ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"185"> d'une maniere très - sensible la respiration; son action est surtout empêchée par les passions d'ame, par les contentions trop grandes & trop continuées. La respiration est dans tous ces sujets plus ou moins gênée. Il semble que les derniers occupés à d'autres choses oublient de respirer, leur respiration est de même que dans ceux qui delirent, grande & rare.

4°. Les maladies, soit aigues, soit chroniques, qui affectent indistinctement tout le corps, dérangent la respiration, soit en troublant l'uniformité de la circulation, soit en occasionnant une distribution inégale de forces, soit enfin en privant les organes de la respiration, ainsi que toutes les parties du corps, de la quantite de torces nécessaires; on peut dans cette classe ranger d'abord toutes les fievres, ensuite les maladies nerveuses, & enfin les maladies cachectiques, & les derniers momens des autres maladies de quelque espece qu'elles soient, tems auquel la nature épuisée laisse tous les organes dans un affaissement & un inexercice mortels.

On distingue plusieurs sortes de respirations vicieuses, ou qui s'éloignent de l'état naturel; 1°. la respiration grande qui se manifeste par une dilatation plus considérable du thorax; 2°. la respiration petite, ainsi appellée, lorsque la poitrine ne se dilate pas suffisamment; 3°. la respiration difficile qui s'exerce avec beaucoup de gêne & des efforts sensibles; la respiration sublime & droite, ou l'orthopnée en sont des variétés & des degrés; 4°. la respiration fréquente; 5°. celle qui est rare, lorsque l'inspiration & l'expiration se succedent à des intervalles ou trop courts ou trop longs; 6°. la respiration chaude; 7°. celle qui est froide: ces différences sont fondées sur la qualité de l'air expiré; 8°. la respiration inégale où les deux tems ne sont pas entr'eux dans une juste proportion; 9°. enfin la respiration sonore, accompagnée de bruit, de soupir ou de ralement.

Un danger plus ou moins pressant accompagne toujours ces dérangemens dans la respiration, & ils sont toujours d'un mauvais augure, quand ils surviennent dans le courant des maladies aiguës. La respiration libre, naturelle & réguliere est le signe le plus certain de guérison; lorsqu'elle se soutient dans cet état, quoique les autres signes soient fâcheux, quoique le malade paroisse dans un danger pressant, on peut être tranquille, il en réchappera. La siberté de la respiraton, dit Hippocrate, aunonce une issue favorable dans toutes les maladies aiguës. dont la crise se fait dans l'espace de quarante jours. Prognost. lib. Mais aussi ce seul signe mauvais doit épouvanter le médecin; en vain les autres signes paroitroient bons, il auroit tort de s'y fier; il se méprendra sûrement, s'il néglige les lumieres que lui fournit l'état contre nature de la respiration; les présages qu'on peut en tirer, varient, & suivant l'espece de maladie, & suivant la nature du dérangement de cette fonction; ils seront beaucoup plus assurés, lorsqu'ils seront soutenus par le concours des autres signes que le médecin prudent ne doit jamais perdre de vue, afin d'établir sur leur ensemble un prognostic incontestable.

La respiration grande n'est point pour l'ordinaire mauvaise; elle marque beaucoup de facilité & d'aisance dans les mouvemens des organes; elle indique quelquefois, suivant l'expression de Galien, chaleur dans la poitrine, & surabondance d'excrémens fuligineux, & pour lors elle est ordinairement plus précipitée. La respiration qui est en même tems grande & rare, est un signe de délire présent ou prochain, & par conséquent d'un mauvais augure, comme le prouvent les observations rapportées par Hippocrate dans ses épidémies, de Philiscus de Silene, de la femme de Dromeade & d'un jeune homme de Mélibée. La respiration petite est beaucoup plus fâcheuse que la grande. Elle dénote évidemment un grand embarras de la poitrine, des obstacles dans les organes du mouvement, ou bien une douleur vive dans quelqu'une des parties voisines; c'est ainsi qu'un pleurétique pressé par un point de côté très - vif, retient, autant qu'il peut, sa respiration, & tâche de rendre ses inspirations petites, parce qu'il s'est apperçu qu'elles augmentoient la vivacité de sa douleur; souvent alors la fréquence des inspirations supplée le défaut de grandeur, & l'on voit la respiration s'accélérer, à mesure qu'elle devient plus petite; dans cet état elle indique, suivant Hippocrate. l'inflammation & la douleur des parties principales; & ce présage est d'autant plus assuré, & en même tems fâcheux, que la respiration petite succede à une grande respiration; si la fréquence n'augmente pas en même tems que la petitesse, ou ce qui est en core pis, si elle est en même tems rare & petite, c'est un signe mortel qui dénote la foiblesse extrème de la nature. Il n'est pas rare alors d'observer l'haleine de ces malades troide: ce qui ajoute encore au danger de cette respiration.

