ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"341"> avoient été institués par le premier Tarquin. On les célébroit à l'honneur de Jupiter, de Junon & de Minerve. Ils commençoient toujours le 4 Septembre, & ils duroient 4 jours du tems de Cicéron. Leur durée fut augmentée dans la suite, aussi - bien que celle de la plupart des autres jeux publics, quand les empereurs se furent emparés du droit de les faire représenter. Quoique les jeux romains fussent ordinairement des jeux circenses, magni circenses, selon Plutarque; cependant on les faisoit aussi scéniques; je n'en veux pour preuve que ce passage de Tite - Live, lib. XXXI. Ludi romani scenici eo anno magnificè, apparatèque facti, ab oedilibus curulibus L. Valerio Flacco & L. Quintio Flaminio biduum instaurati sunt. « Les jeux romains scéniques furent célébrés cette année - là magnifiquement, & avec apparat, par les édiles curules L. Valérius Flaccus, & L. Quintius Flaminius, durant deux jours continuels ». (D. J.)

Romain (Page 14:341)

Romain, adj. (Arith.) le chiffre romain n'est autre chose que les lettres majuscules de l'alphabet I, V, X, L, C, D, &c. auxquelles on a donné des valeurs déterminées; soit qu'on les prenne séparément; soit qu'on les considere relativement à la place qu'elles occupent avec d'autres lettres. Voyez Caractere.

Le chiffre romain est fort en usage dans les inscriptions, sur les cadrans des horloges, &c. Voyez Chiffre. (E)

Romain (Page 14:341)

Romain gros, fondeurs en caracteres d'Imprimerie, est le onzieme des corps sur lesquels on fond les caracteres d'imprimerie; sa proportion est de trois lignes mesure de l'échelle; il est le corps double de la gaillarde, & le sien est le trimégiste. Voyez Proportions des Caracteres, & l'exemple à l'article Caractere.

Romain (Page 14:341)

Romain petit, sixieme corps des caracteres d'imprimerie; sa proportion est d'une ligne quatre points mesure de l'échelle; son corps double est le petit parangon. Voyez Proportion des Caracteres d'Imprimerie , & l'exemple à l'article Caractere.

ROMAINE (Page 14:341)

ROMAINE, s. f. (Balancier.) sorte de balance, propre à peser de grands fardeaux. Elle est composée d'un fléau A B, (voyez les Pl. du balancier.) A la 5 ou 6e partie de la longueur du fléau, est un arbre, dont les deux extrémités sont en couteaux par la partie inférieure; les tranchans de ces couteaux portent sur les coussinets de la châsse E D, qui est faite comme celle du fléau à double crochet, façon d'Allemagne; à l'extrémité A, qui est la plus proche du point de suspension, est une jumelle, dont les coussinets portent sur les tranchans des couteaux d'un arbre qui traverse le fléau en cet endroit; à l'entretoise inférieure de cette jumelle, est un crochet, auquel on attache l'anneau où les quatre cordes du plateau F, se réunissent; vers l'extrémité B du fléau, est un bouton dont l'usage est de retenir l'anneau du poids C, qui peut couler de B en D, & de D en B, dans lequel intervalle sont des divisions qui marquent les multiples & les aliquotes du poids C.

Usage de cette balance. On suspend cette machine par le crochet E, on met ensuite dans le plateau F, les choses que l'on veut peser: on fait ensuite couler le poids C, de B en D, ou de D en B, jusqu'à ce qu'il soit en équilibre avec le plateau chargé; on regarde quelle division répond à l'anneau qui sera, par exemple, la 6e, à compter de D en B, ce qui fait connoître que la marchandise dont le plateau est chargé, pese six fois autant que le poids C; ainsi si le poids C est de 20 B, la marchandise pesée est de 120 B.

En général, les poids sont en raison réciproque des leviers. Voyez Levier.

