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Il seroit superflu de remarquer ici, qu'Erasme étoit un des plus grands hommes de la république des lettres; on lui doit principalement dans nos pays la renaissance des sciences, la critique, & le goût de l'antiquité. C'est un des premiers qui ait traité les matieres de religion avec la noblesse & la dignité qui conviennent à nos mysteres. Il étoit tolérant, aimoit la paix, & en connoissoit tout le prix. Sa dissertation sur le proverbe dulce bellum inexpertis prouve bien qu'il avoit profondément médité sur ce sujet, les grands principes de la raison, de l'évangile & de la politique. Mais il eut beau vivre & mourir dans la communion romaine, & essuyer pour cette raison, bien des injures de quelques zélés protestans, il n'en a pas été moins maltraité durant sa vie & après sa mort, par plusieurs écrivains catholiques. C'est en vain qu'il vit avec joie les premieres démarches de Luther, & qu'il s'affligea, lorsqu'il crut le luthéranisme prêt à se perdre, il n'en fut pas moins accablé d'invectives par Luther, & par quelques autres plumes du même parti; enfin ses sentimens modérés lui firent des ennemis dans toutes les sectes.
Il étoit d'une complexion délicate, & de la plus grande sobrieté; quant à l'amour, il reconnoit qu'il n'en fut jamais l'esclave: veneri, pour me servir de ses termes, nunquam servitum est, ne vacavit quidem in tantis studiorum laboribus; c'est très - bien dit, car l'oisiveté & la bonne chere sont les nourrices de la luxure.
Holbein, son ami particulier, fit son portrait à demi corps, que Beze orna d'une épigramme qu'on a fort louée, & qui n'a que du faux brillant; la voici cette épigramme.
Ingens ingent m quem personat orbis Erasmum: Hic tibi dimidium picta tabella refert. At cur non totum? Mirari desine, lector, Integra nam totum terra nec ipsa capit.
La pensée de Beze est une fausse pensée, parce qu'un peintre n'a pas plus de peine à faire un por trait grand comme nature, lorsque c'est le portrait d'un savant ou d'un héros dont la gloire vole par - tout, que quand c'est le portrait d'un paysan qui n'est connu que dans son village.
La bonne édition des oeuvres d'Erasme, est celle d'Hollande, en 1703. onze vol. fol. Ils contiennent des traités en presque tous les genres; grammaire, rhétorique, philosophie, théologie, épitres, commentaires sur le nouveau testament, paraphrases, traductions, apologies, &c. Tous ces traités sont écrits avec une pureté & une élégance admirable.
Au plus bel esprit de son tems, joignons un des
premiers hommes de mer du dernier siecle, que
Rotterdam a vû naître dans son sein; c'est de Corneille Tromp que je veux parler, fils du grand
Tromp; il marcha sur ses traces, & fut le digne rival
de Ruiter. Brandt a écrit sa vie; elle est intéressante,
mais ce n'est pas ici le lieu d'en donner l'extrait;
il suffit de dire que Tromp se trouva à plus de
vingt batailles navales, & qu'il portoit par - tout la
terreur & la victoire; c'étoient alors les jours brillans
des beaux faits de la Hollande. Le comte d'Estrade écrivoit au roi de France, en 1666.
La réputation qu'il s'étoit acquise dans le monde, étoit si grande, qu'au retour de la paix le roi de la
Il se mit en mer avec trois yachts qui l'attendoient; les ducs d'York, de Monmouth, de Buckingham, & grand nombre d'autres seigneurs, allerent au - devant de lui, & le concours du peuple fut extraordinaire; le roi l'honora de la qualité de baron, la rendit héréditaire dans sa famille, & lui fit présent de son portrait enrichi de diamans. Au mois de Juin de cette même année, il commanda la flotte de quarante vaisseaux danois & hollandois, contre les Suédois, & remporta la victoire; le roi de Danemarck lui donna l'ordre de l'éléphant, & la qualité de comte.
La guerre s'étant allumée avec la France, le roi Guillaume III. le nomma en 1691, pour commander la flote des états; mais peu de mois après il mourut âgé d'environ 62 ans. Si quelques bruits chargerent la France d'avoir avancé ses jours, il ne faut admettre des accusations aussi graves & aussi odieuses, que sur des preuves d'une force irrésistible.
