ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Mets voiles au vent, cingle vers nous, Caron, Car on t'attend, &c.

Rime (Page 14:293)

Rime kirielie, elle consiste à terminer chaque couplet d'un petit poeme par un même vers:

Qui voudra savoir la pratique De cette rime juridique, Saura que bien mise en effet, La kirielle ainsi se fait De plates, de syllabes huit; Usez - en donc si bien vous duit, Pour faire le couplet parfait, La kirielle ainsi se fait. On voit bien que cet exemple se ressent de l'origine barbare de la kirielle; mais nous ne manquons pas de couplets de chansons où elle est mise avec esprit.

Rime (Page 14:293)

Rime rétrograde, sous Charles VIII. & Louis XII. les poëtes avoient mis les rimes rétrogrades en vogue; c'étoit le nom qu'on avoit donné aux vers, lorsqu'en les lisant à - rebours, on y trouvoit encore la mesure & la rime, comme dans ceux - ci; exemple:

Triomphamment cherchez honneurs & prix, Désolez, coeurs méchans, infortunés Terriblement êtes mocquez & pris. Lisez ces vers en remontant, vous trouverez les mêmes rimes.

Prix & honneurs cherchez triomphamment, &c.

Rime (Page 14:293)

Rime sénée, on nommoit ainsi les vers où tous les mots commençoient par la même lettre; exemple:

Ardent amour, adorable Angélique.

Un poëme dont tous les vers commençoient par une meme lettre, s'appelloit poëme en rimes sénées.

Rime (Page 14:293)

Rime feminine, les vers qui finissent par un mot dont la derniere syllabe a pour voyelle un e muet, excepté dans les imparfaits charmoient, aimoient; ces vers, dis - je, ont une rime féminine, & on les appelle aussi vers féminins; exemple:

Victoire         Armes
                 
Gloire           Charmes
Dans la rime féminine, la ressemblance du son se tire de la pénultieme syllabe, parce que l'e muet ne se faisant point sentir, n'est compté pour rien. Dans le dernier hémistiche des vers de rime féminine, il y a toujours une syllabe de plus que dans les vers masculins, qui est la syllabe formée par cet e muet.

Rime (Page 14:293)

Rime masculine, c'est lorsque la derniere syllabe du dernier mot du vers ne comprend point un e muet, qu'on nomme autrement e féminin; exemple:

Fierté         Soupirs
               
Beauté         Desirs
Dans cette sorte de rime, on ne considere que la derniere syllabe pour la ressemblance du son, & c'est cette syllabe qui fait la rime. Les mots qui ont un e ouvert rimeroient très - mal avec ceux qui ont un e fermé à la derniere syllabe; ainsi enfer & étouffer seroient des rimes vicieuses: il faut, autant qu'il est possible, que les dernieres syllabes des deux vers qui riment, se ressemblent parfaitement; cependant on use d'indulgence à cet égard quand le son de la derniere syllabe est plein, ou que les rimes sont rares.

Rime (Page 14:293)

Rime normande, on appelle ainsi des rimes qui ne ressemblent que dans le son, ou dans la maniere de les écrire. Ces rimes quoiqu'autorisées par l'emploi qu'en ont fait des poëtes célebres, paroissent toutefois très - vicieuses; exemple:

Et quand avec transport je pense m'approcher, De tout ce que les dieux m'ont laissé de plus cher.

Rime (Page 14:293)

Rime redoublée, Chapelle (Claude l'Huillier), eleve du célebre Gassendi, inspira le goût des rimes redoublées à l'abbé de Chaulieu, à ce qu'il nous dit lui - même:

Chapelle au milieu d'eux, ce maître qui m'apprit Au son harmonieux de rimes redoublées, L'art de charmer l'oreille & d'amuser l'esprit, Par la diversité de cent nobles idées. Ces vers ont fait croire à bien des gens que Chapelle est le premier qui s'est servi des rimes redoublées: mais c'est une erreur; d'Assoucy les employa long - tems avant lui, & même avec quelque succes, comme M. de Voltaire l'a remarqué.

