Dictionnaires d'autrefois
Dictionnaires des 17ème, 18ème, 19ème et 20ème siècles

RECHERCHE Accueil Documentation ARTFL ATILF Courriel

Il y a 48 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

feu (Page 284)
Feu, m. Ignis, Aucuns le veulent escrire par oe diphthongue, foeu, comme venant de Focus, Il vient de phôs, mot Grec qui signifie lumiere, et en vulgaire Grec, Feu.

Prendre les oiseaux de riviere par nuict au feu, c'est à dire, avec une meche ardant faite de vieux drapeaux conficts en suif fondu et entortillez en façon d'une torche, de la grosseur du bras, et d'un pied de long.

Le feu qu'on a mis en quelque lieu, Ignis subiectus.

Feu couvert et qui ne luit point, Ignis sopitus.

Feu qui dure long temps, Lentus ignis.

Un grand feu bruslant une maison, ou autre chose, Incendium.

Feu volage, Petigo, Impetigo, Lichen lichenis.

Le feu sainct Antoine, Ignis sacer, Pusula.

Qui est malade du feu sainct Antoine, Pusulosus.

Allumer le feu, Ignem facere.

Devenir en feu, Ignescere.

S'ils n'eussent assopi et esteinct ce feu, Nisi orientem illum ignem oppressissent.

Il faut faire grand feu et clair, Camino luculento vtendum.

Faire sortir du feu d'une pierre, Excudere, vel excutere scintillam, vel ignem e scilice.

Gaster par feu et destruire, Corrumpere igni.

A feu et à sang, c'est à tout raser sans qu'il en demeure aucune chose, et faire que ce que l'espée ne pourra desfaire, le feu le consume: ainsi dit-on mettre tout à feu et à sang, et publier la guerre à feu et à sang, En l'abbregé des chroniques de France. Charles Duc de Bourgoigne, voulant faire la guerre aux Liegeois, fit crier ban et arriere ban en ses païs, tenant cil qui faisoit le cri, une espée à une main, et une torche à l'autre, signifiant que tout seroit mis à feu et à sang, comme advint, car en la cité de Liege furent faictes les plus grandes cruautez et inhumanitez que jamais furent faictes en ville, dont chronique face mention.

Mettre le feu dedans quelque chose, Ignem subiicere.

Mettre le feu dedans ses ouvrages, Ignem operibus inferre.

Mettre le feu à quelque chose, Incendere, Offerre incendium, Instammare.

Mettre le feu au Capitole, Ignes Capitolio iniicere.

Se garder de mettre le feu au temple en bruslant la ville, Ignem ab aede abstinere.

Mettre le feu aux estoupes, Gliscentem inuidiam accendere. B.

Demander du feu, Ignem quaerere.

Qui est de feu, Igneus.

Toute chose propre à allumer le feu, comme petits esclats, drapeaux en un fusil et semblables, Fomes.

Bois sec à quoy se prend facilement le feu, Igniarium.

Il n'est jamais feu sans fumée, Flamma fumo est proxima.

Un homme qui n'a feu ne lieu, vagabond, Homo sine lare, sine sede, Errabundus.

Nous en avons fait les feuz de joye, Nos hilaria ob eam rem egimus, vel celebrauimus. B.

Feu ardant, ou Coulevrée blanche, Bryonia, Vitis alba.

Feu, adject. Accompagné d'un substantif, signifie defunct, trespassé, comme, Le feu Roy, feu mon pere, Rex, paterve functus vita. Et vient de ce Latin, Defunctus, Par retranchement de la preposition De, et non de focus, comme aucuns estiment, pour autant (selon leur dire) qu'on brusloit anciennement les corps des trespassez. Aussi le pourroit bien extraire de cette tierce personne, Fuit. Qui est du temps passé de la maniere indicative au verbe Sum. Comme feu signifiant en ce sens, a esté, ou fut. c. a vescu et n'est plus.

Top

Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

FEU (Page 450)
FEU. subst. masc. Celuy des quatre Elements qui est chaud & sec. Feu elementaire, feu ardent, devorant, consumant. feu clair, aspre, estouffé. bon feu. mauvais feu. beau feu. feu de reculée. feu à rostir un boeuf. feu de charbon, de gros bois, de tourbe, de paille. une estincelle, une bluette, un charbon de feu. un reschaut de feu. faire du feu, bon feu, grand feu. souffler, allumer, attiser, detiser, esteindre, entretenir, couvrir le feu. on a mis le feu à cette maison. le feu a pris à ce lambris. le feu a gagné le plancher, a gagné le toit. la ville estoit toute en feu. crier au feu. courir au feu. faire cuire quelque chose à petit feu, à feu lent. se tenir au coin du feu, mettre le pot au feu.

On dit, Condamner au feu, pour dire, Condamner à estre bruslé: qu'Un homme merite le feu, pour dire, qu'Il merite d'estre bruslé. Coucher au feu, pour dire, Mettre la viande à la broche pour la faire rostir. Mettre le feu au four, pour dire, Commencer à chauffer le four. Monstrer une chose au feu, pour dire, La presenter au feu pour la faire chauffer. Passer une chose par le feu, pour dire, La presenter au feu, afin d'en oster le mauvais air. Prendre l'air du feu, & bass. Prendre une poignée de feu, pour dire, Se. chauffer à la haste & en passant.

On appelle, Feux de joye, Les feux qu'on allume dans les ruës, dans les places publiques, en signe de rejoüissance: Et, Feu d'artifice, Un feu composé de fusées volantes, & autres choses semblables, disposées avec artifice, pour le spectacle.

On dit prov. De deux choses tout-à-fait contraires, De deux personnes entierement opposées, que C'est le feu & l'eau: Et De ce qui est violent d'abord, mais qu'on juge ne devoir pas durer, C'est un feu de paille. ce n'est qu'un feu de paille. Et fig. & prov. Il n'y a point de feu sans fumée, Soit pour signifier que d'ordinaire il ne court point de bruit qui n'ait quelque fondement; soit pour dire, qu'On ne sçauroit s'empescher de faire connoistre au dehors une violente passion, quelque soin qu'on apporte à la cacher.

On dit prov. Il n'est feu que de bois verd. il n'est feu que de gros bois, pour dire, qu'Il n'y a point de meilleur feu que celuy de bois vert, quand il est bien allumé; que Le gros bois fait un feu tout autre que le menu bois. Et fig. Brusler un homme à petit feu, pour dire, Le faire languir, en faisant durer long-temps des chagrins, des inquietudes, des peines d'esprit, qu'on pourroit luy espargner, ou luy abbreger.

On dit prov. Faire grand'chere & beau feu, pour dire, Faite une grande depense & ruineuse. Et lors qu'un jeune homme se jette dans une depense d'esclat qu'Il ne peut pas soustenir; on dit qu'Il fait feu violet, qu'il fait du feu violet.

On dit prov. Jetter de l'huile dans le feu, pour dire, Irriter davantage une personne qui l'est desja assez; Aigrit des esprits qui ne le sont desja que trop. Mettre le feu aux estoupes. mettre le feu aux poudres, pour dire, Animer davantage une personne qui est desja naturellement portée à s'emouvoir. Et, Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un, pour dire, L'exciter vivement, pour le porter à faire ce qu'on desire de luy.

On dit prov. & fig. En parlant d'affaires, Mettre les fers au feu, pour dire, Travailler tout de bon à une affaire: Et on dit d'une affaire à laquelle on travaille actuellement, que Les fers en sont au feu.

On dit prov. Des spectacles & des autres choses qui attirent un grand concours de monde, qu'On y court comme au feu; Et l'on dit, que Le feu est à quelque chose, pour dire, que Tout le monde s'empresse pour en avoir.

On dit fig. Mettre tout à feu & à sang, pour dire, Exercer toutes les cruautez, toutes les inhumanitez de la guerre contre un pays.

Feu, se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. il n'y a qu'un feu. il y a tant de feux dans cet appartement.

Il se prend aussi pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée. Il luy faut tant de voyes de bois par an, car il a ordinairement trois feux dans sa maison.

Feu, signifie aussi, Un mesnage, une famille logée dans une mesme maison. Il y a cent feux dans ce village. cette ville est composée de tant de feux.

On dit prov. N'avoir ny feu ny lieu, pour dire Estre vagabond & errant ça & là, sans aucune demeure assurée, ou pour dire, Estre extremement pauvre. On dit aussi prov. d'Une maison en desordre & où il n'y a rien à manger, qu'Il n'y a ny pot au feu, ny escuelles lavées.

Feu, se prend aussi pour La simple lueur des flambeaux, des torches. Il est deffendu de chasser au feu, de pescher au feu.

On appelle, Armes à feu, Les mousquets. fusils, arquebuses, pistolets, &c. Et, Coup de feu. La blessure que fait le coup d'une arme à feu: Et, Feu se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Il s'expose au feu des ennemis. il estoit sous le feu des ennemis. en cette bataille, en cet assaut, les ennemis faisoient grand feu. la courtine estoit tout en feu. on faisoit feu par tout. soustenir le feu. essuyer le feu de la place. il va au feu comme aux nopces. ils estoient à couvert du feu de la ville.

Feu, Se dit aussi Des meteores enflammez & de la foudre & des esclairs. Le feu du ciel est tombé sur cette maison. l'air estoit tout en feu pendant cet orage. Et on appelle poëtiquement Les astres, Les feux du firmament.

Feu, se dit aussi de Certains remedes bruslants qu'on applique sur quelque partie du corps des hommes ou des bestes. Il faut appliquer le feu à cette playe. donner le feu à un cheval. Les Chirurgiens appellent, Feu actuel, Le bouton de feu qu'on applique sur quelque partie. Et, Feu potentiel, Le feu qui est dans les pierres de cautere, les plantes & les mineraux caustiques.

Feu, se dit fig. Du brillant, de l'esclat de certaines choses, Il a les yeux vifs & pleins de feu. ce diamant jette beaucoup de feu. le feu d'un rubis, d'un escarboucle.

Il sign. aussi, Inflammation, ardeur. Le feu de la fievre. je sens un feu dans les entrailles. le feu est encore en cette playe. il a le visage tout en feu. avoir la bouche tout en feu, le palais tout en feu. il estoit si en colere, qu'il avoit les yeux tout en feu, que le feu luy sortoit par les yeux, que le feu luy montoit au visage.

Il se dit fig. De l'ardeur, & de la violence des passions & des mouvements impetueux de l'ame. Quand le feu de sa colere sera passé. Amortir le feu de la concupiscence.

On dit prov. & fig. qu'Un homme prend feu aisement, pour dire, qu'Il est aisé à emouvoir; qu'Il jette feu & flamme, pour dire, qu'Il s'emporte de colere au delà de toutes les bornes de la raison: Et qu'Il a jetté tout son feu, pour dire, qu'Il a dit, qu'il a fait tout ce que la colere luy a suggeré, & qu'il s'est appaisé par là.

Feu se dit poët. pour sign. La passion de l'amour. Le feu dont il brusle. rien n'a pû esteindre ses feux. un feu discret. approuver les feux d'un amant.

Feu, se dit aussi fig. Des seditions & des mouvements populaires. Esteindre le feu de la sedition. on fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la ville en feu. il y avoit des gens qui ne travailloient qu'à allumer davantage le feu parmi le Peuple.

Il se dit aussi De la vivacité de l'esprit. Cet orateur a bien du feu. le feu brille par tout dans ses escrits, c'est un esprit tout de feu. cette femme est agreable en conversation, elle a beaucoup de feu.

On dit, Le feu d'enfer, pour dire, Les tourments des damnez. Et, Le feu de Purgatoire, pour dire, Les peines que souffrent les ames qui sont dans le Purgatoire.

Couleur de feu, s. m. Couleur rouge & fort vive, approchante de celle du feu. Garniture de couleur de feu. plumes de couleur de feu. voilà un beau couleur de feu.

Garde-feu. s. m. Petite grille de fer, qu'on attache au devant de l'ouverture de la cheminée, pour empescher que les enfants ne tombent dans le feu.

Couvre-feu. s. m. Ustencile de cuivre ou de fer, qu'on met sur le feu, pour le couvrir & le conserver la nuit.

Lance à feu. s. m. Espece de fusée qu'on attache autour des feux d'artifices pour les esclairer, & qui jettent de temps en temps de petites estoiles.

Fougade. s. f. Espece de petite mine ou de fourneau. Faire joüer une fougade. la fougade joüa & fit sauter les soldats.

Fouace. s. f. Sorte de pain broyé, fait de fleur de farine, & en forme de gasteau.

Foyer. s. m. Atre, Lieu où se fait le feu. Oster la cendre du foyer. On dit, d'Un homme qui aime le le repos, & qui meine une vie retirée, que C'est un homme qui aime à garder son foyer.

Foyer, se dit aussi De la chaleur interne qui cause la fievre: Et on appelle, Foyer, dans un miroir ardent, Le point où les rayons se reunissent.

Fouage. s. f. Sorte de droit & de redevance qui se paye en certaines Provinces, par chaque feu ou maison. Droit de fouage.

FEUDATAIRE. &brace; Voy FIEF.

