Dictionnaires d'autrefois
Dictionnaires des 17ème, 18ème, 19ème et 20ème siècles

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Il y a 7 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

commun (Page 134)
Commun, Communis, Vulgatus, Vulgaris, Ce dont on use communéement et pour le plus. Foüillous en la venerie, La race des chiens fauves fut premierement commune au temps du Roy François pere des veneurs, c'est à dire en usage à tous, usitée de tous.

Chien commun, est dit celuy qui court toutes bestes. Foüillous au 2. chap. de la venerie, parlant des chiens blancs, Et auparavant estoient en peu d'estime principalement entre les gentils-hommes d'autant qu'ils ne sont pas communs à courir toutes bestes, mais seulement le cerf, et au 3. parlant des fauves, Tels chiens ne sont pas communs, parce qu'ils ne veulent faire qu'un mestier, et qu'ils ne font cas de lievres, ne d'autres menuës bestes. Et au 4. parlant des gris, Ils sont chiens communs, parce qu'ils sçavent faire plusieurs mestiers: à cette cause ils sont commodes pour gentils- hommes, car leur naturel est tel qu'ils courent toutes les bestes qu'on voudra faire chasser.

Commun et appartenant à tous, Publicus, Promiscuus.

Qui n'est point commun aux autres, Specialis, Peculiaris.

Un commun dit du temps passé, Vetus verbum, Vetus adagium.

C'est un dit commun, Cela est tout commun, Vulgare est, vulgo dicitur, vel dici solet.

Cela leur est tout commun, ou advient tout communéement, Familiarissimum hoc illis est.

Il n'y a rien si commun, Nihil est tam vulgare.

Ce est commun à tous, de, etc. Publicum quidem omnium est, tabulata, etc.

L'air est commun à tous, Liberum est caelum.

Le plus commun bruit est que, etc. Fama vulgatior est, ludibrio fratris, etc.

Le commun populaire qui n'a aucun sçavoir, Imperita multitudo, Vulgus imperitum.

Le commun populaire qui n'a nuls biens Capite censi.

Le jour duquel le commun n'a nulle cognoissance, Ignotus in vulgus dies.

Charger le commun et le particulier, Publice et priuatim oneri esse.

Estre loüé et approuvé du commun, In vulgo probari.

Vivre en commun, comme mari et femme, Aquae et ignis communio. B. ex Festo.

La commune, Vulgus.

Une commune maniere de parler qui n'a nuls ornemens, Sermo vulgaris.

C'est chose trop commune, Peruulgatum est.

Suyvre la commune maniere de faire, Viam vulgarem ingredi.

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Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

COMMUN, commune (Page 216)
COMMUN, [comm]une. adj. Qui appartient à plusieurs sans division, à quoy tous participent, ou ont droit de participer. Le soleil, l'air, les elemens sont communs. puits commun. cour commune. passage, escalier, mur, chemin commun. cela est commun à tout le bourg, commun aux deux maisons. cela est commun à l'homme & à la beste. entre amis tous biens sont communs. ils ont esté accordez par un ami commun. l'ennemi commun. interest commun. peril commun. perte commune. cette douleur, cette joye m'est commune avec tous les gens de bien. entreprendre une chose à frais communs. Lieux communs. Sens commun. Faire bourse commune.

On appelle, Lieux communs, Les discours ou les passages d'un discours sur des matieres generales qui peuvent entrer en divers sujets. Tout son premier livre est lieu commun de loüanges, de la noblesse, de la vertu. ses sermons ne sont que des lieux communs. faire des lieux communs. un recueil de lieux communs.

On appelle aussi, Sens commun, La faculté par laquelle le commun des hommes juge raisonnablement des choses, Cela est contre le sens commun. c'est un brutal qui n'a pas le sens commun.

On dit, Faire bourse commune, pour dire, que Des amis, des associez ont communauté d'argent.

On dit en style de Notaire, Les futurs espoux seront uns & communs en biens, pour dire, qu'Il y aura societé de biens entre eux.

Il se dit aussi des choses qui sont semblables, & qui ont quelque rapport, ou liaison ensemble. J'ay cela de commun avec vous. ces deux choses n'ont rien de commun. cette affaire-là n'a rien de commun avec celle dont il s'agit.

Il signifie aussi, General, universel. Le bruit commun. c'est l'opinion commune. la commune façon de parler. Les mots communs de la Langue à la difference des termes propres des arts. Le Pape est le Pere commun des Chrestiens.

On dit en commun proverbe. Le droit commun, pour dire, La loy escrite.

On dit, Le commun peuple, pour dire, Le menu peuple.

Il signifie aussi, Ordinaire, qui se pratique ordinairement. L'usage en est fort commun. il n'y a rien de si commun. c'est une chose bien commune. cela est commun parmi les gens de guerre, entre les gens de guerre. commun entre les Bourgeois, parmi les Bourgeois. Style commun.

On dit prov. & en raillerie parmi les joüeurs, Expedier un homme en forme commune, pour dire, Luy gagner tout son argent, &c.

Il signifie encore, Qui est de peu de valeur, & peu estimable dans son genre. Des gands communs. de la toile commune. des bas communs. il n'a rien que de commun. Poëte, Peintre commun. invention commune. ce Predicateur n'a rien dit que de fort commun.

On dit, qu'Une terre vaut tant de revenu, année commune, ou communes années, pour dire, Bon an, mal an.

Commun, est quelquefois subst. masc. & signifie, Societé entre deux, ou plusieurs personnes. Ils ont mis leur bien en commun. ils vivent en commun. il vit sur le commun. il faut prendre cette despense sur le commun. posseder en commun.

Il signifie aussi, Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. le commun des Philosophes.

Il signifie aussi, Le vulgaire. Il s'est respandu un bruit dans le commun du peuple.

Il signifie aussi, Les domestiques moins considerables d'une maison. C'est du vin du commun, du vin pour le commun. le disner du commun. la table du commun. la salle du commun. l'Aumosnier, le Medecin, le Chirurgien du commun.

On dit fig. qu'Une personne, ou une chose est du commun, pour dire, qu'Elle n'est pas de grand merite, ny de grand prix. Cela est du commun. cet ouvrage n'est pas du commun. c'est un homme du commun. il est hors du commun. il passe le commun. il est au dessus du commun.

Dans l'Office Ecclesiastique, on appelle, Le commun des Apostres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, l'Office general qui se celebre en l'honneur des Apostres, des Martyrs &c. quand l'Eglise n'a point reglé d'Office particulier pour chacun d'eux.

