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Raisin (Page 13:773)
Le sang du raisin, c'est le vin. Il lavera son manteau dans le sang du raisin. Genèse, xlix. 11. C'étoit un proverbe qui signifioit, il établira sa demeure dans un pays de vignoble.
Les peres ont mangé le raisin verd, & les dents des enfans en sont agacées. Ce passage d'Ezéchiel, xviij. 2. ou plûtôt cette façon de parler proverbiale, vouloit dire que les peres ont transgressé la loi, & que leurs enfans en ont souffert. (D. J.)
RAISINÉ (Page 13:773)
RAISINÉ, s. m. (Econom. rustiq.) espece de confiture qu'on prépare en faisant cuire le raisin écrasé, & dont on a séparé les grains, & quelquefois la peau, avec le vin doux, réduisant à une consistence convenable. Ce mets est d'un goût aigrelet assez agréable.
Raisiné blanc (Page 13:773)
RAISINIER (Page 13:773)
RAISINIER, s. m. (Botan. exot.) arbre des îles Antilles, nommé par Jean Bauhin papyracoea arbor guajabara; par les Caraibes, oulienis, & par les Espagnols, vero. Cet arbre croît à une hauteur médiocre, & rampe presque par terre au bord de la mer; mais dans un bon terroir il devient assez haut. Sous l'écorce de son tronc, après qu'on a enlevé un aubier blanc de l'épaisseur de deux pouces, on trouve un bois rouge, solide, propre à des ouvrages de menuiserie. Ses feuilles sont rondes, larges comme la paume de la main, épaisses, vertes au fort de l'été, & rouges sur le déclin. Ses fleurs sont de petites fleurs comme celles de la vigne; il leur succede des baies rougeâtres, & de la grosseur d'une noisette. Au lieu de pepins, chaque grain a sous une tendre pellicule, & sous fort peu de substance aigrelette, raffraichissante, & d'assez bon goût, un noyau fort dur. (D. J.)
RAISON (Page 13:773)
RAISON, s. f. (Logique.) on peut se former diverses notions du mot raison. 1°. On peut entendre simplement & sans restriction cette faculté naturelle dont Dieu a pourvû les hommes, pour connoître la vérité, quelque lumiere qu'elle suive, & à quelque ordre de matieres qu'elle s'applique.
2°. On peut entendre par raison cette même faculté considérée, non absolument, mais uniquement en tant qu'elle se conduit dans ses recherches par certaines notions, que nous apportons en naissant, & qui sont communes à tous les hommes du monde. D'autres n'admettent point ces notions, entendent par la lumiere naturelle, l'évidence des objets qui frappent l'esprit, & qui lui enlevent son consentement.
3°. On entend quelquefois par la raison, cette lumiere naturelle même, par laquelle la faculté que nous désignons par ce même nom, se conduit. C'est ainsi qu'on l'entend ordinairement, lorsqu'on parle
4°. Par raison on peut aussi entendre l'enchaînement
des vérités auxquelles l'esprit humain peut atteindre
naturellement, sans être aidé des lumieres de
la foi. Les vérités de la raison sont de deux sortes; les
unes sont ce qu'on appelle les vérilés éternelles, qui
sont absolument nécessaires; en sorte que l'opposé
implique contradiction; & telles sont les vérités dont
la nécessité est logique, métaphysique ou géométrique,
qu'on ne sauroit renverser sans être mené à des
absurdités. Il y en a d'autres qu'on peut appeller positives, parce qu'elles sont les lois qu'il a plû à Dieu de
donner à la nature, ou parce qu'elles en dépendent.
Nous les apprenons ou par l'expérience, c'est - à - dire
à posteriori, ou par la raison, & à priori, c'est - à - dire
par des considérations tirées de la convenance, qui
les ont fait choisir. Cette convenance a aussi ses regles
& ses raisons; mais c'est le choix libre de Dieu;
& non pas une nécessité géométrique qui fait préférer
le convenable. Ainsi on peut dire que la nécessité
physique est fondée sur la nécessité morale, c'est - à - dire sur le choix du sage, digne de sa sagesse, & que
l'une aussi bien que l'autre doit être distinguée de la
nécessité géométrique. Cette nécessité physique est
ce qui fait l'ordre de la nature, & consiste dans les
regles du mouvement & dans quelques autres lois générales,
que Dieu a établies en créant cet univers.
