Dictionnaires d'autrefois
Dictionnaires des 17ème, 18ème, 19ème et 20ème siècles

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Il y a 11 entrées dans Nicot, Thresor de la langue française (1606) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762) (Go), Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5) (Go), Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5) (Go)

Nicot, Thresor de la langue française (1606)

a (Page 1)
1)
A aussi est une preposition signifiant ores stabilité en quelque lieu, comme, Il est à Paris, Est Lutetiae: et ores mouvement à un lieu, comme, Je m'en vay à ma metairie, In villam proficiscor: ores selon, comme, Cela sera à l'ordonnance des arbitres. Iuxta aut secundum bonorum virorum arbitrium fiet.

A se prend aussi pour apud Latin, comme, Il est à nous grande vinée ceste année-cy, Hoc anno ingens apud nos vini copia est, c'est à dire en nostre terroir, en nostre pays, en nostre contrée. A nous tel faict est bien vilain, Apud nos huiusmodi facinus perindignum est.

A aussi se prend simplement pour en, comme, A la presence des Evesques, In praesentia Episcoporum, id est adstantibus Episcopis, qu'on dit plus usitéement, en la presence.

A aussi signifie pour, comme, Il est tenu à perdu, A vil, A sot, A fable, A fils de Roy, Une vis à pressouer, c'est à dire pour perdu, vil, sot, fable, fils de Roy, pour un pressouer, au 3. livre d'Amad. chap. 6. Toutesfois il estoit lors peu cognu à fils de Roy, il est appelé à garand, pour garand.

A estant avec les noms propres est un article du cas genitif en denotation possessive, pour De, comme, La maison à Pierre, la femme à Robert, la fille au Duc, AEdes Petri, vxor Roberti, filia Ducis. Ce palais est à Pompée, Hoc palatium est Pompeij, et estant avec les noms appellatifs, prent article apparent avec elle, et denote tousjours possession, comme, Ce champ est à la ville de Paris, Hic ager ciuitatis Parisiensium est.

A, en outre se prent pour Avec, comme, Il porte de synople à trois lyons d'argent, Scutum gerit viride cum tribus argenteis leonibus, id est, tribus leonibus argenteis insignitum, et il est eschappé à peu de perte, c'est avec peu de perte, Cum modico damno euasit. Une chaire à accoudoirs, Une eschelle à crampons, c'est avec accoudoirs, avec crampons, et le Roy d'Angleterre est descendu à grande armée, Cum magno exercitu.

A prenant avec soy l'article du nom qu'elle precede, signifie semblance, façon, mode et maniere, comme, Il est vestu à l'Italienne, c'est à dire, à la semblance, mode et façon des Italiens, Cultu vestituque Italico vtitur. Liu. l. 23. si l'on n'aime mieux dire qu'en telles phrases, il y a elipse et subaudition de ce mot, façon ou maniere, et que A signifie lors, Selon: comme, Il porte l'espée à l'Espagnole, c'est à la façon des Espagnols, c'est à dire, selon la mode des Espagnols.

A aussi est une diction indeclinable qui est indifferemment employée avec autres declinables et indeclinables servant à la signification d'icelles, et ce tantost en qualité de la preposition ad, comme, A chef, Ad finem, Ad exitum: ou de la preposition ob, propter, comme, A ceste cause, Propter id, A propos, Ad rem: et tantost autrement, comme, A tant, A tard, A peu, A peu que, A nef, A ma plaisance, A mon escient, A son escient, A poinct, A vau de route, A deceu, A banniere desployée, A coeur, A sçavoir, A temps, A tort, A loisir, A cheval, A nourrice et semblables, cerchez Tant, Tard, et les autres.

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Dictionnaire de L'Académie française, 1st Edition (1694)

A (Page 1)
A Lettre voyelle, la premiere de l'Alphabet. A. b. c. d.

Il est aussi substantif masculin. Un grand A. un petit a. & alors il est long.

