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S (Page 14:451)
S, s. f. (Gramm.) c'est la dix - neuvieme lettre & la quinzieme
consonne de notre alphabet.
On la nomme communément
esse, qui est un nom féminin;
le système du bureau typographique,
beaucoup plus raisonnable
qu'un usage aveugle, la
nomme se, s. m. Le signe de la
même articulation étoit
Cette lettre représente une articulation linguale,
sifflante & forte, dont la foible est ze. Voyez
La plus grande affinité de la lettre s est avec la lettre z, telle que nous la prononçons en françois: elles sont produites l'une & l'autre par le même mouvement organique, avec la seule différence du plus ou du moins de force; s est le signe de l'articulation ou explosion forte; z est celui de l'articulation ou explosion foible. De - là vient que nous substituons si communément la prononciation du z à celle de s dans les mots qui nous sont communs avec les Latins, chez qui s avoit toujours la prononciation forte: ils disoient mansio, nous disons maizon en écrivant maison; ils écrivoient miseria, & prononçoient comme nous ferions dans miceria; nous écrivons d'après eux misere, & nous prononçons mizere.
Le second degré d'affinité de l'articulation s est avec les autres articulations linguales sifflantes, mais surtout avec l'articulation che, parce qu'elle est forte. C'est l'affinité naturelle de s avec ch, qui fait que nos grassayeuses disent de messants soux pour de méchans choux, des seveux pour des cheveux; M. le sevalier pour M. le chevalier, &c. C'est encore cette affinité qui a conduit naturellement les Anglois à faire de la lettre s une lettre auxiliaire, qui avec h, représente l'articulation qui commence chez nous les mots chat, cher, chirurgien, chocolat, chute, chou: nous avons choisi pour cela la lettre c, que nous prononçons
Le troisieme degré d'affinité de l'articulation s est
avec l'articulation gutturale ou l'aspiration h, parce
que l'aspiration est de même une espece de sifflement
qui ne differe de ceux qui sont représentés par s, z,
& même v & f, que par la cause qui le produit. Ainsi
c'est avec raison que Priscien, lib. I. aremarqué que
dans les mots latins venus du grec, on met souvent
une s au lieu de l'aspiration, comme dans semis, sex,
septem, se, si, sal, qui viennent de
Le quatrieme degré d'affinité est avec les autres
articulations linguales; & c'est ce degré qui explique
les changemens respectifs des lettres r & s, qui
paroissent incroyables à Wachter. Voyez R. De - là
vient le changement de s en c dans corne, venu de
sorba; & de c en s dans raisin venu de racemus; de s
en g dans le latin tergo, tiré du grec éolien
Enfin le dernier & le moindre degré d'affinité de
l'articulation s, est avec celles qui tiennent à d'autres
organes, par exemple, avec les labiales. Les
exemples de permutation entre ces especes sont plus
rares, & cependant on trouve encore s changée en
m dans rursum pour rursùs, & m en s dans sors venu
de
Il faut encore observer un principe étymologique
qui semble propre à la lettre s relativement à notre
langue, c'est que dans la plûpart des mots que nous
avons empruntés des langues étrangeres, & qui commencent
par la lettre s suivie d'une autre consonne,
nous avons mis e avant s, comme dans esprit de spiritus, espace de spatium, espérance ou espoir de spes, esperer
de sperare, escarbot de
Il me semble que nous pouvons attribuer l'origine de cette prosthèse à notre maniere commune de [p. 452]
Mais, dira - t - on, cette conséquence auroit dû influer sur tous les mots qui ont une origine semblable, & elle n'a pas même influé sur tous ceux qui viennent d'une même racine: nous disons esprit & spirituel, espace & spacieux, &c. Henri Etienne dans ses hypomnèses, pag. 114. répond à cette objection: sed quin hoec adjectiva longè substantivis posteriora sint, non est quòd dubitemus. Je ne sais s'il est bien constaté que les mots qui ont conservé plus d'analogie avec leurs racines, sont plus récens que les autres: je serois au - contraire porté à les croire plus anciens, par la raison même qu'ils tiennent plus de leur origine. Mais il est hors de doute que spirituel, spacieux, & autres semblables, se sont introduits dans notre langue, ou dans un autre tems, ou par des moyens plus heureux, que les mots esprit, espace, &c. & que c'estlà l'origine de leurs différentes formations.