FEU, feue (Page 452)
FEU, [f]eue. subst. Defunt. Il ne se dit ordinairement que De ceux qui sont morts, il n'y a pas long-temps. Feu mon pere. feuë ma mere. feu mon oncle. Quand on dit Le feu Pape. le feu Roy. la feuë Reine, &c. On entend tousjours le Pape dernier mort, Le Roy dernier mort, &c.

Top

Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

FEU (Page 737)
FEU se dit aussi figurément Des séditions & des mouvemens populaires. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la Ville en feu. Il y avoit des gens qui ne travailloient qu'à allumer davantage le feu parmi le peuple.

On dit d'Un homme dérangé dans ses affaires, & qui est poursuivi par ses créanciers, que Le feu se met dans ses affaires.

Il se dit aussi De la vivacité de l'esprit. Cet Orateur a bien du feu. Le feu brille par-tout dans ses écrits. C'est un esprit tout de feu. Cette femme est agréable en conversation, elle a beaucoup de feu. Ce Peintre a un grand feu d'imagination.

On dit, Le feu de l'Enfer, pour dire, Les tourmens des damnés. Et, Le feu du Purgatoire, pour dire, Les peines que souffrent les ames qui sont dans le Purgatoire.

On appelle Feu d'Enfer, Tout feu qui est très-grand. À cette attaque on fit un feu d'enfer. À cette verrerie il y a toujours un feu d'enfer.

Dans ce sens on dit en termes de Cuisine, Mettre quelque chose au feu d'enfer, faire griller quelque chose au feu d'enfer, pour dire, La faire griller jusqu'à ce qu'elle soit toute noire. Il faut faire griller ces cuisses au feu d'enfer.

On appelle Couleur de feu, Un rouge vif & éclatant.

On appelle aussi Taches de feu, ou Feu absolument, Certaines taches rousseâtres qui se trouvent sur la tête ou sur le corps des chevaux, des chiens, & d'autres animaux.

FEU (Page 737)
FEU se dit poëtiquement pour signifier La passion de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux Approuver les feux d'un amant.

FEU (Page 737)
FEU se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs & pleins de feu. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis, d'une escarboucle.

Il signifie aussi, Inflammation, ardeur. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Il a le visage tout en feu. Avoir la bouche tout en feu, le palais tout en feu. Il étoit si en colère, qu'il avoit les yeux tout en feu, que le feu lui sortoit par les yeux, que le feu lui montoit au visage.

On dit figurément d'Un vin, qu'Il a du feu, qu'il a trop de feu, pour dire, qu'Il a de la chaleur, qu'il a trop de chaleur.

Il se dit figurément De l'ardeur & de la violence des passions, & des mouvemens impétueux de l'ame. Quand le feu de sa colère sera passé. Amortir le feu de la concupiscence.

On dit proverbialement & figurément, qu'Un homme prend feu aisément, pour dire, qu'Il est aisé à émouvoir; qu'Il jette feu & flamme, pour dire, que La colère l'emporte au-delà de toutes les bornes de la raison; & qu'Il a jeté tout son feu, pour dire, qu'Il a dit, qu'il a fait tout ce que la colère lui a suggéré, & qu'il s'est apaisé par-là.

On appelle Feu volage, Une espèce de dartre qui vient au visage, & qui s'enflamme.

On appeloit autrefois Feu saint Antoine, Une maladie qui desséchoit & brûloit la partie attaquée.

FEU (Page 737)
FEU se dit aussi de certains remèdes brûlans qu'on applique sur quelque partie du corps des hommes ou des bêtes. Il faut appliquer le feu à cette plaie. Donner le feu à un cheval. Les Chirurgiens appellent Feu actuel, Le bouton de feu qu'on applique sur quelque partie. Et, Feu potentiel, Le feu qui est dans les pierres de cautère, dans les plantes & dans les minéraux caustiques.

FEU (Page 737)
FEU se dit aussi Des météores enflammés, & de la foudre & des éclairs. Le feu du Ciel est tombé sur cette maison. L'air étoit tout en feu pendant cet orage.

On appelle poëtiquement les Astres, Les feux de la nuit, les feux du Firmament.

On appelle Feu saint Elme, Des feux volans qui s'attachent aux vergues & aux mâts des Vaisseaux.

On appelle aussi Feux folets, Les exhalaisons enflammées qu'on voit quelquefois dans les endroits marécageux.

FEU (Page 737)
FEU se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Il s'expose au feu des ennemis. Il étoit sous le feu des ennemis. À cette bataille, à cet assaut, les ennemis faisoient grand feu. La courtine étoit toute en feu. On faisoit feu par-tout. Soutenir le feu, essuyer le feu de la Place. Ils étoient à couvert du feu de la Ville. Il se trouva entre deux feux.

On dit en parlant d'un homme d'une valeur gaie, qu'Il va au feu comme à la noce.

FEU (Page 737)
FEU se prend aussi pour la simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, comme en ces exemples. Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avoit des feux allumés sur la côte.

On appelle Armes à feu, Les mousquets, les fusils, pistolets, &c. Et, Coup de feu, La blessure que fait le coup d'une arme à feu.

FEU (Page 737)
FEU signifie aussi Un ménage, une famille logée dans une même maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette ville est composée de tant de feux.

On dit proverbialement, N'avoir ni feu ni lieu, pour dire, Être vagabond & errant çà & là sans aucune demeure assurée; ou pour dire, Être extrêmement pauvre.

On dit aussi proverbialement d'Une maison en désordre, & où il n'y a rien à manger, qu'Il n'y a ni pot au feu ni écuelles lavées.

FEU (Page 737)
FEU se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. Il n'y a qu'un feu. Il y a tant de feux dans cet appartement.

Il se prend aussi pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée. Il lui faut tant de voies de bois par an, car il a ordinairement dix feux dans sa maison.

On appelle, Garniture de feu, ou simplement Feu, Une grille de fer avec la pelle, les pincettes & les tenailles. Une garniture de feu. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

FEU, EUE. adj. (Page 738)
FEU, EUE. adj. Il ne se dit ordinairement que De ceux qui sont morts il n'y a pas long-temps. Feu mon père. Feu mon oncle. Quand on dit, Le feu Pape, le feu Roi, la feue Reine, &c. On entend toujours le Pape dernier mort, le Roi dernier mort, la Reine dernière morte, &c.

Ce mot n'a point de pluriel, & même il n'a pas de féminin lorsqu'il est placé avant l'article ou avant le pronom personnel. Ainsi, quoiqu'on dise, La feue Reine, il faut dire, Feu la Reine.

FEU. s.m. (Page 736)
FEU. s.m. Celui des quatre élémens qui est chaud & sec. Feu élémentaire.

Il signifie aussi Le feu que l'on fait avec du bois, ou autres matières combustibles. Feu ardent. Feu dévorant, consumant. Feu clair, âpre, étouffé. Bon feu, mauvais feu. Beau feu. Feu de reculée. Feu à rôtir un boeuf, à rôtir boeuf. Feu de charbon, de gros bois, de tourbe, de paille. Une étincelle de feu. Une bluette, un charbon de feu. Un réchaud de feu. Faire du feu, bon feu, grand feu. Souffler, allumer, attiser, détiser, éteindre, entretenir, couvrir le feu. On a mis le feu à cette maison. Le feu a pris à ce lambris. Le feu a gagné le plancher, a gagné le toît. La ville étoit toute en feu. Crier au feu. Courir au feu. Faire cuire quelque chose à petit feu, Se tenir au coin du feu. Mettre le pot au feu.

On dit, Condamner au feu, pour dire, Condamner à être brûlé. Qu'Un homme mérite le feu, pour dire, qu'Il mérite d'être brûlé Mettre le feu au four, pour dire, Commencer à chauffer le four. Montrer une chose au feu, pour dire, La présenter au feu pour la faire sécher, ou la faire chauffer légérement. Passer une chose par le feu, pour dire, La passer au travers de la flamme, afin d'en ôter le mauvais air. Prendre l'air du feu, & populairement, Prendre une poignée de feu, pour dire, Se chauffer à la hâte & en passant.

On dit, J'en mettrois ma main, la main au feu, & Je n'en mettrois pas ma main au feu, pour dire, qu'On assure une chose, ou qu'on ne l'assure pas.

On appelle Feux de joie, Les feux qu'on allume dans les rues, dans les places publiques en signe de réjouissance. Et, Feu d'artifice, Un feu composé de fusées volantes, & autres semblables artifices pour le spectacle. Lance à feu, Une espèce de fusée qu'on attache aux feux d'artifice pour les éclairer, & qui jette de temps en temps de petites étoiles.

On dit proverbialement, Il n'est feu que de bois verd, il n'est feu que de gros bois, pour dire, qu'Il n'y a point de meilleur feu que celui de bois verd, quand il est bien allumé; que le gros bois fait un feu tout autre que le menu bois.

On dit proverbialement De deux choses tout-à-fait contraires, de deux personnes entièrement opposées, que C'est le feu & l'eau: & de ce qui est violent d'abord, mais qu'on juge ne devoir pas durer, C'est un feu de paille. Ce n'est qu'un feu de paille.

On dit proverbialement, Il n'y a point de feu sans fumée; soit pour signifier, Que d'ordinaire il ne court point de bruit qui n'ait quelque fondement; soit pour dire, qu'On ne sauroit s'empêcher de faire connoître au dehors une violente passion, quelque soin qu'on apporte pour la cacher.

On dit figurément, Brûler, faire brûler un homme à petit feu, pour dire, Le faire languir, en faisant durer long-temps des chagrins, des inquiétudes, des peines d'esprit, qu'on pourroit lui épargner ou lui abréger.

On dit proverbialement, Faire grand'chère & beau feu, pour dire, Faire une fort grande dépense.

On dit aussi figurément, Faire feu violet, du feu violet, pour dire, Faire quelque chose qui éclate d'abord, où il paroît d'abord beaucoup de vivacité, & qui se dément dans la suite.

On dit proverbialement, Jeter de l'huile dans le feu, pour dire, Irriter davantage une personne qui est déjà assez irritée, aigrir des esprits qui ne sont déjà que trop aigris. Mettre le feu aux étoupes, mettre le feu aux poudres, pour dire, Animer davantage une personne qui est déjà naturellement portée à s'émouvoir. Et, Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un, pour dire, L'exciter vivement, pour le porter à faire ce qu'on désire qu'il fasse.

On dit proverbialement & figurément, en parlant d'affaires, Mettre les fers au feu, pour dire, Commencer, travailler vivement à une affaire. Et on dit d'Une affaire à laquelle on travaillé actuellement, que Les fers en sont au feu.

On dit proverbialement Des spectacles & des autres choses qui attirent un grand concours de monde, qu'On y court comme au feu.

On dit figurément, Mettre tout à feu & à sang, pour dire, Exercer toutes les cruautés, toutes les inhumanités de la guerre contre un pays.

On appelle Feu Grégeois, Une espèce de feu d'artifice dont on se servoit anciennement à la guerre, & qui brûloit dans l'eau. Lancer du feu Grégeois.

FEU se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. Il n'y a qu'un feu. Il y a tant de feux dans cet appartement.

Il se prend aussi pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée. Il lui faut tant de voies de bois par an, car il a ordinairement dix feux dans sa maison.

On appelle, Garniture de feu, ou simplement Feu, Une grille de fer avec la pelle, les pincettes & les tenailles. Une garniture de feu. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

FEU signifie aussi Un ménage, une famille logée dans une même maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette ville est composée de tant de feux.

On dit proverbialement, N'avoir ni feu ni lieu, pour dire, Être vagabond & errant çà & là sans aucune demeure assurée; ou pour dire, Être extrêmement pauvre.

On dit aussi proverbialement d'Une maison en désordre, & où il n'y a rien à manger, qu'Il n'y a ni pot au feu ni écuelles lavées.

FEU se prend aussi pour la simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, comme en ces exemples. Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avoit des feux allumés sur la côte.

On appelle Armes à feu, Les mousquets, les fusils, pistolets, &c. Et, Coup de feu, La blessure que fait le coup d'une arme à feu.

FEU se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Il s'expose au feu des ennemis. Il étoit sous le feu des ennemis. À cette bataille, à cet assaut, les ennemis faisoient grand feu. La courtine étoit toute en feu. On faisoit feu par-tout. Soutenir le feu, essuyer le feu de la Place. Ils étoient à couvert du feu de la Ville. Il se trouva entre deux feux.

On dit en parlant d'un homme d'une valeur gaie, qu'Il va au feu comme à la noce.

FEU se dit aussi Des météores enflammés, & de la foudre & des éclairs. Le feu du Ciel est tombé sur cette maison. L'air étoit tout en feu pendant cet orage.

On appelle poëtiquement les Astres, Les feux de la nuit, les feux du Firmament.

On appelle Feu saint Elme, Des feux volans qui s'attachent aux vergues & aux mâts des Vaisseaux.

On appelle aussi Feux folets, Les exhalaisons enflammées qu'on voit quelquefois dans les endroits marécageux.

