ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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En effet, les Rasenoe étoient venus par terre en Italie. Ils y pénétrerent par le Trentin & par les gorges de l'Adige; & le pays qu'ils occuperent d'abord avoit toute une autre étendue que l'Etrurie proprement dite, comme Polybe l'assure en termes formels. Auteurs de leur plus grande puissance, ils avoient été maîtres non - seulement de l'Etrurie, mais encore de presque toute l'Ombrie, & de tout ce qu'envahirent depuis les Gaulois Cenomani, Boii & Lingones; c'est - à - dire, de toute la contrée qui s'étend des deux côtés du Pô, depuis l'Adda jusqu'à la mer. Ainsi, pour lors, ils touchoient aux Alpes, dont ils étoient originaires, & n'avoient fait, à proprement parler, que reculer les bornes de leur ancienne patrie, sans en sortir. Les pays qui séparent la Rhétie de la Toscane ayant été dans la suite conquis sur eux par d'autres peuples, cette séparation fit perdre de vue la trace de leur premiere origine. (D. J.)

RASER (Page 13:814)

RASER, v. act. (Gramm.) c'est abattre une chose au ras d'une autre. Raser la barbe, c'est la couper au ras du visage; une maison, c'est l'abattre à ras de terre. Raser signifie aussi toucher légerement. Cette balle a rasé la corde. Voyez les articles suivans.

Raser (Page 13:814)

Raser, (Critique sacrée.) La loi portoit que les lévites pour exercer leurs fonctions fussent purifiés, & eussent tout le poil du corps rasé. Nomb. viij. 7. Les lépreux, au septieme jour de leur purification, devoient en faire autant. Lév. xiv. 9. Dans les grandes calamités, tout le peuple ne devoit paroître que rasé. Is. xv. 2. Les prêtres seuls étoient exceptés de la loi. Lév. xxj. 5. Quelquefois cependant on laissoit croître sa barbe pour marquer le deuil, ou la part qu'on prenoit aux malheurs d'un ami. Raser toute la barbe & tous les cheveux de quelqu'un, ou la moitié de l'un & de l'autre, c'étoit chez les Juifs une très grande insulte. II. Rois, x. 4. Ainsi raser tous les poils est une expression figurée qui veut dire outrager, maltraiter avec la derniere rigueur; c'est pourquoi quand Isaïe, vij. 20, déclare que l'Eternel empruntera un rasoir pour raser le poil du corps de son peuple, ces paroles signifient que Dieu se servira pour punir son peuple du glaive des Assyriens. Raser la poussiere d'une ville, dans le langage du même prophete, ch. xij. v. 25, c'est ruiner une ville de fond en comble. (D. J.)

Raser la maison (Page 13:814)

Raser la maison, (Hist. anc. & mod.) c'étoit chez les Romains une des peines de celui qui aspiroit à la tyrannie. Valere Maxime, liv. VI. ch. iij. rapporte que Sp. Cassius convaincu d'avoir tenté de se rendre maître de la république, fut condamné par le sénat & par le peuple à la mort, dont trois consulats & un magnifique triomphe ne purent le garantir. Le peuple n'étant point encore satisfait, on abattit sa maison pour augmenter son supplice, par la destruction de ses dieux domestiques: Ut penatium quoque strage puniretur.

On sévit aujourd'hui de la même maniere contre les coupables de lése - majesté; & l'assassinat du roi de Portugal vient d'être suivi du bannissement de l'ordre entier des Jésuites hors de ce royaume, & de la démolition de toutes leurs maisons.

Raser (Page 13:814)

Raser, (Marine.) c'est ôter à un vaisseau ce qu'il a d'oeuvres mortes sur les hauts.

Raser (Page 13:814)

Raser, terme de Maréchal. Ce mot se dit en parlant des coins ou dents du cheval. Un cheval qui rase ou qui a rasé, est un cheval qui n'a plus les coins creux, c'est - à - dire dont la dent est rase & unie: ce qui arrive environ à la huitieme année du cheval. Ecole du manege. (D. J.)

Raser (Page 13:814)

Raser, en terme de Layettier, c'est mettre l'extrémité des planches de niveau entr'elles.