Enfin Jacques duc Monmouth, né à Rotterdam en 1649, a fait trop de bruit dans l'histoire pour ne pas parler de lui. Il étoit fils naturel de Charles II, & sa mere se nommoit Lucie Walters; le roi son pere ayant été rétabli dans ses états en 1660, le fit venir à sa cour, & eut pour lui une tendresse extraordinaire; il le créa comte d'Orkney, duc de Monmouth, pair du royaume, chevalier de l'ordre de la jarretiere, capitaine de ses gardes, & lieutenant - général de ses armées, après sa victoire contre les rebelles d'Ecosse.
Il possedoit toutes les qualités qui pouvoient le rendre agréable à la nation; une bravoure distinguée, une figure gracieuse, des manieres douces, une générosité peu réfléchie; ces qualités lui valurent la faveur populaire, qui s'accrut beaucoup par la haine qu'on portoit à la religion du duc d'Yorck; cependant avec tant de part à l'affection du peuple, il n'auroit jamais été dangereux s'il ne s'étoit aveuglément resigné à la conduite de Shaftsbury, politique audacieux, qui le flatta de l'espoir de succéder à la couronne.
Le duc d'Yorck connoissant tout le crédit du duc de Monmouth, le fit exiler du royaume. Il choisit la Hollande pour sa retraite; & comme personne n'ignoroit la part qu'il avoit toujours eue à l'affection d'un pere indulgent, il avoit trouvé toutes sortes de distinctions & d'honneurs, sous la protection du prince d'Orange. Lorsque Jacques étoit monté sur le trône, ce prince avoit pris la résolution de congédier Monmouth & ses partisans; ils s'étoient retirés à Bruxelles, où le jeune fugitif se voyant encore poursuivi par la rigueur du nouveau monarque, fut poussé contre son inclination à former une entreprise téméraire & prématurée sur l'Angleterre. Il ne pouvoit se dissimuler que Jacques avoit succédé au trône sans opposition; le parlement qui se trouvoit assemblé, témoignoit de la bonne volonté à satisfaire la cour, & l'on ne pouvoit douter que son attachement pour la couronne, ne donnât beaucoup de poids à toutes les mesures publiques. Les abus étoient encore éloignés de l'excès, & le peuple n'avoit pas encore marqué de disposition à s'en plaindre amérement. Toutes ces considérations se présenterent sansdoute au duc de Monmouth; mais telle fut l'impatience de ses partisans, telle aussi la précipitation du comte d'Argyle, qui étoit parti pour faire soulever l'Ecosse, que la prudence ne fut point écoutée, & le malheureux Monmouth se vit comme entraîné vers son sort.
La bataille de Sedgemoor près de Bridgewater, se [p. 382]
Quoique la grandeur de ses offenses, & le caractere de Jacques, dussent lui faire comprendre qu'il ne falloit compter sur aucune grace, il lui écrivit dans les termes les plus humbles, & le conjura d'épargner le sang d'un frere qui n'auroit à l'avenir que du zele pour ses intérêts. Le roi lui voyant tant de foiblesse & d'abattement, se le fit amener, & se flatta de lui arracher l'aveu de tous ses complices; mais quelque passion que Monmouth eût pour la vie, il ne voulut point l'acheter par un infâme oubli de l'honneur. En reconnoissant l'inutilité de ses efforts, il reprit courage de son désespoir, & ne pensa qu'à se disposer à la mort, avec des sentimens plus dignes de son caractere & de son rang.
Ce favori du peuple Anglois fut accompagné sur l'échaffaut d'une abondante & sincere effusion de larmes; il pria l'exécuteur de ne pas le traiter comme Russel, pour lequel il avoit eu besoin d'un coup redoublé; mais cette précaution ne servit qu'à l'effrayer; il frappa Monmouth d'un coup foible, qui lui laissa la force de se relever, & de le regarder au visage, comme pour lui reprocher son erreur; il replaça doucement sa tête sur le bloc, & l'exécuteur lui donna deux autres coups qui n'eurent pas plus d'effet; à la fin il jetta sa hache, en criant qu'il étoit incapable d'achever le sanglant office; les schérifs l'obligerent de la reprendre, & deux autres coups séparerent la tête du corps.
