ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Ordre VIII. Cete. Cet ordre comprend les cétacées divisés en quatre genres.

Quadrupede (Page 13:648)

Quadrupede ailé, (Hist. nat.) Il faut mettre au rang des fables de l'histoire naturelle, les contes de quadrupedes ailés, du griffon, du dragon quadrupede, des basilics, des lamies, & autres semblables qui n'ont jamais existé que dans l'imagination.

Cependant, quoique toutes les histoires de quadrupedes ailés soient fausses, il ne faut pas nier absolument que la nature ait refusé à tous sans exception une espece de vol. Il y a dans les Indes orientales & occidentales des animaux qui ont les piés de devant attachés par une espece de membrane qui leur tient en quelque maniere lieu d'ailes. Tel est l'animal qu'on nomme le dragon volant, & que Pison, ainsi que Bontius rangent parmi les quadrupedes. Ces sortes d'animaux peuvent pendant quelque tems se mouvoir & se suspendre dans l'air. C'est ainsi que l'écureuil volant peut se soutenir par une membrane étendue qui l'empêche de tomber dans les sauts qu'il fait d'un arbre à l'autre. Il ne faut donc pas regarder les mots volant & ailé comme synonymes; il n'y a point de quadrupedes ailés; mais il y en a un qui vole sans avoir des ailes, & c'est la seule chauvesouris. Certaines especes de lézards & d'écureuils sont dits voler improprement; car ils ne peuvent se soutenir dans l'air que pendant des momens, au moyen des peaux qui sont attachées à leurs pates, & qui leur servent à se suspendre dans les sauts qu'ils font d'un endroit un peu plus élevé à un plus bas. (D. J.)

QUADRUPLATOR (Page 13:648)

QUADRUPLATOR, s. m. (Hist. rom.) ce mot qu'on trouve dans Cicéron, signifie un délateur, pour des crimes qui concernoient la république; on le nommoit quadruplator, parce qu'on lui donnoit la quatrieme partie du bien de ceux qui sur sa délation, avoit été consisqué. Plaute a forgé le verbe quadruplari, pour signifier, faire la profession de délateur. (D. J.)

QUADRUPLE (Page 13:648)

QUADRUPLE, s. m. (Monnoie.) monnoie d'or qui vaut quatre fois autant que l'espece dont elle est une des augmentations. Le quadruple de la pistole d'Espagne s'appelle aussi piece de quatre pistoles, qui sur le pié d'onze livres la pistole d'Espagne, vaut quarante - quatre livres monnoie de France.

Le quadruple louis est une piece d'or fabriquée sous le regne de Louis XIII. en 1641; elle a d'un côté pour légende, Christus vincit, regnat, imperat; & de ce même côté il y a au milieu de cette espece, une croix couronnée de quatre couronnes, & cantonnée de quatre fleurs de lys. Elle a de l'autre côté pour légende, Ludovicus decimus tertius Dei gratiâ Francorum rex, avec la tête de Louis XIII.

Le quadruple pese 10 deniers 12 grains trébuchans, & valoit sous Louis XIII. vingt livres. (D. J.)

Quadruple - croche (Page 13:648)

Quadruple - croche, s. f. en italien quatri - croma, est une note de musique qui ne vaut que le quart d'une croche, ou la moitié d'une double croche. Il faut soixante - quatre quadruples - croches pour une mesure à quatre tems: mais on n'employe guere cette espece de notes. Voyez Valeur des notes.

La quadruple - croche est presque toujours liée avec d'autres notes de pareille ou de différente valeur, & se figure ainsi [omission: musical score; to see, consult fac-similé version] ou [omission: musical score; to see, consult fac-similé version] Elle tire son nom du quadruple crochet par lequel on la désigne. (S)

QUAESTORIANENSIS (Page 13:648)

QUAESTORIANENSIS, (Géog. anc.) siége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacène; la notice épiscopale d'Afrique nomme cette province Victorianus quoestorianensis. Entre les évêques qui souscrivirent la lettre qu'écrivirent ceux de la Byzacène qui étoient au concile de Latran, tenu sous le pape Martin, on trouve ces paroles, spes in Deo, episco - pus sanctoe ecclesioe Quoe storianensis. (D. J.)

