ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"543"> faisoit profession de cette espece de magie.

PSYCHÉ (Page 13:543)

PSYCHÉ, s. f. (Mythol.) les amours de Psyché & de Cupidon sont connus de tout le monde. Apulée & Fulgence en ont fait des descriptions fort agréables, mais la Fontaine a embelli leur roman, par les charmans épisodes qu'il y a joints, par le tour original qu'il lui a donné, & par les graces inimitables de son style.

Nous avons une planche, où le mariage de cette belle princesse est représenté; cupidon marche à la droite de Psyché la tête couverte d'un voile qui descend jusqu'aux piés. C'étoit la coutume chez les anciens, que les personnes qui se marioient, portent un semblable voile. Ce deux amans sont joints avec une chaîne, pour montrer qu'il n'y a point d'union plus intime que celle du mariage. Un des amours tient cette chaîne d'une main, & de l'autre un flambeau.

Pétrone fait un récit de la pompe nuptiale de ces deux amans. Déja, dit - il, on avoit voilé la tête de la jeune Psyché; déja le conducteur la précédoit avec un flambeau; déja une troupe de femmes échauffées des vapeurs du vin jettoient mille cris de joie, & accommodoient le lit des nouveaux mariés.

Psyché a des aîles de papillon attachées à ses épaules, & c'est ainsi qu'elle est dépeinte dans tous les monumens antiques. La raison qu'on peut donner de cette fiction, est que les anciens représentoient la nature & les propriétés de l'ame sous l'emblème de Psyché: le mot Psyché en grec signifie l'ame & le papillon, parce que les anciens concevoient l'ame comme un souffle que la légereté de ce foible volatil exprime assez bien.

La fable de Psyché, inventé par Apulée, est un charmant conte de fées, qui a peut - être servi de modele aux ouvrages de ce genre, si communs dans notre langue. (D. J.)

PSYCHIUM (Page 13:543)

PSYCHIUM, (Géog. anc.) ville de l'île de Crete, selon Ptolomée, l. III. c. xvij. sur la côte méridionale, entre les embouchures des fleuves Matalia & Electra. Elle est appellée Sichino, par Mercator. (D. J.)

PSYCHOLOGIE (Page 13:543)

PSYCHOLOGIE (a), s. f. (Métaphysique.) partie de la Philosophie, qui traite de l'ame humaine, qui en définit l'essence, & qui rend raison de ses opérations. On peut la diviser en Phychologie empirique, ou expérimentale, & Psychologie raisonnée. La premiere tire de l'expérience les principes, par lesquels elle explique ce qui se passe dans l'ame, & la Psychologie raisonnée, tirant de ces principes d'expérience une définition de l'ame, déduit, ensuite de cette définition, les diverses facultés & opérations qui conviennent a l'ame. C'est la double méthode à posteriori & à priori, dont l'accord produit la démonstration la plus exacte que l'on puisse prétendre. La Psychologie fournit des principes à diverses autres parties de la Philosophie, au droit naturel (b), à la Théologie naturelle (c), à la Philosophie pratique (d), & à la Lo<cb-> gique (e). Rien de plus propre que l'étude de la Psychologie, pour remplir des plaisirs les plus vifs, un esprit qui aime les connoissances solides & utiles. C'est le plus grand bonheur dont l'homme soit susceptible ici bas, consistant dans la connoissance de la vérité, en tant qu'elle est liée avec la pratique de la vertu, on ne sauroit y arriver sans une connoissance préalable à l'ame, qui est appellée à acquérir ces connoissances, & à pratiquer ces vertus.

PSYCHRUS (Page 13:543)

PSYCHRUS, (Géog. anc.) YUXROS2, c'est - à - dire, froid. On donna anciennement ce nom à un fleuve de la Thrace, à cause de l'extrème fraîcheur de ses eaux. Il couloit dans l'Assyritide, au territoire de Chalcis. Aristote, de animal. l. III. dit que si les brebis viennent à être couvertes après avoir bû de l'eau de ce fleuve, les agneaux qu'elles feront seront noirs. Psychrus est encore un nom commun à deux fleuves, l'un dans la Colchide, & l'autre dans la Sarmatie asiatique. (D. J.)

