RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
PYTHONISSE (Page 13:633)
PYTHONISSE, s. f. (Divinat.) femme possédée
de l'esprit python. Voyez
Pythonisse d'Endor (Page 13:633)
Les deux principaux acteurs de la scène d'Endor sont Saül & la pythonisse. Nous savons par le texte ce que la pythonisse pensoit de Saül: Voi si ta servante a fait, dit - elle, ce que tu lui as demandé. Saül avoit demandé qu'elle lui devinât par l'Ob, & qu'elle lui fît monter celui qu'elle lui diroit. La conduite de Saül nous apprend ce qu'il pensoit: il compta fort peu sur la certitude de la prédiction; doute qu'il n'auroit pas eu, s'il avoit été assuré qu'elle vînt de Dieu: aussi, dès qu'il fut en état de faire quelques réflexions, il la regarda comme une illusion, puisqu'il se hâta si fort d'aller donner bataille aux Philistins. Samuël est un personnage suspect à l'une des parties; Saül & la pythonisse ne le sont point. Que demanda Saül à cette femme? Je te prie, devine - moi par l'Ob, & fais monter vers moi celui que je te dirai. On voit par - là bien clairement que Saül avoit renoncé à consulter Dieu, qui, selon sa pensée, s'étoit retiré de lui. Qui veuxtu que je te fasse monter? lui répond la pythonisse, c'est - à - dire, lequel des morts veux - tu consulter? Fais monter Samuël, replique Saül; après quoi la pythonisse se vante d'avoir fait ce qu'on lui a demandé.
Il est clair, dans l'histoire sacrée, que l'Eternel avoit constamment refusé de répondre aux incertitudes de Saül. V. 6. Or, l'opinion qui suppose que sans en avertir, Dieu change de conduite, jusqu'au point de ressusciter un prophete mort, pour fixer des doutes qu'il n'avoit pas daigné éclaircir par des songes, &c. attribue, en quelque sorte, à l'Etre suprème une conduite contradictoire, & conséquemment indigne de ses perfections infinies.
La pythonisse, qui connoissoit Saül, se conduisit
avec beaucoup d'adresse, & feignit d'être effrayée
quand elle vit Saül dans le trouble:
Ces paroles, j'ai exposé ma vie, n'ont pas besoin de
commentaire; tout le monde entend qu'elles sont
relatives à l'art que cette femme exerçoit, & aux
supplices que Saül avoit infligés à ceux de cette profession: il les avoit exterminés du pays.
Cette femme adroite
Cette femme avoit d'abord représenté à Saül les mauvais traitemens qu'il avoit faits aux personnes de sa profession. Elle connoissoit Saül de vue; néanmoins, pour ne point se tromper sur la personne qui la venoit consulter, elle commence par lui dire: pourquoi tends - tu un piége à mon ame pour me faire mourir? Il lui jure qu'il ne lui arrivera point de mal pour cela. Alors elle est parfaitement assurée de ne se pas tromper. Si Samuël s'étoit présenté vivant pendant cette conversation, Saül l'auroit vu comme la pythonisse; mais de peur de rien voir, il se prosterne le visage contre terre.
Le but de la magicienne étoit son propre intérêt, & le plaisir de se venger du mal que Saül avoit fait à ses semblables. En lui prédisant d'heureux succès, la confiance auroit pu revenir à Saül, & elle auroit travaillé par - là à reculer des malheurs que vraissemblablement elle souhaitoit d'avancer, pour être plutôt vengée. Les circonstances même forcerent la Pythonisse à parler comme elle parla. Ne doutons point que s'il eût été à son choix d'introduire quel personnage il lui eût plu pour jouer le rôle le plus commode, qu'elle n'en eût choisi un autre que Samuël. Mais Saül ayant souhaité qu'elle interrogeât ce prophete, comment le faire reconnoître à un prince qui craint de voir celui qu'il veut consulter, qu'en empruntant son langage, & lui faisant même rappeller ce qu'il avoit déja dit dans une autre occasion? Saul crut donc que c'étoit Samuel qui lui parloit, par les discours qu'il lui tint. Il ne l'auroit pas cru, s'il lui en avoit tenu de flateurs, Samuël n'ayant pas accoutumé Saül à en entendre de tels. Ainsi, tout concourut à favoriser la magicienne: ainsi tout est simple dans cette histoire, & rien ne requiert la supposition d'un miracle. (D. J.)
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.