FEU se dit aussi de certains remèdes brûlans qu'on applique sur quelque partie du corps des hommes ou des bêtes. Il faut appliquer le feu à cette plaie. Donner le feu à un cheval. Les Chirurgiens appellent Feu actuel, Le bouton de feu qu'on applique sur quelque partie. Et, Feu potentiel, Le feu qui est dans les pierres de cautère, dans les plantes & dans les minéraux caustiques.

FEU se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs & pleins de feu. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis, d'une escarboucle.

Il signifie aussi, Inflammation, ardeur. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Il a le visage tout en feu. Avoir la bouche tout en feu, le palais tout en feu. Il étoit si en colère, qu'il avoit les yeux tout en feu, que le feu lui sortoit par les yeux, que le feu lui montoit au visage.

On dit figurément d'Un vin, qu'Il a du feu, qu'il a trop de feu, pour dire, qu'Il a de la chaleur, qu'il a trop de chaleur.

Il se dit figurément De l'ardeur & de la violence des passions, & des mouvemens impétueux de l'ame. Quand le feu de sa colère sera passé. Amortir le feu de la concupiscence.

On dit proverbialement & figurément, qu'Un homme prend feu aisément, pour dire, qu'Il est aisé à émouvoir; qu'Il jette feu & flamme, pour dire, que La colère l'emporte au-delà de toutes les bornes de la raison; & qu'Il a jeté tout son feu, pour dire, qu'Il a dit, qu'il a fait tout ce que la colère lui a suggéré, & qu'il s'est apaisé par-là.

On appelle Feu volage, Une espèce de dartre qui vient au visage, & qui s'enflamme.

On appeloit autrefois Feu saint Antoine, Une maladie qui desséchoit & brûloit la partie attaquée.

FEU se dit poëtiquement pour signifier La passion de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux Approuver les feux d'un amant.

FEU se dit aussi figurément Des séditions & des mouvemens populaires. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la Ville en feu. Il y avoit des gens qui ne travailloient qu'à allumer davantage le feu parmi le peuple.

On dit d'Un homme dérangé dans ses affaires, & qui est poursuivi par ses créanciers, que Le feu se met dans ses affaires.

Il se dit aussi De la vivacité de l'esprit. Cet Orateur a bien du feu. Le feu brille par-tout dans ses écrits. C'est un esprit tout de feu. Cette femme est agréable en conversation, elle a beaucoup de feu. Ce Peintre a un grand feu d'imagination.

On dit, Le feu de l'Enfer, pour dire, Les tourmens des damnés. Et, Le feu du Purgatoire, pour dire, Les peines que souffrent les ames qui sont dans le Purgatoire.

On appelle Feu d'Enfer, Tout feu qui est très-grand. À cette attaque on fit un feu d'enfer. À cette verrerie il y a toujours un feu d'enfer.

Dans ce sens on dit en termes de Cuisine, Mettre quelque chose au feu d'enfer, faire griller quelque chose au feu d'enfer, pour dire, La faire griller jusqu'à ce qu'elle soit toute noire. Il faut faire griller ces cuisses au feu d'enfer.

On appelle Couleur de feu, Un rouge vif & éclatant.

On appelle aussi Taches de feu, ou Feu absolument, Certaines taches rousseâtres qui se trouvent sur la tête ou sur le corps des chevaux, des chiens, & d'autres animaux.

FEU D'ATTEINTE Terme de Peinture sur verre. Feu vif & âpre que l'on donne au fourneau dès le commencement de la cuisson du verre peint. Souvent le feu d'atteinte brûle les couleurs, & casse les pièces.

Top

Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

FEU (Page B239b)

FEU, FEûE, adj. [l' eu est long au fém.] Suivant Ménage, il ne se dit que des persones mortes, que nous avons vûes, ou que nous avons pu voir; suivant l'Acad. de ceux, qui sont morts il n'y a pas long-temps; feu mon père; le feu Roi, la feûe Reine. — On ne dira pas feu Platon, feu Aristote, etc. excepté en vers burlesques, comme a fait Scarron. MEN.
   Rem. 1°. Ce mot n'a point de pluriel, et à en croire Bouhours, il n'a pas même de féminin; et l'on doit dire ma feu mere, et non pas, ma feûe mère. Mais il y a une distinction à faire. Quand feu est après l'article ou le pronom, on dit feu au feûe, suivant le genre; quand il marche devant, on dit toujours feu. "La feûe Reine, ma feûe mère; feu la Reine, feu ma mère. = 2°. Si nous avons conu ou pu conaître plusieurs de ces persones mortes, qui aient eu même dignité, ou même emploi, alors ces mots de feu, feûe ne s'entendent que de la persone, qui est morte la dernière. Le feu Pape, est aujourd'hui Clément XIV. Et du temps de Louis XIV, ceux qui avoient conu Anne et Thérèse d'Autriche, quand ils disaient la feûe Reine, entendaient parler de la femme et non pas de la mère de ce grand Roi.
   3°. * Le feu Bacha pour l'Ex-bacha, est une nouveauté assez burlesque. "Il a fait demander au feu Bacha, etc. Journ. de Gen. = Cela ne peut se dire que dans le style comique.
   Feu mon esclâve, enfin s'il me faut l'épouser.
   Pourroit bien en venir à me tyranniser.
       Barthe.

FEU (Page B238b)

FEU, s. m. [Monosyllabe, dout. au sing. long au pluriel, feux.] 1°. L'un des quatre élémens, qui est chaud et sec. "Soufler, alumer, atiser, détiser, éteindre, entretenir, couvrir le feu. "Mettre le feu à une maison. "Le feu a pris à ce lambris. "La ville était toute en feu. "Crier, courir au feu. "Se tenir au coin du feu. "Mettre le pot au feu. = 2°. Cheminée où l'on fait du feu. "Chambre à feu. "Il y a dix feux dans cette maison. = 3°. Ménage, famille. "Ce village est composé de cent feux, il y a cent feux. = 4°. Flambeaux, torches, fanaux. "On avait allumé des feux sur toute la côte. "Il est défendu de chasser, de pêcher au feu. = 5°. Coups des armes à feu. "Être exposé au feu, ou être sous le feu des énemis. "Les Anglais faisaient grand feu. = 6°. Météores enflamés, la foudre, les éclairs. "L'air était tout en feu. "Le feu du Ciel. — Poétiquement, les feux du firmament, les feux de la nuit, les astres. = 7°. Brillant, éclat. "Le feu d'un rubis, d'une escarboucle. "Ce diamant a beaucoup de feu. "Il a les yeux pleins de feu.
   Les atributs de ton Dieu
   Sur les astres, dans la nûe,
   Sont écrits en traits de feu.     Le Franc.
= 8°. Inflamation, ardeur. "Le feu de la fièvre. "Avoir le visage tout en feu. "Le feu lui montoit au visage, etc. = 9°. Figurément, il se dit des passions: le feu de la colère, de la concupiscence. — Pyrrhus dit, dans Andromaque.
   Brûlé de plus de feux que je n'en allumai.
Le poète mêle le propre avec le figuré. Ce vers a été fort critiqué. C'est un concetti à l'italiène; et on l'apèlerait aujourd'hui un calembourg.
   Quoi! ton volage coeur se livrera toujours
   À~ des feux étrangers, à de folles amours?
       La Chaussée.
= 10°. Sédition, mouvement populaire. "Le feu de la discorde, de la révolte. "Toute la ville était en feu. = 11°. Vivacité de l'esprit. "Orateur plein de feu: esprit tout de feu. "Ce Peintre a un grand feu d'imagination.
   12°. FEU compôse, avec un grand nombre de mots, des expressions du style simple et familier. — Prendre feu: s'échaufer, parler avec vivacité. — Être entre deux feux, (n°. 5°.) ataqué des deux côtés. — N'avoir ni feu, ni lieu, (n°. 3°.) n'avoir point de retraite assurée; être fort paûvre. — Se jeter dans le feu, pour éviter la fumée: s'exposer à un grand danger, pour en éviter un moindre. — Se jeter au feu pour quelqu'un, l'aimer jusqu'à tout sacrifier pour lui.
   Au feu pour lui, Monsieur, nous nous jetterions tous...
   Pardon, on n'en dit pas peut-être autant de vous.
        Barthe, l'Homme personel.
En mettre la main au feu, assurer qu'une chôse est ou n'est pas. "J'en mettrais la main au feu. — Jeter de l'huile sur le feu, irriter des persones déjà aigries. — Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un; l'encourager. — Jeter feu et flamme, être dans une grande colère. — Être tout de feu, plein d'ardeur, de zèle pour, etc. "La plupart des jeunes persones prennent les chôses vivement; et dans certains momens, elles sont toutes de feu pour la piété; mais dès que leur imagination cesse d'être frapée, ce feu s'éteint et elles retombent dans leur première langueur. L'Ab. Reyre, Éc. des jeunes Demoiselles. — La Fontaine retranche tout.
   L'homme est de glace aux vérités,
   Il est de feu pour les mensonges.
En prôse du moins, il faut dire, tout de feu. = On dit de deux persones, qui ont de l'antipathie l'une pour l'aûtre, ou dont les caractères sont fort oposés, qu'elles sont le feu et l'eau. "Mme de B... et elle forment le plus bel assortiment de feu et d'eau, que j'aie jamais vu. Sév.Faire grand'chere et beau feu, faire beaucoup de dépense. Voy. BRûLER, COIN, ÉTOUPE, FER, FUMÉE, MOURIR. = On apèle au propre un grand feu, feu à rôtir un boeuf, feu de reculée, feu de verrerie. — Au contraire, feu de pâille, est au figuré (st. famil.) une ardeur, un zèle bientôt refroidis.
   Mettre à feu et sang. (style historique) sacager, ravager. "Ils mirent tout à feu et à sang, dans la campagne. Vertot. — * d'Avrigni dit, écrire à feu et à sang. "Un homme (Jans.) qui avait écrit à feu et à sang contre nos Rois. — L'analogie trompe, et elle a trompé ici cet excellent écrivain. Cette expression est un vrai barbarisme. = * M. Desgrouais done cette qualification à faire faux feu: il veut qu'on dise rater. Cependant l'Acad. dit au mot Faux, que faux feu se dit d'une arme à feu, lorsque l'amorce prend et que l'arme ne tire pas.

Top

Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798)

Feu (Page 580)
Feu, se dit aussi figurément Des séditions et des mouvemens populaires. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la Ville en feu. Il y avoit des gens qui ne travailloient qu'à allumer davantage le feu parmi le peuple.

On dit d'Un homme dérangé dans ses affaires, et qui est poursuivi par ses créanciers, que Le feu se met dans ses affaires, est dans ses affaires.

Il se dit aussi De la vivacité de l'esprit. Cet Orateur a bien du feu. Ses écrits sont pleins de feu. C'est un esprit tout de feu. Cette femme est agréable en conversation, elle a beaucoup de feu. Ce Peintre, ce Poëte a un grand feu d'imagination.

On dit, Le feu de l'Enfer, pour dire, Les tourmens des damnés; et, Le feu du Purgatoire, pour dire, Les peines que souffrent les âmes qui sont dans le Purgatoire.

On appelle Feu d'Enfer, Tout feu qui est très-grand. À cette attaque on fit un feu d'enfer. À cette verrerie il y a toujours un feu d'enfer.

Dans ce sens on dit, en termes de Cuisine, Mettre quelque chose au feu d'enfer, faire griller quelque chose au feu d'enfer, pour dire, La faire griller à un feu très-ardent. Il faut faire griller ces cuisses au feu d'enfer.

On appelle Couleur de feu, Un rouge vif et éclatant.

On appelle aussi Taches de feu, ou Feu absolument, Certaines taches roussâtres qui se trouvent sur la tête ou sur le eorps des chevaux, des chiens, et d'autres animaux. Cet animal est marqué de feu.

On appelle Coup de feu, Un défaut causé par le feu à la porcelaine.

Feu (Page 580)
Feu, se dit poétiquement, pour signifier la passion de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux. Des feux constans. Nourrir dans son âme des feux criminels.

Feu (Page 580)
Feu, signifie aussi, Inflammation, ardeur. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Il a le visage tout en feu. Avoir la bouche tout en feu, le palais tout en feu. Il étoit si fort en colère, qu'il avoit les yeux tout en feu, que le feu lui sortoit par les yeux, que le feu lui montoit au visage.

On dit figurément d'Un vin, qu'Il a du feu, qu'il a trop de feu, pour dire, qu'Il a de la chaleur, qu'il a trop de chaleur.

Il se dit figurément De l'ardeur et de la violence des passions, et des mouvemens impétueux de l'âme. Quand le feu de sa colère sera passé. Amortir le feu de la concupiscence.

On dit proverbialement et figurément, qu'Un homme prend feu aisément, pour dire, qu'Il est aisé à émouvoir; qu'Il jette feu et flamme, pour dire, qu'Il s'emporte avec excès; et qu'Il a jeté tout son feu, pour dire, qu'Il a dit, qu'il a fait tout ce que la colère lui a suggéré, et qu'il s'est apaisé par-là.

On dit aussi, d'Un homme qui, après avoir fait un bon ouvrage, n'en fait plus que de médiocres, que Dans le premier il a jeté tout son feu.

On appelle Feu volage, Une espèce de dartre qui vient au visage, et qui s'enflamme.

