ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
ROULEAU
(Page 14:409)
ROULEAU, s. m. (Conchyliol.) genre de coquille
marine, univalve, dont la bouche est toujours
alongée; son sommet est quelquefois détaché
du corps par un cercle, & quelquefois il est couronné;
le fût est toujours uni.
Les rouleaux sont autrement nommés cylindres, &
plus communément olives. Voyez Olive, (Conchyliol.) (D. J.)
Rouleau
(Page 14:409)
Rouleau, s. m. (Antiq. ecclés.) feuille de parchemin,
au haut de laquelle on inserivoit anciennement
dans les monasteres le nom & l'éloge d'un abbé
[p. 410]
ou d'une abbêsse décédée, avec la date de leur mort.
On portoit ensuite cette feuille de monastère en monastere,
& chacun y marquoit à son tour qu'il avoit
offert des prieres à Dieu pour le repos de l'ame du
défunt ou de la défunte. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau, ou Volume, (Littérat.) ce que nous
appellons aujourd'hui livre, se nommoit autrefois rouleau & volume, du latin volumen, dont la racine est
volvere, rouler. On ne plioit pas les feuilles pour les
coudre & les relier ensemble, comme on fait aujourd'hui, mais on faisoit un rouleau de chaque feuille
qu'on mettoit les unes sur les autres; en sorte que
quelquefois une matiere traitée, n'occupant qu'une
seule feuille, celle - ci faisoit un volume; & c'est ce
qu'il faut entendre par ce grand nombre de volumes
qu'on nous dit que quelques - uns des anciens ont composés,
& même par cette multitude prodigieuse de
volumes dont étoit composée la bibliotheque d'Alexandrie. Car enfin depuis l'invention de l'Imprimerie, si propre à multiplier les livres avec une
promptitude infiniment plus expéditive que la diligence
des anciens libraires ou copistes, & malgré la
fécondité des modernes, on n'est pas encore parvenu
à former une bibliotheque de 700000 volumes, telle
qu'étoit celle d'Alexandrie. Il faut donc convenir que
la plûpart des volumes dont elle étoit composée, étoient
de peu de feuilles. Quant à ceux qui en contenoient
davantage, afin d'empêcher que ces feuilles roulées
les unes sur les autres ne se brouillassent, on prit la
précaution de les coudre toutes ensemble & de n'en
faire qu'un rouleau. Il est souvent parlé dans l'Ecriture
de ces rouleaux ou volumes, & les Juifs en gardent
encore l'usage dans leurs synagogues. Ce sont, dit
Léon de Modene, des peaux de vélin cousues ensemble,
non avec du fil, mais avec les boyaux d'un animal
monde, sur lesquelles la loi est écrite avec une
grande exactitude, & qu'on roule sur deux bâtons
de bois qui sont aux deux bouts. On roule aussi à mesure
une piece d'étoffe de lin ou de soie pour conserver
l'écriture, & l'on renferme le tout dans une espece
de sac ou d'étui de soie. Les extrémités des bâtons
qui excedent de beaucoup le vélin, sont garnis
d'ornemens d'argent, comme pommes de grenade,
clochettes, couronnes, &c. Le même auteur ajoute
qu'il y a dans l'aron ou armoire d'une synagogue
quelquefois plus de vingt de ces rouleaux nommés sefer tora, ou livre de la loi. Celle d'Amsterdam en possede
plus de cinquante, & un certain jour de l'année
on les porte en procession dans la synagogue. Mais aucun
de ces rouleaux n'est véritablement ancien. Léon
de Moden. cérém. des Juifs, part. I. c. x.
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau, s. m. (Ouvrages & Manufact.) piece de
bois de figure cylindrique, dont on se sert dans la fabrique
de plusieurs ouvrages, & dans diverses manufactures,
mais souvent sous d'autres noms.
C'est sur des rouleaux que se dressent les laines, les
soies, les fils, les poils, &c. dont on fait la chaîne
des étoffes & des toiles; chaque métier en a ordinairement
deux; celui des Gaziers en a trois; on les
nomme ensubles, & quelquefois ensubleaux.