Pourquoi donc, sexe au teint de rose, Quand la charité vous impose La loi d'aimer votre prochain, Pouvez vous me haïr sans cause, Moi qui ne vous fis jamais rien? Ah! pour mon bonheur je vois bien, Qu'il faut vous faire quelque chose. (D. J.)

Rime (Page 14:293)

Rime riche, terme de Poésie pour marquer le degré de perfection dans cette partie du vers.

La rime féminine est riche, lorsqu'immédiatement devant la pénultieme voyelle ou diphtongue, il y a une même lettre dans les deux qui font la rime; exemple:

Victoire         Rebelle
                 
Histoire         Isabelle
La rime masculine est riche, lorsqu'immédiatement devant la derniere voyelle ou diphtongue, il se trouve quelque lettre semblable dans les deux mots, comme dans heureux, généreux.

Rime (Page 14:293)

Rime suffisante, la rime féminine est suffisante, lorsque la pénultieme voyelle ou diphtongue avec tout ce qui la suit, rendent un même son dans les mots qui ont la rime: Exemple,

Belle,             Victoire,
                   
Insidelle.         Gloire.

La rime masculine est pareillement suffisante, lorsque la derniere voyelle ou diphtongue des mots avec tout ce qui la suit, rendent un même son: Exemple,

Espoir,         Heureux,
                
Devoir.         Honteux.

Rimes (Page 14:293)

Rimes croisées, c'est lorsqu'on entrelace les vers des deux especes, un masculin après un féminin, ou deux masculins de même rime entre deux féminins qui riment ensemble. L'ode, le rondeau, le sonnet, la balade, se composent à rimes croisées.

Rimes (Page 14:293)

Rimes mélées, c'est lorsque dans le mélange des vers, on ne garde d'autres regles que celle de ne pas mettre de suite plus de deux vers masculins, ou plus de deux féminins. Les fables, les madrigaux, les chansons, quelques idilles, certaines pieces de théâtre, les opéra, les cantates, &c. sont composés de rimes mélées. La répétition de la même consonnance, loin d'être vicieuse dans les rimes mélées, y jette pour l'ordinaire de l'agrément.

Rimes (Page 14:293)

Rimes plates, c'est lorsque les vers de même rimes se suivent par couples, deux masculins & deux séminins. La comédie, l'églogue & l'élégie, se composent à rimes plates. Pour le poëme épique & la tragédie, ils sont nécessairement assujettis à cette ordonnance de vers. Il faut avoir soin d'éviter la fréquente répétition des mêmes rimes, qui feroient une monotonie desagréable.

Rimes (Page 14:293)

Rimes unissonnes, rimes qui ont le même son. L'orthographe différente ne rend point la rime défectueuse, quand le son est le même à la fin des mots. Ainsi les rimes suivantes & autres semblables, sont régulieres. Amant, moment; départ, hasard; champetre, connoître; sang, flanc; aime, extrême.

Tout conspire à la fois à troubler mon repos, Et je me plains ici du moindre de mes maux.

Au reste M. l'abbé Massieu prétend que le plus ancien morceau de poésie rimé qu'il y ait dans toute l'Europe, est la traduction ou le poëme de la grace, [p. 294] composé par Afrid, religieux de Vissembourg, qui vivoit vers le milieu du neuvieme siecle; c'est du franc tout pur, auquel nous n'entendons plus rien. (D. J.)

Rime (Page 14:294)

Rime, on sousentend longue, (Marine.) commandement à l'équipage d'une chaloupe, de prendre beaucoup d'eau avec les pelles de rames, & de tirer longuement dessus ces rames.

Rime bonne (Page 14:294)

Rime bonne, ou Bonne rime, (Marine.) commandement aux matelots du dernier banc d'une chaloupe, de voguer ou de ramer comme il faut.