On appeloit autrefois Feu Saint-Antoine, Une maladie qui desséchoit et brûloit la partie attaquée.

Feu (Page 580)
Feu, se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs et pleins de feu. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis, d'une escarboucle.

Feu (Page 580)
Feu, se dit aussi De certains remèdes brûlans qu'on applique sur quelque partie du corps des hommes ou des bêtes. Il faut appliquer le feu à cette plaie. Donner le feu, mettre le feu à un cheval. Ce cheval a eu le feu. Les Chirurgiens appellent Feu actuel, Le bouton de feu qu'on applique sur quelque partie; et, Feu potentiel, Le feu qui est dans les pierres de cautère, dans les plantes et dans les minéraux caustiques.

Feu (Page 580)
Feu, se dit aussi Des météores enflammés, et de la foudre et des éclairs. Le feu du Ciel est tombé sur cette maison. L'air étoit tout en feu pendant cet orage.

On appelle poétiquement les Astres, Les feux de la nuit, les feux duFirmament; et, Feux de l'Été, Les chaleurs excessives de l'Été.

On appelle Feu Saint-Elme, Des feux volans qui s'attachent aux vergues et aux mâts des vaisseaux.

On appelle aussi Feux follets, Les exhalaisons enflammées qu'on voit quelquefois dans les endroits marécageux.

Feu (Page 580)
Feu, se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. Il n'y a qu'un feu. Il n'y a qu'un feu dans cet appartement.

Il se prend aussi pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée. Il lui faut tant de voies de bois par an, car il a ordinairement dix feux dans sa maison.

On dit familièrement d'Un homme qui n'a point voyagé, qu'Il n'a jamais quitté le coin de son feu.

On appelle Garniture de feu, ou simplement Feu, Une grille de fer avec la pelle, les pincettes et les tenailles. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

FEU (Page 579)
FEU. s. m. Celui des quatre élémens qui est chaud. Feu élémentaire.

Il signifie aussi Le feu que l'on fait avec du bois, ou autres matières combustibles. Feu ardent. Feu dévorant, consumant. Feu clair, âpre, étouffé. Bon feu, mauvais feu. Beau feu. Feu de reculée. Feu à rôtir un boeuf, à rôtir boeuf. Feu de charbon, de gros bois, de tourbe, de paille. Une étincelle de feu. Une bluette, un charbon de feu. Un réchaud de feu. Faire du feu, bon feu, grand feu. Souffler, allumer, attiser, détiser, éteindre, entretenir, couvrir le feu. On a mis le feu à cette maison. Le feu a pris à ce lambris. Le feu a gagné le plancher, a gagné le toit. La Ville étoit toute en feu. Crier au feu. Courir au feu. Faire cuire quelque chose à petit feu. Se tenir au coin du feu. Mettre le pot au feu.

On dit, Condamner au feu, pour dire, Condamner à être brûlé; qu'Un homme mérite le feu. pour dire, qu'Il mérite d'être brûlé; Mettre le feu au four, pour dire, Commencer à chauffer le four; Montrer une chose au feu, pour dire, La présenter au feu pour la faire sécher, ou la faire chauffer légèrement; Passer une chose par le feu, pour dire, La passer au travers de la flamme, afin d'en ôter le mauvais air; Prendre l'air du feu, prendre un air de feu, et populairement, Prendre une poignée de feu, pour dire, Se chauffer à la hâte et en passant.

On dit, J'en mettrois ma main, la main au feu, et Je n'en mettrois pas ma main au feu, pour dire, qu'On assure une chose, ou qu'on ne l'assure pas.

On appelle Feux de joie, Les feux qu'on allume dans les rues, dans les places publiques en signe de réjouissance; et, Feu d'artifice, Un feu composé de fusées volantes, et autres semblables artifices pour le spectacle; Lance à feu, Une espèce de fusée qu'on attache aux feux d'artifice pour les éclairer, et qui jette de temps en temps de petites étoiles.

On dit proverbialement, Il n'est feu que de bois vert, il n'est feu que de gros bois, pour dire, qu'Il n'y a point de meilleur feu que celui de bois vert, quand il est bien allumé; que le gros bois fait un feu tout autre que le menu bois.

On dit proverbialement De deux choses tout-à-fait contraires, de deux personnes entièrement opposées, que C'est le feu et l'eau; et De ce qui est violent d'abord, mais qu'on juge ne devoir pas durer: C'est un feu de paille. Ce n'est qu'un feu de paille.

On dit proverbialement, Il n'y a point de fumée sans feu, de feu sans fumée. Voyez Fumée.

On dit figur. Faire mourir quelqu'un à petit feu, pour dire, Le faire languir, en faisant durer long-temps des chagrins, des inquiétudes, des peines d'esprit, qu'on pourroit lui épargner ou lui abréger.

On dit proverb. Faire grand'chère et beau feu, pour dire, Faire une fort grande dépense.

On dit aussi figurément, Faire feu violet, du feu violet, pour dire, Faire quelque chose qui eclate d'abord, où il paroît d'abord beaucoup de vivacité, et qui se dément dans la suite.

On dit proverbialement et figurément, Jeter de l'huile dans le feu, sur le feu, pour dire, Irriter davantage une personne qui est déjà assez irritée, aigrir des esprits qui ne sont déjà que trop aigris; Mettre le feu aux étoupes, mettre le feu aux poudres, pour dire, Animer davantage une personne qui est déjà naturellement portée à s'émouvoir; et, Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un, pour dire, L'exciter vivement à faire ce qu'on désire qu'il fasse.

On dit proverbialement et figurément, en parlant d'affaires, Mettre les fers au feu, pour dire, Commencer à s'occuper sérieusement à une affaire. Et on dit d'Une affaire à laquelle on travaille actuellement, que Les fers sont au feu.

On dit proverbialement Des spectacles et des autres choses qui attirent un grand concours de monde, qu'On y court comme au feu.

On dit figurément, Mettre tout à feu et à sang, pour dire, Exercer toutes les cruautés, toutes les inhumanités de la guerre contre un Pays.

On appelle Feu Grégeois, Une espèce de feu d'artifice dont on se servoit anciennement à la guerre, et qui brûloit dans l'eau. Lancer du feu Grégeois.

Feu, se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. Il n'y a qu'un feu. Il n'y a qu'un feu dans cet appartement.

Il se prend aussi pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée. Il lui faut tant de voies de bois par an, car il a ordinairement dix feux dans sa maison.

On dit familièrement d'Un homme qui n'a point voyagé, qu'Il n'a jamais quitté le coin de son feu.

On appelle Garniture de feu, ou simplement Feu, Une grille de fer avec la pelle, les pincettes et les tenailles. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

Feu, signifie aussi Un ménage, une famille logée dans une maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette Ville est composée de tant de feux.

On dit proverbialement, N'avoir ni feu ni lieu, pour dire, Etre vagabond et errant çà et là sans aucune demeure assurée, ou pour dire, Être extrêmement pauvre.

On dit aussi proverbialement d'Une maison en désordre, et où il n'y a rien à manger, qu'Il n'y a ni pot au feu, ni écuelles lavées.

Feu, se prend aussi pour La simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, comme en ces exemples: Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avoit des feux allumés sur la côte.

On appelle Armes à feu, Les mousquets, les fusils, les pistolets, etc. et, Coup de feu, La blessure que fait le coup d'une arme à feu.

Feu, se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Il s'expose au feu des ennemis. Il étoit sous le feu des ennemis. A cette bataille, à cet assaut, les ennemis faisoient grand feu. On faisoit feu par-tout. Soutenir le feu, essuyer le feu de la Place, le feu du canon, de l'artillerie. Ils étoient à couvert du feu de la Ville. Il se trouva entre deux jeux. Feu rasant. Feu croisé. Feu roulant, etc. Feu très-vif.

On dit absolument Feu, pour ordonner aux Soldats de tirer.

On dit en parlant d'Un homme d'une valeur gaie, qu'Il va au feu comme à la noce.

On dit, qu'Un fusil, qu'un pistolet fait long feu, Lorsque le coup est lent à partir.

Feu, se dit aussi Des météores enflammés, et de la foudre et des éclairs. Le feu du Ciel est tombé sur cette maison. L'air étoit tout en feu pendant cet orage.

On appelle poétiquement les Astres, Les feux de la nuit, les feux duFirmament; et, Feux de l'Été, Les chaleurs excessives de l'Été.

On appelle Feu Saint-Elme, Des feux volans qui s'attachent aux vergues et aux mâts des vaisseaux.

On appelle aussi Feux follets, Les exhalaisons enflammées qu'on voit quelquefois dans les endroits marécageux.

Feu, se dit aussi De certains remèdes brûlans qu'on applique sur quelque partie du corps des hommes ou des bêtes. Il faut appliquer le feu à cette plaie. Donner le feu, mettre le feu à un cheval. Ce cheval a eu le feu. Les Chirurgiens appellent Feu actuel, Le bouton de feu qu'on applique sur quelque partie; et, Feu potentiel, Le feu qui est dans les pierres de cautère, dans les plantes et dans les minéraux caustiques.

Feu, se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs et pleins de feu. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis, d'une escarboucle.

Feu, signifie aussi, Inflammation, ardeur. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Il a le visage tout en feu. Avoir la bouche tout en feu, le palais tout en feu. Il étoit si fort en colère, qu'il avoit les yeux tout en feu, que le feu lui sortoit par les yeux, que le feu lui montoit au visage.

On dit figurément d'Un vin, qu'Il a du feu, qu'il a trop de feu, pour dire, qu'Il a de la chaleur, qu'il a trop de chaleur.

Il se dit figurément De l'ardeur et de la violence des passions, et des mouvemens impétueux de l'âme. Quand le feu de sa colère sera passé. Amortir le feu de la concupiscence.

On dit proverbialement et figurément, qu'Un homme prend feu aisément, pour dire, qu'Il est aisé à émouvoir; qu'Il jette feu et flamme, pour dire, qu'Il s'emporte avec excès; et qu'Il a jeté tout son feu, pour dire, qu'Il a dit, qu'il a fait tout ce que la colère lui a suggéré, et qu'il s'est apaisé par-là.

On dit aussi, d'Un homme qui, après avoir fait un bon ouvrage, n'en fait plus que de médiocres, que Dans le premier il a jeté tout son feu.

On appelle Feu volage, Une espèce de dartre qui vient au visage, et qui s'enflamme.

On appeloit autrefois Feu Saint-Antoine, Une maladie qui desséchoit et brûloit la partie attaquée.

Feu, se dit poétiquement, pour signifier la passion de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux. Des feux constans. Nourrir dans son âme des feux criminels.

Feu, se dit aussi figurément Des séditions et des mouvemens populaires. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la Ville en feu. Il y avoit des gens qui ne travailloient qu'à allumer davantage le feu parmi le peuple.

On dit d'Un homme dérangé dans ses affaires, et qui est poursuivi par ses créanciers, que Le feu se met dans ses affaires, est dans ses affaires.

Il se dit aussi De la vivacité de l'esprit. Cet Orateur a bien du feu. Ses écrits sont pleins de feu. C'est un esprit tout de feu. Cette femme est agréable en conversation, elle a beaucoup de feu. Ce Peintre, ce Poëte a un grand feu d'imagination.

On dit, Le feu de l'Enfer, pour dire, Les tourmens des damnés; et, Le feu du Purgatoire, pour dire, Les peines que souffrent les âmes qui sont dans le Purgatoire.

On appelle Feu d'Enfer, Tout feu qui est très-grand. À cette attaque on fit un feu d'enfer. À cette verrerie il y a toujours un feu d'enfer.

Dans ce sens on dit, en termes de Cuisine, Mettre quelque chose au feu d'enfer, faire griller quelque chose au feu d'enfer, pour dire, La faire griller à un feu très-ardent. Il faut faire griller ces cuisses au feu d'enfer.

On appelle Couleur de feu, Un rouge vif et éclatant.

On appelle aussi Taches de feu, ou Feu absolument, Certaines taches roussâtres qui se trouvent sur la tête ou sur le eorps des chevaux, des chiens, et d'autres animaux. Cet animal est marqué de feu.

On appelle Coup de feu, Un défaut causé par le feu à la porcelaine.

Feu (Page 580)
Feu, signifie aussi Un ménage, une famille logée dans une maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette Ville est composée de tant de feux.

On dit proverbialement, N'avoir ni feu ni lieu, pour dire, Etre vagabond et errant çà et là sans aucune demeure assurée, ou pour dire, Être extrêmement pauvre.

On dit aussi proverbialement d'Une maison en désordre, et où il n'y a rien à manger, qu'Il n'y a ni pot au feu, ni écuelles lavées.

Feu (Page 580)
Feu, se prend aussi pour La simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, comme en ces exemples: Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avoit des feux allumés sur la côte.

On appelle Armes à feu, Les mousquets, les fusils, les pistolets, etc. et, Coup de feu, La blessure que fait le coup d'une arme à feu.