Telle fut, en 1685, à l'âge de trente - six ans, la fin
d'un seigneur que ses belles qualités, dans un tems
moins tumultueux, auroient pu rendre l'ornement
de la cour, & capable même de servir sa patrie; je
dis sa patrie, car Rotterdam n'étoit que son lieu natal,
& même par un pur effet du hazard. (Le chevalier
ROTEUR (Page 14:382)
ROTEUR, s. m. (Jurisprud.) Rothorium, c'est
le lieu où l'on fait rouir le chanvre; comme le chanvre
corrompt l'eau, plusieurs coutumes & ordonnances
ont défendu de faire des roteurs en eau courante.
Voyez la coutume de Normandie, article 29.
recueil sur les statuts de Bresse, l'ordonnance de 1669.
& ci - devant le mot
ROTHER (Page 14:382)
ROTHER, (Géog. mod.) riviere d'Angleterre. Elle a sa source dans le comté de Sussex, & se partage en deux bras qui se perdent dans le Rye - Haven. (D. J.)
ROTHESS (Page 14:382)
ROTHESS, (Géog. mod.) ville d'Ecosse, dans la province de Murray, sur une petite riviere qui se rend dans la Spey, à 92 milles au couchant d'Edimbourg. Long. 11. 26. lat. 56. 10. (D. J.)
ROTI (Page 14:382)
ROTI, s. m. Voyez
Roti (Page 14:382)
ROTIE (Page 14:382)
ROTIE, s. f. (Architect.) exhaussement sur un mur de cloture mitoyen, de la demi - épaisseur de ce mur, c'est - à - dire d'environ neuf pouces, avec de petits conrreforts d'espace en espace, qui portent
Rotie (Page 14:382)
ROTIER (Page 14:382)
ROTIER, s. m. (Artisan peigner.) les rotiers sont des artisans qui fabriquent les rots ou peignes, pour servir aux métiers des ouvriers qui travaillent avec la navette. Trévoux. (D. J.)
ROTIN (Page 14:382)
ROTIN, s. m. (Commerce.) sorte de roseau qu'on apporte des Indes orientales, dont on fait, en les fendant par morceaux, ces meubles de cannes qui sont d'un si grand usage & d'un si grand commerce en Angleterre & en Hollande; on en fait aussi des cannes à marcher ou à la main, en les garnissant de poignées. Savari. (D. J.)
Rotin (Page 14:382)
ROTING (Page 14:382)
ROTING, ou
ROTIR (Page 14:382)
ROTIR, v. act. (Gram.) cuire en exposant au feu. On rotit la viande à la broche; on rotit des marrons dans une poële, ou sous la cendre; on rotit la mine.
Rotir (Page 14:382)
ROTISSEUR (Page 14:382)
ROTISSEUR, s. m. (Corporation.) c'est celui qui fait rotir la viande. Il ne se dit guere présentement que du marchand qui habille, larde, & pique les viandes de lait, le gibier, & la volaille, pour les vendre en blanc, c'est - à - dire crues, ou pour les débiter cuites après les avoir fait rotir à leurs âtres ou cheminées.
La communauté des maîtres Rotisseurs de Paris, n'est pas une des moins anciennes de cette ville; & l'on en peut juger au style de leurs premiers statuts. Ces statuts portent pour titre: ordonnances du métier des oyers & maîtres Rotisseurs; & cette qualité d'oyers, qui signifie vendeurs d'oyes, sert à appuyer l'opinion que quelques auteurs ont du goût que les anciens habitans de Paris avoient pour cette sorte de viande, qui a donné le nom à la rue aux houës ou aux oyes, dans laquelle anciennement demeuroient la plus grande partie des rotisseurs ou oyers, & où il y en a encore quantité de boutiques. Savary. (D. J.)
ROTISSOIRE (Page 14:382)
ROTISSOIRE, s. f. (Gramm. & Cuis.) machine qu'on peut comparer par sa forme à une garderobe faite de tôle ou de plaques de fer battues devant, derriere, en - haut & en - bas, où l'on peut faire rôtir une grande quantité de viandes à - la - fois. La rotissoire est propre aux communautés, hopitaux, grandes maisons, & autres endroits, où elle devient un meuble d'économie.
ROTOLO, ou ROTOLI (Page 14:382)
ROTOLO, ou ROTOLI, s. m. (Poids.) poids
dont on se sert en Sicile, en quelques lieux d'Italie,
à Goa, en Portugal, & dans plusieurs échelles du
Levant, & particulierement au Caire, & dans les
villes maritimes de l'Egypte. Quoique rotolo ait le
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