ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"439"> de la rupture complette par un seul effort est prouvée par beaucoup de faits; il suffit pour qu'elle arrive, que la partie tendineuse n'ait pu résister à la force avec laquelle elle étoit tirée en - haut par la portion charnue, & en - bas par le poids du corps. M. Petit donne l'observation d'un sauteur qui se rompit complettement les deux tendons d'Achille en sautant sur une table élevée de trois piés & demi; il n'y eut que les bouts des piés qui porterent sur le bord de la table; il n'y appuyerent qu'en glissant, & qu'autant qu'il falloit au sauteur pour se redresser; c'est dans cet effort qu'il se cassa les deux tendons. Cet accident peut arriver en montant à cheval ou en carrosse. On a des exemples de fracture de l'os du talon par la seule rétraction du tendon d'Achille dans un faux pas; & les Praticiens savent que la contraction forcée des muscles extenseurs de la jambe est capable de casser transversalement l'os du genou. Voyez Rotule. Si les os, comme il est prouvé, peuvent se casser par des causes si légeres en apparence, comment les tendons résisteroient - ils lorsque les muscles seront obligés d'agir non - seulement pour résister au poids du corps, mais même pour le relever avec force? La fracture complette du tendon d'Achille n'est suivie d'aucune douleur, pourvu qu'il n'y ait aucun desordre aux environs. On sent sous la peau un espace à mettre trois doigts, formé par l'éloignement des bouts cassés, & le malade ne laisse pas d'étendre son pié par l'action des muscles jambier & péronier postérieurs.

La rupture incomplette du tendon d'Ahille occasionne beaucoup de douleurs; on y sent une cavité qui descend & s'éleve en - dehors lorsqu'on plie le pié, & qui au contraire remonte & s'enfonce lorsqu'on étend le pié; & l'inflammation qui s'empare sur le champ de la partie, ne tarde guere à faire des progrès considerables.

La cure de la fracture complette du tendon d'Achille s'obtient facilement par le concert de l'art & de la nature. L'art y est absolument nécessaire pour rapprocher les bouts éloignés des tendons, & pour les maintenir rapprochés pendant que la nature travaille à la réunion. Voyez Calus.

Pour faire la premiere opération, on fait coucher le malade sur le ventre, on lui fait plier le jarret, on pousse le gros de la jambe vers le talon, & on approche le talon vers le gras de la jambe, en étendant le pié jusqu'à ce que les deux bouts du tendon cassé se touchent. Pendant qu'on fait tenir les parties en cet état, on trempe une double compresse dans l'eau - de - vie, avec laquelle on entoure le lieu blessé: on applique une autre compresse plus épaisse, large de deux pouces, longue de deux piés & demi, postérieurement depuis le jarret jusques & par - delà les orteils, couvrant le gras de la jambe, le talon & la plante du pié; on assujettit cette compresse avec une bande longue de quatre aunes & large de deux doigts; on commence à faire trois ou quatre tours à l'endroit de la rupture, on porte ensuite la bande obliquement sur le pié, pour passer en - travers sous la plante, & venir faire une croix de saint - André sur le coup - du - pié, en croisant le jet oblique qu'on y a porté. Quand on a fait ainsi trois ou quatre circonvolutions obliques de dehors en - dedans, & de dedans en - dehors, & passant sous le pié & croisant par - dessus, on remonte en faisant des circulaires jusqu'en - dessus du gras de la jambe: on fait tenir alors le globe de la bande par un aide, & on renverse les deux bouts de la compresse longuette, lesquels ne sont point engagés. Le bout du côté du jarret doit être renversé vers le talon, & celui de la plante du pié doit être renversé du côté du jarret. On les assujettit l'un à l'autre avec des épingles; & avec le reste de la bande on passe & on repasse plusieurs fois par - dessus en différens endroits de la jambe & du pié, mais sans serrer. Ces deux bouts ainsi renversés à contre - sens l'un de l'autre, & assujettis par la bande, retiennent le pié dans son dernier degré d'extension; de maniere que les bouts des tendons sont non - seulement rapprochés, mais se touchent & se poussent mutuellement. On prescrit au malade le régime convenable: on le fait saigner deux ou trois fois selon qu'il est plus ou moins pléthorique (voyez Plethore), & on fait humecter l'appareil avec l'eau - de - vie de quatre en quatre heures. On peut lever l'appareil au bout de dix à douze jours, pour examiner ce qui se passe: on le rapplique, & ordinairement la réunion est parfaite au bout de trente à quarante jours.