ROMAIN - MOTIER (Page 14:341)

ROMAIN - MOTIER, (Géog. mod.) ville de Suisse au pays Romand, dans un vallon, & chef - lieu d'un bailliage de même nom. Elle doit son origine à une abbaye qui portoit le nom de saint Romain, Romani monasterium. Cette abbaye a été changée en un château où réside le bailli. (D. J.)

ROMAN (Page 14:341)

ROMAN, s. m. (Fictions d'esprit.) récit fictif de diver ses avantures merveilleuses ou vraisemblables de la vie humaine; le plus beau roman du monde, Télémaque, est un vrai poëme à la mesure & à la rime près.

Je ne rechercherai point l'origine des romans, M. Huet a épuisé ce sujet, il faut le consulter. On connoît les amours de Diniace & de Déocillis par Antoine Diogène, c'est le premier des romans grecs. Jamblique a peint les amours de Rhodanis & de Simonide. Achillès Tatius a composé le romans de Leücippe & de Clitophon. Enfin Héliodore, évêque de Trica dans le quatrieme siecle, a raconté les amours de Théagène & de Chariclée.

Mais si les fictions romanesques furent chez les Grecs les fruits du goût, de la politesse, & de l'érudition; ce fut la grossiereté qui enfanta dans le onzieme siecle nos premiers romans de chevalerie. Voyez Roman de chevalerie.

Ils tiroient leur source de l'abus des légendes, & de la barbarie qui regnoit alors; cependant ces sortes de fictions se perfectionnerent insensiblement, & ne tomberent de mode, que quand la galanterie prit une nouvelle face au commencement du siecle dernier.

Honoré d'Urfé, dit M. Despreaux, homme de grande naissance dans le Lyonnois, & très - enclin à l'amour, voulant faire valoir un grand nombre de vers qu'il avoit composés pour ses maîtresses, & rassembler en un corps plusieurs avantures amoureuses qui lui étoient arrivées, s'avisa d'une invention très agréable. Il feignit que dans le Forès, petit pays contigu à la Limagne d'Auvergne, il y avoit du tems de nos premiers rois, une troupe de bergers & de bergeres qui habitoient sur les bords de la riviere du Lignon, & qui assez accommodés des biens de la fortune, ne laissoient pas néanmoins, par un simple amusement & pour le seul plaisir, de mener paître par eux - mêmes leurs troupeaux. Tous ces bergers & toutes ces bergeres, étant d'un fort grand loisir, l'amour, comme on le peut penser, & comme il le raconte lui - même, ne tarda guere à les y venir troubler, & produisit quantité d'événemens considérables.

M. d'Urfé y fit arriver toutes ses avantures, parmi lesquelles il en mêlâ beaucoup d'autres, & enchâssa les vers dont j'ai parlé, qui tous méchans qu'ils étoient, ne laisserent pas d'être goûtés, & de passer à la faveur de l'art avec lequel il les mit en oeuvre; car il soutint tout cela d'une narration également vive & fleurie, de fictions très - spirituelles, & de caracteres aussi finement imaginés qu'agréablement variés & bien suivis.

Il composa aussi un roman qui lui acquit beaucoup de réputation, & qui fut fort estimé, même des gens du goût le plus exquis, bien que la morale en fût vicieuse, puisquelle ne prêchoit que l'amour & la mollesse. Il en fit quatre volumes qu'il intitula Astrée, du nom de la plus belle de ses bergeres; c'étoit Diane de Chateau - Morand. Le premier volume parut en 1610, le second dix ans après, le troisieme cinq ans après le second, & le quatrieme en 1625. Après sa mort, Baro son ami, & selon quelques - uns son secrétaire, en composa sur son mémoire un cinquieme tome, qui en formoit la conclusion, & qui ne fut guere moins bien reçu que les quatre autres volumes.

Le grand succès de ce roman échauffa si bien les beaux esprits d'alors, qu'ils en firent à son imitation quantité de semblables, dont il y en avoit même de dix & de douze volumes; & ce fut pendant quelque tems, comme une espece de débordement sur le parnasse.