On appelle, Le grand commun. Et, Le petit commun, Les Offices de chez le Roy composez de plusieurs Officiers qui servent les uns pour la bouche du Roy & les autres pour les domestiques. Il se prend aussi pour le lieu où ces Officiers travaillent. C'est un Officier du grand commun, du petit commun, il est logé au grand commun. il est logé au petit commun.

Commune. s. f. La populace, le commun peuple d'une ville, ou d'un bourg. La Commune d'un tel lieu. la Commune s'esmut. la Commune prit les armes. il ne faut pas irriter la Commune. armer la Commune.

Les Communes au pluriel, se prend pour les peuples des Paroisses de la campagne. Assembler, souslever les Communes. il y a Arrest, qui enjoint aux Communes de luy courir sus.

Il signifie aussi, Une estenduë de terre propre pour le pasturage, laquelle appartient à un ou plusieurs bourgs, ou villages. De grandes Communes. mener paistre les troupeaux dans les Communes. En ce sens il se dit aussi au singulier. La commune d'un tel village. une grande Commune.

Communément. adv. Ordinairement. On dit communément. cela se pratique communément. on voit communément dans un tel pays faire telle chose &c.

Il signifie aussi, Universellement, generalement. On en parle communément de la sorte.

On dit aussi, A parler communément, communément parlant, pour dire, Selon l'opinion commune, ou selon la façon de parler ordinaire.

Communauté. s. f. Societé de plusieurs personnes qui vivent ensemble. Et en ce sens on peut dire que les villes sont de grandes Communautez. Il se prend ordinairement & plus particulierement pour certaines Compagnies, soit de Seculiers, soit d'Ecclesiastiques qui vivent entre eux selon certains statuts, coustumes, usages, regles &c. La Communauté des Procureurs, des Notaires, des Marchands. une Communauté de Prestres, de Religieux, de Religieuses. une Communauté Religieuse. faire une Communauté. vivre en Communauté. il est de cette Communauté. il est entré dans la Communauté. il est sorti, il s'est separé de la Communauté. riche Communauté. les affaires de la Communauté. aux despens de la Communauté. on en délibera à la Communauté. la Communauté a resolu. estre à la Communauté. disner à la Communauté, pour dire, Disner dans le refectoire avec les autres.

On appelle aussi, Communauté, Les Habitans d'un lieu, d'un bourg &c. considerez en commun. On a taxé à tant ces communautez, cette communauté est riche, est pauvre &c.

Communauté, signifie aussi, Societé de biens, entre deux ou plusieurs personnes. Il y a communauté de biens entre eux. ils sont en communauté de biens. entrer en communauté avec quelqu'un. cette fille a eu tant en mariage, il faut qu'elle le rapporte à la communauté, si elle veut partager avec ses autres freres & soeurs. il a pris cela sur la communauté. il a apporté cela à la communauté. renoncer à la communauté. accepter la communauté.

Communier. v. n. Recevoir le Sacrement de l'Eucharistie. Communier devotement, dignement. communier sous les deux especes. communier à Pasques. communier toutes les bonnes Festes. communier à sa Paroisse. communier à une telle Messe, à la Messe d'un tel Prestre, à l'Autel de Nostre-Dame. communier de la main de l'Evesque, de la main de son Curé.

Il signifie aussi, Administrer le saint Sacrement, & en ce sens il est actif. C'est son Curé qui l'a communié. il a voulu communier tous ses Paroissiens de sa main.

Communié, [communi]ée. part. Qui a receu le saint Sacrement. Aprés avoir esté confessé & communié.

Communiant. sub. verb. Celuy qui communie actuellement. Il y a eu tant de Communiants à Pasques, dans une telle Paroisse, tant de Communiants à Noel.

Il signifie aussi, Ceux qui sont capables de communier. Il y a tel nombre de Communiants dans cette Paroisse.

Commumion. s. f. Union de plusieurs personnes dans une mesme foy. La Communion des fidelles. la Communion de l'Eglise Romaine. la Communion de l'Eglise Grecque &c. il est dans la Communion, hors de la Communion de l'Eglise. il s'est separé, on l'a retranché de la Communion de l'Eglise. il n'est pas de nostre Communion.

Il signifie aussi, La reception du sacré corps de nostre Seigneur Jesus-Christ. La sainte Communion. aller à la Communion. s'approcher de la Communion. se preparer à la Communion. faire sa premiere Communion. donner la Communion. faire une bonne Communion. on n'a pas voulu le recevoir, l'admettre à la Communion.

Postcommunion. s. f. L'Oraison que le Prestre dit à la Messe, immediatement aprés la Communion. Le Prestre estoit à la Postcommunion.

Excommunier. v. a. Retrancher de la Communion de l'Eglise. On l'a menacé de l'excommunier. le Pape ou l'Evesque l'a excommunié.

Excommunié, [excommuni]ée. part.

Quelquefois il est subst. C'est un excommunié. il ne faut pas enterrer un excommunié en terre sainte. il n'est pas permis aux excommuniez d'entrer dans les Eglises.

On dit proverb. qu'Un homme est pis qu'excommunié, pour dire, qu'Il est fort miserable, & dans la haine & l'aversion de tout le monde.

On dit aussi, qu'Il a un visage d'excommunié, pour dire, qu'Il a une meschante physionomie.

Excommunication. s. f. Censure Ecclesiastique par laquelle on est excommunié. Excommunication majeure, Qui retranche entierement de la Communion de l'Eglise, & de toute communication avec les fidelles. Excommunication mineure, Qui interdit seulement l'usage des sacrements. Excommunication de droit, de fait. excommunication prononcée par un Prelat. fulminer l'excommunication. lever l'excommunication. il a encouru excommunication. à peine d'excommunication. sentence d'excommunication.

Communiquer. v. a. Faire part. Dieu communique ses graces. communiquer sa lumiere. communiquer son esclat. communiquer sa vertu, sa joye, sa douleur. le bien se communique. cette maladie se communique. communiquer ses thresors, ses richesses.

Il signifie aussi, Dire & declarer quelque chose. Communiquer ses affaires à un ami. il ne m'en a rien communiqué. je luy ay communiqué mon intention, mon secret.

En ce sens il se met quelquefois absolument. J'ay communiqué de cette affaire avec luy. il en faut communiquer à un homme intelligent. il a fait cela, sans en communiquer à personne. le Rapporteur en communiquera avec les Commissaires.