Les Tissutiers - rubaniers qui travaillent aux galons
& tissus d'or & d'argent, appellent rouleaux de
la poitrine, un petit cvlindre qui est attaché au - devant de leur métier. C'est sur ce rouleau que passe
l'ouvrage à mesure qu'il s'avance, avant de le rouler
sur l'ensuble de devant.
Dans les manufactures des glaces de grand volume,
on nomme rouleau a couler, un gros cylindre de fonte,
qui sert à conduire le verre liquide jusqu'au bout
de la table sur laquelle on coule les glaces.
Les Fondeurs en sable se servent d'un rouleau pour
corroyer le sable qu'ils emploient à faire leurs moules;
on l'appelle plus communément bâton.
Les Pâtissiers ont un rouleau pour applatir & feuilleter
leurs pâtes.
Les presses qu'on nomme calendres, qui servent à
calendrer les étoffes, sont entr'autres parties essentielles,
composées de deux rouleaux. C'est aussi entre
deux rouleaux que se font les ondes des étoffes de soie,
de poil ou de laine propres à être tabisées; comme
les moëres, les tabis, les camelots, &c.
Les images, estampes & tailles - douces s'impriment
en passant entre deux rouleaux, la planche de
cuivre gravée, & le papier humide qui en doit prendre
l'impression. Savary. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau, s. m. (Instrum. de méchan.) espece de
cylindre de bois qui sert à mouvoir les plus pesans
fardeaux pour les conduire d'un lieu à un autre. Il y
a de ces rouleaux qu'on nomme sans fin, ou tours
terriers, parce qu'on les fait tourner par le moy en de
leviers. Ils sont assemblés sous un poulin avec des
entre - toises ou des moises. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau, (Agricult.) On peut quelquefois l'employer
utilement à briser les mottes, suivant le système
de M. Tull; mais il ne faut s'en servir que quand
la terre est seche, autrement le rouleau la corroyeroit,
& détruiroit en partie les avantages qu'on retire
des labours.
Rouleaux
(Page 14:410)
Rouleaux, s. m. pl. (Archit.) les ouvriers appellent
ainsi les enroulemens des modillons & des consoles,
& même ceux des panneaux & ornemens répétés
de serrurerie.
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau de cartouche, (Artifice.) c'est un rouleau
qui sert à former un cartouche cylindrique, en roulant
tout - autour un carton, à mesure qu'on le colle;
tels sont ceux de presque tous les artifices. (D. J.)
Rouleaux
(Page 14:410)
Rouleaux, (ustensile de Charpentiers, Marbriers,
Tailleurs de pierre.) les rouleaux dont ils se servent
pour mener d'un lieu à un autre les poutres, les marbres,
les pierres de taille & autres fardeaux qui sont
lourds, mais non pas d'une pesanteur extraordinaire,
sont de simples cylindres de bois de sept à huit pouces
de diametre, & de trois à quatre pies de longueur,
qu'ils mettent successivement par - devant sous les
pieces qu'ils veulent conduire, tandis qu'on les pousse
par derriere avec des pinces ou des leviers.
Quand les blocs de marbre ou les autres fardeaux
sont d'un poids excessif, on se sert de rouleaux sans
fin, qu'on nomme autrement tours terriers. Ces rouleaux, pour leur donner plus de force, & empêcher
qu'ils ne s'écrasent, sont faits de bois assemblés
à entre - toises; ils ont près d'un double de longueur
& de diametre des simples rouleaux, & sont
outre cela garnis de larges cercles de fer aux deux
extrémités. A un pié près de chaque bout, sont quatre
mortaises, ou plutôt deux seulement, mais
qui sont percées d'outre en outre. Elles servent à y
mettre des longs leviers de bois, que des ouvriers
tirent avec des cordes qui sont attachées au bout, &
l'on change de mortaises à mesure que le rouleau
a fait un quart de tour; ce travail est long & pénible,
mais sûr. Savary. (D. J.)
Rouleaux
(Page 14:410)
Rouleaux sans fin, (Charpent.) ce sont des rouleaux de bois assemblés avec des entre - toises. On
s'en sert très - utilement pour conduire de grands fardeaux
& amener de grosses pierres d'un lieu à un
autre.
