Dictionnaires d'autrefois
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Il y a 4 entrées dans Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

E. subst. masc. (Page 572)
E. subst. masc. La cinquième lettre de l'Alphabet, & la seconde des voyelles. Grand E. Petit e. E fermé. E ouvert. E masculin. E féminin ou muet. E accentué.

On distingue dans la Langue trois sortes d'e: l'è ouvert, l'e muet & l'é fermé. Par exemple, dans le mot fermeté, le premier e est ouvert, le second est muet, & le troisième est fermé.

On distingue encore deux e ouverts; l'e grave, tel qu'il est dans succès, & l'aigu, tel qu'il est dans la seconde syllabe de trompette.

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Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

E (Page B001a)

E, S. m. 5e Lettre de l'Alphabet Français, et la 2de des voyelles. Un e, un grand E, un petit e.
   I. Remarque. On distingue trois sortes d'e, qui expriment divers sons, et dont la diférence est sensible dans fermeté, honêteté: on apèle E ouvert, celui qui se présente le premier dans ces deux mots; E muet, celui du milieu; E fermé, celui qui est à la fin. = 1°. L'E ouvert est ainsi apelé, parce qu'on ouvre la bouche en le prononçant: mais comme on l'oûvre plus ou moins, on aurait dû distinguer plus de trois sortes d'E. Tête et tette sont deux e ouverts; mais le 1er l'est bien plus que le 2d, et ce serait une faûte de les faire rimer ensemble. Aussi, dans le Dictionaire Gramatical, nous avons soigneûsement distingué l'e ouvert en e simplement dit ouvert, et en e moyen, qui tient le milieu entre l'e ouvert et l' e fermé, se prononçant avec une ouvertûre de bouche plus grande que l'e fermé et moins grande que l' e ouvert. — Tous les e suivis d'une double consone, et d'un e muet sont moy. belle, tendresse, trompette. Pour ceux qui n'ont après qu'une consone et l'e muet, on les accentûe avec l'accent grâve: nièce, remède, privilège, modèle, crème, cène, père, thèse, Prophète, brève, etc. — Cette pratique n'est pas anciène: elle ne date guère que du milieu du siècle, et ne s'étendait pas à tous les mots qui sont dans ce câs. Elle est aujourd' hui universelle, et la publication du Dictionaire Gramatical n' a pas peu contribué à la rendre plus comune, et à en étendre l'usage à tous les mots qui ont ces terminaisons. — * Aûtrefois on n'avait aucune règle sur ce point. Les uns n'ôsant marquer cet e moyen, ni avec l'accent grâve, parce qu'il n'est pas ouvert, ni avec l'accent aigu, parce qu'il n'est pas fermé, avaient pris le parti de ne point y mettre d'accent: ils écrivaient remede, college, zele, etc. mais ils exposaient les gens peu instruits à prendre ces e pour des e muets, et à les prononcer comme l'e féminin. Les aûtres mettaient à ces e moyens l'acc. aigu: reméde, collége, zéle: aûtre inconvénient, qui donait lieu à une prononciation presque aussi vicieûse. Aujourd'hui on emploie l'accent grâve pour l'è moyen, et le circonflexe pour l'ê ouvert: crème, même, etc. etc. — * L'Académie convient qu'on distingue deux e ouverts, l'e grâve, tel qu'il est dans succès, et l'e aigu, tel qu' il est dans la seconde syllabe de trompette. Ce langage parait contradictoire; car le mot aigu semble anoncer un é fermé: comment est-il donc une espéce d'e ouvert? La pratique de l'Acad. dans son Dictionaire, n'est pas plus conséquente, puisque dans les e qui ne sont pas suivis de deux consones, et qui sont pourtant devant l'e muet, elle met tantôt l'accent grâve, comme dans brèche, tantôt l'accent aigu, comme dans collége, et une foule d'aûtres, quoique ces deux e soient de même natûre. Cette variété fait croire que tous les articles des anciènes éditions n' ont pas été revus avec soin et réformés dans la nouvelle.
   Les monosyllabes, les, des, mes, tes, ses, ont l'e fort ouvert. Plusieurs le prononcent comme muet, devant une voyelle ou une h muette, les animaux, les hommes: (le-zanimô, le-zome) il faut prononcer, lè-zanimô, lè-zome.
   Le siège de l'e tout-à-fait ouvert, ne peut jamais être que dans la dernière syllabe masculine: procès, succès, être, tête. Que si cette syllabe vient, dans les dérivés, à être suivie d'une aûtre, qui soit aussi masculine, alors l'e devient, ou tout-à-fait fermé, comme dans procéder, succéder, il était (exceptez têtu); ou il devient moyen, et ne s'ouvre que faiblement, comme dans procession, succession, qu'on prononce succè-cion, pro-cè-cion.
   2°. L'e muet n'a point d'accent. Il est apelé muet, parce qu'on ne le prononce presque pas, et e féminin, parce que les syllabes qu'il termine, sont apelées syllabes féminines, ou rimes féminines, comme les syllabes où entre un e ouvert ou un é fermé, sont apelées syllabes masculines, ou rimes masculines. = L'e muet ne commence jamais un mot sans être précédé de quelque consone, et il ne se troûve jamais en deux Syllabes consécutives; ou, s'il s'y trouve, ce n'est jamais à la fin du mot. C'est pour cela que les verbes dont la pénultième est muette à l'infinitif, comme apeler, jeter, peser, mener, prènent l'è moyen dans les temps qui finissent par un e muet: je mène, je pèse, je jète ou je jette, j'apèle ou j' apelle, ce qui s'étend aux futur et conditionel de ces verbes, j'apellerai, je mènerais, je jetterai, je pèserais, etc. — On dit aussi chapelain et chapelle, chandelier et chandelle, celui et celle, etc. — Par la même raison, quoiqu'on dise j'aime, je chante, nous disons aimé-je, chanté-je, et non pas aime-je, chante-je.
   Les Anglais et les Allemans ont des e muets: l' e de love en est un exemple pour les premiers, et le second e de meine pour les aûtres. Les Italiens et les Espagnols n'ont point d'e muet. BUF. = * Dans les Provinces méridionales, on done souvent à l'e final le son d'o ou d'ou: on y prononce gloa-ro, ou gloa-rou, pour gloire. Et pour les monosyllabes le, de, me, te, se, ce, que, et les particules re ou de, qui entrent dans la composition de beaucoup de mots, comme recevoir, demander, etc. on prononce un é fermé: , dé~, , , , , qué, , , etc. Ce sont des gasconismes, et des plus choquans, auxquels les habitans de ces Provinces doivent faire atention. = Ces e muets sont le désespoir des Musiciens, sur-tout dans les finales: la plupart les prononcent en eu: la gloireu, la tempeteu, etc. = L'e muet ne se prononce point à la fin des mots, quand le mot suivant comence par une voyelle: une âme forte; pron. u-nâme forte.
   3°. L'é fermé, ainsi apelé, parce qu'on serre les lèvres en le prononçant, se marque par l'accent aigu, comme le dernier de fermeté. = Dans certains temps des verbes, l'é fermé est suivi d'un z: "Vous donnez, vous feriez, vous diriez, etc. Ce z tient lieu de l'accent et de l's: pron. doné, ferié, dirié. = Dans la conjonction Et, l'e se prononce~ fermé, et non pas ouvert, comme font les Gascons, é, et non pas è.
   On troûve un correspondant à l'é fermé chez les Allemans, dans ehr; chez les Anglais, dans equity; chez les Italiens, dans ardore; chez les Espagnols, dans emanar.
   II. Aucun de nos mots, à l'exception d'Être, ne comence par un E tout-à-fait ouvert: aucun n'est terminé ainsi; et l'e ouvert, à la fin des mots, est toujours suivi d'une ou de deux consones: procès, désert, arrêts. = Dans tous nos mots, l'e initial ou final, non muet, est fermé, et toujours bref.
   III. L'E se prononce de plusieurs aûtres manières, comme quand il est suivi d'une n et d'un t, où il prend ordinairement le son de l'a: sentiment (sentiman). Mais si l'n n'est point suivie d'un t, l'e conserve son propre son: citoyen, moyen, etc. = Il a aussi le son d'an, quand il est joint à une m, et suivi d'un b, d'un p, ou d'une aûtre m: embaumer, empire, emmener; pron. anbomé, anpire, anmené. = Dans les troisièmes persones du pluriel des verbes, l'e, suivi d'une n et d'un t, a le son de l'e muet, et l'n ni le t ne se prononcent pas devant une consone: devant une voyelle, on ne prononce que le t: Voy. EN et ENT. = Quand l'e est joint à d'aûtres voyelles, pour former une diphtongue, alors, ou il est muet, en ce sens, qu'il ne se fait nullement sentir, ou il prend un son étranger à sa prononciation. = Nous mettons ces diphtongues à leur place, dans l'Ordre Alphabétique.

