ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"183"> l'air passe dans le sang par les arteres pulmonaires, & on ne sauroit prouver qu'il le fasse par les veines des poumons; en effet, cette communication doit être empêchée par l'air qui distend les vésicules, & qui comprime les veines dans l'inspiration, aussi - bien que par l'humeur gluante qui humecte la membrane qui tapisse le dedans de la trachée - artere. A quoi l'on peut ajouter la difficulté que le sang doit avoir pour passer par des pores d'une aussi grande petitesse, & les mauvais effets qu'il produit ordinairement quand il vient à se mêler avec le sang. Voyez Pore & Eau. Quant aux argumens dont on se sert pour prouver cette communication, savoir, la couleur rouge que le sang prend dans les poumons, & la nécessité absolue dont est la respiration pour la conservation de la vie, ils ne sont point si convainquans, qu'on ne puisse en trouver d'autres pour expliquer ces deux effets. Voyez Sang.

D'autres, comme Sylvius, Etmuller, &c. prétendent que la respiration sert à rafraichir le sang qui passe tout bouillant du ventricule droit du coeur dans les poumons, au moyen des particules froides & nitreuses dont il s'impregne, & qu'elle sert de refrigérent. Voyez Refrigérent.

Mayow & d'autres assurent qu'un des grands usages de la respiration est de chasser avec l'air les vapeurs fuligineuses dont le sang est rempli; & quant à l'inspiration, ils prétendent qu'elle sert à communiquer au sang un ferment nitro - aërien, auquel les esprits animaux & le mouvement musculaire doivent leur origine.

Le docteur Thurston refute tous ces sentimens, & prouve que la respiration ne sert qu'à faire passer le sang du ventricule droit du coeur dans le gauche, & à effectuer par ce moyen la circulation. Voyez Circulation.

C'est au défaut de circulation que l'on doit attribuer la mort des personnes que l'on pend, qui se noyent ou qui s'étranglent; aussi - bien que celle des animaux que l'on enferme dans la machine pneumatique. Voyez Vuide.

Il rapporte une expérience faite par le docteur Croon devant la société royale, lequel ayant étranglé un poulet, au point de ne lui laisser aucun srgne de vie, le ressuscita de nouveau en soufflant dans ses poumons par la trachée - artere, & en leur rendant leur premier jeu. Une autre expérience de la même espece, est celle du docteur Hook, qui, après avoir pendu un chien, lui coupa les côtes, le diaphragme & le péricarde, aussi - bien que le sommet de la trachée - artere pour pouvoir y introduire le bout d'un soufflet, & qui, en soufflant dans ses poumons, le sit ressusciter & mourir aussi souvent qu'il voulut.

Le docteur Drake confirme non - seulement cet usage de la respiration, il le pousse encore plus loin, le regardant comme la vraie cause de la diastole du coeur, que Borelli, ni Lower, ni Cowper n'ont point expliquée comme il faut. Voyez Diastole.

Il fait voir que le poids de l'atmosphere est le vrai antagoniste de tous les muscles qui servent à l'inspiration ordinaire, & à la contraction du coeur. Comme l'élévation des côtes ouvre un passage au sang, & lui donne le moyen de pénétrer dans les poumons, de même quand elles s'abaissent, les poumons & les vaisseaux sanguins se resserrent, & le sang est poussé avec force par la veine pulmonaire dans le ventricule gauche du coeur; cela joint à la compression générale du corps par le poids de l'atmosphere, oblige le sang à monter dans les veines, après que l'impulsion que le coeur lui a imprimée, a cessé, & force le coeur à passer de l'état de contraction qui lui étoit naturel, dans celui de dilatation. Voyez Coeur.

La dilatation & la contraction réciproque des dimensions supersieielles du corps qui suivent la respi - ration, sont si nécessaires à la vie, qu'il n'y a aucun animal, pour imparfait qu'il soit, en qui elles n'existent.

La plûpart des poissons & des insectes sont dénués de poumons & de côtes mobiles, ce qui fait que leur poitrine ne peut point se dilater; mais la nature a remédié à ce défaut par un méchanisme analogue: les poissons, par exemple, ont des ouies qui font l'office des poumons, & qui reçoivent & chassent alternativement l'eau, par le moyen de quoi les vaisseaux sanguins souffrent les mêmes altérations dans leurs dimensions, que dans les poumons des animaux les plus parfaits. Voyez Ouies.

Les insectes n'ayant point de poitrine, ou de cavité séparée pour loger le coeur & les poumons, ont ces derniers distribués dans toute l'étendue de leur corps, & l'air s'y insinue par plusieurs soupiraux auxquels sont attachées autant de petites trachées qui envoient des branches à tous les muscles & à tous les visceres, & paroissent accompagner les vaisseaux sanguins dans tout le corps, de même que dans les poumons des animaux les plus parfaits. Par cette disposition le corps de ces petits animaux s'étend à chaque inspiration, & se resserre pendant chaque expiration, de sorte que les vaisseaux sanguins souffrent une vicissitude d'extension & de compression. Voyez Insecte.