Raser (Page 13:814)

Raser, terme de Chasse. Ce mot se dit du gibier qui se tapit contre terre pour se cacher. La perdrix se rase quand elle apperçoit des oiseaux de proie.

Raser l'air (Page 13:814)

Raser l'air, terme de Fauconnerie. Il se dit de l'oiseau lorsqu'il vole sans remuer presque les aîles, & sans daguer.

RASETTES (Page 13:814)

RASETTES, ou Régulateur, (Lutherie.) Dans les jeux d'anches des orgues, ce sont de petites verges de fil - de - fer représentées fig. 53. Planch. d'orgue, g E F; g est une entaille du petit crochet, sous lequel en frappant avec le tranchant d'un couteau, on retire la rasette que l'on enfonce en frappant avec le dos ou le plat du couteau sur la partie supérieure. E, la tige; F, la partie inférieure recourbée, comme on le voit dans la fig. La partie f s'applique sur la languette des jeux d'anches, & sert à l'y tenir assujettie en un certain point. Voyez Trompette. La tige de la rasette passe par un trou fait à la noix C du tuyau, & par un autre trou fait à la bague D. Voyez la fig. 44. Pl. d'orgue, & l'article Orgue, où l'usage de la rasette est expliqué.

RASEZ (Page 13:814)

RASEZ, (Géog. mod.) petit pays de France dans le bas Languedoc, avec titre de comté, dont la petite ville de Limoux est le chef - lieu. Ce comté fut donné par Charles - le - chauve en 871, à Bernard II. comte de Toulouse; mais depuis S. Louis il a toujours appartenu à la couronne. (D. J.)

RASGRAD (Page 13:814)

RASGRAD, ou Hrasgrad, (Géog. mod.) ville des états du turc, dans la Bulgarie, entre Rotzig & Ternoo. Le grand - seigneur y tient un sangiac pour avoir le passage du Danube libre.

RASICULMO (Page 13:814)

RASICULMO, (Géog. mod.) cap sur la côte septentrionale de la Sicile; c'est celui qui forme la pointe orientale du golfe de Milazzo. Les anciens le nommoient Tralerium promontorium. (D. J.)

RASIERE (Page 13:814)

RASIERE, s. f. (Mesure seche.) Il y a deux sortes de rasieres; l'une que l'on nomme à Dunkerque rasiere ou mesure de mer, & l'autre que l'on appelle rasiere de terre. La premiere pese 280 livres, & quelquefois jusqu'à 290 livres; & la seconde ne pese que 245 liv. Savary. (D. J.)

RASINA (Page 13:814)

RASINA, (Géogr. anc.) C'est une riviere ou un ruisseau qui se jette dans le Pô. Ortelius dit que c'est un fleuve dont Martial fait mention l. III. ep. 67.

Vaterno Rasinâ que pigriores. (D. J.)

RASOIR (Page 13:814)

RASOIR, s. m. (Coutellerie.) instrument composé d'un tail ant d'acier fin, & d'une châsse de bois, d'écaille, ou de baleine, duquel instrument tranchant & affilé on se sert pour faire la barbe.

Voici la maniere dont se fait le rasoir dans la boutique du Coutelier. Vous alongez votre acier en pente, comme si vous vous proposiez de lui former un tranchant d'un côté & un dos de l'autre. Observez de mettre la partie saine de l'acier au dos, parce que c'est ce dos qui formera dans la suite du travail le tranchant du rasoir. Votre barre d'acier étirée en pente, doit avoir environ une ligne d'épaisseur à l'extrémité de sa pente, & trois lignes environ au dos; quant à la largeur, elle est de 9 lignes ou environ dans toute la longueur de la barre. Vous la séparez ensuite en petits morceaux d'un pouce de longueur sur la tranche à queue qui est placée dans un trou pratiqué à la base de la bigorne de l'enclume. Quand toutes ces séparations sont faites, ce qui s'exécute en deux ou trois chaudes, vous trempez la barre ainsi divisée par ces séparations obliques, dans de l'eau fraîche; vous frappez ensuite la barre froide de petits coups de marteau, & elle se casse à toutes les séparations, & se distribue en petits morceaux d'acier en talus, minces d'un côté, épais de l'autre, qu'on appelle bobeches.

