ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"63"> ment accéléré; & en supposant que le milieu par lequel ils tombent, c'est - à - dire l'air, soit sans résistance, le même mouvement peut aussi être considéré comme accéléré uniformément. Voyez Descente, &c.

Pour ce qui concerne les lois du mouvement accéléré, Voyez Mouvement & Accélération. (O)

Accéléré (Page 1:63)

Accéléré dans son mouvement. En Astronomie, on dit qu'une Planete est accélérée dans son mouvement, lorsque son mouvement diurne réel excede son moyen mouvement diurne. On dit qu'elle est retardée dans son mouvement, lorsqu'il arrive que son mouvement réel est moindre que son mouvement moyen. Quand la Terre est le plus éloignée du Soleil, elle est alors le moins accélérée dans son mouvement qu'il est possible, & c'est le contraire lorsqu'elle est le plus proche du Soleil. Les Astronomes s'apperçoivent de ces inégalités dans leurs observations, & on en tient compte dans les tables du mouvement apparent du Soleil. Voyez Equation. (O)

ACCENSES (Page 1:63)

ACCENSES, adject. pris subst. du latin accensi sorenses. C'étoient des Officiers attachés aux Magistrats Romains, & dont la fonction étoit de convoquer le peuple aux assemblées, ainsi que le porte leur nom, accensi ab acciendo. Ils étoient encore chargés d'assister le Préteur lorsqu'il tenoit le Siége, & de l'avertir tout haut de trois heures en trois heures quelle heure il étoit dans les Armées Romaines.

Les Accenses, selon Festus, étoient aussi des surnuméraires qui servoient à remplacer les Soldats tués dans une bataille ou mis hors de combat par leurs blessures. Cet Auteur ne leur donne aucun rang dans la Milice: mais Asconius Pedianus leur en assigne un semblable à celui de nos Caporaux & de nos Trompettes. Tite Live en fait quelque mention, mais comme de troupes irrégulieres, & dont on faisoit pcu d'estime. (G)

ACCENT (Page 1:63)

ACCENT, s. m. Ce mot vient d'accentum, supin du verbe accinere qui vient de ad & cancre: les Grecs l'appellent W=RODWDIA, modulatio quoe syllabis adhibetur, venant de PRO\, préposition greque qui entre dans la composition des mots, & qui a divers usages. & WDH\, cantus, chant. On l'appelle aussi TO'NO, ton.

Il faut ici distinguer la chose, & le signe de la chose.

La chose, c'est la voix; la parole, c'est le moc, en tant que prononcé avec toutes les modifications établies par l'usage de la Langue que l'on parle.

Chaque nation, chaque peuple, chaque province, chaque ville même, differe d'un autre dans le langage, non - seulement parce qu'on se sert de mots différens, mais encore par la maniere d'articuler & de prononcer les mots.

Cette maniere différente, dans l'articulation des mots, est appellée accent. En ce sens les mots écrits n'ont point d'accens; car l'accert, ou l'articulation modifiée, ne peut affecter que l'oreille; or l'écriture n'est apperçue que par les yeux.

C'est encore en ce sens que les Poëtes disent: prêtez l'oreille à mes tristes accens. Et que M. Pelisson disoit aux Réfugiés: vous tâcherez de vous former aux accens d'une langue étrangere.

Cette espece de modulation dans les discours, particuliere à chaque pays, est ce que M. l'Abbé d'Olivet, dans son excellent Traité de la Prosodie, appelle accent national.

Pour bien parler une langue vivante, il faudroit avoir le même accent, la même inflexion de voix qu'ont les honnêtes gens de la capitale; ainsi quand on dit, que pour bien parler françois il ne faut point avoir d'accent, on veut dire, qu'il ne faut avoir ni l'accent Italien, ni l'accent Gascon, ni l'accent Picard, ni aucun autre accent qui n'est pas celui des honnêtes gens de la capitale.

Accent, on modulation de la voix dans le discours, est le genre dont chaque accent national est une espece particuliere; c'est ainsi qu'on dit, l'accent Gascon, l'accent Flamand, &c. L'accent. Gascon éleve la voix où, selon le bon usage, on la baisse: il abrege des syllabes que le bon usage allonge; par exemple un gascon dit par consquent, au lieu de dire par conséquent; il prononce séchement toutes les voyelles nazales an, en, in, on, un, &c.

Selon le méchanisme des organes de la parole, il y a plusieurs sortes de modifications particulieres à observer dans l'accent en général, & toutes ces modifications se trouvent aussi dans chaque accent national, quoiqu'elles soient appliquées différemment; car, si l'on veut bien y prendre garde, on trouve partout uniformité & variété. Partout les hommes ont un visage, & pas un ne ressemble parfaitement à un autre; partout les hommes parlent, & chaque pays a sa maniere particuliere de parler, & de modifier la voix. Voyons donc quelles sont ces différentes modifications de voix qui sont comprises sous le mot général accent.