On dit proverbialement. Une panse d'A. Il m'avoit promis de copier ce traité, il n'y a pas fait une panse d'A. il s'attribuë cet ouvrage, il n'y a pas fait une panse d'a.

On dit aussi prov. Ne sçavoir ny A, ny B. pour dire, Ne sçavoir pas lire.

Apprendre l'A. B. C. pour dire, Apprendre à connoistre les lettres.

A est souvent Preposition, & alors il est bref.

Il sert à marquer le datif. A Pierre. à l'homme. à la femme. à la Reine, &c.

Il sert aussi à marquer le Lieu. Aller à Rome. estre à Paris. à l'entrée du bois.

La Situation. A costé. à gauche. à droit. à l'envers. à pied. à cheval.

La Posture & le Geste. A genoux. à jointes mains. à bras ouverts, &c.

Le Temps. A midy. à deux heures. à jour prefix. à l'instant. à chaque moment, &c.

La Distance. A cent lieües d'icy. à vingt lieües à la ronde. à cent ans de là &c.

La Qualité. De l'or à vingt-quatre carats. velours à trois poils, ruban à double lice, &c.

La Valeur. Du vin à dix sols la pinte. du drap à vingt francs l'aulne. la pistole est à dix francs, &c.

La Quantité. Ces sommes montent à tant. à dix pieds de hauteur. à cent toises de là, &c.

La Maniere. A la Françoise. à l'Espagnole. à la haste. à voiles déployées &c.

Le Moyen. Moulin à vent, à eau, moulin à bras. arme à feu, &c.

La Fin. A bonne intention. à mauvais dessein, &c.

A sert encore pour marquer à quoy une chose est propre, & son usage. Terre à froment. moulin à bled, à papier, à poudre, &c.

A quoy une personne peut pretendre par son merite. C'est un homme à Evesché.

On s'en sert plus ordinairement pour marquer le mauvais traittement dont un homme est digne. Homme à estrivieres, à nazardes, &c.

A sign. Aprés, Successivement. Poil à poil. brin à brin pied à pied. pas à pas, &c.

Avec. A regret. à grand peine. chargé à cartouche. à la pointe de l'épée. à petit bruit. chapeau à grands bords. chandelier à branches, &c.

En, Dans. Blessé à la cuisse. un coup à la teste. jetter à la riviere. puiser à la fontaine. cela est à vostre choix. il est logé à la maison où pend pour enseigne la croix d'or, la couronne &c. ou par abbregé, A la croix d'or, à la couronne, &c.

Selon. A mon advis. à vostre compte. à ce que je voy. à ce que vous dites, &c.

Pour. Appeller à tesmoin. prendre à partie. avoir à bon marché, &c.

Environ. Sept à huit cents hommes, quarante ou cinquante, pour dire, Environ sept ou huit cent hommes Environ quarante ou cinquante.

On dit, A peine de, &c. pour dire, Sur peine, ou sous peine de, &c.

A sert aussi à former des façons de parler adverbiales, qui le plus souvent expriment la maniere. A tort & à travers. à tastons. à reculons. à merveilles. à l'envy. à la mode, &c.

A se met absolument devant l'infinitif de quelques verbes sans estre precedé d'aucun nom qui soit ou exprimé, ou sous-entendu, & alors il se peut resoudre par le Gerondif. A n'en point mentir. à dire vray. à tout prendre. à le voir. à l'entendre. Comme qui diroit. En ne mentant point. en disant vray &c.

Il se met aussi devant l'infinitif de plusieurs verbes sans estre precedé d'aucun nom qui soit exprimé, mais seulement sous-entendu, & alors il sert à marquer confusément le regime du verbe, & se peut resoudre par le terme Dequoy. Donnez- moy à manger. donnez-moy à boire. il n'y avoit pas à disner. il y avoit bien à souper. C'est comme qui diroit, Donnez-moy dequoy manger. dequoy boire. dequoy disner, &c.