Le danger attaché à la respiration difficile varie suivant les degrés; lorsque la difficulté de respirerest légere, & dans les maladies où elle doit toujours se rencontrer, telles que la pleurésie, l'hépatitis, &c. elle ne change rien au danger que courent ces malades; mais si elle est jointe au délire, elle annonce la mort; une simple difficulté de respirer, ou dyspnée, qui éveille en sursaut les malades pendant la nuit, est, suivant les observations de Baglivi & de Nenter, un signe avant - coureur ou diagnostic d'une hydropisie de poitrine; lorsque la difficulté de respirer est au point que tous les muscles de la poitrine, des épaules, & quelques - uns des bras & du cou, sont obligés de concourir à la dilatation du thorax, & mettent toutes ces parties dans un mouvement continuel, & qu'en même tems les ailes du nez sont alongées & dans un resserrement & une dilatation alternative, le malade est très - mal; rarement il revient de cet état; le danger est encore plus pressant, lorsqu'il est obligé de se tenir droit ou assis pour pouvoir respirer, & que dans toute autre situation il est prêt à suffoquer. Voyez Orthopnée.

La respiration chaude ou fiévreuse & fuligineuse, comme Hippocrate l'appelle, est un signe de mort, suivant cet auteur, moins certain cependant que la respiration froide; elle indique un mouvement violent des humeurs, & une inflammation considérable des poumons. La respiration froide est la plus funeste de toutes, & on ne l'observe jamais que dans ceux qui sont sur le point de mourir. On ne voit point de malades réchapper après l'apparition de ce signe pernicieux. Hippoc. épidém. lib. VI. sect. IV. cap. xxvij. Il n'est personne qui ne sente que c'est alors une preuve évidente que le froid de la mort s'est répandu jusque dans les poumons, & que dans quelques instans il ne restera plus dans la machine de chaleur ou de vie. C'est aussi un très - mauvais signe que la respiration inégale qui a lieu lorsque les mouvemens d'inspiration & d'expiration ne se répondent pas en force, en grandeur & en vitesse, lorsque l'un est foible & l'autre fort, l'un petit & l'autre grand. Il en est de même de la respiration interrompue qui n'en est qu'une variété.

On peut distinguer deux especes principales de respirations sonores; dans l'une, le bruit qui se fait entendre au gosier, imite le bouillonnement de l'eau, ou le son que rend le gosier des personnes qui se noyent; c'est ce qu'on appelle rale, ralement ou respiration stertoreuse; nous avons exposé à l'article Rale le danger attaché à cette sorte de respiration, nous y renvoyons le lecteur; l'autre espece est celle qu'on appelle luctueuse, suspirieuse, chaque expira<pb-> [p. 186] tion est un soupir; cette respiration ou indique un grand embarras dans les poumons, une cause assez considérable de malaise & d'inquiétude, ou plus souvent elle est une suite d'une extrème sensibilité, de l'attention continue qu'on fait à son état, & qui en augmente le danger. Hippocrate regarde en général la respiration luctueuse comme un très - mauvais signe dans les maladies aiguës, aphor. ljv. lib. VI. J'ai cependant vu très - souvent cette respiration chéz des femmes vaporeuses, & qui réchappoient très bien de la maladie dont elles étoient attaquées; ainsi il me semble qu'on ne doit pas s'effrayer de ce symptome, lorsqu'il se rencontrera chez ces personnes délicates, qui s'affectent si facilement, & qui sont bienaises de ne pas laisser ignorer aux personnes qui les soignent, jusqu'où va l'excès de leur souffrance. Il semble qu'elles ne veuillent pas se donner la peine de respirer comme il faut. (m)