Le foetus est le seul animal qui soit exempt de la nécessité de respirer; mais pendant tout le tems qu'il est enfermé dans la matrice, il ne paroît avoir qu'une vie végétative, & il mérite à peine d'être mis au nombre des animaux. On doit plutôt le regarder comme une greffe, ou une branche de la mere. Voyez Foetus.

Lois de la respiration. Comme ces lois sont de la derniere importance pour l'intelligence parfaite de l'oeconomie animale, il ne sera pas inutile de supputer ici la force des organes de la respiration, aussi - bien que celle de la pression de l'air sur ces mêmes organes. Il faut observer qu'en soufflant dans une vessie, on éleve un poids considérable par la seule force de l'haleine; car si l'on prend une vessie d'une figure àpeu - près cylindrique, que l'on attache un chalumeau à une de ses extrémités, & un poids à l'autre, en sorte qu'il rase la terre, on soulevera par une inspiration douce un poids de sept livres, & par une inspiration plus forte un poids de vingt - huit livres. Maintenant la force avec laquelle l'air entre dans ce chalumeau est égale à celle avec laquelle il sort des poumons; de sorte qu'en determinant une fois la premiere, il sera facile de connoître celle avec laquelle il pénetre dans la trachée - artere. La pression de l'air sur la vessie est égale à deux sois le poids qu'elle peut lever, à cause que la partie supérieure de la vessie étant fixe, résiste à la force de l'air autant que le poids qui est attaché à l'autre extrémité. Puis donc que l'air presse également de tous côtés, la pression entiere sera à celle de ses parties qui presse sar l'orifice du tuyau, comme toute la surface de la vessie est à l'orifice du tuyau; c'est - à - dire, comme la surface d'un cylindre dont le diametre est, par exemple, de quatre pouces, & l'axe de sept, est à l'orifice du tuyau.

Si donc le diametre du tuyau est 0. 28, & son orifice 0. 616, la surface du cylindre sera 88; il s'ensuit donc que 88. 0. 616 :: 14, le double du poids à lever est à 0. 098, qui est presque deux onces; & en levant le plus grand poids, est environ de sept onces.

Telle est donc la force avec laquelle l'air est chassé par la trachée - artere dans l'expiration. Maintenant si l'on considere les poumons comme une vessie, & le larynx comme un tuyau, la pression sur l'orifice de la trachée - artere, lorsque l'air est chassé dehors, sera à la pression sur les poumons, comme toute la surface de ces derniers à l'orifice de la trachée - artere. [p. 184]

Supposons, par exemple, que le diametre du larynx soit 5, son orifice sera 0.19. Supposons encore que ces deux lobes des poumons soient deux vessies ou spheres, dont les diametres sont chacun de six pouces, leurs surfaces seront chacune de 113 pouces, & la pression sur le larynx sera à la pression sur toute la surface externe, comme 0.19 à 226, c'est - à - dire, comme 1 à 1189. Si donc la pression sur le larynx, dans la respiration ordinaire, est de deux onces, la même pression sur toute la surface externe des poumons sera de 148 livres; & la plus grande force, la pression sur le larynx étant de 7 onces, sera égale à 520 liv. Mais les poumons ne sont point comme une vessie vuide, où l'air ne presse que sur la surface, car ils sont remplis de vésicules, sur la surface de chacune desquelles l'air presse comme il le feroit sur une vessie vuide. Il faut donc pour connoître la pression entiere de l'air, déterminer auparavant les surfaces internes des poumons.

Supposons pour cet effet que les branches de la trachée - artere occupent la troisieme partie des poumons, que l'autre tiers soit rempli de vaisseaux, & le restant de vésicules, sur lesquelles nous supposons que se fait la principale pression. Les deux lobes des poumons contiennent 226 pouces cubiques, dont le tiers, savoir 75 pouces cubiques est rempli de vésicules. Que le diametre de chaque vésicule soit un d'un pouce, la surface sera de 00156, & la solidité de 00000 43. Si l'on divise 75 par cette somme, qui est l'espace qu'occupent les vésicules, le quotient donnera 1744 1860 pour le nombre de vésicules contenues dans les deux lobes des poumons. Ce nombre étant multiplié par 001256, qui est la surface d'une vésicule, donnera la somme des surfaces de toutes les vésicules, savoir, 21906, 976 pouces. Il suit donc que la pression sur le larynx sera à la pression sur toute la surface des poumons, come 0.19 à 21606, 976; & par conséquent, si dans une expiration ordinaire la pression sur le larynx est équivalente à deux onces, la pression sur toute la surface interne des poumons sera de 14412 livres, & la plus grande force de l'air en respirant, en supposant la pression sur le larynx de sept onces, sera de 50443 livres pesant. Quoique ce poids paroisse prodigieux, il faut faire attention que la pression sur chaque partie de la surface des poumons égale à l'orifice de larynx, n'est pas plus grande qu'elle l'est sur le larynx, & que ces poids immenses naissent de la vaste étendue des surfaces des vésicules sur lesquelles il est nécessaire que le sang se répande dans les plus petits vaisseaux capillaires, afin que chaque globule de sang puisse recevoir, pour ainsi dire, immédiatement toute la force & l'énergie de l'air, & être divisé en autant de particules qu'il est nécessaire pour la secrétion & la circulation.