Il se met devant l'infinitif des verbes avec un nom, & alors il sert à marquer dans la chose, ou dans la personne que le nom signifie, la qualité, la proprieté, la disposition, l'usage, &c. suivant ce qui est signifié & determiné par le verbe. Une chose à faire. un mot à dire. une avanture à écrire. un compte à rendre. un acte à signer. une maison à loüer. une terre à vendre. bois à brusler. pierre à bastir. vin prompt à boire, mur prest à tomber. c'est une affaire à le ruiner. il est homme à se fascher. c'est un homme à se mocquer de tout ce qu'on luy dira.

Il y a encore d'autres usages de la préposition a, qu'il seroit difficile de determiner icy, & qui se verront dans la suite de ce Dictionnaire.

Au, Particule formée par contraction de la préposition à & de l'article le.

Il sert à marquer le datif singulier des noms qui commencent par une consone, & devant le nominatif desquels on met l'article le. Ceder au torrent. deferer au jugement. obëir au Roy, &c.

Aux, est une particule formée par contraction de à, les; il sert à marquer tous les datifs pluriels. Donner aux pauvres, aux Eglises. pardonner aux coupables. se soumettre aux loix, &c.

Ces deux particules, au & aux, ont encore d'autres usages qui se verront à l'ordre des noms & des verbes avec lesquels on les joint. Prendre au despourveu. passer au travers des Ennemis. passer au fil de l'épée. au contraire. au sortir de l'Eglise. au partir delà. quand se vint au fait & au prendre, au bout du compte. aller aux champs. ils en vinrent aux mains, aux prises &c. AB

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Dictionnaire de L'Académie française, 4th Edition (1762)

A (Page 1)
A Lettre voyelle, la première de l'Alphabet. En ce sens il est substantif, & dans la prononciation on le fait long. Un grand A. Un petit A.

On dit communément de quelqu'un qui ne sait pas lire, & figurément de quelqu'un qui est fort ignorant, qu'Il ne sait ni A, ni B.

On dit, Une panse d'A, pour dire, Le commencement de la formation de la lettre A, qui dans l'écriture ordinaire s'écrit a. Et dans ce sens, quand on a donné quelque chose à écrire à quelqu'un, & qu'il n'y a point encore travaillé, on dit proverbialement qu'Il n'en a pas fait une panse d'A. La même chose se dit figurément, pour donner à entendre qu'un homme qui avoit entrepris de composer quelque ouvrage, n'y a point encore travaillé, ou pour signifier qu'un homme n'a nulle part à un ouvrage d'esprit qu'on lui attribue. Il n'y a pas fait une panse d'A.

À (Page 1)
À Préposition, qui selon les mots auxquels elle se joint, reçoit diverses significations, dont les principales peuvent se réduire aux Prépositions suivantes, Après. Avec. Dans. En. Par. Pour. Selon. Suivant. Sur. Vers.

À, dans la signification d'Après. À deux mois de là. À deux jours de là. Aller pas à pas. Arracher brin à brin. Dire mot à mot. Compter sou à sou. Manger morceau à morceau.

À, dans la signification d'Avec. Travailler à l'aiguille. Gagner à la pointe de l'épée. Aller à voiles & à rames. Bâtir à chaux & à ciment. Se battre à l'épée & au pistolet. Marcher à petit bruit. Un fusil chargé à balle. Canon chargé à cartouche. Faire brûler à petit feu. Vivre à peu de frais. Donner, prendre à toutes mains. À petit manger bien boire. Fromage à la crême. Bouton à queue. Bâton à deux bouts. Couteau à ressort. Écuelle à oreilles. Clou à crochet. Chandelier à branches. Chapeau à grands bords, &c.

À, pour Dans, En. Vivre à Paris. Demeurer à Rome. Retourner à la ville. Jeter à la rivière. Se promener à la campagne. Blessure à l'épaule, à la cuisse. Il y viendra à son rang. Être à sa place.