Les lois de la nature sont toujours sujettes à la dispensation
du législateur, qui peut, quand il lui plaît, les
arrêter & les suspendre; au lieu que les vérités éternelles, comme celles de la Géométrie, ne sont assujetties
à aucune loi arbitraire. Or c'est à ces dernieres
vérités que la foi ne sauroit jamais être contraire. La
vérité ne peut jamais être attaquée par une objection
invincible; car si c'est une démonstration fondée sur
des principes ou sur des faits incontestables, formée
par un enchaînement de vérités éternelles, la conclusion
est certaine & indispensable; & ce qui y est opposé
doit être nécessairement faux, autrement deux
contradictoires pourroient être vraies en même tems.
Que si l'objection n'est point démonstrative, elle ne
peut former qu'un argument vraissemblable, qui n'a
point de force contre la foi, puisqu'on convient que
les mysteres de la religion sont contraires aux apparences.
Voyez l'article
1°. Nulle proposition ne peut être reçue pour révélation divine, si elle est contradictoirement opposée à ce qui nous est connu, ou par une intuition immédiate, telles que sont les propositions évidentes par elles - mêmes. ou par des déductions évidentes de la raison, comme dans les démonstrations; parce que l'évidence qui nous fait adopter de telles révélations ne pouvant surpasser la certitude de nos connoissances, tant intuitives que démonstratives, si tant est qu'elle puisse l'égaler, il seroit ridicule de lui donner la préférence; & parce que ce seroit renverser les principes & les fondemens de toute connoissance & de tout assentiment: de sorte qu'il ne resteroit plus aucune marque caractéristique de la vérité & de la fausseté, nulles mesures du croyable & de l'incroyable, si des propositions douteuses devoient prendre la [p. 774]
2°. Comme Dieu, en nous accordant la lumiere de la raison, ne s'est pas ôté la liberté de nous donner, lorsqu'il le juge à propos, le secours de la révélation sur des matieres où nos facultés naturelles ne sauroient atteindre; dans ce cas, lorsqu'il a plû à Dieu de nous fournir ce secours extraordinaire, la révélation doit l'emporter sur toutes les résistances de notre raison; ces résistances n'étant ici fondées que sur des conjectures probables; parce que l'esprit n'étant pas certain de la vérité de ce qu'il ne connoît pas évidemment, mais se laissant seulement entraîner à la probabilité, il est obligé de donner son assentiment à un témoignage qu'il sait venir de celui qui ne peut tromper ni être trompé. Lorsque les principes de la raison ne nous font pas voir évidemment qu'une proposition est vraie ou fausse, dans ce cas la révélation manifeste a lieu de déterminer l'esprit, comme étant un autre principe de vérité: & ainsi la proposition appuyée de la révélation devient matiere de foi, & au - dessus de la raison. La raison ne pouvant s'élever au - dessus de la probabilité, la foi a déterminé l'esprit où la raison est venue à manquer.
Jusques - là s'étend l'empire de la foi; & cela sans faire aucune violence à la raison, qui n'est point blessée ou troublée, mais assistée & perfectionnée par de nouvelles lumieres émanées de la source éternelle de toute connoissance. Tout ce qui est du ressort de la révélation doit prévaloir sur nos opinions, sur nos préjugés & sur nos intérêts, & est en droit d'exiger de l'esprit un parfait assentiment. Mais une telle soumission de notre raison à la foi ne renverse pas pour cela les limites de la connoissance humaine, & n'ébranle pas les fondemens de la raison; elle nous laisse la liberté d'employer nos facultés à l'usage pour lequel elles nous ont été données.
Si l'on n'a pas soin de distinguer les différentes jurisdictions de la foi & de la raison par le moyen de ces bornes, la raison n'aura point de lieu en matiere de religion, & l'on n'aura aucun droit de se moquer des opinions & des cérémonies extravagantes qu'on remarque dans la plûpart des religions du monde. Qui ne voit que c'est là ouvrir un vaste champ au fanatisme le plus outré, aux superstitions les plus insensées! Avec un pareil principe, il n'y a rien de si absurde qu'on ne croie. Par - là il arrive que la religion, qui est l'honneur de l'humanité, & la prérogative la plus excellente de notre nature sur les bêtes, est souvent la chose du monde en quoi les hommes paroissent les plus déraisonnables.