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On vantoit surtout ceux de Gomberville, de la Calprenede, de Desmarais, & de Scuderi. Mais ces imitateurs s'efforçant mal - à - propos d'enchérir sur leur original, & prétendant annoblir ses caracteres, tomberent dans la puérilité. Au lieu de prendre comme M. d'Urfé pour leurs héros, des bergers occupés du seul soin de gagner le coeur de leurs maîtresses, ils prirent, pour leur donner cette étrange occupation, non - seulement des princes & des rois, mais les plus fameux capitaines de l'antiquité qu'ils peignirent pleins du même esprit que ces bergers; ayant à leur exemple fait comme une espece de voeu de ne parler jamais & de n'entendre jamais parler que d'amour. De cette maniere, au lieu que M. d'Urfé dans son Astrée, avoit fait des bergers très - frivoles, des héros de roman considérables, ces auteurs au contraire, des héros les plus considérables de l'histoire, firent des bergers frivoles & quelquefois mêmes des bourgeois encore plus frivoles que ces bergers. Leurs ouvrages néanmoins, ne laisserent pas de trouver un nombre infini d'admirateurs, & eurent long - tems une fort grande vogue.

Mais ceux qui s'attirerent le plus d'applaudissemens, ce furent le Cyrus & la Clélie de mademoiselle de Scuderi, soeur de l'auteur du même nom. Cependant non - seulement elle tomba dans la même puérilité, mais elle la poussa encore à un plus grand excès. Au lieu de représenter, comme elle devoit, dans la personne de Cyrus un roi tel que le peint Hérodote, ou tel qu'il est figuré dans Xénophon, qui a fait aussi bien qu'elle un roman de la vie de ce prince; au lieu, dis - je, d'en faire un modele de perfection, elle composa un Artamène, plus fou que tous les Céladons & tous les Sylvandres, qui n'est occupé que du seul soin de sa Mandane, qui ne fait du matin au soir que lamenter, gémir & filer le parfait amour.

Elle a encore fait pis dans son autre roman, intitulé Clélie, où elle représente toutes les héroïnes & tous les héros de la république romaine naissante, les Clélies, les Lucrèces, les Horatius Coclès, les Mutius Scevola, les Brutus, encore plus amoureux qu'Artamène; ne s'occupant qu'à travers des cartes géographiques d'amour, qu'à se proposer les uns aux autres des questions & des énigmes galantes, en un mot, qu'à faire tout ce qui paroît le plus opposé au caractere & à la gravité héroïque de ces premiers Romains. Voilà d'excellentes remarques de M. Despreaux.

Madame la comtesse de la Fayette dégouta le public des fadaises ridicules dont nous venons de parler. L'on vit dans sa Zaïde & dans sa Princesse de Cleves des peintures véritables, & des avantures naturelles décrites avec grace. Le comte d'Hamilton eut l'art de les tourner dans le goût agréable & plaisant qui n'est pas le burlesque de Scarron. Mais la plûpart des autres romans qui leur ont succédé dans ce siecle, sont ou des productions dénuées d'imagination, ou des ouvrages propres à gâter le goût, ou ce qui est pis encore, des peintures obscènes dont les honnêtes gens sont révoltés. Enfin, les Anglois ont heureusement imaginé depuis peu de tourner ce genre de fictions à des choses utiles; & de les employer pour inspirer en amusant l'amour des bonnes moeurs & de la vertu, par des tableaux simples, naturels & ingénieux, des événemens de la vie. C'est ce qu'ont exécuté avec beaucoup de gloire & d'esprit, MM. Richardson & Fielding.