À, dans la signification de Par. Obtenir à force de prières. On juge à sa mine. On voit à l'air dont il s'y prend. Aller à courbettes.

À, dans la signification de Pour. Prendre à témoin. Inviter quelqu'un à dîner. Une fille à marier. Avoir quelque chose à bon marché. Tenir à honneur. Tenir à injure. On eut bien de la peine à lui faire entendre. Une selle à tous chevaux. Un conte à dormir debout.

À, Selon, Suivant. Un habit à la mode. Bâtir à la manière d'Italie. Vivre à sa fantaisie. Cela n'est pas à son goût. À ce que je vois. À ce que vous dites. Il faut donc à votre compte, à votre avis.

À, dans la signification de Sur. Monter à cheval. Mettre pied à terre. À peine de la vie. Un oiseau qui se bat à la perche.

À, dans la signification de Vers. Il tire à sa fin. Venez à moi.

À, entre deux noms de nombre, signifie environ. Ainsi on dit, Un homme de quarante à cinquante ans. Une troupe de sept à huit cents hommes, pour dire, Un homme d'environ quarante ou cinquante ans. Une troupe d'environ sept ou huit cents hommes. Il y avoit six à sept femmes dans cette assemblée.

À, sert aussi à marquer le Temps. Se lever à six heures. Dîner à midi. On l'attend à toute heure, à tout moment. Revenir à heure indue. À la fin du mois. À jour préfix. À l'arrivée du courrier. À perpétuité. À l'avenir. Il y parviendra à la longue.

Il sert aussi marquer le Lieu. Se tenir à l'entrée du bois. Il demeure à deux lieues d'ici, à vingt lieues de là. Être à l'écart, à l'abri, à découvert.

La Situation. À droite. À gauche. À côté. À pied. À cheval.

La Posture, le Geste. Être à genoux. Prier à jointes mains. Recevoir à bras ouverts.

La Manière de vivre, de s'habiller, de se mettre, de marcher, &c. Vivre à la Françoise. S'habiller à l'Espagnole. Un homme à soutane, à cheveux courts. Marcher à petits pas. Courir à toutes jambes, à toute bride. S'embarquer à la hâte.

La qualité d'une chose. De l'or à vingt quatre carats. Du velours à trois poils.

La Quantité. Il en a à foison, à milliers.

Le Prix & la Valeur d'une chose. Du vin à vingt sous, à trente sous la pinte. Du drap à vingt francs l'aune.

La Mesure ou le Poids dont on se sert pour la débiter. Vendre du vin à la pinte. Vendre du drap à l'aune, Vendre de la viande à la livre.

À, s'emploie aussi pour désigner la cause mouvante, le moyen qui fait agir. Moulin à vent. Moulin à eau. Moulin à bras. Arme à feu.

Le Motif avec lequel on agit. Il l'a dit à bonne intention. Il ne l'a pas fait à mauvais dessein.

L'État & la disposition d'une chose. Des fruits à garder. Des fleurs à cueillir.

L'Usage auquel une chose est propre. Terre à froment. Moulin à blé. Moulin à poudre. Moulin à papier. Mouchoir à moucher. Bassin à laver les mains. Bassin à barbe. Bois à brûler. Bois à faire du merrain.

Ce qu'une chose est propre à contenir. Un étui à peignes. Une boîte à mouches. La bouteille à l'encre. Un pot à l'eau, pour dire, Un étui à mettre des peignes, Une boîte à mettre des mouches, Une bouteille à mettre de l'encre, Un pot à mettre de l'eau.

Ce qu'il est convenable de faire; & Le bon ou le mauvais traitement qu'un homme, qu'une chose mérite. C'est un avis à suivre. C'est une partie à remettre. C'est une affaire à accommoder. C'est une occasion à ne pas laisser échapper. C'est un cheval à garder. C'est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme à noyer. C'est un homme à nasardes. C'est un livre, non seulement à lire, mais à retenir par coeur.