Les bobeches étant faites, comme il n'est pas nécessaire que le dos d'un rasoir soit d'un acier aussi fin que son tranchant, on prend un morceau d'acier de Nevers, qu'on alonge, & auquel on donne la même forme qu'à celui d'Angleterre, dont on a fait les bo<pb-> [p. 815] beches; c'est - à - dire qu'on le tient dans toute sa longueur également large, mince par un côté, & épais par l'autre; avec cette différence seule qu'il doit être un peu plus fort que pour les bobeches. Lorsque l'acier est sous cette forme, on l'appelle couverture.

Quand la couverture est prête, vous la faites chauffer; & pendant qu'elle est chaude, vous la recourbez par le bout à - peu - près de la longueur de la bobeche, que vous insérez entre la partie recourbée & le reste de la barre, qui lui forment comme une châsse, dont les deux côtés intérieurs allant en talus reçoivent avec assez d'exactitude les talus de la bobeche, de maniere que la partie mince de la bobeche soit au fond de la chasse, & la partie épaisse s'éleve au dessus & sorte en - dehors, débordant environ d'une ligne & demie. Vous frapperez quelques coups de marteau sur la bobeche & sur la couverture, afin de les appliquer l'une & l'autre assez sortement, pour que la bobeche ne se sépare pas de la couverture dans le feu. Vous mettrez dans le feu cet assemblage; vous le serez chausser doucement, assez pour que la bobeche & la couverture commencent à se souder: vous donnerez la seconde chaude un peu plus forte, ainsi de la troisieme; vous acheverez de souder; vous alongerez votre morceau d'environ quatre pouces, lui donnant une forme qui tende à celle du rasoir, & qui vous indique surement de quel côté est l'acier d'Angleterre, car c'est ce côté qui doit faire votre tranchant. Vous couperez ce morceau & le séparerez entierement de la couverture, & vous aurez ce qu'on appelle une enlevure de rasoir: Vous mettrez ainsi toute votre couverture & toutes vos bobeches en enlevure, avant que de passer à une autre manoeuvre.

Cela fait, vous prendrez une enlevure & vous l'alongerez d'environ cinq pouces, lui donnant une pente du côté qui doit former votre tranchant, & un peu plus de largeur à la tête qu'à la queue. Vous continuerez d'étendre & de former la lame du rasoir avec la panne d'un marteau qu'on appelle marteau à rabattre; il faut que cette panne ne soit ni trop ronde ni trop plate; il faut que la tête soit un peu alongée par le côté; qu'elle ait là un pouce & un quart; qu'elle n'ait qu'un pouce sur le devant. Quand on a élargi suffisamment la lame avec la panne, on l'unit avec la tête; & quand il est dans cet état, le rasoir est ce que les ouvriers appellent rabattu; on le marque ensuite. Quand il est marqué, on le bat à froid: cette derniere façon de forge serrant les pores de l'acier, ne contribue pas peu à la bonté de l'ouvrage.

Quand le rasoir est parfait de forge, on le lime pour perfectionner sa figure, dans un étau d'environ trois piés de haut; il doit avoir six pouces du milieu de l'oeil jusqu'au - dessus des mâchoires; les mâchoires quatre pouces de long, la boîte dix - huit pouces, la vis vingt - quatre pouces; le diametre de la vis de 16 lignes: il doit peser en tout environ 60 livres. Il y a des pieces de chirurgie qui se forgent sur l'étau; d'autres qui servent à sertir: ceux - ci doivent être plus petits que celui dont je viens de donner les dimensions; les autres doivent être plus grands.

