec qu'on veut, puisque la graine ne peut se perdre.

Mais si l'on veut battre le sainfoin dans le champ, il ne faut point faire de meules; il suffit de ramasser le sainfoin en meulons, & pour lors il ne peut pas être trop sec. On prépare une aire à un coin d'un champ, ou bien l'on étend un grand drap par terre; deux métiviers battent le sainfoin avec des fléaux, pendant que deux personnes leur en apportent de nouveau dans des draps, & deux autres nettoient grossierement avec un crible la graine qui est battue. La graine ainsi criblée, & mise dans des sacs, est portée à la maison. A l'égard de la paille, on la ramasse en grosses meules pour la nourriture du bétail; mais il faut empêcher qu'elle ne soit mouillée, parce qu'elle ne seroit plus bonne à rien.

Un article très - important, & néanmoins très - difficile, est de conserver la semence qui a été battue dans le champ; car il n'y a pas le même inconvénient pour celle qu'on engrange avec la paille; elle se conserve à merveille.

Celle qui est dépouillée de sa paille, a une disposition très - grande à fermenter, de sorte qu'un petit tas est assez considérable pour que la graine du centre s'échauffe. Inutilement l'étendroit - on dans un grenier à sept ou huit pouces d'épaisseur; si on ne la remuoit pas tous les jours, elle s'échaufferoit. Le meilleur moyen est de faire dans une grange un lit de paille, puis un lit fort mince de graine, un lit de paille & un lit de graine, & l'hiver on peut retirer cette graine, & la conserver dans un grenier; car comme elle a perdu sa chaleur, elle ne court plus le même risque de se gâter.

Il faut terminer ce qui regarde le sainfoin, par avertir que si on ne faisoit pas paître les sainfoins par les bestiaux, ils seroient bien meilleurs qu'ils ne sont. M. Tull recommande surtout qu'on les défende du bétail la premiere & la seconde année & tous les ans au printems.

Enfin il prétend qu'il a rajeuni des pieces de sainfoin où le plant étoit languissant, en faisant labourer des plates - bandes de trois piés de largeur, & laissant alternativement des planches de sainfoin de même largeur. Il assure que ce sainfoin ayant étendu ses racines dans les plates - bandes labourées, avoit repris vigueur & fourni de très - bonne herbe. Voyez Tull, Horseboing Husbandry, p. 76 & suiv. ou le traité de M. du Hamel de la culture des terres, tom. l. (D. J.)

Sainfoin, saint - foin (Page 14:520)

Sainfoin, saint - foin ou gros foin, (Mat. méd.) les anciens faisoient de cette plante beaucoup plus d'usage que nous. Dioscoride, Galien, Pline, &c. en parlent comme d'un remede usité, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Ils regardoient les feuilles de cette plante comme fortifiantes, résolutives, diaphorétiques & diurétiques: mais encore une fois, les modernes ne l'employ ent plus.

On a observé que les feuilles de sainfoin cueillies immédiatement avant l'apparition de la fleur, & séchées avec soin, prenoient la forme extérieure & l'odeur du thé verd: il ne seroit pas étonnant qu'elles eussent aussi la même vertu. Voyez Thé. (b)

SAINGOUR (Page 14:520)

SAINGOUR, (Géog. mod.) riviere d'Asie, dans l'Indoustan, sur la route d'Agra à Patna. Elle se perd dans le Géméné. (D. J.)

SAINT (Page 14:520)

SAINT, adj. (Gramm. & Théolog.) ce nom qui signifie pur, innocent, parfait, convient particulierement à Dieu qui est saint par essence.

Il a été communiqué aux hommes célebres par leur vertu & leur piété: les premiers fideles l'ont donné généralement à tous les chrétiens qui vivoient conformément aux lois de Jesus Christ. Dans la suite le nom de saint & de très - saint, a été donné & se donne encore aux patriarches, aux évêques, aux prêtres, aux abbés, & autres personnes d'une éminente piété. Mais on a particulierement affecté le nom de saint, à ceux qui sont morts & que l'on croit jouir de la gloire éternelle. Les Grecs l'ont donné aux martyrs, à leurs patriarches, à leurs évêques morts dans la communion de l'Eglise catholique, & aux personnes qui avoient vécu & qui étoient mortes saintement. Dans l'église latine ce nom a été donné autrefois aux martyrs, & à tous ceux dont la sainteté étoit notoire. Depuis le xii. siecle on l'a réservé à ceux qui ont été canonisés par les papes après les informations & cérémonies accoutumées. Voyez Canonisation.

