ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"29"> que feretur sub te teste labor. Claud. IV. Cons. Honor.

A l'égard de ces façons de parler, Deo duce, Deo juvante, Musis faventibus, &c. que l'on prend pour des ablatifs absolus, on peut sousentendre la prépoposition sub, ou la préposition cum, dont on trouve plusieurs exemples: sequere hac, mea gnata, cum Diis volentibus. Plaut. Perse. Tite - Live, au L. I. Dec. iij. dit: agite cum Diis bene juvantibus. Ennius cité par Cicéron, dit: Doque volentibus cum magnis Diis: & Caton au chapitre xiv. de Re rust. dit: circumagi cum Divis.

Je pourrois rapporter plusieurs autres exemples pour faire voir que les meilleurs Auteurs ont exprimé les prépositions que nous disons qui sont sousentendues dans le cas de l'ablatif absolu. S'agit - il de l'instrument; c'est ordinairement cum, avec, qui est sousentendu: armis confligere; Lucilius a dit: Acribus inter se cum armis confligere cernit. S'agit - il de la cause, de l'agent: suppléez à, ab, trajectus ense, percé d'un coup d'épée. Ovid. V. Fast. a dit: Pectora trajectus Lynceo Castor ab ense: & aù second Liv. des Tristes; Neve peregrinis tantum defendar ab armis.

Je finirai cet article par un passage de Suétone qui semble être fait exprès pour appuyer le sentiment que je viens d'exposer. Suétone dit qu'Auguste pour donner plus de clarté à ses expressions, avoit coutume d'exprimer les prépositions dont la suppression, dit - il, jette quelque sorte d'obscurité dans le discours, quoiqu'elle en augmente la grace & la vivacité. Suéton. C. Aug.n.86. Voici le passage tout - au - long. Genus eloquendi secutus est elegans & temperatum: vitatis sententiarum ineptiis, atque inconcinnitate, & reconditorum verborum, ut ipse dicit, foetoribus: proecipuamque curam duxit, sensum animi quam apertissimè exprimere: quod quo faciliùs efficeret, aut necubi lectorem vel auditorem obturbaret ac moraretur, neque praepositiones verbis addere, neque conjunctiones soepius iterare dubitavi, quoe detractoe afferunt aliquid obscuritatis, etsi gratiam augent.

Aussi a - t - on dit de cet Empereur que sa maniere de parler étoit facile & simple, & qu'il évitoit tout ce qui pouvoit ne pas se présenter aisément à l'esprit de ceux à qui il parloit. Augusti promta a rofiuens quoe decebat principem eloquentia fuit. Tacit.

In divi Augusti epistolis, elegantia orationis, neque morosa neque anxia: sed facilis, hercle & simplex. A. Gell.

Ainsi quand il s'agit de rendre raison de la construction Grammaticale, on ne doit pas faire difficulté d'exprimer les prépositions, puisqu'Auguste même les exprimoit souvent dans le discours ordinaire, & qu'on les trouve souvent exprimées dans les meilleurs Auteurs.

A l'égard du François, nous n'avons point d'ablatif absolu, puisque nous n'avons point de cas: mais nous avons des façons de parler absolues, c'est - à - dire, des phrases où les mots, sans avoir aucun rapport Grammatical avec les autres mots de la proposition dans laquelle ils se trouvent, y forment un sens détaché qui est un incise équivalent à une proposition incidente ou liée à une autre, & ces mots énoncent quelque circonstance ou de tems ou de maniere, &c. la valeur des termes & leur position nous font entendre ce sens détaché.

En Latin la vûe de l'esprit qui dans les phrases de la construction simple est énoncée par une préposition, est la cause de l'ablatif: re confectà; ces deux mots ne sont à l'ablatif qu'à cause de la vûe de l'esprit qui considere la chose dont il s'agit comme faite & passée: or cette vûe se marque en Latin par la préposition à: cette préposition est donc sousentendue, & peut être exprimée en Latin.