Il signifie aussi, Faire voir. Je luy ay communiqué un tel livre. ce titre m'a esté communiqué par un tel. je luy en ay communiqué le patron, le modele. les Plenipotentiaires se communiquerent respectivement leurs pouvoirs.

On dit au Palais en ce mesme sens, Communiquer les pieces d'un procés. communiquer au Parquet. ces pieces n'ont pas esté communiquées. communiquer la production.

On dit aussi, Communiquer, Pour avoir commerce & relation. Communiquer avec les sçavants. communiquer avec les demons. communiquer avec les ennemis.

Il se met aussi avec le pronom personnel, & signifie, Se rendre familier, entrer facilement en discours & en conversation avec quelqu'un. C'est un bon Prince, qui se communique aisément. les Princes d'Orient se communiquent rarement à leurs sujets. vous vous communiquez trop. il ne faut pas se communiquer à tout le monde.

On dit, que Deux appartements, deux chambres &c. se communiquent par un corridor, par une galerie &c.

On dit aussi, qu'Une chambre communique à l'autre.

Il signifie aussi, Estre dans une mesme Communion. Les Maronites communiquent avec les Romains.

Communiqué, [communiqu]ée. part.

Communicable. adj. v. de tout genre. Qui se peut communiquer, de quoy on peut, faire part. Il est de la nature du bien d'estre communicable. la Majesté n'est point une chose communicable. Il se dit aussi d'une personne, qui est de facile accés. Cet homme est assez communicable. il n'est point communicable.

Incommunicable. adj. v. de tout genre. Qui ne se peut communiquer, dont on ne peut faire part. La toute puissance de Dieu est incommunicable aux hommes. c'est un bien incommunicable. des honneurs, des droits incommunicables.

Communicatif, [communicat]ive. adj. v. Qui se communique facilement. Le bien de soy est communicatif. En ce sens il ne se dit guere qu'en cette phrase.

Il se dit aussi, d'Une personne qui se communique aisément, qui fait part de ses pensées, de ses connoissances. Il est communicatif. il n'est guere communicatif.

Communication. s. f. v. La participation que l'on donne de quelque chose. Communication de biens. communication de maux. je luy ay donné communication de cette affaire. il en a eu communication.

Il signifie aussi, Commerce, familiarité, & correspondance. Ils ont grande communication ensemble. ils ont, ou ils entretiennent communication par lettres. il a communication avec les ennemis de l'Estat, ils ont rompu toute communication. defendre, ou interdire la communication.

En termes de Palais, Communication au parquet, C'est l'exposition des raisons que les Advocats des parties font devant les Gens du Roy. Son Advocat allegua telle chose à la communication. les Gens du Roy ont pris, ont receu, ont eu communication. Communication des parties, Se dit, quand les parties s'entrecommuniquent leurs pieces par original, ou par copie. Il m'a donné son sac en communication. je n'ay point eu communication de ses pieces.

Communication, Se dit aussi, Du moyen par lequel deux choses se communiquent. Communication d'une chambre, d'un appartement, d'un corps de logis à l'autre. la communication des deux mers. le destroit de Gibraltar fait la communication de l'Ocean & de la Mediterranée.

On dit encore, Communication des humeurs, des esprits.

Dans l'Art militaire, Lignes de communication, Sont de certains fossez, ou tranchées que l'on fait, afin que deux quartiers de l'armée, deux attaques puissent communiquer ensemble à couvert, & s'entresecourir.

COMMUTATION. &brace; Voy MUER.

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Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

COMMUN, UNE. adj. (Page 342)
COMMUN, UNE. adj. Dans l'acception la plus générale, il se dit des choses à quoi tout le monde participe, ou a droit de participer; & c'est dans ce sens qu'on dit, que Le Soleil, l'air, les élémens sont communs. La lumière est commune à tous les hommes. Dans une acception moins étendue, il se dit des choses dont l'usage appartient à plusieurs. Un puits commun. Une cour commune. Passage, escalier, chemin commun. Cela est commun à tout le Bourg, commun aux deux maisons.

COMMUN se dit aussi De ce qui est propre à différens sujets; & c'est dans ce sens qu'on dit, que Le boire & le manger sont communs à l'homme & aux bêtes. La vie végétative est commune aux animaux & aux plantes. Ennemi commun. Intérêt commun. Péril commun. Cette douleur, cette joie m'est commune avec tous les gens de bien. Entreprendre une chose à frais communs. J'ai cela de commun avec lui. Cette affaire-là n'a rien de commun avec celle dont il s'agit.

On appelle Lieux communs, en Rhétorique, Les propositions générales, les principes généraux, d'où l'on prend les argumens & les preuves. Aristote a donné plusieurs lieux communs pour exciter la compassion, l'horreur.

On appelle aussi Lieux communs, Des matières triviales & rebattues. Tout son livre est rempli de lieux communs. Ce qu'il y a de meilleur dans ce discours, n'est qu'un lieu commun sur les conquérans. Ses sermons ne sont que des lieux communs. Employer des lieux communs. Un recueil de lieux communs.

On appelle Sens commun, La faculté par laquelle le commun des hommes juge raisonnablement des choses. Cela est contre le sens commun. Cela répugne au sens commun. C'est un homme qui n'a pas le sens commun.

Faire bourse commune, se dit des Officiers ayant même charge, des associés qui sont en communauté de profit, des amis qui ont mis leur argent ensemble pour leur dépense.

On dit en style de Notaire, Les futurs époux seront uns & communs en biens, pour dire, qu'Il y aura communauté de biens entr'eux.

COMMUN signifie aussi Général, universel. Le bruit commun. C'est l'opinion commune. La commune façon de parler. Le Pape est le père commun des Chrétiens.

On dit, Le droit commun, pour dire, La Loi reçue dans un État, l'usage qui y est généralement établi.

On appelle en termes de Jurisprudence, Délit commun, Un délit qui a été commis par un Ecclésiastique, & qui est de la compétence du Juge Ecclésiastique; & dans cette acception il est opposé à Cas privilégié.

COMMUN signifie aussi Ordinaire, qui se pratique ordinairement. L'usage en est fort commun. Il n'y a rien de si commun. C'est une chose bien commune. Cela est commun parmi les gens de guerre, entre les gens de guerre. Commun entre les bourgeois, parmi les bourgeois.