PSYCHOMANCIE (Page 13:543)

PSYCHOMANCIE, s. f. (Divination.) sorte de magie ou de divination, qui consistoit à évoquer les ames des morts.

Ce mot est formé du grec YUXH, ame, & MANTEI(/A, divination.

Les cérémonies usitées dans la psychomancie étoient les mêmes que celles qu'on pratiquoit dans la nécromancie. Voyez Nécromancie.

C'étoit ordinairement dans des caveaux souterreins & dans des antres obscurs qu'on faisoit ces sortes d'opérations, surtout quand on desiroit de voir les simulachres des morts, & de les interroger. Mais il y avoit encore une autre maniere de les consulter, & qu'on appelloit aussi psychomancie, dont toutefois l'appareil étoit moins effrayant. C'étoit de passer la nuit dans certains temples, de s'y coucher sur des peaux de bêtes, & d'attendre en dormant l'apparition & les réponses des morts. Les temples d'Esculape étoient surtout renommés pour cette cérémonie. Il étoit facile aux prêtres imposteurs de procurerde pareilles apparitions, & de donner des réponses ou satisfaisantes ou contraires, ou ambiguës.

Julien l'apostat, pour rendre odieuses les veilles que les premiers fideles faisoient aux tombeaux des martyrs, les accusoit d'y évoquer les morts. Il eût été facile à ceux - ci de récriminer: mais S. Cyrille répondit encore plus solidement, que ce qui avoit été interdit aux Juifs, comme une superstition diabolique, n'étoit point, à plus forte raison, pratiqué par les Chrétiens. Aussi est - ce des payens & des juifs idolâtres qu'Isaïe avoit dit: qui habitant in sepulchris & in delubris idolorum dormiunt. In delubris idolorum dormiebant, ubi stratis pellibus hostiarum incubare soliti erant ut somnis futura cognoscerent: dit S. Jerome dans son commentaire sur cet endroit d'Isaïe; & Delrio dit qu'on appelloit ces temples psychomantea, parce qu'on prétendoit ou que les dieux ou les ombres des morts y apparoissoient.

(a) PSYCHOLOGIE, dans les cours ordinaires, la doctrine de l'ame n'est qu'une partie de la Pneumatologie ou doctrine des esprits, qui n'est elle même qu'une partie de la Métaphysique. Mais M. Wolff dans la disposition philosophique de son cours, a fait de la Psychologie une partie distincte de la Philosophie, à laquelle il a consacré deux volumes; l'un pour la Psychologie empyrique; l'autre pour la Psychologie raisonnée, & il a placé cette tractation immédiatement après sa Cosmologie, parce qu'il en découle des principes pour presque toutes les autres parties, comme les notes suivantes le justifient. (b) Au droit naturel. On démontre dans le droit naturel, quelles sont les bonnes & les mauvaises actions. Or la raison de cette qualification des actions, ne peut se deduire que de la nature humaine, & en particulier des propriétés de l'ame. La connoissance de l'ame doit précéder l'étude du droit naturel.

(c) A la Théologie naturelle. Nous ne pouvons arriver à la notion des attributs divins, qu'en dégageant la notion des propriétés de notre ame, de ses imperfections & de ses limitations. Il faut donc commencer par acquérir dans la Psychologie, des idées distinctes de ce qui convient à notre ame, pour en abstraire les principes généraux, qui déterminent ce qui convient à tous les esprits, & par conséquent à Dieu. (d) A la Philosophie pratique. L'Etique ou la Morale a pour objet principal d'engager les hommes à pratiquer les vertus, & à fuir les vices, c'est - à - dire, de déterminer en général les appétits de l'ame d'une maniere convenable. Qui ne voit donc que cette détermination des appétics demande qu'on se représente distinctement la substance dans laquelle ils résident?