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau, en terme de Cirier, c'est une planche
de noyer d'environ un demi - pié de long sur quatre
pouces de large & un d'épaisseur. Ce rouleau est garni
de deux fiches qui lui servent de poignée. C'est avec
cet ustensile qu'on arrondit une piece, & qu'on lui
donne une grosseur proportionnée à sa longueur.
Voyez les Pl. du Cirier.
Rouleau
(Page 14:410)
Rouleau, (Cuisine.) est un gros cylindre de bois
sur lequel on dévide la corde des tournebroches, &
est garni d'un haut bord pour soutenir la corde, &
l'empêcher de tomber entre lui & la grande roue, &
d'un ressort qui s'arrête à une des croisées de la gran<pb->
[p. 411]
de roue lorsque la corde est assez remontée.
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, en terme d'Eperonnier, signifie proprement
l'extrémité inférieure de la sous - barbe d'un
mords, qui se replie plusieurs fois sur elle - même, &
forme une espece de bouton ou rouleau d'où elle
tire son nom. Voyez les fig. Pl. de l'Eperonnier.
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, outil de Fondeur en sable, est un bâton
cylindrique de bois dont les Fondeurs en sable se servent
pour corroyer le sable dont ils forment les moules
dans la caisse qui les contient. Voyez les fig. Pl.
du Fondeur en sable, & l'article Fondeur en sable.
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, s. m. (Comm. de fil.) ruban de fil de
différentes largeurs, qui a pris ce nom de la forme
dont il est ordinairement roulé. Il s'en fait d'excellent
en Auvergne, d'où les marchands de Paris tirent une
partie de celui qu'ils débitent dans leurs boutiques.
Savary.
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, s. m. (Horloger.) c'est un corps cylindrique
dont on se sert dans la méchanique des grosses
horloges. Les rouleaux sont de bois, au - tour desquels
s'enveloppe la corde qui éleve les poids. Rouleau se dit aussi de deux cercles placés excentriquement
de l'un à l'autre, pour que les deux circonférences
forment un angle obtus sur lequel pose le bout
d'un arbre pour diminuer les frottemens. (D. J.)
Rouleaux
(Page 14:411)
Rouleaux, s. m. (Jardin.) on donne le nom de
rouleaux aux enroulemens de parterre. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, (Imprimerie.) piece d'une presse d'imprimerie,
est un morceau de bois rond, de la largeur
de 5 à 6 pouces, sur 10 à 11 pouces de diametre,
avec un rebord de deux ou trois lignes, qui regnent
autour de ses deux extrémités: il est situé sous
la table entre les deux bandes, & percé dans sa longueur
pour recevoir la broche: il est aussi percé de
deux trous faits de biais, pour arrêter par une des
extrémités la corde appellée corde de rouleau. Voyez
Corde de rouleau. Voyez les Planches de l'Imprimerie.
Rouleau s'entend encore dans l'imprimerie d'un
morceau de bois très - rond d'un pié & demi environ
de longueur, & de quatre à cinq pouces de diametre,
que l'on a soin de revétir d'un blanchet; & dont
on se sert dans quelques imprimeries pour faire des
épreuves: on tient même que quelques ou vrages
prohibés ont été entierement imprimés au rouleau.
Rouleaux
(Page 14:411)
Rouleaux, (Mercerie.) ce sont de certaines enseignes
ou représentations de carton que les Merciers & quelques autres marchands mettent en étalage sur le devant de leurs boutiques, pour faire montre
des marchandises qu'ils vendent, en les couvrant
de divers échantillons. Savary. (D. J.)
Rouleaux
(Page 14:411)
Rouleaux, en terme de Metteur en oeuvre, ce sont
des especes de consoles en or ou en argent, qui se
mettent ordinairement dans les corps des bagues
proche la tête, & qui entrent dans la composition
de plusieurs ouvrages de cette profession. Voyez Pl.
& fig.
Rouleaux
(Page 14:411)
Rouleaux, (Monnoyage.) ce sont deux instrumens
de fer, de figure cylindrique, qui servent à
tirer les larmes d'or, d'argent ou de cuivre, dont
on fait les flaons des pieces que l'on fabrique.
