ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"71"> toutes les parties & de toutes les infléxions du verbe, selon une certaine analogie. Il y a quatre sortes d'analogies en Latin par rapport à la conjugaison; ainsi il y a quatre conjugaisons: chacune a son paradigme, c'est - à - dire un modele sur lequel chaque verbe régulier doit être conjugué; ainsi amare, selon d'autres cantare, est le paradigme des verbes de la premiere conjugaison, & ces verbes, selon leur analogie, gardent l'a long de l'infinitif dans presque tous leurs tems & dans presque toutes les personnes. Amare, amabam, amavi, amaveram, amabo, amandum, amatum, &c.

Les autres conjugaisons ont aussi leur analogie & leur paradigme.

Je crois qu'à ces quatre conjugaisons on doit en ajoûter une cinquieme, qui est une conjugaison mixte, en ce qu'elle a des personnes qui suivent l'analogie de la troisieme conjugaison, & d'autres celle de la quatrieme; tels sont les verbes en ere, io, comme capere, capio; on dit à la premiere personne du passif capior, je suis pris, comme audior; cependant on dit caperis à la seconde personne, & non capiris, quoiqu'on dise audior, audiris. Comme il y a plusieurs verbes en ere, io, suscipere suscipio, interficere interficio, elicere, io, excutere, io, fugere fugio, &c. & que les commençans sont embarrassés à les conjuguer, je crois que ces verbes valent bien la peine qu'on leur donne un paradigme ou modele.

Nos Grammairiens content aussi quatre conjugaisons de nos verbes François.

1. Les verbes de la premiere conjugaison ont l'infinitif en er, donner.

2. Ceux de la seconde ont l'infinitif en ir, punir.

3. Ceux de la troisieme ont l'infinitif en oir, devoir.

4. Ceux de la quatrieme ont l'infinitif en re, dre, tre, faire, rendre, mettre.

La Grammaire de la Touche voudroi une cinquieme conjugaison des verbes en aindre, eindre, oindre, tels que craindre, feindre, joindre, parce que ces verbes ont une singularité qui est de prerdre le g pour donner un son mouillé à l'n en certain; tems, nous craignons, je craignis, je craignisse, craignant.

Mais le P. Buffier observe qu'il y a tant de différentes infléxions entre les verbes d'une même conjugaison, qu'il faut, ou ne reconnoître qu une seule conjugaison, ou en reconnoître autant que nous avons de terminaisons différentes dans les infinitifs. Or M. l'Abbé Regnier observe que la Langue Françoise a jusqu'à vingt - quatre terminaisons différentes à l'infinitif.

9. Enfin le dernier accident des verbes est l'analogie ou l'anomalie, c'est - à - dire d'être réguliers & de suivre l'analogie de leur paradigme, ou bien de s'en écarter; & alors on dit qu'ils sont irréguliers ou anomaux.

Que s'il arrive qu'ils manquent de quelque mode, de quelque tems, ou de quelque personne, on les appelle défectifs.

A l'égard des prépositions, elles sont toutes primitives &simples, à, de, dans, avec, &c. sur quoi il faut observer qu'il y a des Langues qui énoncent en un seul mor ces vûes de l'esprit, ces rapports, ces manieres d'être, au lieu qu'en d'autres Langues ces mêmes rapports sont divisés par l'élocution & exprimés par plusieurs mots, par exemple, coram patre, en présence de son pere; ce mot coram, en Latin, est un mot primitif & simple qui n'exprime qu'une maniere d'être considérée par une vûe simple de l'esprit.

L'élocution n'a point en François de terme pour l'exprimer; on la divise en trois mots, en présence de. Il en est de même de propter, pour l'amour de, ainsi de quelques autres expressions que nos Grammairiens François ne mettent au nombre des prépositions, que parce qu'elles répondent à des prépositions Latines.

La préposition ne fait qu'ajoûter une circonstance ou maniere au mot qui précede, & elle est toûjours considérée sous le même point de vûe, c'est toûjours la même maniere ou circonstance qu'elle exprime; il est dans; que ce soit dans la ville, ou dans la maison, ou dans le coffre, ce sera toûjours être dans. Voilà pourquoi les propositions ne se déclinent point.

Mais il faut observer qu'il y a des prépositions séparables, telles que dans, sur, avec, &c. & d'autres qui sont appellées inséparables, parce qu'elles entrent dans la composition des mots, de façon qu'elles n'en peuvent être séparées sans changer la signification particuliere du mot; par exemple, refaire, surfaire, défaire, contrefaire, ces mots, re, sur, dé, contre, &c. sont alors des prépositions inséparables, tirées du Latin. Nous en parlerons plus en détail au mot Préposition.

A l'égard de l'adverbe, c'est un mot qui, dans sa valeur, vaut autant qu'une préposition & son complément. Ainsi prudemment, c'est avec prudence, sagement, avec sagesse, &c. Voyez Adverbe.