RESPONSADOUZ (Page 14:186)

RESPONSADOUZ, voyez Tapeçon.

RESPONSIVE (Page 14:186)

RESPONSIVE, (Jurisprud.) terme de pratique usité en certains lieux, pour désigner une piece d'écriture faite en réponse à d'autres. On dit que ces écritures sont responsives à celles du . . . Voyez Réponse. (A)

RFSPUBLICA (Page 14:186)

RFSPUBLICA, (Littérat.) la plûpart des villes de l'Italie, des Gaules, de l'Espagne, &c. dont il est fait mention dans les inscriptions antiques, se servoient de ce nom de respublica, en parlant d'elles - mêmes. Aussi les anciens n'attachoient point au mot respublica les mêmes idées que nous attachons à celui de république; ils entendoient tout simplement par respublica civitas, la communauté: cela est si vrai qu'il y avoit même des bourgs & des villages, qui ayant obtenu le droit que nous appellons le droit de commune, formoient dès - lors des respublicoe. Nous pourrions en alléguer plusieurs exemples; mais pour abréger, nous nous contenterons de l'autorité de Festus: sed ex vicis partim habent rempublicam, partim non habent, &c. (D. J.)

RESSAC (Page 14:186)

RESSAC, s. m. (Marine.) c'est le choc des vagues de la mer qui se déploient avec impétuosité contre une terre, & qui s'en retournent de même.

RESSAUT (Page 14:186)

RESSAUT, s. m. (Archit.) c'est l'effet d'un corps qui avance ou recule plus qu'un autre, & n'est plus d'alignement ou de niveau, comme un socle, un entablement, une corniche, &c. qui regne sur un avantcorps & arriere - corps. On dit qu'un escalier fait ressaut lorsque la rampe d'appui n'est pas de suite, & qu'elle ressaute aux retours, comme au grand escalier du palais royal à Paris. Daviler. (D. J.)

RESSAUTER (Page 14:186)

RESSAUTER, v. act. (Gramm.) c'est sauter derechef. Voyez Sauter & Saut.

RESSÉANT (Page 14:186)

RESSÉANT, adj. (Jurisprnd.) se dit de celui qui a une demeure fixe dans un lieu. Ainsi quand on demande une caution resséante, c'est demander une caution domiciliée dans le lieu. Voyez Caution. (A)

RESSEL (Page 14:186)

RESSEL, (Géog. mod.) petite ville de Pologne dans le Palatinat de Warmie, aux confins de l'Ermland, près du lac de Zain. Je ne sache pas qu'elle ait jamais produit d'autre homme de lettres que (Josse) Villic, médecin & littérateur, qui a donné dans ce dernier genre un dialogue latin des sauterelles, & un petit ouvrage de zitto, succino, &c. Il a publié un commentaire anatomique, Argentorati 1754, in - 8°. & un traité de urinis, Basil. 1582, in - 8°. Il mourut d'apopléxie en 1552, à 51 ans. (D. J.)

RESSEMBLANCE (Page 14:186)

RESSEMBLANCE, s. f. (Logiq. Métaphys.) relation de deux choses entr'elles, formée par l'opération de l'esprit. Quand l'idée qu'on s'est faite d'un objet s'applique juste à un autre, ces deux objets sont appellés semblables. Ce nouveau nom qu'ils reçoivent indique simplement que l'idée qui représente l'un, représente aussi l'autre; car cela ne prouve point que la ressemblance soit réellement dans les objets, mais cela veut dire que la relation de ressemblance est dans l'esprit. (D. J.)