(e) A la Logique. Quoique par des raisons particulieres, on ait conservé à la Logique le premier rang entre les parties de la Philosophie, elle ne laisse pas d'être subordonnée à la Psychologie, entant qu'elle lui emprunte des principes sans lesquels elle ne pourroit faire sentir la différence des idées, ni établir les regles du raisonnement qui sont fondées sur la nature & les opérations de l'ame.

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PSYCHROMETRE (Page 13:544)

PSYCHROMETRE, s. m. (Phys.) instrument servant à mesurer le degré de froid; on l'appelle ordinairement thermometre. Voyez Thermometre.

Ce mot est formé des mots grecs YUXRO/S2, froid, & METRON, mesure.

PSYLAS (Page 13:544)

PSYLAS, (Mythol.) c'est un surnom que les habitans d'Amiclée dans la Laconie donnoient à Bacchus, par une raison assez ingénieuse, dit Pausanias; car psyla, en langage dorien, signifie la pointe de l'aîle d'un oiseau: or il semble, ajoute - t - il, que l'homme soit emporté & soutenu par une pointe de vin, comme un oiseau dans l'air par les aîles. (D. J.)

PSYLLES les (Page 13:544)

PSYLLES les, (Géog. anc. & Littérat.) peuples qui, dit - on, guérissoient la morsure des serpens; & malgré leur célébrité, on ignore jusqu'à la situation de leur pays. Pline les place dans la grande Syrte, Solin au - dessus des Caramantes, & Ptolomée dans la Marmarique; mais Strabon paroît en avoir donné la position plus exacte. Suivant sa description, les Psylles étoient situés au midi de la Cyrénaïque, entre les Nasamons peuple de brigands, qui ravageoient les côtes de la Lybie, & les Gétules nation belliqueuse & féroce: c'est dans ces climats infortunés, que le soleil ne répand d'autre lumiere qu'une lumiere brûlante, & qui ne produisent presque autre chose que des serpens.

Au milieu de ces monstres, dont les étrangers étoient la victime, les Psylles, s'il en faut croire presque tous les anciens, vivoient sans allarmes comme sans péril. Ils n'avoient rien à craindre des cérastes mêmes, c'est - à - dire des serpens les plus dangereux. Soit science naturelle, soit sympathie, ou privilége de la nature, ils en étoient seuls respectés; & tel étoit leur ascendant sur tous les reptiles, que ceuxci ne pouvoient pas même soutenir leur présence: on les voyoit tout - à - coup tomber dans un assoupissement mortel, ou s'affoiblir peu - à - peu, jusqu'au moment où les Psylles disparoissoient. Ce privilége si rare, & que suivant Dion, la nature n'accordoit qu'aux mâles, à l'exclusion des femelles, devoit en faire comme un peuple séparé des autres nations. Poursuivons leur histoire, je la trouve toute faite dans les mémoires de littérature.

Pour éprouver la fidélité de leurs femmes, les Psylles exposoient aux cérastes leurs enfans dès qu'ils étoient nés. Si çes enfans étoient un fruit de l'adultere, ils périssoient; & s'ils étoient légitimes, ils étoient préservés par la vertu qu'ils avoient reçue avec la vie.

Cette même vertu éclata dans la personne d'Evagon, qui étoit un des ophiogènes de Chypre, lesquels avoient la même puissance que les Psylles. On enferma Evagon par ordre des consuls dans un tonneau plein de serpens, & les serpens par leurs caresses justifierent aux yeux de Rome entiere, le pouvoir dont elle avoit douté quand on ordonna cette épreuve.

Les Psylles prétendoient aussi guérir de la morsure des serpens avec leur salive, ou même par le seul attouchement. Caton en mena plusieurs à sa suite pour préserver son armée du venin de ces animaux.

Auguste ayant appris que Cléopatre pour se dérober à son triomphe, s'étoit fait mordre par un aspic, ou plutôt selon Galien, que s'étant piquée elle - même, elle avoit distillé du venin dans sa blessure; il lui dépêcha des psylles, & les chargea d'employer toute leur industrie pour la guérir; mais quand ils arriverent elle n'étoit déja plus.