Il y a trois accidens à remarquer dans l'adverbe outre la signification, comme dans tous les autres mots. Ces trois accidens sont,

1. L'espece, qui est ou primitive ou dérivative: ici, là, ailleurs, quand, lors, hier, où, &c. sont des adverbes de l'espece primitive, parce qu'ils ne viennent d'aucun autre mot de la Langue.

Au lieu que justement, sensément, poliment, absolument, tellement, &c. sont de l'espece dérivative; ils viennent des noms adjectifs juste, sensé, poli, absolu, tel, &c.

2. La figure, c'est d'être simple ou composé. Les adverbes sont de la figure simple, quand aucun autre mot ni aucune préposition inséparable n'entre dans leur composition; ainsi justement, lors, jamais, sont des adverbes de la figure simple.

Mais injustement, alors, aujoura'hui, & en Latin hodie, sont de la figure composee.

3. La comparaison est le troisieme accident des adverbes. Les adverbes qui viennent des noms de qualité se comparent, justement, plus justement, très ou fort justement, le plus justement, bien, mieux, le mieux, mal, pis, le pis, plus mal, très mal, fort mal, &c.

A l'égard de la conjonction, c'est - à - dire, de ces petits mots qui servent à exprimer la liaison que l'esprit met entre des mots & des mots, ou entre des phrases & des phrases; outre leur signification particuliere, il y a encore leur figure & leur position.

1. Quant à la figure, il y en a de simples, comme &, ou, mais, si, car, ni, &c.

Il y en a beaucoup de composées, & si, mais si, & même il y en a qui sont composées de noms ou de verbes, par exemple, à moins que, desorte que, bien entendu que, pourvû que.

2. Pour ce qui est de leur position, c'est - à - dire, de l'ordre ou rang que les conjonctions doivent tenir dans le discours, il faut observer qu'il n'y en a point qui ne suppose au - moins un sens précedent; car ce qui joint doit être entre deux termes. Mais ce sens peut quelquefois être transposé, ce qui arrive avec la conditionnelle si, qui peut fort bien commencer un discours si vous êtes utile à la société, elle pourvoira à vos besoins. Ces deux phrases sont liées par la conjonction si; c'est comme s'il y avoit, la société pourvoira à vos besoins, si vous y êtes utile.

Mais vous ne sauriez commencer un discours par mais, &, or, donc, &c. c'est le plus ou moins de liaison qu'il y a entre la phrase qui suit une conjonction & celle qui la précede, qui doit servir de regle pour la ponctuation.

* Ou s'il arrive qu'un discours commence par un or ou un donc, ce discours est censé la suite d'un autre qui s'est tenu intérieurement, & que l'Orateur [p. 72] ou l'Ecrivain a sous - entendu, pour donner plus de véhémence à son début. C'est ainsi qu'Horace a dit au commencement d'une Ode:

Ergo Quintilium perpetuus sopor

Urget. . . . .

Et Malherbe dans son Ode à Louis XIII. partant pour la Rochelle:

Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête;

Prens ta foudre, Loüis. . . . .

A l'égard des interjections, elles ne servent qu'à marquer des mouvemens subits de l'ame. Il y a autant de sortes d'interjections, qu'il y a de passions différentes. Ainsi il y en a pour la tristesse & la compassion, hélas! ha! pour la douleur, ai ai, ha! pour l'aversio & le dégoût, si. Les interjections ne servant qu e seul usage, & n'étant jamais considérées que sous la même face, ne sont sujettes à aucun autre accident. On peut seulement observer qu'il y a des noms, des verbes, & des adverbes, qui étant prononcés dans certains mouvemens de passions ont la force de l'interjection, courage, allons, bon - Dieu, voyez, marche, tout beau, paix, &c. c'est le ton plûtôt que le mot qui fait alors l'interjection. (F)

Accident (Page 1:72)

Accident, s. m. en Logique, quand on joint une idée confuse & indéterminée de substance avec une idée distincte de quelque mode: cette idée est capable de représenter toutes les choses où sera ce mode; comme l'idée de prudent, tous les hommes prudens, l'idée de rond, tous les corps ronds. Cette idée exprimée par un terme adjectif, prudent, rond, donne le cinquieme universel qu'on appelle accident, parce qu'il n'est pas essentiel à la chose à laquelle on l'attribue; car s'il l'étoit, il seroit difference ou propre.

Mais il faut remarquer ici, que quand on considere deux substances ensemble, on peut en considérer une comme mode de l'autre. Ainsi un homme habillé peut être considéré comme un tout composé de cet homme & de ses habits: mais être habillé à l'égard de cet homme, est seulement un mode ou une façon d'être, sous laquelle on le considere, quoique ses habits soient des substances. V. Universaux. (X)

* Les Aristotéliciens, après avoir distribué les êtres en dix classes, réduisoient ces dix classes à deux générales; à la classe de la substance, ou de l'être qui existe par lui - même, & à la classe de l'accident, ou de l'être qui est dans un autre, comme dans un sujet.

De la classe de l'accident, ils en faisoient neuf autres, la quantité, la relation, la qualité, l'action, la passion, le tems, le lieu, la situation, & l'habitude.