Ressemblance (Page 14:186)

Ressemblance, (Peinture.) conformité entre l'imitation de l'objet & l'objet imité. On dit attraper la ressemblance d'une personne. C'est un talent qui semble être indépendant de l'étude; on voit de fort mauvais peintres l'avoir jusqu'à un certain point; & de beaucoup plus habiles à tous autres égards à celui - là leur être inférieurs.

RESSENTI (Page 14:186)

RESSENTI, adj. (Archit.) épithete du contour en renflement d'un corps plus bombé ou plus fort qu'il ne doit être, comme, par exemple, le contour d'une colonne fuselée. Moins le renflement des colonnes est sensible, & plus il est beau; comme on peut au contraire juger de son mauvais effet lorsqu'il est trop ressenti, ainsi qu'aux colonnes corinthiennes du portail de l'église des silles de Ste Marie, rue S. Antoine à Paris. Daviler. (D. J.)

RESSENTIMENT (Page 14:186)

RESSENTIMENT, s. m. (Gram) c'est ce mouvement d'indignation & de colere qui s'éleve en nous, qui y dure & qui nous porte à nous venger ou sur le champ ou dans la suite d'une injustice qu'on a commise à notre égard. Le ressentiment est une passion que la nature a placée dans les êtres pour leur conservation. Notre conscience nous avertit qu'il est dans les autres comme en nous, & que l'injure ne les offense pas moins que nous. C'est un des caracteres les plus évidens de la distinction que nous faisons naturellement du juste & de l'injuste. La loi qui se charge de ma vengeance a pris la place du ressentiment, la seule loi dans l'état de nature. Plus les êtres sont foibles, plus le ressentiment est vif & moins il est durable; il faut qu'il soit vif dans la guêpe pour inspirer la crainte de l'irriter; il faut qu'il soit passager en elle, pour qu'il ne la conduise pas à sa perte.

RESSERREMENT (Page 14:186)

RESSERREMENT, s. m. (Médecine.) se dit des pores de la peau, des intestins, des vaisseaux du corps. Cet état des parties solides a différens effets, selon les parties qu'il attaque, il marque en général un tempérament sec, robuste & beaucoup d'élasticité dans les fibres: c'est ce qui fait que les personnes robustes, tels que les gens de la campagne, les ouvriers, les crocheteurs & autres en qui le travail & l'habitude d'un exercice continué ont augmenté les roideurs des fibres, sont pour l'ordinaire d'un tempérament resserré, cette constitution est une marque de santé & d'une grande vigueur dans tous les organes; mais alors il faut que le resserrement soit restraint à ses justes bornes, & que la nature n'en souffre point. S'il est trop grand, on doit employer les émolliens, les relâchans, les adoucissans, les aqueux & autres remedes qui peuvent ôter aux fibres leur rigidité, produisant souvent dans toutes les parties la même astriction qu'au ventre & aux intestins, ce qui occasionneroit une suppression des secrétions.

Mais le resserrement doit être regardé comme un remede, & une indication à remplir dans le relâchement en général, dans le dévoiement, les hémorrhagies & toutes les parties, & les différentes sortes de flux, & les maladies qui ont pour cause la laxité; les auteurs ne parlent point de cette indication générale, qui est cependant réelle & essentielle dans la plûpart des maladies. Voyez Laxité, Dévoiement ou Diarrhée.

RESSIF (Page 14:186)

RESSIF ou RÉCIF, s. m. (Marine.) terme de l'Amérique, chaîne de rochers qui sont sous l'eau.

RESSORT (Page 14:186)

RESSORT, s. m. en Physique, signifie l'effort que font certains corps pour se rétablir dans leur état naturel, après qu'on les en a tirés avec violence en les comprimant ou en les étendant. Les Philosophes appellent cette faculté force élastique ou élasticité. Voyez Élastique & Élasticité.

Ressort se dit aussi quelquefois du corps même qui

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.