Les romans écrits dans ce bon goût, sont peut - être la derniere instruction qu'il reste à donner à une nation assez corrompue pour que tout autre lui soit inutile. Je voudrois qu'alors la composition de ces livres ne tombât qu'à d'honnêtes gens sensibles, & dont le coeur se peignît dans leurs écrits, à des auteurs qui ne fussent pas au - dessus des foiblesses de l'humanité, qui ne démontrassent pas tout d'un coup la vertu dans le ciel hors de la portée des hommes; mais qui la leur fissent aimer en la peignant d'abord moins austere, & qui ensuite du sein des passions, où l'on peut succomber & s'en repentir, sçussent les conduire insensiblement à l'amour du bon & du bien. C'est ce qu'a fait M. J. J. Rousseau dans sa nouvelle Héloïse.

Il semble donc, comme d'autres l'ont dit avant moi, que le roman & la comédie pourroient être aussi utiles qu'ils sont généralement nuisibles. L'on y voit de si grands exemples de constance, de vertu, de tendresse, & de désintéressement, de si beaux, & de si parfaits caracteres, que quand une jeune personne jette de là sa vue sur tout ce qui l'entoure, ne trouvant que des sujets indignes ou fort au - dessous de ce qu'elle vient d'admirer, je m'étonne avec la Bruyere qu'elle soit capable pour eux de la moindre foiblesse.

D'ailleurs on aime les romans sans s'en douter, à cause des passions qu'ils peignent, & de l'émotion qu'ils excitent. On peut par conséquent tourner avec fruit cette émotion & ces passions. On réussiroit d'autant mieux que les romans sont des ouvrages plus recherchés, plus débités, & plus avidemment goûtés, que tout ouvrage de morale, & autres qui demandent une sérieuse application d'esprit. En un mot, toute le monde est capable de lire les romans, presque tout le monde les lit, & l'on ne trouve qu'une poignee d'hommes qui s'occupent entierement des sciences abstraites de Platon, d'Aristote, ou d'Euclide. (Le chevalier de Jaucourt.)

Roman (Page 14:342)

Roman de chevalerie, (Belles - Lettres.) il paroit que le regne brillant de Charlemagne a été la source de tous les romans de chevalerie, & de la chevalerie elle - même, sans qu'on voye encore dans ce regne, ainsi que dans les siecles suivans, la valeur des chevaliers décider presque seule du sort des combats; mais on y remarque déjà des faits d'armes particuliers.

Quoi qu'il en soit, le roman de Turpin, archevêque de Reims, ce roman qu'on peut regarder comme le pere de tous les romans de chevalerie, n'a guere été composé, selon l'opinion commune, que sur la fin du xj. siecle, environ 250 ans après la mort de Charlemagne.

Gryphiander prétend qu'un moine nommé Robert est auteur de cette chronique, & qu'elle fut écrite pendant le concile de Clermont assemblé par Urbain II. en l'année 1095. Pierre l'Hermite préchoit alors la premiere croisade, & l'objet du roman a constamment été d'échauffer les esprits, & de les animer à la guerre contre les infideles. Le nom de Turpin est supposé, & le moine est certainement un fort mauvais historien.

La valeur de Charlemagne, ses hauts faits d'armes égaux à ceux des chevaliers les plus renommés, la force & l'intrépidité de son neveu Rolland, sont bien marqués au coin de la chevalerie qui s'introduisit depuis son regne. Durandal est une épée que tous les romanciers ont eu en vue dans la suite; elle coupe un rocher en deux parts, & fait cette grande opération entre les mains de Roland affoibli par la perte de son sang. Ce héros mourant sonne de son cors d'ivoire, & son dernier soupir est si terrible, que le cors en est brisé. Ces prodiges de force rapportés sans nécessité, donnent à entendre qu'ils étoient reçus dans le tems que la chronique a été composée, & que l'auteur a seulement voulu parler la langue de son tems.

Il paroit par la lecture de Turpin, que les chevaliers n'étoient connus ni de nom ni d'effet, avant le regne de Charlemagne, ni même durant son regne: ce que prouve encore le silence des historiens contemporains de ce prince, ou qui ont écrit peu après

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