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

E. s. m. (Page 1:591)
E. s. m. La cinquième lettre de notre alphabet, et la seconde des voyelles. Un grand E. Un petit e. Un e accentué.

On distingue trois sortes d'E: l'E ouvert, l'E fermé, l'E muet. Ainsi, dans sévère, le premier e est fermé, le second est ouvert, et le troisième est muet.

L'E ouvert est long ou bref: par exemple, il est long dans fête, et bref dans trompette.

L'E muet final s'élide ordinairement dans la prononciation quand il est suivi d'une voyelle ou d'une h muette: Grande étendue, riche héritière (prononcez Grand'étendue, rich'héritière).

E, marqué d'un tréma (Ô, ë), doit, dans la prononciation, se séparer de la voyelle qui le précède: Ambiguë, Noël.

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

E. (Page 1:425)
E. n. m. La cinquième lettre de notre alphabet. Elle représente une des voyelles. Un grand E. Un petit e. Un e accentué. On distingue trois sortes d'E : l'E ouvert (È), l'E fermé (É), l'E muet (E).

E est ouvert dans Bref, mer, aspect, etc. Il est surmonté très souvent d'un accent grave, quelquefois d'un accent circonflexe ou d'un tréma. Père, mère, frère, il lève, tête, fête, Noël, etc.

E est fermé dans Pied, nez, aimer, volontiers, etc. Il est surmonté très souvent d'un accent aigu. Dé, traité, créé, décidé, thé, etc.

E est muet dans l'intérieur des mots comme Debout, venin, levant, tenir, etc., et surtout à la fin des mots, tels que Table, livre, frivole, lance, etc. À la fin des mots, il ne se fait jamais entendre devant un mot commençant par une voyelle ou une h muette. L'E muet des monosyllabes le, fe, me, te, se, ne, que, placé ainsi, s'élide et est remplacé par une apostrophe.


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