En François, quand nous disons cela fait, ce considéré, vû par la Cour, l'Opéra fini, &c. nous avons la même vûe du passé dans l'esprit: mais quoique sou<cb-> vent nous puissions exprimer cette vûe par la préposition après, &c. cependant la valeur des mots olés du reste de la phrase est équivalente au sens de la préposition Latine.

On peut encore ajoûter que la Langue Françoise s'étant formée de la Latine, & les Latins retranchant la préposition dans le discours ordinaire, ces phrases nous sont venues sans prépositions, & nous n'avons saisi que la valeur des mots qui marquent ou le passé ou le présent, & qui ne sont point sujets à la variété des terminaisons, comme les noms Latins; & voyant que ces mots n'ont aucun rapport grammatical ou de syntaxe avec les autres mots de la phrase, avec lesquels ils n'ont qu'un rapport de sens ou de raison, nous concevons aisément ce quon veut nous faire entendre. (F)

ABLE (Page 1:29)

ABLE, s. m. ou ABLETTE, s. s. poisson de riviere de la longueur du digt: il a les yeux grands pour sa grosseur, & de couleur rouge, le dos verd, & le ventre blanc; sa tête est petite; son corps est large & plat: on y voit deux lignes de chaque côté, dont l'une est au milieu du corps, depuis les ouies jusques à la queue, & l'autre un peu plus bas; elle commence à la nagire qui est au - dessous des ouies, & elle disparoît avant que d'arriver jusqu'à la queue. Ce poisson n'a point de fiel; sa chair est fort mollasse: on le prend aisément à l'hameçon, parce qu'il est fort goulu. Rondelet. L'Ablette ressemble à un Éperlan: mais ses écailles sont plus argentées & plus brillantes.

On tire de l'Able la matiere avec laquelle on colore les fausses perles. Voyez fausses Perles. C'est cette matiere préparée que l'on appelle essence d'Orient. Pour faire, on écaille le poisson à l'ordinaire, on met les écailles dans un bassin plein d'eau claire, & on les frotte comme si on vouloit les broyer. Lorsque l'eau pris une couleur argentée, on la transverse dans un verre, & ensuite on en verse de nouvelle sur les écailles, & on réitere la même opération tant que l'eau se colore: après dix ou douze heures, la matiere qui coloroit l'eau se dépose au fond du verre, l'eau devient claire; alors on la verse par inclination jusqu'à ce qu'il ne reste plus dans le verre qu'une liqueur épaisse à peu près comme de l'huile, & d'une couleur approchante de celle des perles: c'est l'essence d'Orient. Les particules de matiere qui viennent des écailles sont sensibles dans cette liqueur au moyen du microscope, ou même de la loupe. On y voit des lames, dont la plûpart sont de figure rectangulaire, & ont quatre fois plus de longueur que de largeur: il y en a aussi dont les extrémités sont arrondies, & d'autres qui sont terminées en pointe; mais toutes sont extrèmement minces; toutes sont plates & brillantes. Cette matiere vient de la surface intérieure de l'écaille où elle est rangée régulierement & recouverte par des membranes; de sorte que si on veut en enlever avec la pointe d'une épingle, on enleve en même temps tout ce qui vernit l'écaille, ou au moins la plus grande partie, parce qu'on arrache la membrane qui l'enveloppe. Cette matiere brillante ne se trouve pas seulement sur les écailles du poisson, il est encore brillant après avoir été écaillé, parce qu'immédiatement au - dessous de la peau que touchent les écailles, il y a aussi une membrane qui recouvre des lames argentées. La membrane qui enveloppe l'estomac & les intestins en est toute brillante. Cette matiere est molle & souple dans les intestins, & elle a toute sa consistance & sa perfection sur les écailles. Ces observations, & plusieurs autres, ont fait conjecturer que la matiere argentée se forme dans les intestins, qu'elle passe dans des vaisseaux pour arriver à la peau & aux écailles, & que les écailles sont composées de ces lames qui sont arrangées comme [p. 30] autant de petites briques, soit les unes contre les autres, soit les unes au - dessus des autres, ainsi qu'on peut le reconnoître à l'inspection de l'écaille. Si les écailles de l'Able se forment de cette façon, celles des autres poissons pourroient avoir aussi la même formation. M. de Réaumur, Mém. de l'Acad. Roy. des Sc. anné 1716. V. Ecaille, Poisson. (I)