QUAKENBRUGGE (Page 13:648)

QUAKENBRUGGE, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, au cercle de Westphalie, dans l'évêché d'Osnabruck: elle est sur la riviere de Hase, à huit lieues N. O. d'Osnabruck, 14 S. O. de Brème. Long. 25. 44. latit. 52. 45. (D. J.)

QUAKER (Page 13:648)

QUAKER, s. m. (Hist. des sect. mod.) ce mot anglois veut dire trembleur; c'est le sobriquet odieux qu'on s'est avisé de donner à une secte pacifique, dont la religion théorique a été cent fois tournée en ridicule, & dont on a été forcé de respecter la morale. Cette secte ne ressemble point pour les dogmes, & encore moins pour la conduite, à ces anabaptistes d'Allemagne du seizieme siecle, ramas d'hommes rustiques & féroces, qui pousserent leur fanatisme sauvage aussi loin que peut aller la nature humaine abandonnée à ses emportemens.

Les Quakers dont nous parlons, s'éleverent en Angleterre au milieu des guerres civiles du regne de Charles I. Georges Fox né dans un village du comté de Leicester, & fils d'un simple artisan, touché des malheurs de sa patrie, prêcha sans étude la morale, la charité mutuelle, l'amour de Dieu, un culte simple, & la nécessité de l'inspiration du Saint - Esprit, pour mériter le salut. Il blâma les vues intéressées des ministres anglicans; condamna la guerre comme une fureur, & le serment comme un outrage fait à Dieu. Cromwel le fit arrêter avec sa femme; mais cette persécution multiplia ses disciples & ses sectateurs; on les maltraita, on sévit contre eux, on les joua sur le théâtre; ils mépriserent les mauvais traitemens, les prisons, & les satyres.

La secte fit les progrès les plus rapides; Cromwel fut obligé de la craindre & de la respecter. Voyant que leur nombre augmentoit sans cesse, il leur fit offrir de l'argent, pour les attirer à son parti; mais ils furent incorruptibles; & il dit un jour, que cette religion étoit la seule contre laquelle il n'avoit pû prévaloir avec des guinées.

Ils établirent pour premier principe de la morale religieuse, la frugalité, la tempérance, la modestie, le recueillement. 2°. Des pasteurs qui seroient nommés par l'assemblée des fideles. 3°. Ils embrasserent l'opinion des Anabaptistes sur le baptême & les sacremens. 4°. Ils établirent que tous les hommes sont égaux par leur nature. 5°. Qu'ils ont tous des lumieres suffisantes pour obtenir le salut par une bonne conduite. 6°. Qu'on sera justifié auprès de Dieu par sa propre justice. 7°. Que l'esprit de Dieu habite en tout homme qui ne l'éteindra pas. 8°. Enfin, pour se mettre en garde contre tout indigne commerce de mensonges & de flateries, ils jugerent qu'on devoit également tutoyer les rois & les charbonniers en leur parlant; n'avoir pour les hommes que de la charité & du respect pour les lois.

Voilà les principaux dogmes de cette secte: après cela qu'on range tant qu'on voudra les Quakers parmi les fanatiques; ce sont toujours des fanatiques bien estimables Je ne puis m'empêcher de déclarer, que je les estime un peuple vraiment grand, vertueux, plein d'industrie, d'intelligence, & de sagesse. Ce sont des gens animés des principes les plus étendus de bénéficence, qu'il y ait jamais eu sur la terre. Leur charité se porte sur toute la race du genre humain, ne refusant à personne les miséricordes des dieux. Ils reconnoissent publiquement que la liberté universelle est due à tout le monde. Ils condamnent les impôts, & néanmoins ils les payent, & s'y soumettent sans murmure. Enfin, c'est peut - être le seul parti chez les Chrétiens, dont la pratique du corps entier, réponde constamment à ses principes. Je n'ai point de honte d'avouer que j'ai lu & relu avec un plaisir singulier l'apologie du Quakérisme par Robert Barclay; il m'a convaincu que c'est, tout calculé, le [p. 649] système le plus raisonnable & le plus parfait qu'on ait encore imaginé.