Ce qui peut arriver d'une chose, à quoi elle peut servir, & de quoi une personne est capable. C'est une affaire à vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est une entreprise à vous faire honneur. C'est un homme à réussir dans tout ce qu'il entreprendra. Il est homme à se fâcher, à vous jouer d'un mauvais tour.

À, joint avec un nom, sert à former des adverbes ou des façons de parler adverbiales. À tort & à travers. Parler à propos. Mal à propos. Crier à tue-tête, à pleine tête. Tirer à brûle-pourpoint. Haïr à mort, à la mort. Être blessé à mort. Marcher à tâtons. Aller à reculons. Travailler à bâtons rompus. Déchirer à belles dents. Traiter à forfait. Battre du fer à froid. Mâcher à vide. Mettre de l'argent à intérêt. Donner à bon compte. Vendre à l'encan. Vivre à peu de frais.

À, joint avec un verbe à l'infinitif, s'explique quelquefois par le gérondif du même verbe. Ainsi: On diroit à le voir, à l'entendre, se resout par, On diroit en l'entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables façons de parler se peuvent résoudre de même.

Quelquefois aussi il s'explique par de quoi. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à travailler.

Il se joint encore à l'infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s'emporta à lui dire, jusqu'à dire. Il s'abaissa à le prier. S'amuser à causer. Trouver à redire. Il est encore à venir. Je suis ici à l'attendre. C'est à faire à lui donner des fêtes. Je sais, à n'en point douter, que. C'est à vous à parler. C'est à lui à se taire. C'est à savoir s'il le voudra. Il n'y a rien à gagner avec lui, &c.

À, remplace le Datif des Latins, étant mis après un mot, par lequel il est régi, & dont il détermine l'objet. Après un verbe, Donner à un pauvre. Rendre à César. Après un substantif, La soumission à la loi. Après un adjectif, Attentif à la lecture. Après un adverbe, Conformément à vos ordres.

À, s'emploie aussi dans les phrases suivantes, & dans une infinité d'autres, qui seront expliquées chacune en son lieu. Arriver à bord. Se résoudre à tout. Mettre à l'air. Mettre à la voile. Appliquer à la question. Crier à l'aide. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Coucher à la belle étoile. Jouer à la paume. Jouer à quitte ou à double. Valet à gages. Pension à vie. Ils se prosternèrent à ses genoux. Ils tombèrent à ses pieds. Se tourner à bien, à mal. Se mettre à l'étude. Aller à l'armée, à Rome, à l'Eglise.

On verra les différens sens de ses phrases, & de celles des articles précédens, aux mots dont elles sont composées.

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Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française (Marseille, Mossy 1787-1788)

A (Page A001a)