En parlant des termes ordinaires de la Langue, on dit, Les mots communs de la Langue, par opposition aux termes qui ne sont en usage que dans les Arts & dans les Sciences.

COMMUN signifie aussi, Qui se trouve aisément & en abondance. Les bons melons sont fort communs cette année. Les bons muscats sont communs en Languedoc, en Provence. Les herbes, les viandes les plus communes.

Expédier en forme commune. Façon de parler prise du style de la Daterie de Rome, & qui signifie, Sans grace, sans remise. Elle s'emploie figurément en diverses phrases. Ainsi on dit d'Un homme à qui on a gagné tout son argent en très-peu de temps, qu'On l'a expédié en forme commune.

On dit aussi d'Un homme mort en peu de temps entre les mains de plusieurs mauvais Médecins, qu'Ils l'ont expédié en forme commune. Cela n'est que du style familier.

COMMUN signifie aussi, Qui est de peu de valeur, & peu estimable dans son espèce. Un Marchand qui n'a que des marchandises communes, très-communes, qui n'a rien que de commun.

Il signifie aussi, Qui est médiocre & peu estimable dans son genre. Il a fait un discours très-commun. C'est un Prédicateur fort commun. Un Auteur, un Poëte très-commun. Une invention commune. Des pensées communes. Idées commune.

On dit, qu'Une terre vaut tant de revenu, année commune, ou communes années, pour dire, Bon an, mal an, en compensant les mauvaises années avec les bonnes.

COMMUN est aussi substantif masculin, & il se dit d'Une société entre deux ou plusieurs personnes. Il faut prendre cette dépense sur le commun. Ils ont mis leur bien en commun. Ils vivent en commun. Ils jouissent de la succession en commun, jusqu'à ce qu'ils aient fait leur partage.

On dit, qu'Un homme vit sur le commun, Lorsque n'étant point d'une société, & n'y ayant rien contribué pour sa part, il ne laisse pas de vivre aux dépens de ceux qui en sont. La même chose se dit aussi d'Un homme accoutumé à vivre sur le tiers & sur le quart. Et l'on dit proverbialement, qu'Il n'y a point d'âne plus mal bâté que l'âne du commun, pour dire, que les particuliers d'une Communauté songent à leurs affaires au préjudice de celles de la Communauté.

COMMUN signifie aussi Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. Le commun des Philosophes.

On dit figurément, qu'Une personne ou une chose est du commun, pour dire, qu'Elle n'est pas de grand mérite, ni de grand prix. Cela est du commun. Cet ouvrage n'est pas du commun. C'est un homme du commun. Il est hors du commun. Il passe le commun. Il est au dessus du commun. Sa charge le tire du commun.

Dans l'Office Ecclésiastique, on appelle Le Commun des Apôtres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, &c. L'Office général des Apôtres, des Martyrs, &c. pour qui l'Église n'a point reglé d'Office particulier.

COMMUN se dit aussi des Domestiques les moins considérables d'une maison. C'est du vin du commun, du vin pour le commun. Le dîner du commun. La table du commun. La salle du commun.

On appelle Grand Commun, chez le Roi, Les Offices destinés à la nourriture de la plupart des Officiers de la Maison du Roi. Et on appelle Petit Commun, Quelques Offices détachés du Grand Commun pour la nourriture de quelques Officiers privilégiés de la Maison du Roi.

Grand Commun, se dit aussi Du lieu où ces Officiers travaillent, & qui est destiné pour leur logement. Être logé au Grand Commun.

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Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

COMMUN (Page A493b)

