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Q (Page 13:635)
Q, S. m. (Gram.) c'est la dix septieme lettre & la treizieme consonne de notre alphabet. Comme elle est toujours suivie d'un u, si ce n'est dans un petit nombre de mots, comme coq, cinq, laqs, nous terminons par cette voyelle le nom de la consonne q, & nous la nommons cu. Le système naturel de l'épellation veut que nous la nommions que ou ke. Cette lettre répond au n des Grecs & au > des Hébreux.
L'articulation représentée par cette lettre est la même
que celle du k, ou du c devant a, o, u, (voyez K
& C). C'est une articulation linguale, dentale &
forte, dont la foible répond au
Comme art culation linguale, elle est analogue & commuable avec les autres de la même classe; mais comme dentale, elle a encore plus d'analogie avec les dentales, & plus avec la soible qu'avec toutes les autres.
Comme lettre, c'est un meuble qui seroit absolument inutile dans notre alphabet, s'il étoit raisonné & destiné à peindre les élemens de la voix de la maniere la plus simple; & ce vice est commun au q & au k. Priscien en a fait la remarque il y a longtems; quoique j'aie déja rapporté ailleurs ses paroles à ce sujet, je le citerai encore ici. K & Q, ditil, quamvis figurâ & nomine videantur aliquam habere differentiam cum C, tamen candem tàm in sono quàm in metro continent potestatem; & k quidem penitùs supervacua est. Lib. II. Priscien ne se déclare que contre l'inutilité de la lettre k, quoiqu'au fond le q ne soit pas plus nécessaire: ce grammairien apparemment étoit de ceux qui jugeoient le q nécessaire pour indiquer que la lettre u formoit une diphtongue avec la voyelle suivante, au lieu qu'on employoit le c lorsque les deux voy elles saisoient deux syllabes; aussi voy ons - nous encore qui monosyllabe au nominatif, & cui dissyllabe au datif.
Il faisoit très - bien de s'en tenir à l'usage de sa langue; mais en y obéissant, il auroit pu & dû l'apprécier. Si l'on avoit fait usage de la diérese, qu'on eût écrit cui au nominatif & cuï au datis; on ne seroit pas tombé dans l'inconvénient réel de représenter la même articulation par deux signes différens. Si donc Varron & Licinius Calvus sont répréhensibles pour avoit rejetté le q, ce n'est pas, comme le dit D. Lancelot dans sa méthode latine (traité des lettres, ch. xix. §. 1.), parce qu'elle devoit être retenue à cause de cette distinction; mais parce qu'ils contredisoient dans leur pratique, l'usage dont aucune particulier n'a droit de s'écarter, mais que tout homme de lettres peut discuter & juger.
L'abbé Danet, dans son dictionnaire françoislatin,
dit que le q est une lettre double; car sa figure,
dit - il, est composée d'un c & d'un v renversé
(en cette maniere >) joints ensemble, qui font le
même son. S'il faut prendre cette preuve à la lettre,
elle est plaisante; parce que les traits de la figure ne
sont rien à la signification: si l'auteur a voulu dire
autre chose que ce que présente la lettre, il s'est
très - mal expliqué. Il devoit du moins s'étayer de ce
que quelques anciens ont écrit q pour cu, comme qi,
qoe, qid, pour qui, quoe, quid. Mais on lui auroit réplique
ce que l'auteur de la méthode latine répond à
ceux qui emploient cet argument: 1°. que les anciens
s'abstenoient d'écrire u après q, a après k, e
apres a, &c. parce que le nom épellatif de la lettre
avertissoit assez de la voyelle suivante, quand elle
devoit être la même que celle de l'épellation alphabétique,
ce qui, pour le dire en passant, donne
lieu de présumer que la méthode de Masclef pour
lire l'hébreu pourroit bien n'être pas si éloignée qu'on l'imagine de l'ancienne maniere de lire.
Voyez
Q, comme lettre numérale, valoit 500; & surmonté d'une petite barre, Q valoit 500000.
Dans les noms propres des Romains, Q signifioit Quintus ou Quintius.
Sur nos monnoies cette lettre indique qu'elles ont été frappées à Perpignan. (B. E. R. M.)
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