ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"197"> c. xiij. & xv. Hieron. epitaph. Paul. D. Thom. & Est. in epher. iv. 13.

Enfin plusieurs anciens ont douté que les semmes dussent ressusciter dans leur propre sexe, se fondant sur ces paroles de Jesus - Christ, dans la résurrection ils ne se marieront pas & n'epouseront point de femmes. A quoi l'on ajoute que, selon Moïse, la femme n'a été tirée de l'homme que comme un accident ou un accessoire, & par conséquent qu'elle ressuscitera sans distinction du sexe. Mais on répond que si la distinction des sexes n'est pas nécessaire après la résurrection, elle ne l'est pas plus pour l'homme que pour la femme: que la femme n'est pas moins parfaite en son genre que l'homme, & qu'enfin le sexe de la femme n'est rien moins qu'un défaut ou une imperfection de la nature. Non onim est vitium sexus foemineus sed natura. Aug. de civit. Dei, lib. XXII. c. xvij. Origen. in Matth. xxiij. 30. Hilar. & Hieron. in eund. loc. Athanas. Basil. & alii apud August. lib. XXII. de civil. Dei, c. xvij. Dictionn. de la Bible de Calmet, tome III. lettre R, au mot résurrection, p. 371. & suiv.

Les Chrétiens croient en général la résurrection du même corps identique, de la même chair & des mêmes os qu'on aura eu pendant la vie au jour du jugement. Voici deux objections que les Philosophes opposent à cette opinion avec les solutions qu'on y donne.

1°. On objecte que la même masse de matiere & de substance pourroit faire au tems de la résurrection partie de deux ou de plusieurs corps. Ainsi quand un poisson se nourrit du corps d'un homme, & qu'un autre homme ensuite se nourrit du poisson, partie du corps de ce premier homme devient d'abord incorporé avec le poisson, & ensuite dans le dernier homme qui se nourrit de ce poisson. D'ailleurs on a vu des exemples d'hommes qui en mangeoient d'autres, comme les Cannibales & les autres sauvages des Indes occidentales le pratiquent encore à l'egard de leurs prisonniers. Or quand la substance de l'un est ainsi convertie en celle de l'autre, chacun ne peut pas ressusciter avec son corps entier; à qui donc, demande - t - on, échoira la partie qui est commune à ces deux hommes?

Quelques - uns répondent à cette difficulté que comme toute matiere n'est pas propre & disposée à être égalée au corps & à s'incorporer avec lui, la chair humaine peut être probablement de cette espece, & par conséquent que la partie du corps d'un homme qui est ainsi mangée par un autre homme, peut sortir & être chassée par les secrétions, & que, quoique confondue en apparence avec le reste de la matiere, elle s'en séparera par la toute - puissance divine au jour de la résurrection générale, pour le rejoindre au corps dont elle aura fait partie pendant la vie présente.

Mais la réponse de M. Leibnitz paroît être plus solide. Tout ce qui est essentiel au corps, dit - il, est le stamen originel qui existoit dans la semence du pere, bien plus, suivant la théorie moderne de la génération, qui existoit même dans la semence du premier homme. Nous pouvons concevoir ce stamen comme la plus petite tache ou point imaginable, qui par conséquent ne peut être séparé ou déchiré pour s'unir au stamen d'aucun autre homme. Toute cette masse que nous voyons dans le corps n'est qu'un accroissement au stamen originel, une addition de matiere étrangere, de nouveaux sucs qui sé sont joints au stamen solide & primitif: il n'y a donc point de réciprocation de la matiere propre du corps humain, par conséquent point d'incorporation, & la difficulté proposée tombe d'elle - même, parce qu'elle n'est appuyée que sur une fausse hypothèse. Voyez Stamen, Solide, Cênération