Quoi qu'il en soit, cette prosthèse a déplu insensiblement
dans plusieurs mots; & l'euphonie, au - lieu
de supprimer l'e qu'une dénomination fausse y avoit
introduit, en a supprimé la lettre s elle - même, comme
on le voit dans les mots que l'on prononçoit & que
l'on écrivoit anciennement estude, estat, establir, escrire,
escureuil, que l'on écrit & prononce aujourd'hui étude, état, établir, écrire, écureuil, & qui viennent de studium, status, stabilire, scribere,
Les détails des usages de la lettre s dans notre langue occupent assez de place dans la grammaire françoise de M. l'abbé Régnier, parce que de son tems on écrivoit encore cette lettre dans les mots de la prononciation desquels l'euphonie l'avoit supprimée: aujourd'hui que l'orthographe est beaucoup plus rapprochée de la prononciation, elle n'a plus rien à observer sur les s muets, si ce n'est dans le seul mot est, ou dans des noms propres de famille, qui ne sont pas, rigoureusement parlant, du corps de la langue.
Pour ce qui concerne notre maniere de prononcer la lettre s quand elle est écrite, on peut établir quelques observations assez certaines.
1°. On la prononce avec un sifflement fort, quand elle est au commencement du mot, comme dans savant, sermon, sinon, soleil, supérieur, &c. quand elle est au milieu du mot, précédée ou suivie d'une autre consonne, comme dans absolu, converser, conseil, &c. bastonnade, espace, disque, offusqué, &c. & quand elle est elle - même redoublée au milieu du mot, comme dans passer, essai, missel, bossu, prussien, mousse, &c.
2°. On la prononce avec un sifflement foible, comme z, quand elle est seule entre deux voyelles, comme dans rasé, hésiter, misantrope, rose, exclusion, &c. & quand à la fin d'un mot il faut la faire entendre à cause de la voyelle qui commence le mot suivant, comme dans mes opérations, vous y penserez, de bons avis, &c.
On peut opposer à la généralité de la seconde regle, que dans les mots parasol, présupposer, monosyllabe, &c. la lettre s a le sifflement fort, quoique située entre deux voyelles; & contre la généralité de la premiere, que dans les mots transiger, transaction, transition, transitoire, la lettre s, quoique précédée d'une consonne, a le sifflement doux de z.
Je réponds que ces mots font tout - au - plus exception à la regle; mais j'ajoute, quant à la premiere
Pour ce qui est de la seconde remarque, si l'on n'introduit pas le tiret dans ces mots pour écrire transiger, trans - action, trans - ition, trans - itoire, ce qui seroit sans doute plus difficile que la correction précédente; ces mots feront une exception fondée sur ce qu'étant composés de la préposition latine trans, la lettre s y est considérée comme finale, & se prononce en conséquence conformément à la seconde regle.
La lettre S se trouve dans plusieurs abréviations des anciens, dont je me contenterai d'indiquer ici celles qui se trouvent le plus fréquemment dans les livres classiques. S, veut dire assez souvent Servius, nom propre, ou sanctus; SS, sanctissimus. S. C, senatus consultum; S. D, salutem dicit, sur - tout aux inscriptions des lettres; S. P. D. salutem plurimam dicit; SEMP. Sempronius; SEPT. Septimius; SER. Servilius; SEXT. Sextus; SEV. Severus; SP. Spurius; S. P. Q. R. senatus populusque romanus.
C'étoit aussi un caractere numéral, qui signifioit
sept. Chez les Grecs
Nos monnoies frappées à Rheims sont marquées d'une S.
S (Page 14:452)
S, (Comm.) la lettre S toute seule, soit en petit, soit en grand caractere, mise dans les mémoires, parties, comptes, registres des marchands, banquiers, & teneurs de livres, après quelque chifre que ce soit, signifie sou tournois. Diction. de comm. & de Trévoux.
S s s (Page 14:452)
S s s, (Ecriture.) considérée dans sa forme, est la
premiere partie d'une ligne mixte, & la queue de la
premiere partie d'x; elle se fait du mouvement mixte
des doigts & du poignet. Voyez le volume des
S (Page 14:452)
S, (Art méchaniq.) se dit d'un gros fil - de - fer, recourbé
à chacune de ses extrémités en sens contraire,
ce qui produit à - peu - près la forme de la lettre
S. L'S des Eperonniers sert à attacher la gourmette
à l'oeil de la branche d'un mords, & pour cette
raison se nomme S de la gourmette. Voyez
S (Page 14:452)
S, en terme de Cloutier d'épingle, c'est une mesure
recourbée par les deux extrémités, & formant deux
anneaux fort semblables à ceux de la lettre S, dans
lesquels on fait entrer le fil, & par ce moyen on fait
le clou au numero qu'on veut, puisqu'on le cherche
dans une S qui est à ce numero. Voyez
SAADCH (Page 14:452)
SAADCH, (Géogr. mod.) ville d'Asie, dans l'Yémen, à environ 120 lieues de Sanaa. Elle est très peuplée,
selon Alazizi, fertile, & a des manufactures
pour la préparation des cuirs, & leur teinture.
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