Feu (Page 580)
Feu, se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Il s'expose au feu des ennemis. Il étoit sous le feu des ennemis. A cette bataille, à cet assaut, les ennemis faisoient grand feu. On faisoit feu par-tout. Soutenir le feu, essuyer le feu de la Place, le feu du canon, de l'artillerie. Ils étoient à couvert du feu de la Ville. Il se trouva entre deux jeux. Feu rasant. Feu croisé. Feu roulant, etc. Feu très-vif.

On dit absolument Feu, pour ordonner aux Soldats de tirer.

On dit en parlant d'Un homme d'une valeur gaie, qu'Il va au feu comme à la noce.

On dit, qu'Un fusil, qu'un pistolet fait long feu, Lorsque le coup est lent à partir.

FEU, EUE (Page 580)
FEU, EUE. adj. Il ne se dit ordinairement que De ceux qui sont morts il n'y a pas long-temps. Feu mon père. Feu mon oncle. Quand on dit, Le feu Pape, le feu Roi, la feue Reine, etc. on entend toujours le Pape dernier mort, le Roi dernier mort, la Reine derère morte, etc.

Ce mot n'a point de pluriel, et même il n'a pas de féminin lorsqu'il est placé avant l'article ou avant le pronom personnel. Ainsi, quoiqu'on dise, La feue Reine, il faut dire, Feu la Reine.

Top

Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

FEU (Page 1:750)
FEU se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs et pleins de feu. Le feu de ses regards. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis.

FEU (Page 1:750)
FEU signifie aussi, Inflammation, vive chaleur, ou État de ce qui est extrêmement échauffé, animé. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Avoir la bouche toute en feu, le palais tout en feu. Il était si fort en colère, qu'il avait les yeux tout en feu, que le feu lui montait au visage. Être tout en feu.

Feu volage, Sorte d'éruption qui vient au visage, et particulièrement aux lèvres, surtout chez les enfants.

Feu Saint-Antoine. Nom que l'on a donné à une espèce d'érésipèle ou de charbon pestilentiel.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit figurément, dans le sens qui précède, pour Ardeur, violence, véhémence, en parlant Des sentiments, des passions, des grands mouvements de l'âme, etc. Le feu de la jeunesse. Le feu des passions. Le feu des désirs. Amortir le feu de la concupiscence. Quand le premier feu, quand le feu de sa colère sera passé. Le feu du courage. Cela parut diminuer le feu de son zèle.

Être de feu, tout de feu pour quelque chose, En être fort engoué. Il est tout de feu pour cette opinion.

Le feu de la composition, se dit, en Littérature et dans les Beaux-Arts, de L'espèce d'entraînement, d'application ardente avec laquelle on se livre à la composition d'un ouvrage, dans les moments d'inspiration. Ces fautes peuvent échapper à l'écrivain, à l'artiste dans le feu de la composition, lorsqu'il est dans le feu de la composition. On dit en un sens analogue, Dans le feu de l'action.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit poétiquement, au figuré, en parlant De la passion de l'amour. Le feu de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux. Des feux constants. Nourrir dans son âme des feux criminels.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit aussi, figurément, de La vivacité d'action, de mouvement, de geste, d'esprit, d'imagination, de style, etc. Cet orateur a du feu. Cet écrit est plein de feu. Ce peintre, ce poëte a beaucoup de feu dans l'imagination. Le feu de l'imagination. Ce cheval a beaucoup de feu. On dit dans un sens analogue: C'est un esprit tout de feu. Une âme de feu. Etc.

Ce vin, cette eau-de-vie, etc., a du feu, a trop de feu, Ce vin, cette eau-de-vie a beaucoup de chaleur, a trop de chaleur.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit encore, figurément, en parlant De la guerre, des séditions, des troubles civils, des mouvements populaires, etc. Rallumer le feu de la guerre. Cet événement allait mettre en feu toute l'Europe. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la ville en feu.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit quelquefois, particulièrement, de L'inspiration. Être plein d'un beau feu. Il ne sait pas régler son feu.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit particulièrement, en termes de Palais, Des bougies qui, aux audiences des criées, sont allumées pour déterminer la durée du temps pendant lequel on peut enchérir. Aucune adjudication ne peut être faite qu'après l'extinction de trois feux.

Il se dit encore figurément, au Théâtre, de Ce qu'un acteur reçoit en sus de ses appointements fixes, chaque fois qu'il joue. Cet acteur a tant pour ses feux.

FEU (Page 1:748)
FEU se dit particulièrement Du feu considéré comme agent de destruction. Le feu est à tel endroit. On a mis le feu à cette maison. Le feu d'un incendie. Le feu avait couvé durant plusieurs jours. Le feu a pris à ce lambris. Le feu a gagné le plancher, a gagné le toit. La ville était toute en feu. Crier au feu. Courir au feu. Éteindre le feu. Arrêter les progrès du feu. Se rendre maître du feu. Le feu a tout consumé, tout anéanti, tout dévoré. Les ravages du feu. Cette meule de foin prit feu d'elle-même. Le feu se mit à sa robe, dans ses cheveux.

Mettre le feu à un canon, Mettre le feu à l'amorce d'un canon chargé.

Prov., On y court comme au feu, se dit Des spectacles, et, en général, de tout ce qui attire un grand concours de monde.

Prov. et fig., Le feu est à telle marchandise, On la recherche avec empressement. Cette phrase vieillit.

Fig., Mettre un pays à feu et à sang, Exercer, dans ce pays, toutes les cruautés, toutes les inhumanités de la guerre.

Fig. et fam., Il se jetterait dans le feu pour lui, Il ferait tout pour lui prouver son affection, son dévouement.

Fig. et fam., Mettre le feu aux poudres, Exciter la haine, la discorde, la sédition, par ses discours, par ses conseils. Mettre le feu aux étoupes, Déterminer tout à coup un mouvement impétueux, une passion, comme la colère, un amour violent, etc. On dit dans un sens analogue, Le feu prend aux poudres, aux étoupes.

Fig. et fam., Prendre feu, S'émouvoir, s'enflammer, s'irriter. Vous prenez feu bien aisément. C'est un homme qui prend feu tout de suite, qui prend feu sur les moindres choses.

Fig. et fam., Jeter feu et flamme, Se livrer à de grands emportements de colère. Jeter son feu, jeter tout son feu, Faire et dire tout ce qu'inspire la colère, de manière qu'on est plus tôt apaisé.

Jeter son feu, signifie aussi, Faire d'abord preuve de talent, de génie, et ne pas réaliser ensuite les espérances qu'on avait données de soi. On dit dans un sens analogue, Cet auteur a jeté son feu, tout son feu dans le premier acte de sa tragédie, dans le premier volume de son ouvrage.

Prov. et fig., Le feu se met dans ses affaires, est dans ses affaires, se dit en parlant D'un homme dont les affaires sont dérangées, et qui est poursuivi par ses créanciers.

Armes à feu, Les mousquets, les fusils, les pistolets, etc. Coup de feu, Blessure que fait le coup d'une arme à feu.

Bouche à feu. Terme générique par lequel on désigne Les canons, les mortiers, les pierriers, etc. Cette place est défendue par tant de bouches à feu.

FEU (Page 1:749)
FEU se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Faire feu sur quelqu'un. Il s'expose au feu des ennemis. Il était sous le feu des ennemis. À cette bataille, à cet assaut, les ennemis faisaient un feu terrible. On faisait feu partout. Soutenir le feu, essuyer le feu de la place, le feu du canon, de l'artillerie. Ils étaient à couvert du feu de la ville. Il se trouva entre deux feux. Feu rasant. Feu croisé. Feu de file ou de deux rangs. Feu roulant; etc. Feu très-vif. Feu bien nourri. En termes de Marine: Faire feu des deux bords. Feu de tribord. Feu de bâbord. Dans les commandements militaires, on dit elliptiquement Feu, pour ordonner aux soldats de tirer.

Accoutumer un cheval au feu, L'accoutumer à entendre tirer des coups de fusil, de canon, etc., sans en être effrayé.

Aller au feu, Aller à un combat où l'on se sert d'armes à feu. Voir le feu, Assister, prendre part à un combat de ce genre. Ce soldat n'a pas encore vu le feu.

Fam., Aller au feu comme à la noce, Aller, marcher gaiement au combat.

Faire long feu, se dit D'une arme à feu dont le coup est lent à partir. Mon fusil a fait long feu.

Fig. et fam., Faire long feu, se dit D'une affaire qui traîne en longueur.

Fig. et fam., Un feu roulant de saillies, d'épigrammes, etc., Plusieurs saillies, plusieurs épigrammes dites, lancées coup sur coup.

FEU (Page 1:749)
FEU se dit encore, particulièrement, Du feu que l'on fait avec du bois ou autres matières combustibles, ainsi que Des matières qui brûlent. Feu clair, vif, ardent. Bon feu. Beau feu. Feu de reculée. Feu à rôtir un boeuf. Feu de charbon, de gros bois, de tourbe, de paille. Les feux d'un bivouac. Une étincelle de feu. Une bluette, un charbon de feu. Un réchaud de feu. Le feu sacré qui brûlait dans le temple de Vesta. Faire du feu, bon feu, grand feu. Le feu commence à prendre, à s'allumer. Le feu ne brûle pas, ne veut pas brûler. Apportez un peu de feu. Allumer, souffler, attiser, entretenir, éteindre, couvrir le feu. Faire rougir un métal au feu. Faire cuire quelque chose à petit feu. S'approcher du feu pour se chauffer. Tourner le dos au feu. Avoir le ventre à table et le dos au feu. Tomber dans le feu. Mettre le pot au feu.

Couvre-feu, garde-feu. Voyez ces mots composés, à leur rang alphabétique.

Mettre le feu au four, Commencer à chauffer le four. Montrer une chose au feu, La présenter au feu pour la faire sécher, ou pour la faire chauffer légèrement. Passer une chose par le feu, La passer au travers de la flamme.

En termes de Cuisine, Donner le feu trop chaud, trop ardent à la viande, La faire rôtir à trop grand feu. Coup de feu, Action d'animer le feu, pour donner aux mets le dernier, le juste degré de cuisson. Manquer son coup de feu. Le cuisinier est dans son coup de feu.

Coup de feu, se dit aussi d'Un défaut causé par le feu à la porcelaine.

Prendre l'air du feu, prendre un air de feu, et populairement, Prendre une poignée de feu, Se chauffer à la hâte et comme en passant.

Le supplice du feu, ou simplement et absolument, Le feu, Supplice qui consiste à brûler le condamné. Le prétendu sorcier fut condamné au feu.

Le feu de l'enfer, Les tourments des damnés. Le feu du purgatoire, Les peines que souffrent les âmes qui sont dans le purgatoire.

Fig. et fam., Un feu d'enfer, Un feu très-grand, très-violent. Il y a toujours un feu d'enfer dans cette verrerie. En termes de Cuisine, Faire griller quelque chose au feu d'enfer, le mettre au feu d'enfer, Le faire griller à un feu de charbons très-ardent. Il faut faire griller ces cuisses au feu d'enfer. À l'armée, Faire un feu d'enfer, Tirer rapidement un grand nombre de coups de canon, de fusil. Les ennemis faisaient un feu d'enfer.

Couleur de feu, Rouge vif et éclatant. Un ruban couleur de feu.

Fig., Tache de feu, ou absolument, Feu, se dit de Certaines taches roussâtres qui se trouvent sur la tête ou sur le corps des chevaux, des chiens et d'autres animaux. Cet animal est marqué de feu.

Feux de joie, Feux qu'on allume dans les rues, dans les places publiques, en signe de réjouissance. Feu de la Saint-Jean, Feu de joie qu'on allume le jour de la Saint-Jean.

Feu d'artifice, Feu préparé avec art, en signe de réjouissance, dans la composition duquel il entre des matières qui s'enflamment aisément, et qui offrent en brûlant différentes formes agréables. Tirer un feu d'artifice.

Lance à feu, Sorte de fusée emmanchée qui sert à mettre le feu à une pièce d'artillerie ou d'artifice.

Pot à feu. Voyez POT.

Feu grégeois, Espèce d'artifice dont on se servait anciennement à la guerre, et qui brûlait dans l'eau. Lancer du feu grégeois.

Par exagérat., et par allusion aux anciennes épreuves judiciaires, J'en mettrais ma main, la main au feu, J'assure que la chose est ainsi, j'en répondrais à mes risques et périls. On dit dans le sens contraire, Je n'en mettrais pas ma main au feu.

Prov., Il n'est feu que de bois vert, Il n'y a point de meilleur feu que celui de bois vert, quand il est bien allumé; et, figurément, On a quelquefois besoin de l'activité des jeunes gens dans les grandes affaires. Il n'est feu que de gros bois, Le gros bois fait un bien plus grand feu que le menu bois.

Prov. et fig., Faire feu qui dure, Ménager son bien, ne pas faire trop de dépense. Cela se dit, dans un sens analogue, en parlant De la santé. Il faut faire feu qui dure.

Fig. et fam., C'est un feu de paille, ce n'est qu'un feu de paille, se dit D'une passion qui commence avec ardeur, avec véhémence, et qui est de peu de durée. Cet amour si violent ne sera qu'un feu de paille. On le dit aussi Des troubles passagers. La sédition n'était qu'un feu de paille.

Prov. et fig., Il n'y a point de fumée sans feu, de feu sans fumée. Voyez FUMÉE.