COMMUN, UNE, adj. [Ko-meun, mu-ne.] 1°. Il se dit des chôses auxquelles tout le monde participe, ou a droit de participer. "La lumière est commune à tous les hommes. = 2°. Des chôses dont l'usage apartient à plusieurs. "Puits, escalier, passage, chemin commun; Cour commune aux deux maisons. = 3°. De ce qui est propre à diférens sujets: "La vie végétative est commune aux animaux et aux plantes. "Intérêt, péril commun. "Cette joie, cette douleur m'est commune avec tous les gens de bien. = 4°. Général, universel. "Le bruit commun, l'opinion commune, le droit commun. = 5°. Ordinaire: "Chôse commune. "Il n'y a rien de si commun: "Cela est commun entre ou parmi les Soldats, les Bourgeois, etc. = 6°. Qui se trouve aisément et en abondance. "Les fruits, les alimens les plus communs, les herbes les plus communes: Les figues les muscats sont communs en Provence. 7°. Qui est de peu de valeur. "Marchandises communes, ou médiocre en son espèce. "Prédicateur, Auteur, Poète fort commun.
   Rem. 1°. Simple et commun ne sont rien moins que synonymes; et rien de moins commun en tout genre que la simplicité. Aussi J. J. Rousseau a fort bien parlé, quand il a dit des Français que "c'est précisément leur aversion pour les chôses communes, qui les ramène quelquefois aux chôses simples. Let. à M. d'Alembert. — Commun, ordinaire, trivial, vulgaire (synon.) Voy. Trivial.
   2°. Commun sans régime a un sens diférent de commun, régissant la prép. à: "Des disgraces communes sont des disgraces ordinaires et peu considérables: des disgraces communes à tous les hommes, auxquels tous les hommes peuvent être sujets, peuvent être aussi des disgrâces extraordinaires et considérables. Je crois donc que le P. Rapin a parlé peu exactement, quand il a dit que: "La fin de la Tragédie est d'aprendre aux hommes à ne pas craindre trop foiblement des disgraces communes. — Assurément les disgrâces représentées sur la scène ne sont pas ordinairement des disgrâces communes et légères. Il devait dire, à ne pas craindre avec trop de faiblesse des disgraces qui leur sont communes avec les Grands, avec les Héros.
   3°. Quand commun signifie général, unanime, il peut se placer devant le substantif: d'une commune voix, et non pas d'une voix commune. On dit la commune opinion, ou l'opinion commune. On ne dit que, le bruit commun, même en vers. Dans les aûtres acceptions, on peut le placer, en vers, devant le substantif; encôre n'y fait-il pas toujours bien.
   La sublime valeur, le zèle pour son Roi
   N'ont pu le garantir, au milieu de son âge,
   De la commune loi.       Rouss.
En prôse on dirait, de la loi commune.
  Et pour le commun bien
  Vous et moi ne négligeons rien.
      Agesilas.
Cette inversion est dûre, même en poésie; il faut dire, le bien commun. Ainsi, la commune patrie, le commun peuple, comme dit Bossuet, ont quelque chose de dur et de sauvage. On dit, la patrie commune: le peuple, tout seul et sans adition; car le peuple commun serait encôre plus ridicule. — M. Targe a dit tout récemment, le commun peuple: c'est un vrai anglicisme: the commun people. "De part et d'aûtre on se séduit à communs frais. La Rue. "Dans toutes les chôses extraordinaires, et qui sortent des communes règles. La Bruy. Dites à frais commun, des règles communes.
   * 4°. On dit, je n'ai rien de commun avec lui; ce que vous avec de commun avec moi, etc. etc. mais on ne doit pas dire, comme l'a fait M. Gautier dans sa Réfutation du Discours de J. J. Rousseau sur les Sciences, etc. "M. Rousseau atribue à notre siècle des défauts et des vices qu' il n'a point, ou qu'il a de commun avec les Nations qui ne sont pas policées. Il fallait dire, qui lui sont communs avec, etc. — La raison de la diférence entre ces phrâses, c'est que dans les deux premières, ce n'est pas le verbe avoir, mais les pronoms rien et ce que, qui régissent la prép. de. L'emploi de cette préposition devant commun, dans ces deux premières phrâses, n'est donc pas une conséquence pour la troisième.
   5°. Dans le style simple, on apèle lieux communs, dans les ouvrages d'esprit, des chôses triviales, et rebatûes. "Employer des lieux communs. "Ses Livres, ses Sermons, ses vers ne sont remplis que de lieux communs. = Sens commun, le bon sens. On a dit depuis long-temps, avec vérité, qu' il n'y a rien de moins commun que le sens commun. = Faire bourse commune se dit de ceux qui ont mis leur argent ensemble pour la dépense. = Noms communs. Voy. APPELLATIF.
   6°. Commun est aussi subst. masc. mais quand il est employé seul et sans régime, il n'est pas du beau style. On dit qu'un Parasite vit sur le commun. Le proverbe dit aussi, qui sert au commun, sert à pas un; et il n'y a point d'âne plus mal bâté que celui du commun. Hors de là, l'on joint à commun d'aûtres noms au génitif pluriel: Le commun des Hommes, des Philosophes, des Grammairiens, etc. Bossuet a dit: "La durée que le commun donne au premier Empire des Assyriens, etc. On dirait aujourd'hui, le commun des Chronologistes. — L'Acad. dit aussi, dans ses Sentimens sur le Cid. "Les Savans même doivent souffrir avec quelqu'indulgence les irrégularités d'un ouvrage, qui n'auroit pas eu le bonheur d'agréer si fort au commun, s'il n'avoit des grâces qui ne sont communes. On ne dit plus le commun en ce sens, on dit le Public, et l'on ne pourrait pas aujourd'hui se parer de cette gentillesse antithétique. — M. Targe, après avoir dit que plusieurs chefs des Rebelles furent jugés et exécutés, ajoute que: "tout le commun fut emprisonné. Et âilleurs: "Il continua sa marche jusqu'aux hauteurs de Badenoch, d'où il congédia tout le commun de ses troupes. Hist. d'Angl. de Smolet. — Tout cela est de l'Anglais assez mal habillé à la Française. — Le commun est plus en usage comme substantif abstrait. Voyez TRIVIAL, n°. 2°. c'est ainsi qu'on dit, qu'une chôse est du commun, quand elle n'est pas de grand mérite, ni de grand prix. Il est hors du commun, il est au-dessus du commun: Sa charge le tire du commun.
   Dans l'Ofice éclésiastique, le commun des Apôtres, des Martyrs, etc. c'est l'Ofice général des Apôtres, des Martyrs, etc. qui sert quand il n'y a pas d'Ofice particulier. Faire du commun, prendre du commun, dire la Messe du commun, etc.
   COMMUN subst. se dit, dans les grandes maisons des Domestiques. La salle, la table, le diner, le pain, le vin du commun. — Chez le roi, il y a le grand commun et le petit commun.
   En commun, adv. Vivre en commun: "Tout étoit en commun chez les premiers Chrétiens.

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Dictionnaire de L'Académie française, 5th Edition (1798)

COMMUN, UNE (Page 270)
COMMUN, UNE. adj. Dans l'acception la plus générale, il se dit Des choses à quoi tout le monde participe, ou a droit de participer; et c'est dans ce sens qu'on dit, que Le Soleil, l'air, les élémens sont communs. La lumière est commune à tous les hommes. Dans une acception moins étendue, il se dit Des choses dont l'usage appartient à plusieurs. Un puits commun. Une cour commune. Passage, escalier, chemin commun. Cela est commun à tout le Bourg, commun aux deux maisons.

Commun, se dit aussi De ce qui est propre à différens sujets; et c'est dans ce sens qu'on dit, que Le boire et le manger sont communs à l'homme et aux bêtes. La vie végétative est commune aux animaux et aux plantes. Ennemi commun. Intérêt commun. Péril commun. Cette douleur, cette joie, m'est commune avec tous les gens de bien. Entreprendre une chose à frais communs. J'ai cela de commun avec lui. Cette affaire-là n'a rien de commun avec celle dont il s'agit.

On appelle Lieux communs, en Rhétorique, Les sources générales qui fournissent à l'Orateur ses argumens et ses moyens. Aristote a donné plusieurs lieux communs pour exciter la compassion, l'horreur.

On appelle aussi Lieux communs, Des matières triviales et rebattues. Tout son livre est rempli de lieux communs. Ce qu'il y a de meilleur dans ce discours, n'est qu'un lieu commun sur les Conquérans. Ses sermons ne sont que des lieux communs. Employer des lieux communs. Un recueil de lieux communs.

On appelle Sens commun, La faculté par laquelle le commun des hommes juge raisonnablement des choses. Cela est contre le sens commun. Cela répugne au sens commun, n'a pas le sens commun. C'est un homme qui n'a pas le sens commun.

Faire bourse commune, se dit Des Officiers ayant même charge, des associés qui sont en communauté de profit, des amis qui ont mis leur argent ensemble pour leur dépense.

On dit dans le même sens, Faire vie commune, pour dire, Vivre à frais communs.

On dit aussi, Faire bourse commune, pour dire, S'associer dans une affaire, pour la suivre à frais communs, et en partager les profits.

On dit en style de Notaire, Les futurs époux seront uns et communs en biens, pour dire, qu'Il y aura communauté de biens entr'eux.

