ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ABJURATION (Page 1:27)

ABJURATION, s. f. en général, acte par lequel on dénie ou l'on renonce une chose d'une maniere solemnelle, & même avec serment. V. Serment.

Ce mot vient du Latin abjuratio, composé de ab, de ou contre, & de jurare, jurer.

Chez les Romains le mot d'abjuration signifioit dénégation avec faux serment d'une dette, d'un gage, d'un dépôt, ou autre chose semblable, auparavant consiée. En ce sens l'abjuration est la même chose que le parjure; elle differe de l'éjuration qui suppose le serment juste. Voyez Parjure, &c.

L'abjuration se prend plus particulierement pour la solemnelle rénonciation ou retractation d'une doctrine ou d'une opinion regardée comme fausse & pernicieuse.

Dans les Lois d'Angleterre, abjurer une personne, c'est renoncer à l'autorité ou au domaine d'une telle personne. Par le serment d'abjuration, on s'oblige de ne reconnoître aucune autorité royale dans la personne appellée le Prétendant, & de ne lui rendre jamais l'obéissance que doit rendre un sujet à son Prince. Voyez Serment, Fidélité, &c.

Le mot d'abjuration est aussi usité dans les anciennes Coûtumes d'Angleterre, pour le serment fait par une personne coupable de félonie, qui se retirant dans un lieu d'asyle, s'obligeoit par serment d'abandonner le Royaume pour toûjours; ce qui le mettoit à l'abri de tout autre châtiment. Nous trouvons aussi des exemples d'abjuration pour un tems, pour trois ans, pour un an & un jour, & semblables.

Les criminels étoient reçûs à faire cette abjuration en certains cas, au lieu d'être condannes à mort. Depuis le tems d'Edouard le Confesseur, jusqu'à la réformation, les Anglois avoient tant de dévotion pour les Eglises, que si un homme coupable de félonie se réfugioit dans une Eglise ou dans un Cimetiere, c'étoit un asyle dont il ne pouvoit être tiré pour lui faire son procès; mais en confessant son crime à la Justice ou au Coroner, & en abjurant le Royaume, il étoit mis en liberté. V. Asyle & Coroner.

Après l'abjuration on lui donnoit une croix, qu'il devoit porter à la main le long des grands chemins, jusqu'à ce qu'il fût hors des Domaines du Roi: on l'appelloit la banniere de Mere - Eglise. Mais l'abjuration déchut beaucoup dans la suite, & se réduisit à retenir pour toûjours le prisonnier dans le Sanctuaire, où il lui étoit permis de finir le reste de ses jours, après avoir abjuré sa liberté & sa libre habitation. Par le Statut 21. de Jacques Ier, tout usage d'asyle, & conséquemment d'abjuration, fut aboli. Voyez Sancture . (G)

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