Premierement, il faut observer que les syllabes en toute langue, ne sont pas prononcées du même ton. Il y a diverses inflexions de voix dont les unes élevent le ton, les autres le baissent, & d'autres enfin l'élevent d'abord, & le rabaissent ensuite sur la même syllabe. Le ton élevé est ce qu'on appelle accent aigu; le ton bas ou baissé est ce qu'on nomme accent grave; enfin, le ton élevé & baissé successivement & presque en même tems sur la même syllabe, est l'accent circonflexe. « La nature de la voix est admirable, dit Ciceron, toute sorte de chant est agréablement varié par le ton circonflexe, par l'aigu & par le grave: or le discours ordinaire, poursuit - il, est aussi une espece de chant ». ira est natura vocis, cujus quidem, è tribus omninò sonis inflexo, acuto, gravi, tanta sit, & tam suavis varietas perfecta in cantibus. Est autem in dicendo etiam quidam cantus. Cic. Orator. n. XVII. & XVIII. Cette différente modification du ton, tantôt aigu, tantôt grave, & tantôt circonflexe, est encore sensible dans le cri des animaux, & dans les instrumens de musique.

2. Outre cette variété dans le ton, qui est ou grave, ou aigu, ou circonflexe, il y a encore à observer le tems que l'on met à prononcer chaque syllabe. Les unes sont prononcées en moins de tems que les autres, & l'on dit de celles - ci qu'elles sont longues, & de celles - là qu'elles sont breves. Les breves sont prononcées dans le moins de tems qu'il est possible; aussi dit - on qu'elles n'ont qu'un tems, c'est - à - dire, une mesure, un battement; au lieu que les longues en ont deux; & voilà pourquoi les Anciens doubioient souvent dans l'écriture les voyelles longues, ce que nos Peres ont imité en écrivant aage, &c.

3. On observe encore l'aspiration qui se fait devant les voyelles en certains mots, & qui ne se pratique pas en d'autres, quoiqu'avec la même voyelle & dans une syllabe pareille: c'est ainsi que nous prononçons le héros avec aspiration, & que nous disons l'héroïne, l'héroïsme & les vertus héroïques, fans aspiration.

4. A ces trois différences, que nous venons d'observer dans la prononciation, il faut encore ajoûter la variété du ton pathétique, comme dans l'interrogation, l'admiration, l'ironie, la colere & les autrés passions c'est ce que M. l'Abbé d'Olivet appelle l'accent oratoire.

5. Enfin, il y a à observer les intervalles que l'on met dans la prononciation depuis la fin d'une période jusqu'au commencement de la période qui suit, & entre une proposition & une autre proposition; entre un incise, une parenthese, une proposition incidente, & les mots de la proposition principale [p. 64] dans lesquels cet incise, cette parenthese ou cette proposition incidente sont enfermés.

Toutes ces modifications de la voix, qui sont très sensibles dans l'élocution, sont, ou peuvent être, marquées dans l'écriture par des signes particuliers que les anciens Grammairiens ont aussi appellés accens; ainsi ils ont donné le même nom à la chose, & au signe de la chose.

Quoique l'on dise communément que ces signes, ou accens, sont une invention qui n'est pas trop ancienne, & quoiqu'on montre des manuscrits de mille ans, dans lesquels on ne voit aucun de ces signes, & où les mots sont écrits de suite sans être séparés les uns des autres, j'ai bien de la peine à croire que lorsqu'une langue a eu acquis un certain degré de perfection, lorsqu'elle a eu des Orateurs & des Poëtes, & que les Muses ont joüi de la tranquillité qui leur est nécessaire pour faire usage de leurs talens; j'ai, dis - je, bien de la peine à me persuader qu'alors les copistes habiles n'aient pas fait tout ce qu'il falloit pour peindre la parole avec toute l'exactitude dont ils étoient capables; qu'ils n'aient pas séparé les mots par de petits intervalles, comme nous les séparons aujourd'hui, & qu'ils ne se soient pas servis de quelques signes pour indiquer la bonne prononciation.

Voici un passage de Ciceron qui me paroît prouver bien clairement qu'il y avoit de son tems des notes ou signes dont les copistes faisoient usage. Hanc diligentiam subsequitur modus etiam & forma verborum. Versus enim veteres illi, in hâc solutâ oratione propemodum, hoc est, numeros quosdam nobis esse adhibendos putaverunt. Interspirationis enim, non defatigationis nostroe, neque Librariorum notis, sed verborum & sententiarum modò, interpunctas clausulas in orationibus esse voluerunt: idque, princeps Isocrates instituisse fertur. Cic. Orat. liv. III. n. XLIV. « Les Anciens, dit - il, ont voulu qu'il y eût dans la prose même des intervalles, des séparations du nombre & de la mesure comme dans les vers; & par ces intervalles, cette mesure, ce nombre, ils ne veulent pas parler ici de ce qui est déjà établi pour la facilité de la respiration & pour soulager la poitrine de l'Orateur, ni des notes ou signes des copistes: mais ils veulent parler de cette maniere de prononcer qui donne de l'ame & du sentiment aux mots & aux phrases, par une sorte de modulation pathétique ». Il me semble, que l'on peut conclurre de ce passage, que les signes, les notes, les accens étoient connus & pratiqués dès avant Ciceron, au moins par les copistes habiles.