Un des points qui divisent les Protestans d'avec les Catholiques, c'est que ceux - ci adressent aux saints des voeux & des prieres pour obtenir leur intercession auprès de Dieu; ce que les Protestans condamnent [p. 521] comme une idolâtrie, prétendant que c'est assez honorer les saints, que de proposer leurs exemples à imiter. Voyez Culte & Invocation.

Le nombre des saints reconnus pour tel est presque infini; le pere Papebrok en compte dix - sept ou dix - huit cens pour le premier jour de Juin seulement; ce ne sont pas seulement les Protestans qui ont trouvé étrange cette multitu de prodigieuse de saints. Le savant pere Mabillon écrivain très - catholique, dans sa dissertation sur le culte des saints inconnus, observe qu'on rend des honneurs à des saints prétendus, qui peut - être n'étoient pas chrétiens, dont on ne sait pas même les noms, ou auxquels on adresse des prieres sans savoir par aucun jugement de l'Eglise, s'ils sont dans le ciel. Mais l'Eglise, loin d'autoriser les superstitions à cet égard, les condamne & veut qu'on ne reconnoisse pour saints, que ceux dont on a des actes authentiques. Bollandus, Rosweid, le pere Papebrock & autres jésuites, se sont attachés avec un zele infatigable à ce travail, & ont publié vingt - quatre volumes in - folio pour les six premiers mois de l'année, & depuis la mort du pere Papebrock, ses continuateurs en ont encore donné plusieurs. Voyez Actes & Bollandistes.

Saint le (Page 14:521)

Saint le, (Hist. jud.) dans l'Ecriture, marque en particulier la partie du temple qui étoit entre le vestibule & le sanctuaire, & dans laquelle on voyoit le chandelier d'or, l'autel des parfums, & la table des pains de proposition.

Le saint ou les saints, sancta, se prend pour tout le temple, ou même pour le ciel: le Seigneur a regardé du haut de son saint, psal. c. j. v. 20. Louez le Seigneur dans son saint, ps. cl. v. 1.

Le saint des saints, ou le sanctuaire, marque la partie la plus intérieure & la plus sacrée du temple, où étoit l'arche d'alliance, & où personne n'entroit jamais, sinon le grand - prêtre, une fois l'année au jour de l'expiation solemnelle. Voyez Expiation & Sanctuaire.

Saint, Sainteté (Page 14:521)

Saint, Sainteté, (Critique sacrée.) A(GIO\S2, O(SI\OS2, A)GI/OGHS2, OSI/OTHS2; sainteté signifie la pureté d'ame, Thess. iij. 13. la piété envers Dieu, Luc, j. 75. La sainteté, dit Platon, est cette partie de la justice qui consiste dans le service des dieux; & celle qui consiste dans les devoirs des hommes envers les hommes, est la seconde partie de la justice. Mais la sainte é du temple dans l'Exode, c'est le temple de Jérusalem consacré au culte de Dieu seul. Les choses saintes sont les mysteres de la Religion, Matt. vij. 6. La qualification de saints, se donne dans le vieux Testament aux anges, aux prophetes, aux patriarches, aux sacrificateurs, au peuple juif; dans le nouveau - Testament les apôtres honorent de ce titre les fideles & les chrétiens, parce qu'ils doivent mener une vie pure & religieuse. (D. J.)

Saint (Page 14:521)

Saint, (Géog. mod.) les mots saint & sainte, ont été imposés en Géographie à plusieurs lieux où l'on a bâti des églises & des monasteres, auxquels on a donné le nom des saints dont on y révéroit la mémoire.

Ces églises & ces monasteres ont été avec le tems accompagnés de quelques maisons, & ont vu se former à l'ombre de leurs clochers, des villages, des bourgs, ou des villes, qui ont ensuite pris le nom du saint.