Accident (Page 1:72)

Accident, en Medecine, signifie une révolution qui occasionne une maladie, ou quelqu'autre chose de nouveau qui donne de la force à une maladie déjà existante. La suppression subite des crachats dans la péripneumonie est un accident fâcheux. Les plus fameux Praticiens en Medecine recommandent d'avoir communément plûtôt égard à la violence des accidens qu'à la cause de la maladie; parce que leur durée pourroit tellement augmenter la maladie, qu'elle deviendroit incurable. V. Symptome. (N)

Accident (Page 1:72)

Accident, en Peinture. On dit des accidens de lumiere, lorsque les nuàges interposés entre le soleil & la terre produisent sur la terre des ombres qui l'obscurcissent par espace; l'effet que produit le soleil sur ces espaces qui en restent éclairés, s'appelle accident de lumiere. Ces accidens produisent des effets merveilleux dans un tableau.

On appelle encore accident de lumiere, les rayons qui viennent par une porte, par une lucarne, ou d'un flambeau, lorsque cependant ils ne font pas la lumiere principale d'un tableau. (R)

Accident (Page 1:72)

Accident se dit aussi en Fauconnerie. Les oiseaux de proie sont sujets à plusieurs accidens; il arrive quelquefois que les faucons sont blessés en attaquant le milan ou le héron: si la blessure est légere, vous la guérirez avec le remede suivant: mettez dans un pot verni une pinte de bon verjus; faites - y infuser pendant douze heures pimprenelle & consoude de chacune une poignée, avec deux onces d'aloès & autant d'encens, une quantité suffisante d'origan, & un peu de mastic; l'infusion étant faite, passez le tout par un linge avec expression, & gardez ce remede pour le besoin. On se sert de cette colature pour étuver doucement la blessure qui se guérit par ce moyen aisément.

Si la blessure est considérable, il faut d'abord couper la plume pour empêcher qu'elle ne s'y attache, & y mettre une tente imbibée de baume ou d'huile de millepertuis.

Si la blessure estinterne, ayant été causée par l'effort qu'a fait le faucon en fondant sur sa proie, il faut prendre un boyau de poule ou de pigeon, vuider & laver bien ce boyau, puis mettre dedans de la momie, & faire avaler le tout à l'oiseau; il vomira sur le champ le sang qui sera caillé dans son corps, & peu de tems après il sera guéri.

Si la blessure de l'oiseau est considérable, mais extérieure, & que les nerfs soient offensés, il faudra premierement la bien étuver avec un liniment fait avec du vin blanc, dans lequel on aura fait infuser des roses seches, de l'écorce de grenade, un peu d'absinthe & d'alun, ensuite on y appliquera de la térebenthine.

ACCIDENTEL (Page 1:72)

ACCIDENTEL, adj. en Physique, se dit d'un effet qui arrive, ou d'une cause qui arrive par accident, pour ainsi dire, sans être ou du moins sans paroître sujette à des lois, ni à des retours réglés. En ce sens accidentel est opposé à constant & principal. Ainsi la situation du soleil à l'égard de la terre, est la cause constante & principale du chaud, de l'été, & du froid de l'hyver: mais les vents, les pluies, &c. en sont les causes accidentelles, qui alterent & modifient souvent l'action de la cause principale.

Point accidentel, en perspective, est un point de la ligne horisontale où se rencontrent les projections de deux lignes qui sont paralleles l'une à l'autre, dans l'objet qu'on veut mettre en perspective, & qui ne sont pas perpendiculaires au tableau. On appelle ce point accidentel, pour le distinguer du point principal, qui est le point où tombe la perpendiculaire menée de l'oeil au tableau, & où se rencontrent les projections de toutes les lignes perpendiculaires au tableau. Voyez Ligne horisontale. (O)

ACCISE (Page 1:72)

ACCISE, s. f. terme de Commerce, droit qui se paye à Amsterdam, & dans tous les Etats des Provinces - Unies sur diverses sortes de marchandises & de denrées, comme sont le froment, & d'autres grains, la bierre, les tourbes, le charbon de terre.

Les droits d'accise du froment se payent à Amsterdam à raison de trente sols le last, soit que les grains soient chers, soit qu'ils soient à bon marché, outre les droits d'entrée qui sont de dix florins, non compris ce que les Boulangers & les Bourgeois payent pour le mesurage, le courtage, & le port à leurs maisons. (G)

ACCLAMATION (Page 1:72)

ACCLAMATION, s. f. marque de joie ou d'applaudissement par lequel le public témoigne son estime ou son approbation. L'antiquité nous a transmis plusieurs sortes d'acclamations. Les Hébreux avoient coûtume de crier hosanna; les Grecs A'GAQH TUXH, bonne fortune. Il est parlé dans les Historiens de quelques Magistrats d'Athenes qui étoient élûs par acclamation. Cette acclamation ne se manifestoit point par des cris, mais en élevant les mains. Les Barbares témoignoient leur approbation par un bruit confus de leurs armes. Nous connoissons plus en détail sur ce point les usages des Romains, dont on peut réduire

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