RIMEUR (Page 14:294)

RIMEUR, s. m. (Littérat.) écrivain qui rime ou qui compose des vers rimés. Ce terme n'est guere usité qu'en Poésie, où il est synonyme à poëte, & se prend ordinairement en bonne part, à moins qu'il ne soit restraint & déterminé par quelque épithete de blâme. Ainsi M. Despréaux a dit qu'Apollon

Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois, Inventa du sonnet les rigoureuses lois.

Et ailleurs,

Gardez vous d'imiter ce rimeur furieux; où il s'agit de Charles du Perier, un des meilleurs poëtes latins & françois que nous ayons eu.

RIMINI (Page 14:294)

RIMINI, (Géogr. mod.) en latin Ariminum, ville d'Italie dans l'etat de l'Eglise & dans la Romagne, située à l'embouchure de la Marecchia dans la mer Adriatique, à 25 milles au sud - est de Ravenne, & à 20 milles au nord ouest de Pesaro. Long. 30. 15. lat. suivant des Places, 43. 59. 28.

Cette ville étoit anciennement dans le pays des Sénonois d'Italie, & devint ensuite colonie romaine. Tite - Live, l. XXVII. la met au nombre des dix - huit colonies qui assisterent la république de Rome dans le tems des prospérités d'Annibal. Il paroît qu'elle étoit chérie des Romains par les beaux restes d'antiquité qui s'y voyent encore. Auguste y fit bâtir le magnifique pont sur lequel on passe la Marecchia. Il joignit à Rimini la voie Flaminienne avec la voie Emilienne. Tibere contribua de son coté à la construction de ce pont, c'est - à - dire qu'il le finit. Les autres antiquités de Rimini sont les ruines d'un amphithéatre, celles d'un arc triomphal érigé pour Auguste, & la tour de briques, qui etoit le phare de l'ancien port; mais la mer s'étant retirée à un demi-mille de cet endroit, le phare est présentement environné de jardins.

Rimini fut sujette aux empereurs romains jusqu'à la fin de leur empire. Elle obéit aux exarques de Ravenne tant qu'ils se maintinrent; ensuite elle subit le joug des Lombards: après que ceux - ci eurent été défaits par les François, elle reconnut les rois d'Italie, & puis les Malatestes, vicaires de ceux - ci. Pandolfe l'un d'eux, vendit la ville aux Vénitiens; mais l'armée de ces derniers ayant été défaite à Rivolta - Secca par les troupes de Louis XII. roi de France, ce prince mit le pape en possession de Rimini, possession qu'il a gardée jusqu'à ce jour.

Cette ville est aujourd'hui petite, dépeuplée, pauvre & sans fortification; elle n'a jamais été féconde en savans, mais en quelques théologiens scholastiques, tel a été Grégoire dit de Rimini, surnommé le docteur authentique, & qui étoit général des Augustins en 1357.

Battaglini (Marc) né à Rimini en 1645, s'est un peu distingué de ses confreres par quelques ouvrages italiens, & entre autres par son istoria universale di tulli i concilii generali particolari di santa Chiesa. Le pape Clément XI. le nomma à l'évêché de Cesène en 1716; mais il mourut peu de tems après âgé de 71 ans. Le P. Niceron a mis cet évêque au rang des hommes illustres. (D. J.)

RIMMAGEN, ou RIMAGEN (Page 14:294)

RIMMAGEN, ou RIMAGEN, (Géogr. mod.) petite ville d'Allemagne dans le duché de Juliers, sur le bord du Rhein. On a trouvé auprès de cette ville quelques antiquités romaines, ainsi que d'anciennes monnoies d'or & d'argent, ce qui joint à la ressemblance du nom, a fait regarder Rimmagen pour être le Rigomagum de Tacite. (D. J.)