Les ruptures incomplettes des tendons étant accompagnées d'inflammation & de douleur en conséquence de l'inégale traction des fibres tendineuses, voyez Douleur, exigent des saignées en plus grand nombre, & les malades ne guérissent pas toujours sans accident comme dans la rupture complette; parce qu'il se fait communément adhérence des tendons à leur gaînes, ce qui ôte cette facilité à glisser, qui rend ces organes si propres au mouvement.

M. Petit a imaginé un appareil tres - commode pour la réunion du tendon d'Achille, & qui est moins embarrassant que celui que nous venons de décrire d'après lui. Voyez Pantoufle. (Y)

RURAL (Page 14:439)

RURAL, adject. (Gramm.) qui appartient aux champs & à la campagne. On lit des biens ruraux, un doyen rural, voyez l'article Doyen, une justice rurale.

RUREMONDE (Page 14:439)

RUREMONDE, (Géog. mod.) ville des Pays - bas dans la Gueldre, au comluent de la Roër & de la Meuse, sur les confins de l'évêché de Liege & du duché de Juliers. Othon l'entoura de murs, & l'empereur Rodolphe lui donna en 1290, le privilege de battre monnoie. Son évêché fondé en 1559, est suffragant de Malines. La cathédrale est la seule paroisse de la ville, mais les communautés religieuses y sont nombreuses, & les Jésuites y ont un college. Cette ville fut en partie brûlée par une incendie qu'elle essuya en 1665. Elle a été souvent prise & reprise pendant les guerres; mais elle appartient à la maison d'Autriche depuis 1719, & est gouvernée par des échevins. Long. 23. 34. lat. 51. 10.

Ruremonde compte entre les hommes de lettres qui lui font honneur, Murmel (Jean), & Mercator (Gérard.)

Le premier fleurissoit dans le xv. siecle. Il se distingua par les soins qu'il prit, & les ouvrages qu'il mit au jour, pour faire renaître les Belles - lettres dans un siecle d'ignorance & de barbarie, du - moins par rapport à son pays. Il mourut en 1517.

Mercator s'est montré un des plus célebres géographes de son tems. Il naquit en 1512, & mourut en 1594, à 83 ans. L'empereur Charles V. eut pour lui une estime particuliere; & le duc de Juliers le fit son cosmographe. Il gravoit lui - même ses cartes, & les enluminoit. Il travailla à l'Atlas de Josse Hondius, & l'on a de lui une chronologie, des tables géographiques, & un grand nombre d'autres ouvrages. (D. J.)

Ruremonde (Page 14:439)

Ruremonde, quartier de, (Géog. mod.) on appelle quartier de Ruremonde, ou la haute - Gueldre, une des quatre parties du duché de Gueldre. Il s'étend le long de la Meuse entre le duché de Cleves au septentrion, celui de Juliers au midi, l'électorat de Cologne à l'orient, & le Brabant avec l'évêché de Liege à l'occident. Il comprend Ruremonde qui appartient à l'empereur; Venlo aux Etats - généraux; Gelre, Wachtendonk & Stralen, au roi de Prusse. (D. J.)

RUSCINO (Page 14:439)

RUSCINO, (Géogr. anc.) ville dont la riviere de Tet, que Strabon nomme Ruscino comme la ville, baignoit les murs. La ville de Ruscino dont parle Pli<pb-> [p. 440] ne, étoit capitale des Consuarani, & donna son nom à toute la contrée du Roussillon. Ce fut à Ruscino que les peuples du pays s'assemblerent pour délibérer sur le passage que leur demandoit Annibal. Cette ville devint colonie romaine selon Méla, & selon Pline elle jouissoit du droit latin.