Ablette (Page 1:30)

Ablette, poisson de riviere. Voyez Able. (I)

ABLERET (Page 1:30)

ABLERET, s. m. ou ABLERAT, sorte de filet quarré que l'on attache au bout d'une perche, & avec lequel on pêche de petits poissons nommés vulgairement Ables.

ABLOQUIÉ (Page 1:30)

ABLOQUIÉ, s. m. terme de Coûtume, qui signifie la même chose que situé. C'est dans ce sens qu'il est pris dans la Coûtume d'Amiens, laquelle défend de démolir aucuns édifices abloquiés & solivés dans des éritages tenus en roture, sans le consentement du Seigneur. (H)

ABLUTION (Page 1:30)

ABLUTION, s. f. Dans l'antiquité c'étoit une cérémonie religieuse usitée chez les Romains, comme une sorte de purification pour laver le corps avant que d'aller au sacrifice. Voyez Sacrifice.

Quelquefois ils lavoient leurs mains & leurs piés, quelquefois la tête, souvent tout le corps: c'est pourquoi à l'entrée des Temples il y avoit des vases de marbre remplis d'eau.

Il est probable qu'ils avoient pris cette coûtume des Juifs; car nous lisons dans l'Ecriture, que Salomon plaça à l'entrée du Temple qu'il éleva au vrai Dieu, un grand vase que l'Écriture appelle la mer d'airain, où les Prêtres se lavoient avant que d'offrir le sacrifice, ayant auparavant sanctifié l'eau en y jettant les cendres de la victime immolée.

Le mot d'Ablution est particulierement usité dans l'Église Romaine pour un peu de vin & d'eau que les communians prenoient anciennement après l'hostie, pour aider à la consommer plus facilement.

Le même terme signifie aussi l'eau qui sert à laver les mains du Prêtre qui a consacré. (G)

Ablution (Page 1:30)

Ablution, cérémonie qui consiste à se laver ou purifier le corps, ou quelque partie du corps, & fort usitée parmi les Mahométans, qui la regardent comme une condition essentiellement requise à la priere. Ils ont eprunté cette pratique des Juifs, & l'ont altérée comme beaucoup d'autres. Ils ont pour cet effet des fontaines dans les parvis de toutes les Mosquées.

Les Musulmans distinguent trois sortes d'Ablutions; l'une qu'ils appellent Goul, & qui est une espece d'immersion; l'autre, qu'ils nomment Wodou, & qui concerne particulierement ies piés & les mains; & la troisieme, appellée terreuse ou sabloneuse, parce qu'au lieu d'eau on y emploie du sable ou de la terre.

l'égard de la premiere, trois conditions sont requises. Il faut avoir intention de se rendre agréable à Dieu, nettoyer le corps de toutes ses ordures, s'il s'y en trouve, & faire passer l'eau sur tout le poil & sur la peau. La Sonna exige encore pour cette Ablution qu'on récite d'abord la formule usitée, au nom du grand Dieu: louange à Dieu, Seigneur de la Foi Musulmane; qu'on se lave la paume de la main avant que les cruches se vuident dans le lavoir; qu'il se fasse une expiation avant la priere; qu'on se frotte la peau avec la main pour en ôter toutes les saletés; enfin que toutes ces choses soient continuées sans interruption jusqu'à la fin de la cérémonie.

Six raisons rendent cette purification nécessaire. Les premieres communes aux deux sexes, sont les embrassemens illicites & criminels par le desir seul, quoiqu'il n'ait été suivi d'aucune autre impureté: les suites involontaires d'un commerce impur, & la mort. Les trois dernieres sont particulieres aux femmes, telles que les pertes périodiques du sexe, les pertes de sang dans l'accouchement, & l'accouchement même. Les vrais Croyans font cette ablution au moins trois fois la semaine; & à ces six cas, les Sectateurs d'Aly en ont ajoûté quarante autres; comme lorsqu'on a tué un lésard, touché un cadavre, &c.