Commun, signifie aussi Général. Le bruit commun. C'est l'opinion commune. La commune façon de parler.

On dit, Le droit commun, pour dire, La Loi reçue dans un État, l'usage qui y est généralement établi.

On appelle en termes de Jurisprudence, Délit commun, Un délit qui a été commis par un Ecclésiastique, et qui est de la compétence du Juge Ecclésiastique; et dans cette acception il est opposé à Cas privilégié.

Commun, signifie aussi Ordinaire, qui se pratique ordinairement. L'usage en est fort commun. Il n'y a rien de si commun, rien n'est plus commun. C'est une chose bien commune. Cela est commun parmi les gens de guerre, entre les gens de guerre. Commun entre les bourgeois, parmi les bourgeois.

Commun, se dit aussi par opposition à Distingué, noble, et signifie, Vulgaire, bas. Il a l'air commun, un langage commun, des manièrescommunes.

En parlant Des termes ordinaires de la Langue, on dit, Les mots communs de la Langue, par opposition aux termes qui ne sont en usage que dans les Arts et dans les Sciences.

Commun, signifie aussi, Qui se trouve aisément et en abondance. Les bons melons sont fort communs cette année. Les bons muscats sont communs en Languedoc, en Provence. Les herbes, les viandes les plus communes.

Expédier en forme commune. Façon de parler prise du style de la Daterie de Rome, et qui signifie, Sans grâce, sans remrse. Elle s'emploie figurément en diverses phrases. Ainsi on dit d'Un homme à qui on a gagné tout son argent en très-peu de temps, qu'On l'a expédié en forme commune.

On dit aussi d'Un homme mort en peu de temps entre les mains de plusieurs mauvais Médecins, qu'Ils l'ont expédié en forme commune. Cela n'est que du style familier.

Commun, signifie aussi, Qui est de peu de valeur, et peu estimable dans son espèce. Un Marchand qui n'a que des marchandises communes, très-communes, qui n'a rien que de commun.

Il signifie aussi, Qui est médiocre et peu estimable dans son genre. Il a fait un discours très - commun. C'est un Prédicateur fort commun. Un Auteur, un Poëte très - commun. Une invention commune. Des pensées communes. Idée commune. Rien de plus commun.

On dit, qu'Une terre vaut tant de revenu, année commune, ou communes années, pour dire, Bon an, mal an, en compensant les mauvaises années avec les bonnes.

Commun, est aussi substantif masculin, et il se dit d'Une société entre deux ou plusieurs personnes. Il faut prendre cette dépense sur le commun. Ils ont mis leur bien en commun. Ils vivent en commun. Ils jouissent de la succession en commun, jusqu'à ce qu'ils aient fait leur partage.

On dit, qu'Un homme vit sur le commun, Lorsque n'étant point d'une société, et n'y ayant contribué en rien pour sa part, il ne laisse pas de vivre aux dépens de ceux qui en sont. La même chose se dit aussi d'Un homme accoutumé à vivre sur le tiers et sur le quart. Et l'on dit proverbialement, qu'Il n'y a point d'âne plus mal bâté que l'âne du commun, pour dire, que Les particuliers d'une Communauté songent à leurs affaires au préjudice de celles de la Communauté.

Commun, signifie aussi Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. Le commun des Philosophes.

On dit figurément, qu'Une personne ou une chose est du commun, pour dire, qu'Elle n'est pas de grand mérite, ni de grand prix. Cela est du commun. Cet ouvrage n'est pas du commun. C'est un homme du commun. Il est hors du commun. Il passe le commun. Il est audessus du commun. Sa charge le tire du commun.

Dans l'Office Ecclésiastique, on appelle Le Commun des Apôtres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, etc. L'Office général des Apôtres, des Martyrs, etc. pour qui l'Église n'a point réglé d'Office particulier.

On dit familièrement et ironiquement, d'Un homme médiocre, qu'Il est du commun des martyrs.

Commun, se dit aussi Des Domestiques les moins considérables d'une maison. C'est du vin du commun, du vin pour le commun. Le dîner du commun. La table du commun. La salle du commun.

On appelle Grand Commun, chez le Roi, Les Offices destinés à la nourriture de la plupart des Officiers de la Maison du Roi; et on appelle Petit Commun, Quelques Offices détachés du Grand Commun pour la nourriture de quelques Officiers privilégiés de la Maison du Roi.

Grand Commun, se dit aussi Du lieu où ces Officiers travaillent, et qui est destiné pour leur logement. Être logé au Grand Commun.

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

COMMUN, UNE. adj. (Page 1:352)
COMMUN, UNE. adj. Dans l'acception la plus générale, il se dit Des choses auxquelles tout le monde participe, ou a droit de participer. Le soleil, l'air, sont communs. La lumière est commune à tous les hommes. Dans une acception moins étendue, il se dit Des choses dont l'usage appartient à plusieurs. Un puits commun. Une cour commune. Passage, escalier, chemin commun. Cela est commun à tout le bourg, commun aux deux maisons. Tout est commun entre eux.

Maison commune, L'hôtel où s'assemblent les officiers municipaux.

COMMUN se dit aussi De ce qui est propre à différents sujets. Le boire et le manger sont communs à l'homme et aux animaux. La vie végétative est commune aux animaux et aux plantes. Qualités communes. Traits, caractères communs. Ami commun. Ennemi commun. Le pape est le père commun des fidèles. Intérêt commun. Péril commun. Des goûts communs les rapprochèrent. Cette douleur, cette joie m'est commune avec bien des gens. Entreprendre une chose à frais communs. Voyager à frais communs. La commune mesure de deux quantités. J'ai cela de commun avec lui. Cette affaire n'a rien de commun avec celle dont il s'agit.

En Rhétorique, Lieux communs, Sources générales d'où un orateur peut tirer ses arguments et ses moyens. Aristote a traité des lieux communs.

Lieux communs, se dit aussi de Certains traits généraux qui peuvent s'appliquer à tout, de certaines réflexions générales qu'on fait entrer dans un sujet particulier. Ce qu'il y a de meilleur dans ce discours, n'est qu'un lieu commun sur les conquérants. Ses sermons ne sont que des lieux communs. Employer des lieux communs. Un recueil de lieux communs.

Lieux communs, se dit encore Des idées usées, rebattues. Il ne dit que des lieux communs.