La décadence de l'Empire en entraîna peu - à - peu la ruine; elle conservoit encore quelque considération sous Louis le Débonnaire. Ce prince ayant donné en 816, un diplome en faveur des peuples d'Espagne, qui s'étoient retirés en France pour se dérober à la tyrannie des Sarrasins, ordonna qu'il en seroit déposé une expédition dans les archives de cette ville; elle avoit dès - lors pris le nom de Roscilio.

Selon M. de Marca elle fut ruinée peu après, vers l'an 828, dans la guerre des Sarrasins; il ne reste plus qu'une tour sur le terrein qu'elle occupoit, on l'appelle la tour de Roussilbon. Elle étoit bâtie sur le penchant d'une colline, & venoit se terminer au bord de la Tet. On y trouve souvent des médailles romaines, & d'autres monumens qui font encore reconnoître son ancienne enceinte.

Le fleuve Ruscino a sa source dans les Pyrénées, selon Strabon lib. IV. pag. 182. qui ajoute que ce fleuve, ainsi que l'Illibéris, arrosoient chacun une ville de leur nom. Ptolomée, lib. I. l'appelle Ruscio; c'est le même qui est nommé Thelis, par Pomponius Mela, & qu'on appelle présentement le Tet. (D. J.)

RUSCUS (Page 14:440)

RUSCUS, s. m. (Botan.) ce genre de plante mérite d'être bien caractérisé. Il faut donc savoir que le calice est d'une seule piece, & découpé en plusieurs segmens. Il s'éleve de son centre des fleurs monopétales, faites en forme de cloches & arrondies. L'ovaire devient un fruit sphérique, rempli d'une ou deux semences, ordinairement dures. Si les auteurs eussent été exacts à rapporter les plantes de ce genre, sous le nom propre auquel elles appartiennent, ils eussent évité bien des erreurs, car quelques - uns ont pris le calice pour la fleur.

Tournefort compte quatre especes de ruscus, entr'autres, 1°. le ruscus à larges feuilles, du dos de chacune desquelles il sort une petite fleur, ruscus latifolius, fructu folio incidente I. R. H. 79, c'est la plante que nous appellons laurier alexandrin. 2°. Le ruscus à feuilles de myrthe, pointues & piquantes, ruscus myrthi folius, aculeatus; c'est la plante que nous nommons houx - frelon ou petit houx, en anglois the butcher's - broom. Voyez Houx - frelon & Laurier alexandrin. (D. J.)

RUSE (Page 14:440)

RUSE, s. f. (Gram.) adresse, art, finesse, moyen subtil, dont on use pour en imposer aux autres. Seul, il se prend toujours en mauvaise part; il ne faut point avoir de ruses; la ruse est d'un caractere faux & d'un petit esprit. On dit qu'il y a des ruses innocentes, l'y consens; mais je n'en veux avoir ni de celles - là, ni d'autres: on dit rusé & ruser.

Ruses militaires (Page 14:440)

Ruses militaires, (Art milit.) ce sont, à la guerre, des différens moyens qu'on emploie pour tromper & surprendre l'ennemi. Les ruses militaires se nomment ordinairement stratagêmes. Voyez ce mot.

Suivant Thucydide, la plus belle de toutes les louanges qu'on peut donner à un général d'armée, est celle qui s'acquiert par la ruse & le stratagême.

Les Grecs étoient grands maîtres dans cet art: c'est plutôt une science, car l'art de tromper finement à la guerre, peut être très - aisément réduit en principes & en méthode. On y excelle infiniment plus par l'acquis que par le naturel, puisqu'en effet la guerre est la science des tromperies.... Plutarque dit qu'à Lacédémone on mettoitune grande différence entre ceux qui surmontoient leurs ennemis par la ruse, & ceux qui les vainquoient par la force ouverte, & que les premiers immoloient une plus grande victime.