(D. J.)
Rouleaux
(Page 14:411)
Rouleaux, en terme d'Orfévre en grosserie, sont
des especes d'S, qui ornent le commencement de la
crosse proprement dite, immédiatement au - dessus du
fleuron. Voyez les Pl.
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, (Peinture.) on appelle ainsi certains
écriteaux que les anciens peintres mettoient dans leurs
tableaux, & qu'ils faisoient sortir grossierement de
la bouche de leurs personnages; c'est ce que fit Simon Memmi, qui, représentant le diable chassé par
S. Reinier, lui mit cet écriteau dans la bouche, ohi
me! non posso più.
Ces rouleaux, d'une invention barbare, se sont
anéantis avec le goût gothique; mais les peintres
d'histoire devoient imaginer quelqu'autre idée moins
grossiere, pour indiquer le sujet de leurs compositions,
qu'un grand nombre des spectateurs cherchent
quelquefois inutilement, surtout quand c'est un trait
d'histoire peu connu: des inscriptions mises au bas
du tableau, seroient alors d'un grand usage. J'en ai
parlé ailleurs; j'ajoute ici que Raphaël & Annibal
Carrache n'ont point hésité d'insérer dans leurs
ouvrages trois ou quatre mots, quand ils les ont jugés
nécessaires pour l'intelligence du tableau. Par la
même raison, on ne grave guere aujourd'hui d'estampes,
sans mettre au bas des vers, des passages,
des paroles, qui en expliquent le sujet. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, en terme de Potier fournoeliste, c'est de
la terre maniée en rond, de longueur; ce qui la rend
différente des ballons qui sont maniés en motte. Voyez
Ballons.
Rouleaux
(Page 14:411)
Rouleaux, (Sucrerie.) on nomme quelquefois
rouleaux dans les moulins à sucre les tambours de fer
qui servent à briser les cannes, & à en exprimer le suc.
Les tambours & les rouleaux sont cependant bien
différens, ces derniers n'étant que des cylindres de
bois, dont les tambours sont remplis, & les autres
des cylindres de métal, dont ceux de bois sont couverts.
On affermit les rouleaux dans les tambours
avec des serres ou coins de fer & de bois, & pour
leur donner encore plus de fermeté, on remplit les
vuides qui restent avec du brai bouillant; c'est dans
les rouleaux que les dents des tambours sont emmortoisées.
Savary. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau de tabac, (Manufacture de tabac.) c'est
du tabac en feuille cordé au moulin, & roulé en plusieurs
rangs autour d'un bâton. La plûpart du tabac
de l'Amérique s'y débite en rouleaux de divers poids;
& ce n'est guere que lorsqu'il est arrivé en France,
en Angleterre, en Espagne, en Hollande, &c. qu'il
se prépare en poudre. C'est du tabac en rouleau dont
on se sert, soit pour raper, soit pour mâcher. Les
regrattiers qui en font le commerce, & qui le prennent
au bureau de la ferme, le coupent en morceaux
de plusieurs onces, le ficellent, & l'ornent ordinairement
de quelque clinquant de papier marbré. Dict.
de Comm. (D. J.)
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, (Tapissier.) Voyez Ensuple.
Rouleau
(Page 14:411)
Rouleau, (Tisserand.) piece de bois de figure cylindrique,
dont plusieurs artisans se servent pour la
fabrique des ouvrages de leur métier.
C'est sur des rouleaux que se dressent les chaînes
des toiles & des étoffes. Chaque métier a deux rouleaux; celui des gaziers en a trois; on les nomme ensubles, & quelquefois ensubleaux. Voyez ces deux articles.
Les maîtres Tissutiers - rubaniers ont à leur métier
un cylindre, qu'ils nomment rouleau de la poitriniere;
il est posté sur le devant de leur métier, & c'est sur
ce rouleau que glisse l'ouvrage à mesure qu'il s'avance,
avant qu'on le roule sur l'ensuble de devant. Voyez
Rubanier.
Les plombiers ont aussi des rouleaux dont ils se servent
pour former les tuyaux de plomb. Ils les nomment
ordinairement rondins ou tondins. Voyez l'un &
l'autre.
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.