Des navigateurs ont trouvé des îles, des rivieres, des ports, dont ils ignoroient la dénomination, & ils leur ont donné celui du saint ou de la sainte, dont ils portoient eux - mêmes le nom, ou du saint dont l'église célébroit la mémoire le jour de la découverte.

Il est arrivé de cette maniere, que les noms de saint & de saint, sont devenus assez ridiculement des noms géographiques; de plus, ces noms géographiques en se multipliant prodigieusement, ont jetté une grande confusion dans cette science; mais il n'y a point de moyen d'y remédier.

Les Italiens disent santo, pour saint; seulement au lieu de santo; ils disent sant devant les mots qui commencent par une voyelle, & san devant ceux qui commencent par une consonne, sant'Ambrosio, sant'Agostino, san Paolo. Cette regle est la même dans les noms de lieux imposés par les Espagnols.

On ne trouvera guere dans ce Dictionnaire (& seulement sous leurs noms propres) que les endroits un peu considérables, nommés par les François farnt, par les Italiens & les Espagnols santo, sant' ou san; car les détails minutieux ne conviennent point à cet ouvrage. (D. J.)

Saints (Page 14:521)

Saints culte des, (Hist. ecclés.) ce n'est pas mon dessein de faire méthodiquement l'histoire de l'invocation & du culte des saints; mais le lecteur sera peut - être bien - aise de trouver ici le morceau de M. Newton sur cette matiere, & qui n'a point encore été traduit en françois.

Trois choses, selon lui, donnerent occasion à ce culte; 1°. les fêtes célébrées en mémoire des martyrs; 2°. la coutume de prier auprès de leurs sépulchres; 3°. les prétendus miracles opérés par leurs reliques.

Grégoire de Nysse rapporte que Grégoire évêque de Néocésarée & de Pont, s'étant apperçu que les jeux & les fêtes payennes retenoient le commun peuple dans l'idolâtrie, permit qu'on célébrât des fêtes en mémoire des martyrs, & que le peuple s'y divertît. On substitua bien - tôt après la fête de Noël aux bacchanales; celle du premier Mai aux jeux de Flora; celles de la sainte Vierge, de saint Jean - Baptiste, & des apôtres, aux fêtes marquées dans le vieux calendrier romain, les jours de l'entrée du soleil dans quelque signe du zodiaque. Cyprien ordonna de tenir un registre exact des actes des martyrs, afin d'en célébrer la mémoire; & Felix évêque de Rome, jaloux de la gloire des martyrs, commanda d'offrir annuellement des sacrifices en leur nom.

La coutume de s'assembler dans les cimetieres où étoient les sépulchres des martyrs, laquelle commença à être en vogue du tems de la persécution de Dioclétien, contribua encore â l'établissement du culte des saints. Le concile d'Eliberi ou d'Elvire en Espagne, tenu en 305, défendit d'allumer pendant le jour des cierges dans les cimetieres des martyrs, de peur de troubler leur repos. Celui de Laodicée, tenu l'an 314, condamna ceux qui abandonnant les cimetieres des vrais martyrs, alloient faire leurs prieres auprès des sépulchres des martyrs hérétiques; & l'an 324. un autre concile dénonça anathème à ceux qui par arrogance abandonneroient les congrégations des martyrs, les liturgies qu'on y lisoit, & la commémoration qu'on faisoit de ces athletes du Seigneur.

Avant qu'on eût la liberté de bâtir des églises pour y célébrer le service divin, on s'assembloit dans les cimetieres des martyrs; on y faisoit tous les ans une commémoration de leur martyre; on allumoit des flambeaux en leur honneur, & on jettoit de l'eau bénite sur ceux qui y venoient pour leurs dévotions. Lorsqu'ensuite la paix fut donnée à l'Eglise, & qu'on bâtit des temples magnifiques pour s'y assembler, on transporta les corps des saints & des martyrs dans ces temples. L'empereur Julien reprocha aux chrétiens cette coutume.

Dans la suite, on attribua aux os des martyrs la vertu de faire taire les oracles, de chasser les démons, de guérir les malades, d'opérer toutes sortes de miracles; c'est ce qu'on prouve par des témoignages de divers peres. On garda religieusement leurs reliques; on s'imagina que les saints après leur mort, devenoient les protecteurs & comme les dieux tutélaires des lieux où étoient leurs os.

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