Prov. et fig., Mettre les fers au feu, Commencer à s'occuper sérieusement d'une affaire. Il est temps de mettre les fers au feu. On dit aussi, Les fers sont au feu, en parlant D'une affaire à laquelle on travaille actuellement.

Prov. et fig., Il n'y a, dans cette maison, ni pot au feu ni écuelles lavées, C'est une maison en désordre, où tout manque pour la cuisine, où il n'y a rien à manger.

Prov. et fig., Faire grande chère et beau feu, Faire une très-grande dépense.

Fig. et fam., Faire feu violet, du feu violet, Faire quelque chose qui éclate d'abord, où il paraît de la vivacité, mais qui se dément bientôt.

Fig., Faire mourir quelqu'un à petit feu, Le faire languir en prolongeant des peines d'esprit, des inquiétudes, des chagrins qu'on pourrait lui épargner ou lui abréger.

Prov. et fig., Jeter de l'huile dans le feu, sur le feu, Exciter une passion déjà très-vive, très-violente; aigrir des esprits qui ne sont déjà que trop aigris. On dit également, dans le dernier sens, Attiser le feu.

Prov. et fig., Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un, L'exciter vivement à faire ce qu'on désire qu'il fasse.

Fam., Il court comme s'il avait le feu au derrière, se dit De celui qui, par peur, s'enfuit très-vite.

Fig., Le feu sacré, se dit, par allusion au feu que les anciens entretenaient dans quelques-uns de leurs temples, de Certains sentiments nobles et passionnés qui se conservent et se communiquent. Le feu sacré de la liberté. Nourrir, entretenir, rallumer le feu sacré des beaux-arts. On dit aussi: Ce poëte est animé du feu sacré, Il a du génie. Cet écrivain manque du feu sacré, n'a pas le feu sacré.

FEU (Page 1:749)
FEU se dit absolument d'Un corps en ignition ou d'un caustique que l'on applique sur quelque partie du corps de l'homme ou des animaux. Il faut appliquer le feu à cette plaie. Employer le fer et le feu pour quelque opération. Donner le feu, mettre le feu à un cheval. Ce cheval a eu le feu.

En Chirur., Bouton de feu, Instrument de fer en forme de bouton, qui sert à cautériser, après qu'on l'a fait rougir au feu. Feu potentiel, se dit de Toute substance caustique qui a, comme le feu, la propriété de produire une escarre sur les parties où on l'applique.

Fig. et fam., Employer le fer et le feu, Employer les remèdes, les moyens les plus violents.

FEU (Page 1:749)
FEU se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. Il n'y a qu'un feu dans cet appartement. Plaque de feu.

Garniture de feu, ou simplement, Feu, Grille de métal avec la pelle, les pincettes, les chenets, etc. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

Le coin du feu, Un des deux côtés de la cheminée, où l'on s'assied ordinairement pour se chauffer.

Fig. et fam., Ne bouger du coin du feu, du coin de son feu, Garder presque toujours la maison. N'aimer que le coin de son feu, Aimer la vie retirée. On dit dans un sens analogue, Les plaisirs du coin du feu.

Fig. et fam., Il n'a jamais quitté le coin de son feu, se dit De celui qui n'a point voyagé.

Fig. et fam., Allez lui dire cela au coin de son feu, on Allez lui dire cela, et vous chauffer au coin de son feu, Vous ne seriez pas bien venu à lui tenir ce langage dans un lieu où il serait le maître.

FEU (Page 1:750)
FEU se prend encore pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée ou dans un poêle. Il a presque toujours dix feux dans sa maison.

Il signifie, par extension, Un ménage, une famille logée dans une maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette ville est composée de tant de feux.

Prov., N'avoir ni feu ni lieu, Être vagabond, sans demeure assurée; ou Être extrêmement pauvre.

FEU (Page 1:750)
FEU se prend aussi pour La simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, etc. Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avait des feux allumés sur la côte. Mettre des feux sur des vaisseaux.

Poétiq., Les feux du firmament, les feux de la nuit, Les astres. Les feux du jour, de l'aurore, etc., L'éclat du jour, de l'aurore, etc.

FEU (Page 1:750)
FEU se dit en outre Des météores enflammés et des éclairs. On vit des feux briller dans l'air. L'air était tout en feu pendant cet orage.

Feu Saint-Elme, se dit, parmi les marins, de Certains feux ou météores qui paraissent quelquefois en mer, dans les nuits obscures, lorsque le ciel est très-orageux, et qui parcourent l'extrémité des mâts, des vergues, etc., sous la forme d'aigrettes lumineuses. On croit que le feu Saint-Elme est dû à l'électricité.

Feu follet, Espèce de météore, d'exhalaison enflammée qui se montre quelquefois dans les endroits marécageux. Feu grisou: voyez GRISOU.

Fig. et fam., Cette passion, ce goût si vif cessera bientôt, ce n'est qu'un feu follet.

FEU, EUE. adj. (Page 1:750)
FEU, EUE. adj. Défunt. Feu mon père. Feu mon oncle. Quand on dit, Le feu pape, le feu roi, la feue reine, etc., on entend toujours Le pape dernier mort, le roi dernier mort, la reine dernière morte, etc. Cet adjectif n'a point de pluriel; et il ne prend pas la terminaison féminine lorsqu'il est placé avant l'article ou avant l'adjectif possessif: ainsi l'on doit dire, Feu la reine, feu ma soeur, feu ma tante, etc., et non, Feue la reine, feue ma soeur, etc.

FEU. s. m. (Page 1:748)
FEU. s. m. Fluide impondérable, formé de lumière et de chaleur, qui chauffe, brûle, calcine, amollit, rougit, etc., les corps exposés à son action. Les anciens regardaient le feu comme un des quatre éléments. Le culte du feu. Les adorateurs du feu. La nature, les propriétés du feu. Un feu subtil. Le feu est répandu dans toute la nature. L'action du feu sur un corps. Le feu volatilise l'eau. Faire sortir du feu d'un caillou. Une colonne de feu guidait les Israélites dans le désert, pendant la nuit. Un globe de feu parut dans les airs. Une pluie de feu. Il vit son nom tracé sur la muraille en caractères de feu. Le feu des volcans. Un feu souterrain. On le met quelquefois au pluriel. La montagne vomissait des feux. Des feux souterrains.

Les feux de l'été, Les chaleurs excessives de l'été. On dit de même, Les feux du soleil, les feux de la canicule, etc.

Prov. et fig., C'est le feu et l'eau, se dit De deux choses tout à fait contraires, de deux personnes qui ont de l'aversion l'une pour l'autre, ou qui sont d'opinions, de caractères fort opposés.

Fig. et fam., Faire feu des quatre pieds, Employer tous ses efforts pour réussir en quelque affaire.

Fig., Le feu lui sort par les yeux, Ses yeux sont étincelants de colère.

Fig. et pop., N'y voir que du feu, Être tellement ébloui, qu'on n'y voit rien. Cela signifie aussi, Ne rien comprendre à quelque chose.

FEU se dit particulièrement Du feu considéré comme agent de destruction. Le feu est à tel endroit. On a mis le feu à cette maison. Le feu d'un incendie. Le feu avait couvé durant plusieurs jours. Le feu a pris à ce lambris. Le feu a gagné le plancher, a gagné le toit. La ville était toute en feu. Crier au feu. Courir au feu. Éteindre le feu. Arrêter les progrès du feu. Se rendre maître du feu. Le feu a tout consumé, tout anéanti, tout dévoré. Les ravages du feu. Cette meule de foin prit feu d'elle-même. Le feu se mit à sa robe, dans ses cheveux.

Mettre le feu à un canon, Mettre le feu à l'amorce d'un canon chargé.

Prov., On y court comme au feu, se dit Des spectacles, et, en général, de tout ce qui attire un grand concours de monde.

Prov. et fig., Le feu est à telle marchandise, On la recherche avec empressement. Cette phrase vieillit.

Fig., Mettre un pays à feu et à sang, Exercer, dans ce pays, toutes les cruautés, toutes les inhumanités de la guerre.

Fig. et fam., Il se jetterait dans le feu pour lui, Il ferait tout pour lui prouver son affection, son dévouement.

Fig. et fam., Mettre le feu aux poudres, Exciter la haine, la discorde, la sédition, par ses discours, par ses conseils. Mettre le feu aux étoupes, Déterminer tout à coup un mouvement impétueux, une passion, comme la colère, un amour violent, etc. On dit dans un sens analogue, Le feu prend aux poudres, aux étoupes.

Fig. et fam., Prendre feu, S'émouvoir, s'enflammer, s'irriter. Vous prenez feu bien aisément. C'est un homme qui prend feu tout de suite, qui prend feu sur les moindres choses.

Fig. et fam., Jeter feu et flamme, Se livrer à de grands emportements de colère. Jeter son feu, jeter tout son feu, Faire et dire tout ce qu'inspire la colère, de manière qu'on est plus tôt apaisé.

Jeter son feu, signifie aussi, Faire d'abord preuve de talent, de génie, et ne pas réaliser ensuite les espérances qu'on avait données de soi. On dit dans un sens analogue, Cet auteur a jeté son feu, tout son feu dans le premier acte de sa tragédie, dans le premier volume de son ouvrage.

Prov. et fig., Le feu se met dans ses affaires, est dans ses affaires, se dit en parlant D'un homme dont les affaires sont dérangées, et qui est poursuivi par ses créanciers.

Armes à feu, Les mousquets, les fusils, les pistolets, etc. Coup de feu, Blessure que fait le coup d'une arme à feu.

Bouche à feu. Terme générique par lequel on désigne Les canons, les mortiers, les pierriers, etc. Cette place est défendue par tant de bouches à feu.

FEU se dit absolument Des coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Faire feu sur quelqu'un. Il s'expose au feu des ennemis. Il était sous le feu des ennemis. À cette bataille, à cet assaut, les ennemis faisaient un feu terrible. On faisait feu partout. Soutenir le feu, essuyer le feu de la place, le feu du canon, de l'artillerie. Ils étaient à couvert du feu de la ville. Il se trouva entre deux feux. Feu rasant. Feu croisé. Feu de file ou de deux rangs. Feu roulant; etc. Feu très-vif. Feu bien nourri. En termes de Marine: Faire feu des deux bords. Feu de tribord. Feu de bâbord. Dans les commandements militaires, on dit elliptiquement Feu, pour ordonner aux soldats de tirer.

Accoutumer un cheval au feu, L'accoutumer à entendre tirer des coups de fusil, de canon, etc., sans en être effrayé.

Aller au feu, Aller à un combat où l'on se sert d'armes à feu. Voir le feu, Assister, prendre part à un combat de ce genre. Ce soldat n'a pas encore vu le feu.

Fam., Aller au feu comme à la noce, Aller, marcher gaiement au combat.

Faire long feu, se dit D'une arme à feu dont le coup est lent à partir. Mon fusil a fait long feu.

Fig. et fam., Faire long feu, se dit D'une affaire qui traîne en longueur.

Fig. et fam., Un feu roulant de saillies, d'épigrammes, etc., Plusieurs saillies, plusieurs épigrammes dites, lancées coup sur coup.

FEU se dit encore, particulièrement, Du feu que l'on fait avec du bois ou autres matières combustibles, ainsi que Des matières qui brûlent. Feu clair, vif, ardent. Bon feu. Beau feu. Feu de reculée. Feu à rôtir un boeuf. Feu de charbon, de gros bois, de tourbe, de paille. Les feux d'un bivouac. Une étincelle de feu. Une bluette, un charbon de feu. Un réchaud de feu. Le feu sacré qui brûlait dans le temple de Vesta. Faire du feu, bon feu, grand feu. Le feu commence à prendre, à s'allumer. Le feu ne brûle pas, ne veut pas brûler. Apportez un peu de feu. Allumer, souffler, attiser, entretenir, éteindre, couvrir le feu. Faire rougir un métal au feu. Faire cuire quelque chose à petit feu. S'approcher du feu pour se chauffer. Tourner le dos au feu. Avoir le ventre à table et le dos au feu. Tomber dans le feu. Mettre le pot au feu.

Couvre-feu, garde-feu. Voyez ces mots composés, à leur rang alphabétique.

Mettre le feu au four, Commencer à chauffer le four. Montrer une chose au feu, La présenter au feu pour la faire sécher, ou pour la faire chauffer légèrement. Passer une chose par le feu, La passer au travers de la flamme.

En termes de Cuisine, Donner le feu trop chaud, trop ardent à la viande, La faire rôtir à trop grand feu. Coup de feu, Action d'animer le feu, pour donner aux mets le dernier, le juste degré de cuisson. Manquer son coup de feu. Le cuisinier est dans son coup de feu.

Coup de feu, se dit aussi d'Un défaut causé par le feu à la porcelaine.

Prendre l'air du feu, prendre un air de feu, et populairement, Prendre une poignée de feu, Se chauffer à la hâte et comme en passant.

Le supplice du feu, ou simplement et absolument, Le feu, Supplice qui consiste à brûler le condamné. Le prétendu sorcier fut condamné au feu.