2°. On objecte que, selon les dernieres découvertes qu'on a faites sur l'énonomie animale, le corps humain change perpétuellement. Le corps d'un homme, dit - on, n'est pas entierement le même aujourd'hui qu'il étoit hier. On prétend qu'en sept ans de tems le corps éprouve un changement total, de sorte qu'il n'en reste pas la moindre particule. Quel est, demande - t - on, celui de tous ces corps qu'un homme a eu pendant le cours de sa vie qui ressuscitera? Toute la matiere qui lui a appartenu ressuscitera - t - elle? Ou si ce n'en sera qu'un système particulier, c'est - à - dire la portion qui aura composé son corps pendant tel ou tel espace de tems, sera - ce le corps qu'il aura eu à vingt ans, ou à trente ou à soixante ans? S'il n'y a que tel ou tel de ces corps qui ressuscite, comment est - ce qu'il pourra être récompensé ou puni pour ce qui aura été fait par un autre corps? Quelle justice y a - t - il de faire souffrir une personne pour une autre?

On peut répondre à cela sur les principes de M. Locke, que l'identité personnelle d'un être raisonnable consiste dans le sentiment intérieur, dans la puissance de se considérer soi - même comme la même chose en différens tems & lieux. Par - là chacun est à soi, ce qu'il appelle soi - même, sans considérer si ce même est continué dans la même substance ou dans des substances différentes. L'identité de cette personne va même jusques - là; elle est à présent le même soi - même qu'elle étoit alors, & c'est par le même soi - même qui réfléchit maintenant sur l'action que l'action a été faite.

Or c'est cette identité personnelle qui est l'objet des récompenses & des punitions, & que nous avons observé pouvoir exister dans les différentes successions de matiere; de sorte que pour rendre les récompenses ou les punitions justes & raisonnables, il ne faut rien autre chose sinon que nous ressuscitions avec un corps rel que nous puissions avec lui retenir le temoignage de nes actions. Au reste on peut voir dans Nieuvenrit une excellente dissertation sur la résurrection. Cet auteur prouve très - bien l'identité que l'on conteste & répond solidement aux objections.

RETABLE (Page 14:197)

RETABLE, s. m. (Archit.) c'est l'architecture de marbre, de pierre ou de hois, qui compose les décorations d'un autel; & contre - retable, est le fonds en maniere de lambris, pour mettre un tableau ou un bas - relief, & contre lequel est adossé le tabernacle avec ses gradins. Daviler. (D. J.)

RETABLTR (Page 14:197)

RETABLTR, (Gram. & Jurisp.) c'est remettre une personne ou une chose dans l'état où elle étoit auparavant. On rétablit dans ses fonctions un officier qui étoit interdit; on rétablit en sa bonne fame & renommée, un homme qui avoit été condamne injustement à quelque peine qui le notoit d'infamie; on rétablit en possession d'un héritage ou autre immeuble, quelqu'un qui avoit été dépouillé, soit par force ou autrement; on rétablit dans un compte un article qui avoit été rayé. Voyez Rétablissement. (A)

RETABLISSEMENT (Page 14:197)

RETABLISSEMENT, s. m. (Gram. & Jurisp.) d'une partie ou article de recette, dépense ou reprise dans un compte, est lorsque l'article qui avoit été rayé comme n'étant pas dû, est réformé, remis tel qu'il étoit couché & ailoué. (A)

Rétablissement (Page 14:197)

Rétablissement, ce terme signifie en pratique de Médecine, le recouvrement entier & total de la santé. Il ne doit point être confondu avec celui de convalescence, qui signifie un état bien different de celui du rétablissement. Les malades & le vulgaire ne distinguent guere ces deux états, ce qu'il importe bien d'éviter pour le bien des malades, attendu que dans le rétablissement les forces des malades sont entierement recouvrées, & qu'ils n'ont point besoin d'observer aucun ménagement sur l'usage des alimens, des boissons, & des autres non - naturels; dans la convalelcence au contraire, on doit éviter l'excès, & [p. 198] tâcher de tenir un régime exact. Cette idée du rétablissement mérite d'être examinée; il ne faut point la confondre avec celle de la convalescence, mais bien avec le recouvrement des forces.