Homere, qui est le conseiller des gens de guerre, dit qu'il faut faire du pis que l'on peut à son ennemi, & que la tromperie de quelque espece qu'elle puisse être, est toujours permise. Il paroit assez que Grotius est de cet avis, dans son excellent ouvrage, de jure pacis & belli, que bien peu de gens de guerre lisent. Il rapporte un grand nombre d'autorités respectables & très - favorables aux ruses & fourbes militaires. Tout leur est permis, jusqu'au mensonge. Il cite bon nombre de théologiens & quelques saints, entre autres saint Chrysostome, qui dit que les empereurs qui avoient usé de surprise, de ruse & d'artifice pour réussit dans leurs desseins, étoient très - louables. Il a raison, puisque l'Ecriture est toute remplie de stratagêmes & de ruses militaires.

La victoire qui s'acquiert par la force & par la supériorité du nombre, est ordinairement l'ouvrage du soldat, plutôt que celui du général; mais celle qu'on remporte par la ruse & par l'adresse est uniquement dûe à celui - ci. L'une & l'autre sont la ressource des petites armées contre les grandes; & toutes les deux la pierre de touche de la valeur & de l'intelligence. Cette ressource ne peut être que dans l'esprit & dans le coeur. L'un se trouve toujours tranquille, & toujours présent dans les plus grands périls; il faut avoir l'autre bien haut & bien ferme pour soutenir & affronter un ennemi puissant & redoutable.

Un général qui se met à la tête d'une armée étonnée par les défaites précédentes, qui n'offre presque que de nouveaux soldats à la place des vieux qui ont péri dans les batailles, qui les expose contre de viellles troupes accoutumées à vaincre, & qui rend tous les desseins de l'ennemi inutiles, par la force de son esprit & par l'artifice de ses mouvemens; un genéral, dis - je, tel que celui - ci, est un homme du premier ordre, de la plus haute volée, & il a un courage au - dessus de tous les autres, & digne d'être admire.....

Celui qui compte sur le grand nombre de ses troupes & sur leur courage, n'a pas besoin de ruses contre un ennemi qui n'a qu'une petite armée à lui opposer. Il laisse faire au nombre; il lui suffit de lâcher la détente & le coup part, il est assuré de l'effet par ses troupes. Les victoires de la plupart des conquérans, d'un Attila, d'un Gengiscan, d'un Timurbec, ont été le prix de leur nombre; mais celles d'Annibal furent celui de la ruse & de la sagesse audacieuse de ce grand homme. Je conclus de tout ceci, dit M. de Folard, que nous n'avons fait que copier depuis le commencement de cet article, que tout général qui n'est pas rusé, est un pauvre général.

Comme l'art de ruser ne peut s'apprendre par la pratique, par la routine, qu'il faut lire & étudier, non - seulement ce que Polyen & Frontin ont écrit sur ce sujet, mais encore tout ce que les historiens nous ont transmis des ruses des grands capitaines, il n'est pas étonnant de trouver peu de généraux assez habiles dans cette matiere pour en faire un usage fréquent. Il faut de plus un esprit vif & intelligent, qui saisisse le moment d'employer les ruses, qui sache les varier suivant les circonstances; & c'est ce qui ne se rencontre pas fréquemment. M. de Folard, qui nous fournit presque toute la matiere de cet article, observe que les anciens s'appliquoient beaucoup à la lecture des ouvrages qui traitent des ruses ou des stratagêmes militaires; lecture qui lui paroit plus nécescessaire à un général qu'à tout autre: car outre, ditil, qu'elle est très - amusante, & encore plus instructive, l'ignorance où l'on est là - dessus, fait que l'on est toujours nouveau contre la ruse & le stratagême; & lorsqu'on ne les ignore point, on apprend à les rendre inutiles, ou à les mettre en usage dans l'occasion. Ce qu'il y a de bien surprenant, c'est qu'ils ont toujours leur effet, & que l'on donne toujours tout autravers, quoiqu'il y en ait un très - grand nombre qui

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