A, subst. masc., est la première lettre de l'alphabet, et la première des voyelles. — Il est masc. Un a, un grand A, un petit a. Il ne se décline point, et ne prend point d's au pluriel: on dit deux a, et non pas deux as.
   On dit, proverbialement, d'un ignorant qu'il ne sait ni a ni b, et de celui qui a entrepris un ouvrage et n'y a pas encore travaillé, ou qui donne pour sien et sous son nom l'ouvrage d'autrui, qu'il n'y a pas fait une panse d'a.
   I. Pron. et Prosodie. A garde presque toujours sa même prononciation. Les Allemands ont un exemple de ce son dans fragen; les Anglais dans water, les Italiens dans amare, les Espagnols dans amar, etc.
   Devant un i il forme quelquefois une diphtongue, qui a le son d'un e tantôt fermé, tantôt moyen, tantôt ouvert: aimable, raison, jamais. Pron. émable, rèzon, jamê. — Il a le même son d'e, mais toujours fermé dans les mots où il est suivi d'un y; pays, paysan, payer, essayer. Pron. pé-ï; pei-zan (et non pas pe-ï-zan, comme veut La Touche.) pé-ié, écé-ié. Il est des Auteurs et des Imprimeurs, qui substituent à l'y l'ï trema, c. à. d. l'i voyelle surmonté de deux points: païs, païsan, païer, essaïer; mais cette orthographe ne vaut rien, et ne peut qu' induire en erreur pour la prononciation, et à faire prononcer, pa-ï, pa-ïzan, pa-ié. — Cet ï trema doit être conservé pour les mots où l'a retient sa prononciation naturelle, aïeul, caïeu, baïonette, Caïenne, haïr, etc. Il est aussi mal d'écrire ces derniers mots et autres semblables avec un y, que d'écrire les premiers avec un ï trema. Richelet avait adopté cette derniere ortographe; et quelques-uns l'ont imité, et mettent par-tout des ï marqués de deux points. Le grand nombre met toujours l'y, et c'est une autre irrégularité. Notre Remarque indique quand il faut mettre l'un, et quand il convient d'employer l'autre. = Pour les autres prononciations extraordinaires d'a, Voyez , Aen, Aon, Aou.
   II. A doit se prononcer tantôt long, tantôt bref. On marque ordinairement l'a long d'un accent circonflexe, â: il serait à souhaiter qu'on le fît toujours. Voyez Accent. — L'a, même avec l'accent grave, à, est bref.
   1°. Quand a se prend pour la premiere lettre de l'Alphabet, il est long: un petit a. Quand il est préposition, ou 3e. persone du verbe avoir; à, il a, il est bref.
   2°. Au commencement des mots, l'a est long dans âcre, âge, âgnus, âme, âne, ânus, âpre, et leurs dérivés.
   3°. Hors de là il est toujours bref et fermé, soit que tout seul il compose la syllabe, comme dans Apôtre, soit qu'il soit suivi d'une consone redoublée, comme dans apprendre; soit que les consones soient différentes, comme dans altéré.
   4°. À~ la fin du mot, a est fermé et très-bref dans les prétérits et les futurs; il aima, il aimera; dans l'article la; dans les pronoms ma, ta, sa; dans les adverbes çà, , déjà, oui-dà; et dans quelques mots du langage familier, dada, falbala, papa, etc.
   5°. A est un peu plus ouvert et un peu moins bref dans la plupart de nos aûtres substantifs, empruntés des langues étrangères: sofa, opéra, agenda.
   III. Régime. À~, devant les noms propres, et ceux qui s'emploient sans article, (soit qu' on l'appelle article indéfini ou préposition) s'emploie au singulier et au pluriel, et devant les noms masculins, et devant les noms féminins: à Pierre, à mon frère, à elle, à lui, à eux, à elles; j'ai cette affaire à coeur, matière à disputer. — Il se joint le plus souvent à l'article, pour être le signe du datif; mais seulement au féminin du singulier: à la gloire de Dieu.
   Il se joint souvent aux verbes infinitifs, régi par des noms adjectifs ou substantifs, ou par d'autres verbes: beau à voir, maître à danser, doner à boire. — Quelquefois il tient lieu du gérondif: rarement à courir le monde, on devient plus homme de bien; à courir, c. à. d. en courant.