Barclay mit au jour son ouvrage en 1675; l'épître dédicatoire à Charles II. contient non des basses adulations, mais des vérités hardies, & des conseils justes.

« Tu as goûté, dit - il à Charles, à la fin de cette épître, de la douceur & de l'amertume, de la prospérité & des grands malheurs: tu as été chassé des pays où tu regnes; tu as senti le poids de l'oppression, & tu dois savoir combien l'oppresseur est détestable devant Dieu & devant les hommes: que si après tant d'épreuves & de bénédictions, ton coeur s'endurcissoit & oublioit le Dieu qui s'est souvenu de toi dans les disgraces, ton crime en seroit plus grand, & la condamnation plus terrible: au lieu donc d'écouter les flatteurs de ta cour, écoute la voix de ta conscience, qui ne te flatera jamais. Je suis ton fidel ami & sujet, Barclay ».

Environ ce tems - là, parut l'illustre Guillaume Penn, qui établit la puissance des Quakers en Amérique, & qui les auroit rendus respectables en Europe, si les hommes pouvoient respecter la vertu sous des apparences ridicules. Il étoit fils unique du chevalier Penn, vice - amiral d'Angleterre, & favori du duc d'York, depuis Jacques Il. Il naquit à Londres en 1644, & sut élevé avec soin dans l'université d'Oxford; il y étudia avec un jeune quaker, qui en fit un partisan des plus zélés du Quakérisme.

De retour chez le vice - amiral son pere, au lieu de se mettre à genoux devant lui, & de lui demander sa bénédiction, selon l'usage des Anglois, il l'aborda le chapeau sur la tête, & lui dit: je suis fort aise, mon cher pere de te voir en bonne santé. Le vice - amiral crut que son fils étoit devenu sou; il apperçut bientôt qu'il étoit quaker. Il mit en usage tous les movens que la prudence humaine peut employer, pour l'engager à vivre comme un autre; le jeune homme ne répondit à son pere qu'en l'exhortant à se faire quaker lui - même. Enfin, le pere se relâcha à ne lui demander autre chose, sinon qu'il allât voir le roi & le duc d'York le chapeau sous le bras, & qu'il ne les tutoyât point; Guillaume répondit que sa conscience ne lui permettoit pas, & qu'il valoit mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Le pere au desespoir, le chassa de sa maison. Le jeune Penn remercia Dieu de ce qu'il souffroit déja pour sa cause: il alla prêcher dans la cité; il y fit beaucoup de prosélytes. Comme il étoit beau, bienfait, vif, & naturellement éloquent, les femmes de tout rang accouroient dévotement pour l'entendre. Sur sa réputation, Georges Fox vint du fond de l'Angleterre le voir à Londres. Tous deux s'embarquerent pour la Hollande & l'Allemagne en 1677, afin de gagner des prosélytes au Quakérisme.

Leurs travaux eurent un heureux succès à Amsterdam; mais, ce qui leur fit plus d'honneur, & ce qui mit le plus leur humilité en danger, fut la réception que leur fit la princesse Palatine Elisabeth, tante de Georges I. roi d'Angleterre, femme illustre par son esprit & par son savoir, & à qui Descartes avoit dédié son roman de Philosophie.

Elle étoit retirée à la Haye, où elle vit les Amis; car c'est ainsi que l'on appelloit alors les Quakers en Hollande. Elle eut plusieurs conférences avec eux; ils prêcherent souvent chez elle; & s'ils ne firent pas d'elle une parfaite quakeresse, ils avouerent au - moins qu'elle n'étoit pas loin du royaume des cieux. Les Amis semerent aussi en Allemagne, mais ils y recueillirent peu; on ne goûta pas la mode de tutoyer dans un pays, où il faut prononcer toujours les termes d'altesse & d'excellence.