Isidore, qui vivoit il y a environ douze cens ans, après avoir parlé des accens, parle encore de certaines notes qui étoient en usage, dit - il, chez les Auteurs célebres, & que les Anciens avoient inventées, poursuit - il, pour la distinction de l'écriture, & pour montrer la raison, c'est - à - dire, le mode, la maniere de chaque mot & de chaque phrase. Proetereà quoedam sententiarum notoe apud celeberrimos auctores fuerunt, quasque antiqui ad distinctionem scripturarum, carminibus & historiis apposuerunt, ad demonstrandam unamquanque verbi sententiarumque, ac versuum rationem. Isid. Orig. liv. I. c. xx.

Quoi qu'il en soit, il est certain que la maniere d'écrire a été sujette a bien des variations, comme tous les autres Arts. L'Architecture est - elle aujourd'hui en Orient dans le même état où elle étoit quand on bâtit Babylone ou les pyramides d'Egypte? Ainsi tout ce que l'on peut conclurre de ces manuscrits, où l'on ne voit ni distance entre les mots, ni accens, ni points, ni virgules, c'est qu'ils ont été écrits, ou dans des tems d'ignorance, ou par des copistes peu instruits.

Les Grecs paroissent être les premiers qui ont introduit l'usage des accens dans l'écriture. L'Auteur de la Méthode Greque de P. R. (pag. 546.) observe que la bonne prononciation de la langue Greque étant naturelle aux Grecs, il leur étoit inutile de la marquer par des accens dans leurs écrits; qu'ainsi il y a bien de l'apparence qu'ils ne commencerent à en faire usage que lorsque les Romains, curieux de s'instruire de la langue Greque, envoyerent leurs enfans étudier à Athenes. On songea alors à fixer la prononciation, & à la faciliter aux étrangers; ce qui arriva, poursuit cet Auteur, un peu avant le tems de Ciceron.

Au reste, ces accens des Grecs n'ont eu pour objet que les inflexions de la voix, en tant qu'elle peut être ou élevée ou rabaissée.

L'accent aigu que l'on écrivoit de droit à gauche, marquoit qu'il falloit élever la voix en prononçant la voyelle sur laquelle il étoit écrit.

L'accent grave, ainsi écrit, marquoit au contraire qu'il falloit rabaisser la voix.

L'accent circonflexe est composé de l'aigu & du grave ^, dans la suite les copistes l'arrondirent de cette maniere , ce qui n'est en usage que dans le grec. Cet accent étoit destiné à faire entendre qu'après avoir d'abord élevé la voix, il falloit la rabaisser sur la même syllabe.

Les Latins ont fait le même usage de ces trois accens. Cette élevation & cette dépression de la voix étoient plus sensibles chez les Anciens, qu'elles ne le sont parmi nous; parce que leur prononciation étoit plus soûtenue & plus chantante. Nous avons pourtant aussi élevement & abaissement de la voix dans notre maniere de parler, & cela indépendamment des autres mots de la phrase; ensorte que les syllabes de nos mots sont élevées & baissées selon l'accent prosodique ou tonique, indépendamment de l'accent pathétique, c'est - à - dire, du ton que la passion & le sentiment font donner à toute la phrase: car il est de la nature de chaque voix, dit l'Auteur de la Méthode Greque de P. R. (pag. 551.) d'avoir quelque élevement qui soûtienne la prononciation, & cet élevement est ensuite modéré & diminué, & ne porte pas sur les syllabes suivantes.

Cet accent prosodique, qui ne consiste que dans l'élevement ou l'abaissement de la voix en certaines syllabes, doit être bien distingué du ton pathétique ou ton de sentiment.

Qu'un Gascon, soit en interrogeant, soit dans quelqu'autre situation d'esprit ou de coeur, prononce le mot d'examen, il élevera la voix sur la premiere syllabe, la soûtiendra sur la seconde, & la laissera tomber sur la derniere, à peu près comme nous laissons tomber nos e muets; au lieu que les personnes qui parlent bien françois prononcent ce mot, en toute occasion, à peu près commé le dactyle des Latins, en élevant la premiere, passant vîte sur la seconde, & soûtenant la derniere. Un gascon, en prononçant cadis, éleve la premiere syllabe ca, & laisse tomber dis comme si dis étoit un e muet: au contraire, à Paris, on éleve la derniere dis.

Au reste, nous ne sommes pas dans l'usage de marquer dans l'écriture, par des signes ou accens, cet élevement & cet abaissement de la voix: notre prononciation, encore un coup, est moins soûtenue & moins chantante que la prononciation des Anciens; par conséquent la modification ou ton de voix dont il s'agit nous est moins sensible; l'habitude augmente encore la difficulté de démêler ces différences délicates. Les Anciens prononçoient, au moins leurs vers, de façon qu'ils pouvoient mesurer par des battemens la durée des syllabes. Adsuetam moram pollicis sonore vel plausu pedis, discriminare, qui docent artem, solent. (Terentianus Maurus de Metris sub med.) ce que nous ne pouvons faire qu'en chantant. Enfin, en toutes sortes d'accens ora<pb->

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