Sens commun, La faculté par laquelle la plupart des hommes jugent raisonnablement des choses. Cela est contre le sens commun. Cela répugne au sens commun, n'a pas le sens commun, n'a pas l'ombre du sens commun. C'est un homme qui n'a pas le sens commun.

Faire bourse commune, se dit de Deux ou plusieurs personnes qui font leur dépense en commun.

Faire vie commune, Vivre à frais communs.

La vie commune, se dit en parlant Des religieux et des religieuses qui vivent en communauté. On appela Cénobites ceux qui avaient adopté la vie commune.

La vie commune, se dit encore, surtout en Littérature, Des moeurs générales, des événements ordinaires de la vie; par opposition à La condition des princes, des héros, etc., et aux grandes vicissitudes qu'ils peuvent éprouver. Retracer les événements de la vie commune.

En Grammaire, Nom, adjectif du genre commun, Nom, adjectif dont la terminaison est la même au féminin qu'au masculin. Auteur est un nom du genre commun. Fidèle, sage, sont des adjectifs du genre commun.

Syllabe commune, se dit, dans les langues prosodiques, d'Une syllabe qui est tantôt brève et tantôt longue.

En Jurispr., Époux communs en biens, Entre lesquels il y a communauté de biens. Le contrat porte que les époux seront communs en biens. On le dit quelquefois, au singulier, de L'un des époux entre lesquels il y a communauté. L'époux commun en biens peut, etc.

COMMUN signifie aussi, Général. Le bruit commun. C'est l'opinion commune. La commune façon de parler. Mesure commune. La commune renommée. Le bien, l'intérêt commun. Erreur commune.

La langue commune, La langue qui est parlée le plus généralement dans un pays. En Belgique, le français est la langue commune.

La voix commune, L'opinion générale.

D'une commune voix, À l'unanimité. D'un commun accord, De concert, chacun adhérant à la chose.

Le droit commun, La loi reçue dans un État, l'usage qui y est généralement établi.

En Jurispr., Délit commun, se disait d'Un délit qui avait été commis par un ecclésiastique, et qui était de la compétence du juge ecclésiastique. Il est opposé à Cas privilégié.

COMMUN signifie aussi, Ordinaire, qui se pratique ordinairement. L'usage en est fort commun. Il n'y a rien de si commun, rien n'est plus commun. C'est une chose bien commune. Cela est commun parmi les militaires, entre les militaires. Commun entre les bourgeois, parmi les bourgeois. Rien n'est plus commun, chez ce peuple, que de voir... Il est assez commun de voir...

Les mots, les termes communs de la langue, Les mots, les termes ordinaires de la langue, par opposition à ceux qui ne sont usités que dans les arts et dans les sciences.

Expédier en forme commune. Façon de parler prise du style de la Daterie de Rome, et qui signifie, Sans grâce, sans remise. Ainsi on dit, Il a été expédié en forme commune, en parlant D'un homme à qui on a gagné tout son argent en peu de temps, ou en parlant D'un homme mort en peu de temps entre les mains de plusieurs mauvais médecins.

COMMUN signifie en outre, Qui se trouve aisément et en abondance. Les melons sont fort communs cette année. Les bons muscats sont communs en Languedoc, en Provence.

COMMUN signifie aussi, Vulgaire, bas, par opposition à Noble, distingué. Il a l'air commun, la figure commune. Son langage est bien commun. Cette femme a des manières communes.

Il se dit également Des marchandises, des objets de peu de valeur et d'une qualité médiocre. Un marchand qui n'a que des marchandises communes, très-communes, qui n'a rien que de commun.

Cette terre donne tant de revenu, année commune, ou, plus rarement, communes années, Bon an, mal an, en compensant les mauvaises années avec les bonnes.

COMMUN signifie encore, Médiocre, peu estimable dans son genre. Il a fait un discours très-commun. C'est un prédicateur fort commun. Un auteur, un poëte très-commun. Une invention commune. Des pensées communes. Idée commune. Rien de plus commun. (Voyez ci-dessus Lieux communs.)

COMMUN est aussi substantif masculin, et il se dit d'Une société entre deux ou plusieurs personnes. Il faut prendre cette dépense sur le commun. Ce sens n'est plus guère usité que dans les phrases suivantes:

Vivre sur le commun, Vivre aux frais d'une société, sans payer sa part de la dépense commune. Il signifie aussi, figurément, Vivre habituellement sur le tiers et sur le quart.

Prov. et fig., Il n'y a point d'âne plus mal bâté que celui du commun, Les affaires d'une communauté, d'une société, sont souvent négligées, personne ne voulant les soigner comme si elles étaient les siennes propres.

En commun, Ensemble, en société. Ils ont mis leur bien en commun. Ils vivent en commun. Travailler en commun. Ils jouissent de la succession en commun, jusqu'à ce qu'ils aient fait le partage.

COMMUN. substantif signifie aussi, Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. Le commun des philosophes. Le commun des lecteurs.

Fig., Cette personne, cette chose est du commun, Elle n'est pas de grand mérite, de grand prix. C'est un homme du commun. Il est hors du commun. Il passe le commun. Il est au-dessus du commun. Sa charge le tire du commun. Cela est du commun. Cet ouvrage n'est pas du commun.

Une personne du commun, signifie aussi quelquefois, Une personne du peuple.

Chez les Catholiques, Le commun des apôtres, des martyrs, des confesseurs, des vierges, etc., L'office général des apôtres, des martyrs, etc., pour qui l'Église n'a point réglé d'office particulier.

Prov. et fig., Être du commun des martyrs, Ne se faire distinguer par aucun talent, par aucune qualité.

COMMUN. substantif se dit encore Des domestiques inférieurs, dans les grandes maisons; et, par extension, Du bâtiment où ils logent. C'est du vin du commun, du vin pour le commun. Le dîner du commun. La table du commun. La salle du commun.

Chez le Roi, Grand commun, Les offices destinées à la nourriture de la plupart des officiers de la maison du roi; et, Petit commun, Certaines offices détachées du grand commun pour la nourriture de quelques officiers privilégiés de la maison du roi.

Grand commun, se dit aussi Du lieu où ces officiers travaillent, et qui est destiné pour leur logement. Être logé au grand commun.

Les communs, se dit, dans les grandes maisons, Des bâtiments consacrés aux cuisines, aux remises, aux écuries, à la sellerie, et généralement aux différentes parties du service. L'hôtel est petit, mais les communs sont très-vastes.