Penn repassa bien - tôt en Angleterre, sur la nouvelle de la maladie de son pere, qui se réconcilia avec lui, le reçut avec tendresse, & finit ses jours entre ses bras. Il en hérita de grands biens, parmi lesquels il se trouvoit des dettes de la couronne, pour des avances faites par le vice - amiral, dans des expéditions maritimes. Le gouvernement donna à Guillaume Penn en 1681, au lieu d'argent, tant pour lui que pour ses successeurs, la propriété & la souveraineté d'une province de l'Amérique septentrionale, bornée au nord par les Iroquois, à l'orient par le nouveau Jersey, au midi par le Mariland, & à l'orient par le pays des Oniasontkes. Voilà un quaker devenu souverain.

Il partit pour ses nouveaux états, avec deux vaisseaux chargés de quakers, qui le suivirent. On appella des lors le pays Pensylvania, du nom de Penn; il y fonda la ville de Philadelphie, qui est aujourd'hui très - florissante. Il commença par faire une ligue avec les Amériquains ses voisins; c'est le seul traité entre ces peuples & les Chrétiens, qui n'ait point été juré, & qui n'ait point été rompu. Le nouveau souverain fut aussi le législateur de la Pensylvanie; il donna des lois très sages, dont aucune n'a été changée depuis lui. La premiere, est de ne maltraiter personne au sujet de la religion, & de regarder comme freres tous ceux qui croyent un Dieu.

A peine eut - il établi son gouvernement, que plusieurs négocians de l'Amérique vinrent peupler cette colonie. Les naturels du pays, au lieu de fuir dans les forêts, s'accoutumerent insensiblement avec les pacisiques Quakers. Autant ils détestoient les autres chrétiens, conquérans & destructeurs de l'Amérique, autant ils aimoient ces nouveaux venus. En peu de tems, ces prétendus sauvages, charmés des Quakers, vinrent en foule demander à Guillaume Penn, de les recevoir au nombre de ses vassaux. C'étoit un spectacle bien nouveau, qu'un souverain que tout le monde tutoyoit, & à qui on parloit le chapeau sur la tête, un gouvernement sans prêtres, un peuple sans armes, des citoyens tous égaux, à la magistrature près, & des voisins sans jalousie. Guillaume Penn pouvoit se vanter d'avoir apporté sur la terre l'âge d'or, dont on parle tant, & qui n'a vraissemblablement existé qu'en Pensylvanie.

Il revint en Angleterre pour les affaires de son nouveau pays, après la mort de Charles II. Le roi Jacques, qui avoit aimé son pere, eut la même affection pour le fils, & ne le considéra plus comme un sectaire obscur, mais comme un très - grand homme. La politique du roi s'accordoit en cela avec son goût. Il avoit envie de flatter les Quakers, en abolissant les lois contre les non - conformistes, afin de pouvoir introduire la religion catholique à la faveur de cette liberté. Toutes les sectes d'Angleterre virent le piége, & ne s'y laisserent pas prendre; mais elles reçurent de Guillaume III. & de son parlement, cette même liberté qu'elles n'avoient pas voulu tenir des mains du roi Jacques. Ce fut alors que les Quakers commencerent à jouir, par la force des lois, de tous les priviléges dont ils sont en possession aujourd'hui. Penn, après avoir vu enfin sa secte établie sans contradiction dans le pays de sa naissance, alla faire un tour dans la Pensylvanie en 1700, avec sa femme & sa famille.

Les siens & les Amériquains le reçurent avec des larmes de joie, comme un pere qui revenoit voir ses enfans. Toutes ses lois avoient été religieusement observées pendant son absence; ce qui n'étoit arrivé qu'au seul Lycurgue avant lui. Il ne resta qu'un couple d'années à Philadelphie; & cependant n'en partit que malgré lui, pour aller solliciter à Londres des avantages nouveaux en faveur du commerce des Pensylvains. Il ne les revit plus; la reine Anne le reçut avec beaucoup de considération, & voulut souvent l'avoir à sa cour; mais l'air de Londres étant contraire à sa santé, il se retira en 1710 dans la pro<pb->

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