Quand on a approché à la lime le rasoir de la figure qu'il doit avoir, en enlevant toutes les inégalités, & en le terminant bien exactement, vous faites allumer un feu de charbon dans un lieu plutôt obscur que trop éclairé; le grand jour vous empêcheroit de bien juger de la couleur que le feu donnera au rasoir. Quand votre feu sera bien allumé, vous aurez à côté de vous un soufflet moyen, avec un morceau de fer sendu par le bout, long d'environ un tiers d'aune: on appelle cet instrument un faux manche; le faux manche est plus commode que des tenailles. Vous faites entrer votre rasoir d'environ trois quarts de pouce par le talon dans l'ouverture du faux manche; vous le posez ensuite sur les charbons; vous le saites chauf<cb-> ser doucement; vous lui donnez un peu plus que couleur de cerise, mais non le blanc. Plus l'acier est fin, moins il doit être trempé chaud. La trempe trop chaude dilate les pores, & rend les petites dents de la scie qui forment le tranchant, trop grosses & trop écartées, & par conséquent le tranchant rude. On peut user pour la trempe d'eau de puits ou d'eau de riviere à diserétion; observant seulement qu'avant de tremper dans l'eau de puits, il faut la dégourdir, en y plongeant un morceau de fer rouge. On trempe au contraire dans l'eau de pluie ou de riviere comme elle est, à - moins que ce ne soit en hiver; mais quand l'une & l'autre commencent à s'échausser, à force de recevoir des pieces trempées, il faut les rechanger.

Quand le rasoir est trempé, vous prenez un morceau de meule, & vous l'écurez & blanchissez d'un côté; vous avez ensuite dans une poële du charbon bien allumé, ou de la braise de boulanger, que je présere au charbon. Vous posez votre rasoir sur cette braise, le dos sur la braise & incliné, afin que le tranchant ne s'échauffe pas plus promptement que le dos, quoiqu'il ait moins d'épaisseur; vous tenez votre rasoir dans cet état jusqu'à ce qu'il prenne la couleur de renard, mais non pas tout - à - fait celle d'or. Quand il a cette couleur, nous le trempons dans l'eau; puis à l'aide d'un manche de bois que nous appellons faux manche, & dans lequel nous enchâssons le talon, nous nous préparons à l'émoudre.

L'opération précédente s'appelle recuit.

Nous prenons pour émoudre le rasoir une meule d'environ quinze pouces, montée sur un arbre de fer d'environ un pouce en quarré, sur dix - huit pouces de long ou environ, selon la commodité des lieux. Nous émoulons le rasoir; nous dressons le tranchant & les biseaux; nous formons le dos & le talon, & c'est ce que nous appellons blanchir.

A cette premiere meule on en sait succéder une autre d'environ six pouces de hauteur; il est évident que celle - ci ayant beaucoup plus de convexité que la premiere, doit évider le milieu du rasoir: aussi faitelle, & c'est ce que nous appellons dégrossir.

A la seconde meule on en fait succéder une troisieme d'environ dix à douze pouces de diametre, pour donner au tranchant la même force depuis le talon jusqu'à la pointe; & c'est ce que l'on appelle mettre à tranchant. Il faut laisser au tranchant un petit biseau, qu'on gagne à la polissoire; on fait ce petit biseau avec la pierre à affiler à l'eau.

Lorsque le tranchant, les biseaux & le dos sont bien dressés, l'on a une polissoire de bois de noyer de la hauteur ou environ de la meule à tranchant, mais de deux tiers plus mince, & l'arbre d'un tiers: on couche sur cette polissoire de l'émeri bien broyé, qu'on delaye avec un peu d'huile d'olive: vous en étendez de tems en tems sur votre lame, & vous emportez les traits de la meule, & gagnez le biseau que vous avez fait en affilant; vous polissez par - tout, & rendez le rasoir propre.

Cela fait, vous avez une chasse d'ecaille, de corne, ou de baleine, sur laquelle vous montez la lame du rasoir par le moyen d'un clou & de deux rosettes; quelquefois on contient les côtés de la châsse en plaçant un clou & deux autres rosettes à l'extrémité.

Rasoir (Page 13:815)

Rasoir, outil de Gaînier, c'est une lame de rasoir emmanchée comme une lime. Cette lame est fort tranchante, & sert aux Gaîniers pour couper les grains de la roussette & du requin qu'ils emploient. Voyez les fig. Pl. du Gaînier.

RASON (Page 13:815)

RASON, s. m. (Hist. nat. & Ichthiol.) novacula, poisson de mer auquel on a donné le nom de rason, parce que son dos est tranchant comme un rasoir. Ce poisson a un empan de longueur, trois doigts de largeur, & un doigt d'épaisseur; il ressemble au pagre par la

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