Le rétablissement parfait & total est la même chose que la santé même, ainsi il ne convient pas de traiter dans cet état, comme dans celui de la convalescence, attendu que dans celle - ci les organes digestifs sont considérablement diminués par les évacuations & les accidens des maladies.

RETAILLES (Page 14:198)

RETAILLES, s. m. pl. terme de Peaussier, ce sont les rognures des peaux d'animaux, qui sont propres à faire de la colle - forte.

RETAILLÉ (Page 14:198)

RETAILLÉ, adj. terme de Chirurgie dont Ambroise Paré s'est servi pour dénommer celui qui a souffert une opération, dans la vue de recouvrer le prépuce qui lui manquoit. Cette opération est décrite par Celse, lib. VII. c. xxv. Il croit la chose plus aisée sur un enfant que sur un homme; plus encore sur quelqu'un à qui le défaut de prépuce est naturel, que sur un autre qui a été circoncis; & beaucoup plus facile sur une personne qui a le gland petit, & la peau lâche, que sur une où ces choses sont contraires. Voici la méthode d'opérer que Celse propose pour ceux qui ont le paraphimosis naturel. Il faut prendre la peau autour du gland, & la tirer jusqu'à ce qu'il en soit couvert; & après l'avoir liée, on coupera circulairement la peau auprès du pubis: en la ramenant doucement vers le lien, la verge se trouvera découverte à sa partie supérieure en forme de cercle. On appliquera de la charpie sur cette plaie, & on contiendra la peau inférieurement, jusqu'à ce que la cicatrice soit faite. A l'égard de ceux qui ont été circoncis, qu'on nomme en latin recutiti, & qui méritent seuls le nom de retaillés, voici l'opération par laquelle ils peuvent l'acquérir: c'est encore d'après Celse que j'en donnerai la description; il en parle comme d'une chose d'usage ordinaire. On détachera la peau de la verge, en faisant une incision sous le cercle du gland. Cette opération, dit - il, n'est pas douloureuse, parce qu'après l'incision on tire avec la main, la peau de bas en - haut jusqu'au pubis, ce qui se fait sans effusion de sang; on ramene ensuite la peau plus bas que le gland: alors on trempe la verge dans de l'eau froide, & on l'entoure d'un médicament répercussif; on met le malade à une diete très - rigoureuse pour éviter les érections. Lorsque l'inflammation est passée, on ôte l'appareil, & l'on fait un bandage qui commence depuis l'os pubis, jusqu'au bout de la verge, ayant eu soin de mettre un emplâtre retourné entre la peau & le gland, de façon que le médicament porte sur la plaie intérieure, afin de la cicatriser sans qu'elle contracte d'adhérence. Ambroise, qui ne cite point Celse, paroît néanmoins avoir emprunté de lui tout ce qu'il dit sur cette opération, en proposant les deux méthodes sans distinction, & disant que ceux qui ont été circoncis par commandement de la loi en leur enfance, se font faire cette opération afin de n'être pas reconnus pour Juifs, lorsqu'ils viennent à quitter leur religion. Celse donne la bienséance pour motif déterminant, ce que Fabrice d'Aquapendente tourne en ridicule, en désapprouvant cette opération. Et en effet, quelle bienséance, & quel ornement peut - on chercher dans une partie qu'on doit tenir cachée aux yeux de tout le monde? D'ailleurs il remarque qu'il ne résulte aucune lésion de fonctions d'avoir le gland découvert. Les Juifs engendrent des enfans, & connoissent les femmes comme les autres hommes; il en conclut que cette opération n'est pas nécessaire, & qu'on ne doit point la pratiquer. Paul d'AEgine rapporte les deux méthodes d'opérer d'après Anthylus; mais il a prévenu Celse dans le jugement désavantageux porté contre une opération douloureuse, faite sans besoin pour réparer un vice qui ne porte aucune atteinte aux fonctions, & dont l'indécence prétendue n'exige pas le tourment qu'il faudroit souffrir pour en être délivré. (Y)

RETAILLER (Page 14:198)

RETAILLER, v. a. (Gram.) tailler de nouveau. Un habit retaillé ne va jamais bien.