Les anciens psylles, selon le témoignage d'Hérodote, ont péri dans la guerre insensée qu'ils entreprirent contre le vent du midi, étant indignés de voir leurs sour ces desséchées. Pline au contraire, attribue leur ruine aux Nasamons qui les taillerent en pieces, & s'emparerent de leurs demeures; j'ajoute qu'il en échappa quelques - uns à la défaite générale, & que de son tems il y en avoit encore qui descendoient des anciens psylles. Voilà ce que l'antiquité nous a transmis de ce peuple extraordinaire; voyons maintenant si le merveilleux qu'elle en a publié peut se soutenir.

Callias est le premier qui ait donné cours à ce que l'on raconte de ces peuples. Or Diodore de Sicile, & après lui Suidas, nous ont appris qu'il falloit extrèmement se défier de cet auteur, & que dans les faits les plus importans, il s'étoit joué de la vérité. D'ailleurs son témoignage même n'établit pas nettement cette vertu prétendue. Voici comme il s'explique dans Elien, Hist. anim. l. XVI. c. xviij. « Si un psylle est appellé à l'occasion de la morsure d'un serpent, & que la douleur de la plaie soit supportable, il y met seulement de la salive, & le mal cesse incontinent. Si la douleur est aiguë, il prend une certaine quantité d'eau, & l'ayant tenue quelque tems dans sa bouche, il la sait boire ensuite à la personne qui a été mordue; que si le venin résiste, & qu'il ait fait de visibles progrès, le psylle en cette extrémité se couche nud sur le malade aussi nud, & le guérit de la sorte infailliblement ».

Or pour les cas ordinaires, il n'est point question dans tout ce passage, d'une vertu qui soit simplement un privilége de la nature. On sent bien qu'en supposant la guérison véritable, elle étoit moins l'effet de la salive du psylle, ou de l'eau qu'il tenoit dans sa bouche, que des antidotes qu'il y avoit cachés auparavant.

Cependant comme il y a des auteurs judicieux, qui nient absolument l'existence de ces antidotes, nous pouvons avancer que les Psylles n'en connoissoient aucuns contre la morsure des serpens. Il y a eu des imposteurs en tous genres dans tous les siecles, & dans tous les pays. Tels furent autrefois les Marses qui habitoient cette partie de l'Italie que l'on nomme Ducato di Marsi, & qui s'attribuant la même vertu, les mêmes priviléges que les Psylles, pratiquoient aussi les mêmes cérémonies; ils employoient comme eux des paroles prétendues magiques; & c'est à quoi les poëtes latins font de si fréquentes allusions.

Tels furent, au rapport de Néarque dans Strabon, ces Indiens qui se picquoient de guerir par leurs charmes les morsures des serpens; & tels sont aujourd'hui parmi les mêmes Indiens, ces charlatans dont parle Koempfer: ils promenent par - tout une sorte de vipere très - dangereuse, qui s'agite au son de leur voix, comme si elle vouloit danser, & qui à les en croire, ne leur fait jamais aucun mal; & ce double effet, ils veulent qu'on le rapporte à la force magique de leurs chansons, & à la vertu d'une racine qu'ils vendent au peuple, toujours dupe des impostures. Mais si cette vipere qu'ils appellent naja, & que les Portugais nomment cobras de cabelo, s'ague comme en cadence au son de leur voix; c'est, selon le même Koempfer, qui a vu dresser de ces animaux, l'unique effet de l'instruction dans le charlatan, & de la docilite dans la vipere même. Pour ce qui regarde la racine, sa prétendue vertu n'empêche pas qu'ils ne soient mordus quelquefois; & si la morsure n'a point de suites funestes, c'est qu'auparavant ils ont exprimé des gencives de la vipere le venin qui y résidoit.

Sans nous transporter en des climats ou des siecles éloignés, nous avons de pareils exemples dans le sein même du Christianisme. Les charlatans qu'en Italie on appelle sauveurs, ont empreinte sur leur chair la figure d'un serpent, & s'attribuent les mêmes prérogatives que s'attribuoient les Psylles & les Marses; mais on a découvert que cette figure est un signe artificiel, & Pomponace nous apprend que

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