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

COMMUN, UNE. (Page 1:263)
COMMUN, UNE. adj. Qui sert, qui peut servir à tout le monde ou seulement à plusieurs personnes. La lumière est commune à tous les hommes. Un puits commun. Une cour commune. Passage, escalier, chemin commun. Cela est commun à tout le bourg, commun aux deux maisons. Tout est commun entre eux.

Maison commune se disait de l'Hôtel où s'assemblent les officiers municipaux. On dit aujourd'hui MAIRIE.

Il signifie aussi Qui est propre à différents êtres ou à différentes choses. Le boire et le manger sont communs à l'homme et aux animaux. La vie végétative est commune aux animaux et aux plantes. Qualités communes. Traits, caractères communs. Ami commun. Péril commun. Des goûts communs les rapprochèrent. Cette douleur, cette joie m'est commune avec bien des gens. Entreprendre une chose à frais communs. La commune mesure de deux quantités. Diviseur commun. Le plus grand commun diviseur. Dénominateur commun. J'ai cela de commun avec lui. Cette affaire n'a rien de commun avec celle dont il s'agit.

En termes de Rhétorique, Lieux communs, Sources générales d'où un orateur peut tirer ses arguments. Aristote a traité des lieux communs. Il se dit aussi de Certaines réflexions générales qu'on développe à l'occasion de sujets particuliers. Cicéron et Massillon aiment à développer les lieux communs. Il se dit encore des Idées usées, rebattues. Il ne dit que des lieux communs.

Le Droit commun, La loi générale d'un pays qui s'applique à tout le monde sans exception. Un délit de droit commun, régime de droit commun.

Faire cause commune, se dit de Deux ou plusieurs personnes qui réunissent leurs efforts pour atteindre le même but, pour se défendre contre le même danger.

Faire bourse commune, se dit de Deux ou plusieurs personnes qui font leur dépense en commun.

Faire vie commune, Vivre à frais communs.

Vie commune se dit encore en parlant des Religieux ou des religieuses qui vivent en communauté. On appela Cénobites ceux qui avaient adopté la vie commune.

La vie commune se dit encore, surtout en termes de Littérature, des Moeurs générales, des événements ordinaires de la vie, par opposition à la condition des princes, des héros, etc.

En termes de Grammaire, Nom commun, Qui appartient à tous les individus de la même espèce par opposition à Nom propre qui n'appartient qu'à un seul.

Syllabe commune se dit, en termes de Prosodie, d'une Syllabe qui est tantôt brève et tantôt longue.

En termes de Géométrie, il se dit de Ce qui appartient à la fois à deux figures que l'on compare. L'angle a, le côté b c sont communs à tel triangle et à tel autre.

En termes de Jurisprudence, Époux communs en biens, Entre lesquels il y a communauté de biens. Le contrat porte que les époux seront communs en biens. On le dit quelquefois, au singulier, de l'Un des époux entre lesquels il y a communauté. L'époux commun en biens peut...

Sens commun, Faculté par laquelle la plupart des hommes jugent naturellement des choses. Cela est contre le sens commun. Cela répugne au sens commun, n'a pas le sens commun, n'a pas l'ombre du sens commun. C'est un homme qui n'a pas le sens commun.

Il signifie aussi Qui est public, général, qui est ordinaire, qui se pratique ordinairement, qui appartient ou peut appartenir à la plupart des hommes ou à un grand nombre d'hommes. C'est l'opinion commune. Une erreur très commune. L'intérêt commun. Une destinée commune. L'usage en est fort commun. Il n'y a rien de si commun, rien n'est plus commun. C'est une chose bien commune. Rien n'est plus commun que de voir...

Les mots, les termes communs de la langue, Les mots, les termes ordinaires de la langue par opposition à Ceux qui ne sont usités que dans les arts et dans les sciences.

Il signifie en outre Qui se trouve aisément et en abondance. Les melons sont fort communs cette année. Les bons muscats sont communs en Languedoc, en Provence.

La langue commune, La langue qui est parlée le plus généralement dans un pays. En Belgique, le français est la langue commune.

La voix commune, L'opinion générale.

D'une commune voix, À l'unanimité. D'un commun accord, De concert, chacun adhérant à la chose.

Faire preuve par la commune renommée, Faire preuve par l'opinion publique.

Il signifie encore Qui est médiocre, qui ne sort pas de l'ordinaire, qui est peu estimable dans son genre, et se dit aussi, dans cette acception, des Choses de l'esprit. Il a fait un discours très commun. C'est un prédicateur fort commun. Un auteur, un poète très commun. Une invention commune. Des pensées communes. Idée commune. Rien de plus commun (Voyez ci-dessus Lieux communs). Le fond commun.

Il signifie aussi Qui est vulgaire, bas, par opposition à Noble, distingué. Il a l'air commun, la figure commune. Son langage est bien commun. Cette femme a des manières communes.

Il se dit également des Marchandises, des objets de peu de valeur et d'une qualité médiocre. Un marchand qui n'a que des marchandises communes, très communes, qui n'a rien que de commun.

Cette terre donne tant de revenu, année commune, Bon an, mal an, en compensant les mauvaises années avec les bonnes.

Il est aussi nom masculin et il se dit d'une Société entre deux ou plusieurs personnes. Il faut prendre cette dépense sur le commun.

Vivre sur le commun, Vivre aux frais d'une société, sans prendre sa part de la dépense commune.

En commun, Ensemble, en société. Ils ont mis leur bien en commun. Ils vivent en commun. Travailler en commun. Ils jouissent de la succession en commun, jusqu'à ce qu'ils aient fait le partage.

Il signifie encore Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. Le commun des lecteurs.

Fig., Cette personne, cette chose est du commun, Elle n'est pas de grand mérite, de grand prix. C'est un homme du commun. Il est hors du commun. Il passe le commun. Il est au- dessus du commun. Sa charge le tire du commun. Une personne du commun signifie aussi quelquefois Une personne du peuple.

En termes de Liturgie, Le commun des apôtres, des martyrs, des confesseurs, des vierges, etc., L'office général des apôtres, des martyrs, etc., pour qui l'Église n'a point réglé d'office particulier. Fig. et fam., Être du commun des martyrs, Ne se faire distinguer par aucun talent, par aucune qualité.

Les communs, se dit, dans les grandes maisons, des Bâtiments qui servent aux cuisines, aux garages, aux écuries et généralement aux différentes parties du service. L'hôtel est petit, mais les communs sont très vastes.


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