Le feu de l'enfer, Les tourments des damnés. Le feu du purgatoire, Les peines que souffrent les âmes qui sont dans le purgatoire.

Fig. et fam., Un feu d'enfer, Un feu très-grand, très-violent. Il y a toujours un feu d'enfer dans cette verrerie. En termes de Cuisine, Faire griller quelque chose au feu d'enfer, le mettre au feu d'enfer, Le faire griller à un feu de charbons très-ardent. Il faut faire griller ces cuisses au feu d'enfer. À l'armée, Faire un feu d'enfer, Tirer rapidement un grand nombre de coups de canon, de fusil. Les ennemis faisaient un feu d'enfer.

Couleur de feu, Rouge vif et éclatant. Un ruban couleur de feu.

Fig., Tache de feu, ou absolument, Feu, se dit de Certaines taches roussâtres qui se trouvent sur la tête ou sur le corps des chevaux, des chiens et d'autres animaux. Cet animal est marqué de feu.

Feux de joie, Feux qu'on allume dans les rues, dans les places publiques, en signe de réjouissance. Feu de la Saint-Jean, Feu de joie qu'on allume le jour de la Saint-Jean.

Feu d'artifice, Feu préparé avec art, en signe de réjouissance, dans la composition duquel il entre des matières qui s'enflamment aisément, et qui offrent en brûlant différentes formes agréables. Tirer un feu d'artifice.

Lance à feu, Sorte de fusée emmanchée qui sert à mettre le feu à une pièce d'artillerie ou d'artifice.

Pot à feu. Voyez POT.

Feu grégeois, Espèce d'artifice dont on se servait anciennement à la guerre, et qui brûlait dans l'eau. Lancer du feu grégeois.

Par exagérat., et par allusion aux anciennes épreuves judiciaires, J'en mettrais ma main, la main au feu, J'assure que la chose est ainsi, j'en répondrais à mes risques et périls. On dit dans le sens contraire, Je n'en mettrais pas ma main au feu.

Prov., Il n'est feu que de bois vert, Il n'y a point de meilleur feu que celui de bois vert, quand il est bien allumé; et, figurément, On a quelquefois besoin de l'activité des jeunes gens dans les grandes affaires. Il n'est feu que de gros bois, Le gros bois fait un bien plus grand feu que le menu bois.

Prov. et fig., Faire feu qui dure, Ménager son bien, ne pas faire trop de dépense. Cela se dit, dans un sens analogue, en parlant De la santé. Il faut faire feu qui dure.

Fig. et fam., C'est un feu de paille, ce n'est qu'un feu de paille, se dit D'une passion qui commence avec ardeur, avec véhémence, et qui est de peu de durée. Cet amour si violent ne sera qu'un feu de paille. On le dit aussi Des troubles passagers. La sédition n'était qu'un feu de paille.

Prov. et fig., Il n'y a point de fumée sans feu, de feu sans fumée. Voyez FUMÉE.

Prov. et fig., Mettre les fers au feu, Commencer à s'occuper sérieusement d'une affaire. Il est temps de mettre les fers au feu. On dit aussi, Les fers sont au feu, en parlant D'une affaire à laquelle on travaille actuellement.

Prov. et fig., Il n'y a, dans cette maison, ni pot au feu ni écuelles lavées, C'est une maison en désordre, où tout manque pour la cuisine, où il n'y a rien à manger.

Prov. et fig., Faire grande chère et beau feu, Faire une très-grande dépense.

Fig. et fam., Faire feu violet, du feu violet, Faire quelque chose qui éclate d'abord, où il paraît de la vivacité, mais qui se dément bientôt.

Fig., Faire mourir quelqu'un à petit feu, Le faire languir en prolongeant des peines d'esprit, des inquiétudes, des chagrins qu'on pourrait lui épargner ou lui abréger.

Prov. et fig., Jeter de l'huile dans le feu, sur le feu, Exciter une passion déjà très-vive, très-violente; aigrir des esprits qui ne sont déjà que trop aigris. On dit également, dans le dernier sens, Attiser le feu.

Prov. et fig., Mettre le feu sous le ventre à quelqu'un, L'exciter vivement à faire ce qu'on désire qu'il fasse.

Fam., Il court comme s'il avait le feu au derrière, se dit De celui qui, par peur, s'enfuit très-vite.

Fig., Le feu sacré, se dit, par allusion au feu que les anciens entretenaient dans quelques-uns de leurs temples, de Certains sentiments nobles et passionnés qui se conservent et se communiquent. Le feu sacré de la liberté. Nourrir, entretenir, rallumer le feu sacré des beaux-arts. On dit aussi: Ce poëte est animé du feu sacré, Il a du génie. Cet écrivain manque du feu sacré, n'a pas le feu sacré.

FEU se dit absolument d'Un corps en ignition ou d'un caustique que l'on applique sur quelque partie du corps de l'homme ou des animaux. Il faut appliquer le feu à cette plaie. Employer le fer et le feu pour quelque opération. Donner le feu, mettre le feu à un cheval. Ce cheval a eu le feu.

En Chirur., Bouton de feu, Instrument de fer en forme de bouton, qui sert à cautériser, après qu'on l'a fait rougir au feu. Feu potentiel, se dit de Toute substance caustique qui a, comme le feu, la propriété de produire une escarre sur les parties où on l'applique.

Fig. et fam., Employer le fer et le feu, Employer les remèdes, les moyens les plus violents.

FEU se prend aussi pour Cheminée. Chambre à feu. Il n'y a qu'un feu dans cet appartement. Plaque de feu.

Garniture de feu, ou simplement, Feu, Grille de métal avec la pelle, les pincettes, les chenets, etc. Un feu garni d'argent. Acheter un feu.

Le coin du feu, Un des deux côtés de la cheminée, où l'on s'assied ordinairement pour se chauffer.

Fig. et fam., Ne bouger du coin du feu, du coin de son feu, Garder presque toujours la maison. N'aimer que le coin de son feu, Aimer la vie retirée. On dit dans un sens analogue, Les plaisirs du coin du feu.

Fig. et fam., Il n'a jamais quitté le coin de son feu, se dit De celui qui n'a point voyagé.

Fig. et fam., Allez lui dire cela au coin de son feu, on Allez lui dire cela, et vous chauffer au coin de son feu, Vous ne seriez pas bien venu à lui tenir ce langage dans un lieu où il serait le maître.

FEU se prend encore pour Le feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée ou dans un poêle. Il a presque toujours dix feux dans sa maison.

Il signifie, par extension, Un ménage, une famille logée dans une maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette ville est composée de tant de feux.

Prov., N'avoir ni feu ni lieu, Être vagabond, sans demeure assurée; ou Être extrêmement pauvre.

FEU se prend aussi pour La simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, etc. Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avait des feux allumés sur la côte. Mettre des feux sur des vaisseaux.

Poétiq., Les feux du firmament, les feux de la nuit, Les astres. Les feux du jour, de l'aurore, etc., L'éclat du jour, de l'aurore, etc.

FEU se dit particulièrement, en termes de Palais, Des bougies qui, aux audiences des criées, sont allumées pour déterminer la durée du temps pendant lequel on peut enchérir. Aucune adjudication ne peut être faite qu'après l'extinction de trois feux.

Il se dit encore figurément, au Théâtre, de Ce qu'un acteur reçoit en sus de ses appointements fixes, chaque fois qu'il joue. Cet acteur a tant pour ses feux.

FEU se dit en outre Des météores enflammés et des éclairs. On vit des feux briller dans l'air. L'air était tout en feu pendant cet orage.

Feu Saint-Elme, se dit, parmi les marins, de Certains feux ou météores qui paraissent quelquefois en mer, dans les nuits obscures, lorsque le ciel est très-orageux, et qui parcourent l'extrémité des mâts, des vergues, etc., sous la forme d'aigrettes lumineuses. On croit que le feu Saint-Elme est dû à l'électricité.

Feu follet, Espèce de météore, d'exhalaison enflammée qui se montre quelquefois dans les endroits marécageux. Feu grisou: voyez GRISOU.

Fig. et fam., Cette passion, ce goût si vif cessera bientôt, ce n'est qu'un feu follet.

FEU se dit figurément Du brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs et pleins de feu. Le feu de ses regards. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis.

FEU signifie aussi, Inflammation, vive chaleur, ou État de ce qui est extrêmement échauffé, animé. Le feu de la fièvre. Je sens un feu dans les entrailles. Le feu est encore à cette plaie. Avoir la bouche toute en feu, le palais tout en feu. Il était si fort en colère, qu'il avait les yeux tout en feu, que le feu lui montait au visage. Être tout en feu.

Feu volage, Sorte d'éruption qui vient au visage, et particulièrement aux lèvres, surtout chez les enfants.

Feu Saint-Antoine. Nom que l'on a donné à une espèce d'érésipèle ou de charbon pestilentiel.

FEU se dit figurément, dans le sens qui précède, pour Ardeur, violence, véhémence, en parlant Des sentiments, des passions, des grands mouvements de l'âme, etc. Le feu de la jeunesse. Le feu des passions. Le feu des désirs. Amortir le feu de la concupiscence. Quand le premier feu, quand le feu de sa colère sera passé. Le feu du courage. Cela parut diminuer le feu de son zèle.

Être de feu, tout de feu pour quelque chose, En être fort engoué. Il est tout de feu pour cette opinion.

Le feu de la composition, se dit, en Littérature et dans les Beaux-Arts, de L'espèce d'entraînement, d'application ardente avec laquelle on se livre à la composition d'un ouvrage, dans les moments d'inspiration. Ces fautes peuvent échapper à l'écrivain, à l'artiste dans le feu de la composition, lorsqu'il est dans le feu de la composition. On dit en un sens analogue, Dans le feu de l'action.

FEU se dit poétiquement, au figuré, en parlant De la passion de l'amour. Le feu de l'amour. Le feu dont il brûle. Rien n'a pu éteindre ses feux. Des feux constants. Nourrir dans son âme des feux criminels.

FEU se dit aussi, figurément, de La vivacité d'action, de mouvement, de geste, d'esprit, d'imagination, de style, etc. Cet orateur a du feu. Cet écrit est plein de feu. Ce peintre, ce poëte a beaucoup de feu dans l'imagination. Le feu de l'imagination. Ce cheval a beaucoup de feu. On dit dans un sens analogue: C'est un esprit tout de feu. Une âme de feu. Etc.

Ce vin, cette eau-de-vie, etc., a du feu, a trop de feu, Ce vin, cette eau-de-vie a beaucoup de chaleur, a trop de chaleur.

FEU se dit quelquefois, particulièrement, de L'inspiration. Être plein d'un beau feu. Il ne sait pas régler son feu.

FEU se dit encore, figurément, en parlant De la guerre, des séditions, des troubles civils, des mouvements populaires, etc. Rallumer le feu de la guerre. Cet événement allait mettre en feu toute l'Europe. Allumer le feu de la discorde. Éteindre le feu de la sédition. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la ville en feu.

Top

Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

FEU, EUE. (Page 1:538)
FEU, EUE. adj. Qui est mort depuis peu de temps. Il est invariable quand il précède l'article, un adjectif possessif ou un nom qui n'est pas déterminé. Feu la reine. Feu ma mère. Feu Madame Henriette. La feue reine. Ma feue mère. Les feus rois de Suède et de Danemark. Il ne se dit guère au pluriel.

FEU. (Page 1:537)
FEU. n. m. Dégagement de lumière et de chaleur produit par la combustion. Les anciens regardaient le feu comme un des quatre éléments. Le culte du feu. Les adorateurs du feu. La nature, les propriétés du feu. L'action du feu sur un corps. Le feu volatilise l'eau. Faire jaillir du feu d'un caillou. Un globe de feu. Une pluie de feu. Le feu des volcans. Un feu souterrain.

Feu central, Le foyer de chaleur qu'on suppose exister au centre du globe terrestre.

Fig., C'est le feu et l'eau se dit de Deux choses tout à fait contraires, de deux personnes qui sont de natures, de caractères entièrement opposés.

Faire feu se dit d'un Corps qui en choquant contre un autre produit du feu, des étincelles. Les pieds des chevaux font souvent feu sur le pavé.

Fig. et fam., Faire feu des quatre pieds, Employer tous ses efforts pour réussir en quelque affaire.

Fig., Le feu lui sort des yeux, Ses yeux sont étincelants de colère.

Fig. et fam., N'y voir que du feu, Être tellement ébloui, qu'on n'y voit rien. Par extension, il signifie Ne rien comprendre à quelque chose, ne pas s'apercevoir d'une supercherie, d'un vol, etc.

Il signifie encore Combustion du bois ou autres matières. Feu clair, vif, ardent. Feu à rôtir un boeuf. Feu de charbon, de bois, de tourbe, de paille. Les feux d'un bivouac. Une étincelle de feu. Le feu sacré qui brûlait dans le temple de Vesta. Faire du feu, un bon feu, un grand feu. Le feu commence à prendre, à s'allumer. Le feu ne peut pas brûler. Allumer, souffler, attiser, entretenir, éteindre, couvrir le feu. Faire cuire quelque chose à petit feu. S'approcher du feu pour se chauffer. Tourner le dos au feu. Mettre le pot au feu. Ces allumettes ne prennent pas feu facilement.