RIMOCASTRI (Page 14:294)

RIMOCASTRI, (Géogr. anc.) village de la Baeotie: Wheler, dans son voyage de Grece, dit tom. II. l. III. Rimocastri est situé sur la croupe d'une montagne, qui découvre une grande plaine au sud, & a une vue sans borne vers la Morée, entre Hélicon & Cythaeron. Il est partagé en trois petits groupes de maisons, deux sur la montagne & une au - dessous, qui peuvent faire en tout environ cent cabanes de grees & d'albanois, tous chretiens, excepté un sous - bacha qui les gouverne & qui est turc. La partie du village qui est sur la pointe de la croupe, paroît avoir été autrefois fortifiée d'un fossé du côté du nord; le précipice de la montagne la défendant de l'autre côté, quoique sans né essité à présent, leur pauvreté les mettant à couvert de toute entreprise. Le vin est ici le meilleur & le plus fort de toute la Grece. Il y a au pié de cette même montagne plusieurs grandes ruines que quelques - uns croyent être celles de l'ancienne Thespia, & que d'autres prennent pour celles de la ville de Thispa. (D. J.)

RINCEAU (Page 14:294)

RINCEAU, s. m. (Archit.) espece de branche qui prenant ordinairement naissance d'un culot, est formée de grandes feuilles naturelles ou imaginaires, & refendues comme l'acanthe & le persil, avec fleurons, roses, boutons & graines, & qui sert à decorer les frises, gorges & panneaux d'ornement. Il y a dans la vigne de Médicis à Rome, des rinceaux antiques de marbre d'une singuliere beauté. (D. J.)

Rinceau (Page 14:294)

Rinceau, (Jardinage.) ornement de parterre formant une espece de ramage ou de grand feuillage, qui prend naissance d'un culot, & se porte vers le milieu du talleau, en rejettant d'espace en espace des palmettes, des fleurs, des graines, & autres ornemens. Les rinceaux ne sont plus si à la mode. On leur préfere les massifs de gason qui forment des compartimens & des cartouches, rendent la broderie plus légere, & en interrompent le trop de longueur.

RINCEAU (Page 14:294)

RINCEAU, terme de Blason; lorsqu'on voit des branches croisées & enlacées sur un écu, on le blasonne aux rinceaux passés en sautoir. (D. J.)

RINCER (Page 14:294)

RINCER, v. act. (Gramm.) c'est nettoyer un vaisseau avec de l'eau; on rince un verre, un pot, une terrine, sa bouche, &c.

Rincer (Page 14:294)

Rincer, terme usité dans les ports de Paris, pour signifier l'action de changer une marchandise d'un bateau en un autre.

RINGARD (Page 14:294)

RINGARD, s. m. (Forgerie.) barre de fer dont on se sert pour manier de grosses pieces à forger, comme une enclume. On le dit aussi d'un gros bâton ferré. Dict. des Arts. (D. J.)

RINGCOPING (Page 14:294)

RINGCOPING, (Géogr. mod.) petite ville de Danemark dans le Nortjutland, au diocese de Rypen, sur la côte occidentale. (D. J.)

RINGEAU, ou RINJOT (Page 14:294)

RINGEAU, ou RINJOT, s. m. (Marine.) c'est l'endroit où la quille & l'étrave d'un vaisseau se joignent.

RINGSTEDT, ou RINGSTAD (Page 14:294)

RINGSTEDT, ou RINGSTAD, (Géogr. mod.) ville de Danemark dans l'île de Selande, chef - lieu d'un bailliage de même nom; il y avoit autrefois un monastere où Waldemar I. & Erric le Pieux, ont eu leur sépulture. Long. 29. 44. latit. 55. 26. (D. J.)

RINTLEN (Page 14:294)

RINTLEN, (Géogr. mod.) ville d'Allemagne dans la Westphalie, au comté de Schawenbourg sur le Weser, entre Menden & Hambourg. Ernest, prince de Holstein, établit en 1612, une académie en cette ville, à laquelle l'empereur Ferdinand II. accorda des privileges. Long. 26. 45. latit. 52. 16.

Henichius (Jean) théologien, naquit à Rintlin en 1616, & mourut en 1671, à 55 ans. Ses principaux

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