Dans la seconde espece d'ablution, il y a six choses à observer: qu'elle se fasse avec intention de plaire à Dieu; qu'on s'y lave tout le visage, les mains & les bras jusqu'au coude inclusivement; qu'on s'y frotte certaines parties de la tête; qu'on s'y nettoyeles pieds jusqu'aux talons, inclusivement; qu'on y observe exactement l'ordre prescrit.

La Sonna contient dix préceptes sur le Wodou. Il faut qu'il soit précédé de la formule au nom du grand Dieu, &c. qu'on se lave la paume de la main avant que les cruches soient vuidées, qu'on e nettoye le visage, qu'on attire l'eau par les narines, qu'on se frotte toute la tête & les oreilles, qu'on sépare ou qu'on écarte la barbe pour la mieux nettoyer quand elle est épaisse & longue, ainsi que les doigts des piés, qu'on nettoye les oreilles l'une après l'autre, qu'on se lave la main droite avant la gauche; qu'on observe le même ordre à l'égard des piés, qu'on répete ces actes de purification jusqu'à trois fois, & qu'on les continue sans interruption jusqu'à la sin.

Cinq choses rendent le Wodou nécessaire: 1°. l'issue de quelqu'excrément que ce soit (excepto semine) par les voies naturelles: 2°. lorsqu'on a dormi profondément, parce qu'il est à supposer que dans un profond sommeil on a contracté quelqu'impureté dont on ne se souvient pas: 3°. quand on a perdu la raison par quelqu'excès de vin, ou qu'on l'a eu véritablement aliénée par maladie ou quelqu'autre cause: 4°. lorsqu'on a touché une femme impure, sans qu'il y eût un voile ou quelqu'autre vêtement entre deux: 5°. lorsqu'on a porté la main sur les parties que la bienséance ne permet pas de nommer.

Quant à l'ablution terreuse ou sabloneuse, elle n'a lieu que quand on n'a point d'eau, ou qu'un malade ne peut souffrir l'eau sans tomber en danger de mort. Par le mot de sable, on entend toute sorte de terre, même les minéraux; comme par l'eau, dans les deux autres ablutions, on entend celle de riviere, de mer, de fontaine, de neige, de grêle, &c. en un mot toute eau naturelle. Guer, Moeurs des Turcs, tom. I. Liv. II.

Au reste ces ablutions sont extrèmement fréquentes parmi les Mahométans: 1°. pour les raisons ci - dessus mentionnées; & en second lieu, parce que la moindre chose, comme le cri d'un cochon, l'approche ou l'urine d'un chien, suffisent pour rendre l'ablution inutile, & mettre dans la nécessité de la réitérer: au moins est - ce ainsi qu'en usent les Musulmans scrupuleux. (G)

Ablution, Lotion (Page 1:30)

Ablution, Lotion. On appelle de ce nom plusieurs opérations qui se font chez les Apothicaires. La premiere est celle par laquelle on sépare d'un médicament en le lavant avec de l'eau, les matieres qui lui sont étrangeres: la seconde, est celle par laquelle on enleve à un corps les sels surabondans, én répandant de l'eau dessus à différentes reprises; elle se nomme encore édulcoration: la troisieme est celle dont on se sert, quand pour augmenter les vertus & les propriétés d'un médicament, on verse dessus, ou du vin, ou quelque liqueur distillée qui lui communique sa vertu ou son odeur, par exemple, lorsqu'on lave les vers de terre avec le vin, &c.

Le mot d'Ablution ne convient qu'à la premiere de ces opérations, & ne peut servir tout au plus qu'à exprimer l'action de laver des plantes dans l'eau avant que de les employer: la seconde, est proprement l'édulcoration: la troisieme peut se rapporter à l'infusion. Voyez Édulcoration. Infusion. (N)

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