Demander du feu ou Donner du feu se dit du Service que se rendent les fumeurs pour allumer leurs pipes, cigares ou cigarettes.

En termes de Marine, Pousser les feux, Activer la combustion pour augmenter la pression dans la chaudière.

Il se dit particulièrement du Feu considéré comme agent de destruction. Le feu est à tel endroit. On a mis le feu à cette maison. Le feu avait couvé pendant plusieurs jours. Le feu a pris à cette poutre. Le feu a gagné le plancher, a gagné le toit. La ville était toute en feu. Crier au feu et elliptiquement Au feu! Courir au feu. Arrêter les progrès du feu. Se rendre maître du feu. Le feu a tout dévoré. Les ravages du feu. Feu de cheminée. Toute la forêt fut bientôt en feu. Le feu se mit à sa robe, dans ses cheveux.

Mettre le feu à une mine, Faire exploser une mine.

Faire la part du feu se dit, dans un incendie, quand on laisse brûler ce qu'on désespère de sauver, afin de mieux protéger les parties qui peuvent être préservées. Il s'emploie aussi figurément. Dans certaines circonstances il faut faire la part du feu, Il faut sacrifier quelque chose pour ne pas tout perdre.

On y court comme au feu, se dit des Spectacles, et, en général, de tout ce qui attire un grand concours de monde.

Mettre un pays à feu et à sang, Exercer, dans ce pays, toutes les cruautés, toutes les atrocités de la guerre.

Fig. et fam., Il se jetterait dans le feu pour lui, Il ferait tout pour lui prouver son affection, son dévouement.

Fig. et fam., Mettre le feu aux poudres, Déterminer une explosion de sentiments violents; faire éclater une haine, une discorde, une sédition qui couvaient; provoquer une discussion.

Fig., Prendre feu, S'émouvoir, s'enflammer, s'irriter; dans une discussion, ne souffrir aucune contradiction, aucune contrariété. Vous prenez feu bien aisément. C'est un homme qui prend feu tout de suite, qui prend feu sur les moindres choses. Il se dit aussi de Quelqu'un que l'amour enflamme subitement.

Fig., Jeter feu et flamme, Se livrer à de grands emportements de colère, annoncer l'intention de tout bouleverser. En apprenant cette nouvelle, il jeta feu et flamme. À son entrée en fonction il avait jeté feu et flamme : ce beau zèle se refroidit très vite. Jeter son feu, jeter tout son feu, Faire et dire tout ce qu'inspire la colère, après quoi l'on devient plus calme.

Armes à feu, Les fusils, les revolvers. Coup de feu, Détonation d'une arme à feu et blessure que fait son projectile.

Bouche à feu. Voyez BOUCHE.

Il se dit absolument des Coups que l'on tire avec des armes à feu, avec de l'artillerie. Faire feu sur quelqu'un. Il était sous le feu de l'ennemi. Soutenir le feu, essuyer le feu de la place, le feu du canon, de l'artillerie. Feu rasant. Feu croisé. Feu de file ou de deux rangs. Feu roulant. Feu bien nourri. En termes de Marine, Faire feu des deux bords. Feu de tribord. Feu de bâbord. Dans les commandements militaires, on dit elliptiquement Feu, pour ordonner aux soldats de tirer.

Aller au feu, Aller à un combat où l'on se sert d'armes à feu. Voir le feu, Assister, prendre part à un combat de ce genre. Ce soldat n'a pas encore vu le feu.

Fig., Recevoir le baptême du feu. Voyez BAPTÊME.

Éteindre le feu ou les feux de l'ennemi, Démonter ses canons, les empêcher de tirer en leur opposant une artillerie supérieure par le nombre ou par l'habileté.

Être entre deux feux, être pris entre deux feux, se dit d'un Corps de troupes enveloppé par l'ennemi et qui est exposé à son tir de deux côtés. Il signifie figurément Être exposé à deux embarras, à deux dangers également menaçants.

Faire long feu se dit d'un Fusil, d'un canon dont le coup est lent à partir et n'atteint pas son but. Il se dit figurément et familièrement d'une Affaire qui traîne en longueur, qui n'aboutit pas, d'une plaisanterie qui ne produit pas son effet, etc.

Fig. et fam., Un feu roulant de plaisanteries, de bons mots, Des plaisanteries, des mots d'esprit lancés coup sur coup.

Montrer une chose au feu, La présenter au feu pour la faire sécher, ou pour la faire chauffer légèrement.

En termes de Cuisine, Coup de feu, Action d'animer le feu, pour donner aux mets le dernier, le juste degré de cuisson. Le cuisinier est dans son coup de feu. Il signifie figurément Être au moment où l'on est le plus occupé.

Prendre l'air du feu, prendre un air de feu. Voyez AIR.

Le supplice du feu, ou, simplement et absolument, Le feu, Supplice qui consistait à brûler vif le condamné. Jeanne d'Arc fut condamnée au feu.

L'épreuve du feu, Épreuve judiciaire employée au moyen âge et qui consistait à faire manier à l'accusé un morceau de fer rougi au feu; si au bout d'un certain temps il restait sur sa main des traces de brûlure, il était déclaré coupable. L'épreuve du feu consistait aussi quelquefois à passer à travers un bûcher ardent.

En formule d'affirmation et par allusion aux anciennes épreuves judiciaires, J'en mettrais ma main, la main au feu, J'assure que la chose est ainsi, j'en répondrais à mes risques et périls. On dit, dans le sens contraire, Je n'en mettrais pas ma main au feu.

Le feu de l'enfer, Les tourments des damnés. Le feu du purgatoire, Les peines que souffrent les âmes qui sont dans le purgatoire.

Fig. et fam., Un feu d'enfer. Voyez ENFER.

Couleur de feu, Rouge vif et éclatant. Un ruban couleur de feu.

Fig., Taché de feu, ou, absolument, Feu, se dit de Certaines taches d'un roux plus ou moins ardent qui se trouvent sur la tête ou sur le corps des chevaux, des chiens et d'autres animaux. Cet animal est taché, marqué de feu.

Pot à feu. Voyez POT.

Feu grégeois. Voyez GRÉGEOIS.

Fig., Faire feu qui dure, Ménager son bien, ne pas faire trop de dépense. Cela se dit dans un sens analogue, en parlant de la Santé. Il faut faire feu qui dure.

Fig. et fam., C'est un feu de paille, ce n'est qu'un feu de paille, se dit d'un Sentiment qui commence avec ardeur, avec véhémence, et qui est de peu de durée. Cet amour si violent ne sera qu'un feu de paille.

Prov. et fig., Il n'y a point de fumée sans feu. Voyez FUMÉE.

Fig., Jouer avec le feu, S'exposer imprudemment à un péril.

Fig., Mettre les fers au feu, Les fers sont au feu. Voyez FER.

Fig., Faire mourir quelqu'un à petit feu, Le faire languir en prolongeant des peines d'esprit, des inquiétudes, des chagrins qu'on pourrait lui épargner ou lui abréger.

Fig., Jeter de l'huile sur le feu, Attiser la désunion, la discorde.

Fam., Il court comme s'il avait le feu au derrière, se dit de Celui qui court très vite par peur ou répulsion, ou pour éviter quelque chose de désagréable.

Fig., Avoir le feu sacré, Être plein de zèle, d'ardeur, de conviction. Ce professeur, cet élève a le feu sacré.

FEU s'est dit d'un Corps en ignition ou, en termes de Médecine, d'un Caustique que l'on appliquait sur quelque partie du corps de l'homme ou des animaux. On dit encore Pointes de feu. Mettre des pointes de feu.

En termes de Chirurgie, Bouton de feu, Instrument d'acier terminé en forme de bouton, qui sert à cautériser, après qu'on l'a fait rougir au feu. Feu potentiel se dit de Toute substance caustique qui agit lentement.

Chambre à feu, Chambre où il y a une cheminée. Plaque de feu ou de cheminée. Voyez PLAQUE.

Garniture de feu, Grille de métal en forme d'éventail avec la pelle, les pincettes, les chenets, etc.

Fig. et fam., Ne bouger du coin du feu, du coin de son feu. N'aimer que le coin de son feu. Il n'a jamais quitté le coin de son feu. Voyez COIN.

Il se prend encore pour le Feu qu'on entretient ordinairement dans une cheminée ou dans un poêle. Il a presque toujours dix feux dans sa maison. Je sors, n'oubliez pas d'entretenir les feux après mon départ.

Il signifie, par extension, Ménage, famille logée dans une maison. Il y a cent feux dans ce village. Cette bourgade est composée de tant de feux.

N'avoir ni feu ni lieu, Être vagabond, sans demeure assurée.

Il se prend aussi pour la Simple lueur des flambeaux, des torches, des fanaux, etc. Il est défendu de chasser au feu, de pêcher au feu. Il y avait des feux allumés sur la côte.

Feux de joie, Feux qu'on allume sur les montagnes et aussi dans les champs, dans les rues, dans les places publiques, en signe de réjouissance. Feu de la Saint-Jean, Feu de joie qu'on allume le jour de la Saint-Jean.

Feu d'artifice, Feu obtenu par les procédés de la pyrotechnie de façon à réaliser certains jeux et effets de lumière en vue de réjouissances publiques. Tirer un feu d'artifice.

Poétiq., Les feux du firmament, les feux de la nuit, Les astres. Les feux du jour, de l'aurore, L'éclat du jour, de l'aurore.

Il se dit particulièrement, en termes de Palais, des Bougies qui, aux audiences des criées, sont allumées pour déterminer la durée du temps pendant lequel on peut enchérir. Aucune adjudication ne peut être faite qu'après l'extinction de trois feux.

Il se dit encore figurément, en termes de Théâtre, de Ce qu'un acteur reçoit en sus de ses appointements fixes, chaque fois qu'il joue. Cet acteur a tant pour ses feux.

Il se dit en outre des Météores enflammés et des éclairs. On vit des feux brillants dans l'air. Le ciel était tout en feu pendant cet orage.

Feu Saint-Elme, se dit, dans le langage des marins, de Certains feux ou météores qui paraissent quelquefois en mer, dans les nuits obscures, lorsque le ciel est très orageux, et qui parcourent l'extrémité des mâts, des vergues, etc., sous la forme d'aigrettes lumineuses. Le feu Saint-Elme est dû à l'électricité.

Feu follet. Voyez FOLLET.

Feu grisou. Voyez GRISOU.

Il se dit figurément du Brillant, de l'éclat de certaines choses. Il a les yeux vifs et pleins de feu. Le feu de ses regards. Ce diamant jette beaucoup de feu. Le feu d'un rubis.

Il signifie aussi Inflammation, vive chaleur ou État de ce qui est extrêmement échauffé, animé. Le feu de la fièvre. Avoir la bouche tout en feu, le palais tout en feu. Il était si fort en colère, qu'il avait les yeux tout en feu, que le feu lui montait au visage. Avoir le feu au visage.

Feux de dents, Éruption provoquée par les dents chez les jeunes enfants.

Le feu du rasoir, Sensation brûlante que l'on éprouve à la face quand on vient de se raser.

Il se dit figurément pour Ardeur, violence, véhémence, en parlant des Sentiments, des passions, des grands mouvements de l'âme, etc. Le feu de la jeunesse. Le feu des passions. Le feu des désirs. Quand le premier feu, quand le feu de sa colère sera passé. Cela parut diminuer le feu de son zèle. Être plein d'un beau feu, Être plein de zèle.

Fig. et fam., Être tout feu, tout flamme, Se donner avec ardeur à une entreprise, à une opinion, à une personne.

Le feu de la composition se dit, en termes de Littérature et de Beaux-Arts, de l'Espèce d'entraînement, d'application ardente avec laquelle on se livre à la composition d'un ouvrage. Ces fautes peuvent échapper à l'écrivain, à l'artiste dans le feu de la composition, lorsqu'il est dans le feu de la composition. On dit dans un sens analogue Dans le feu de l'action.

Il se dit poétiquement, au figuré, en parlant de la Passion de l'amour. Le feu de l'amour. Les feux dont il brûle.

Il se dit aussi, figurément, de la Vivacité d'action, de mouvement, de geste, d'esprit, d'imagination, de style, etc. Cet orateur a du feu. Ce peintre, ce poète a beaucoup de feu dans l'imagination. Le feu de l'imagination. On dit dans un sens analogue C'est un esprit tout de feu. Une âme de feu.

Jeter son feu signifie Faire d'abord preuve de talent et ne pas réaliser ensuite les espérances qu'on avait données de soi. On dit dans un sens analogue Cet auteur a jeté son feu, tout son feu dans le premier acte de sa tragédie, dans le premier volume de son ouvrage. On dit aussi Ce cheval a beaucoup de feu.

Il se dit encore, figurément, en parlant de la Guerre, des séditions, des troubles civils, des mouvements populaires, etc. Cet événement allait mettre en feu toute l'Europe, allait mettre le feu à l'Europe. On fit courir de mauvais bruits qui mirent toute la ville en feu. Le feu qui couve.


ARTFL Project, The University of Chicago.
Copyright © 2001 All rights reserved.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.