Raison (Page 13:774)
Raison (Page 13:774)
Les choses homogenes ainsi comparées, s'appel<cb->
On confond souvent le mot de raison avec celui de
proportion, quoiqu'ils soient tout - à - fait différens l'un
de l'autre. En effet, la proportion est une identité
ou similitude de deux raisons. Voyez
Par exemple, si la quantité A est triple de la quantité B, le rapport de A à B, c'est - à - dire de 3 à 1, est appellé la raison de A à B. Si deux autres quantités C & D ont la même raison l'une à l'autre que A & B ont entr'elles, c'est - à - dire que l'une soit le triple de l'autre, cette similitude de raisons constitue une proportion, & les quatre quantités A : B :: C : D sont en proportion ou proportionnelles.
La raison peut donc exister entre deux termes, mais il en faut un plus grand nombre pour former une proportion. Il y a deux manieres de comparer les grandeurs entr'elles: on trouve par la premiere de combien elles different entr'elles, c'est - à - dire de combien d'unités l'antécédent est plus grand ou plus petit que le conséquent.
Cette différence est appellée raison arithmétique, ou exposant du rapport arithmétique de deux nombres.
Ainsi, en comparant 5 & 7, on trouve que leur raison arithmétique est 2.
On trouve, en employant la seconde maniere de comparer, combien de fois l'antécédent contient ou est contenu dans le conséquent, c'est - à - dire quelle partie de la plus grande est égale à la plus petite.
Cette raison s'appelle pour l'ordinaire raison géométrique, ou simplement raison.
Wolf distingue la raison, eu égard à la quantité en général, en rationnelle & irrationnelle.
Raison rationnelle est celle de nombre à nombre,
par exemple, comme 3 à 4. Voyez
Raison irrationnelle est celle qu'on ne peut exprimer par aucunmer par aucun nombre rationnel.
Supposons, pour éclaircir la chose par un exemple, deux quantités A & B, dont A soit la plus petite; si l'on retranche A de B autant de fois qu'elle le peut être, par exemple, cinq fois, il ne restera rien, ou bien il restera quelque chose. Dans le premier cas, A sera à B comme 1 à 5, c'est - à - dire, sera contenu cinq fois dans B ou [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; cette raison sera donc rationnelle.
Dans le dernier cas, ou il restera quelques parties
qui étant retranchées un certain nombre de fois de
A, par exemple, trois fois, & pareillement de B,
par exemple, sept fois, ne laissera aucun reste; ou
bien il ne restera aucune partie de cette espece. Dans
le premier cas A est à B comme 3 à 7, ou [omission: formula; to see, consult fac-similé version],
& la raison sera rationnelle. Dans le dernier cas, la
raison de A à B ne peut être exprimée par des nombres
rationnels, ni d'aucune autre maniere, excepté
par des lignes ou par une série infinie. Voyez
L'exposant d'une raison géométrique est le quotient
qui nait de la division de l'antécédent par le
conséquent; l'exposant de la raison de 3 à 2 est ½; celui
de la raison de 2 à 3 est >: car lorsque le moindre
terme est l'antécédent, la raison, ou plutôt l'exposant
est une fraction impropre; d'où il suit que la fraction
[omission: formula; to see, consult fac-similé version]. Si l'unité tient lieu de conséquent, l'antécédent
lui - même sera l'exposant de la raison: par
exemple, la raison de 4 à 1 est 4. Voyez
Lorsque l'on compare deux quantités sans l'intervention d'une troisieme, ou l'une est égale à l'autre, ou inégale; ce qui constitue une raison d'égalité ou d'inégalité.
Lorsque les termes de la raison sont inégaux, ou
l'on compare le plus petit au plus grand, ou celui - ci
au moindre, c'est - à - dire ou le moindre au plus grand,
comme une partie à son tout, ou le plus grand au
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