RETAPER les cheveux (Page 14:198)

RETAPER les cheveux, terme de Perruquier, c'est les peigner à rebours en commençant par le côté de la pointe, afin de faire renfler la frisure pour arranger ensuite les boucles. Voyez Accommoder.

RETARD (Page 14:198)

RETARD, s. m. terme d'Horlogerie, signifie proprement la partie d'une montre qui sert à retarder ou à avancer son mouvement. Les principales pieces qui servent à cette opération sont, la roue de rosette & la rosette, la portion de roue appellée rateau, & la coulisse; toutes ces pieces sont attachées sur la platine du nom: elles exigent, & principalement la coulisse de la part de l'ouvrier, beaucoup de précision, arrivant souvent qu'une montre, même d'ailleurs très - parfaite, mais négligée dans cette partie, va très - irrégulierement & s'arrête dans certaines circonstances. Ces inconvéniens proviennent souvent de ce qu'en avançant ou retardant la montre jusqu'à un certain période, cela fait tant soit peu lever la coulisse, & qu'alors le balancier frottant dessus, arrête son mouvement, ou la fait aller très - irrégulierement lorsque le frottement n'est point assez fort pour arrêter ses vibrations. L'on pourroit prévenir ces inconvéniens, supprimer plusieurs pieces, & rendre les montres beaucoup plus parfaites, en imitant la construction mise en pratique par Beeckaert, horloger, beaucoup plus simple & exempte des vicissitudes auxquelles sont sujettes les coulisses ordinaires. Il supprime la roue de rosette, la rosette, le rateau, la coulisse, l'aiguille & des visses; à toutes ces pieces il supplée une aiguille tournante au moyen du bout de la clé, retenu au centre du coq par le pont d'acier, qui sert en même tems pour recevoir le bout du pivot du balancier. Cette aiguille aboutit au bord du coq, où sont des chiffres & divisions pour indiquer l'avance & le retard; elle porte à - travers le coq une cheville fendue, à l'effet de serrer le ressort spiral. Ce ressort est entre le balancier & le coq, moyennant quoi le balancier se trouve rapproché du milieu de ses deux axes de toute la hauteur de la virole. Cet objet peut importer à la perfection des montres.

RETARDATION (Page 14:198)

RETARDATION, s. f. en Physique, se dit du ralentissement du mouvement d'un corps, en tant que ce ralentissement est l'effet d'une cause ou force retardatrice. Ce mot retardation, n'est pas extrèmement usité. Voyez Mouvement, Résistance & Retardatrice.

La retardation des corps en mouvement provient de deux causes générales; la résistance du milieu, & la force de la gravité.

La retardation qui provient de la résistance, se confond souvent avec la résistance même; parce que par rapport à un même corps elles sont proportionnelles. Voyez Résistance.

Cependant par rapport à différens corps, la même résistance produit différentes retardations: car si des corps de volumes égaux, mais de différentes densités, sont mus dans un même fluide avec une vîtesse égale, le fluide agira également sur tous les deux; en sorte qu'ils souffriront des résistances égales, mais différentes retardations; & les retardations seront pour chacun des corps, comme les vîtesses qui pourroient être engendrées par les mêmes forces dans les corps proposés; c'est - à - dire que ces retardations sont en raison inverse des quantités de matiere de ces deux corps, ou de leurs densités.

Supposons à présent que deux corps d'une égale densité, mais de volumes différens, se meuvent avec la même vîtesse dans un même fluide, les résistances

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