Cela suffit pour nous faire comprendre la raison méchanique de la structure des poumons; car, puisqu'il faut que tout le sang du corps y passe pour sentir l'effet de l'air, & que cela ne peut se faire que le sang ne se distribue dans les plus petits vaisseaux capillaires, il faut que les surfaces sur lesquelles ils sont répandus soient proportionnées à leur nombre, & c'est à quoi la nature a admirablement bien pourvu par la structure admirable des poumons.

Si la pesanteur de l'air étoit toujours la même, & que le diametre de la trachée - artere & le tems de chaque expiration fussent égaux en tout, cette pression sur les poumons seroit toujours la même; mais comme nous trouvons par le barometre qu'il y a trois pouces de différence entre la plus grande & la plus petite pesanteur de l'air, ce qui est la dixieme partie de sa plus grande gravité, il doit y avoir de même la différence d'un dixieme de sa pression sur les poumons en différens tems; car les forces de tousles corps qui se meuvent avec la même vîtesse, sont comme leur pesanteur. Voyez Barometre.

Les personnes asthmatiques doivent s'appercevoir visiblement de cette différence, sur - tout si l'on considere qu'elles respirent plus fréquemment, c'est - à - dire que chaque expiration se fait en moins de tems; car respirant la même quantité d'air dans la moitié moins de tems, la pesanteur de l'air sur les poumons doit être de 57648 livres, dont le dixieme est 5764: par conséquent les personnes sujettes à l'asthme, lors de la plus grande élévation ou descente du barometre, doivent sentir une différence dans l'air égale à plus d'un tiers de sa pression dans la respiration ordinaire. Voyez Asthme, Tems.

Si la trachée est petite & son orifice étroit, la pression de l'air augmente dans la même proportion que si le tems de l'expiration étoit plus court; & de - là vient que le ton grêle de la voix passe toujours pour un signe pronostic de consomption: on sent qu'il provient du peu d'étendue du larynx ou de la trachée, qui fait que l'air presse avec plus de force sur les poumons, qu'il frappe à chaque expiration les vaisseaux avec tant de force, qu'ils rompent à la fin, d'où s'ensuit un crachement de sang. Voyez Phthisie.

Respiration (Page 14:184)

Respiration, (Médecine séméiotiq. Patholog.) ce n'est pas seulement dans les maladies qui affectent immédiatement quelque partie de la poitrine, que la respiration est altérée; il en est peu d'autres qui n'entrainent avec elles un dérangement plus ou moins considérable dans l'exercice de cette importante fonction, surtout quand le mal parvenu à son dernier période rapproche sa victime de l'éternelle nuit; les maladies du bas - ventre ont sur elle une influence plus prompte & plus assurée; ces effets n'ont pas de quoi surprendre celui qui sait que la respiration, une des fonctions maîtresses du corps humain, & peut - être celle qui donne le branle à toutes les autres, exige, pour être bien exercée, non - seulement l'action constante & bien proportionnée de toutes les parties de la poitrine, mais encore le concours réciproque & simultané de la plûpart des organes du bas - ventre, que son ressort principal est le diaphragme, pivot sur lequel roulent presque tous les mouvemens de la machine, centre où ils viennent se concentrer; qu'ainsi la correspondance uniforme de toutes les parties du corps est nécessaire pour son intégrité, & qu'enfin il faut pour le mouvement de tous les organes qui y servent, une juste distribution de forces.

1°. Les parties de la poitrine sont immédiatement affectées dans les pleurésies, péripneumonies, phthisies, empyèmes, asthmes, hydropisies de poitrine & du péricarde, vomiques, tubercules, &c. dans les polypes du coeur & des gros vaisseaux, dans les anévrismes qui ont le même siege, dans les palpitations, &c. aussi toutes ces maladies ont - elles pour symptome essentiel une vice quelconque de la respiration.

2°. Parmi les maladies du bas - ventre, celles qui ont pour effet plus ordinaire, & pour symptome plus familier un dérangement dans la respiration, sont l'inflammation du foie, de l'estomac, de la rate, les obstructions considérables de ces visceres, les distensions venteuses ou autres de l'estomac & du colon, les digestions lentes & difficiles, les inquiétudes ou les resserremens, comme on dit de l'orifice de l'estomac, suite fréquente des chagrins, d'une terreur subite, d'une joie imprévue, &c. les blessures du basventre, & surtout des muscles abdominaux, les collections d'humeurs dans cette cavité qui empêchent la diaphragme de s'applanir, &c.

3°. Les maladies particulieres au diaphragme, la paraphrénésie, les blessures de cet organe, & les affections qu'il partage avec les autres parties, alterent

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