   IV. À~ est quelquefois prép. et adv. de lieu: à la ville, à Paris, à Rome. Il tient la place d'après; poil à poil, c. à. d. poil après poil; d'avec, peindre à l'huile, pour, avec de l'huile; de pour, bois à brûler, pour brûler; d'environ, cinq à six pieds, pour, environ cinq ou six pieds, etc.
   La mort n'est point un mal à qui ne la craint pas.
       P. Marion. Cromwel.
Rem. Dans toutes ces occasions et aûtres semblables, on met un accent grave sur l'a, (à) pour le distinguer d'a, il a, 3e. pers. du sing. du prés. du v. Avoir, qui doit s'écrire sans accent.
   V. Divers emplois. On peut dire, d'après M. l'Abé Regnier des Marais, que pour marquer tous les usages de la prép. à, il faudrait faire passer en revûë presque tous les mots Français, n'y en ayant guère avec lesquels elle ne serve à former quelque phrâse, par la propriété qu'elle a de pouvoir être substituée à la plupart des prépositions. En voici quelques exemples, tirés de la Grammaire de l'Abbé Girard, trop négligée, peut-être parce qu'elle est trop savante, pleine d'une métaphysique trop subtile et trop abstraite; et sur-tout parce qu'elle est remplie de termes inusités, substitués aux termes employés par tous les autres Grammairiens; ce qui rend pénible et rebutante au commun des Lecteurs, la lecture de cet excellent ouvrage.
   À~ indique la spécification par 25 différens moyens.
   1°. Par la forme de la structûre.: lit à colonnes; table à pieds de biche; couteau à deux tranchans, etc.
   2°. Par la qualité: or à 22 carats; mot à double sens; fidélité à toute épreuve, etc.
   3°. Par la marque distinctive de la dignité et de l'état: Président à Mortier; gens à longue robe, etc.
   4°. Par la Propriété productive. Pays à paturages; côteau à vignoble; pierre à feu, etc.
   5°. Par l'objet du service: cuiller à café; bassin à barbe; table à jouer; pierre à aiguiser, etc.
   6°. Par la cause mouvante: arme à feu; moulin à bras; machine à ressort; fusil à vent, etc.
   7°. Par l'acompagnement: canne à lorgnette; table à tiroirs; habits à paremens d'or, etc.
   8°. Par le prix: place à six francs; journée à trois francs; étofe à dix écus l'aune; vin à dix sols le pot, etc.
   9°. Par la capacité: voiture à huit places; chaise à deux; table à vingt couverts; cafétière à dix tasses, etc.
   1°. Par la situation: porte à droite; route à gauche; château à mi-côte; vis-à-vis, etc.
   11°. Par l'attitude; fîgure à genou; prière à mains jointes; couché à la renverse, etc.
   12°. Par le sort que la chose doit avoir, ou mérite de subir: chiffons à brûler, fille à marier; bois à couper; arbre à planter; terre à vendre; procès à terminer; compagnie à éviter; coquin à pendre; homme à mépriser, etc.
13°. Par les effets conséquens: matière à procès; dispute à ne jamais finir; conseil à vous perdre; entreprise à vous ruiner, etc.
   14°. Par la manière d'exécuter: aller à grands pas; courir à toute bride; discourir à bâtons rompus; acheter à la douzaine, vendre à l'enchère, etc.
   15°. Par ce qui énonce ce que la chôse qualifiée produit ou peut produire: bon à purger; propre à guérir; disposé à servir; habile à peindre, etc.
   16°. Par ce qui énonce ce dont la chôse est l'objet et non l'agent: bon à manger; dur à digérer; facile à comprendre; dangereux à fréquenter, etc.
   17°. Par l'objet de l'action: monter à cheval; avoir à écrire; préparer à manger; offrir à boire; être encore à commencer, etc.
   18°. Par le point jusqu'où va la chôse: plaine à perte de vue; sot à l'excès; sévère à outrance, etc.
   19°. Par le modèle ou la ressemblance: bonnet à la turque; dessin à la chinoise; coiffure à l'antique; habit à la mode; pardoner à l' italienne; régaler à la française, etc.
   20°. Par l'aprêt: sauce à l'oignon; pigeon à la crapaudine; poulet à la marinade; peinture à l'huile; poudre à la maréchale.
   21°. Par l'instrument: bâs à l'aiguille; gravûre à l'eau forte; cuit à la broche, etc.
   22°. Par le contenu: pot à l' eau; bouteille à l'encre; grenier à foin; coffre à l'avoine, façade à quinze croisées, etc.
   23°. Par ce qui fixe le titre; Conseiller à la Cour des Aides; Procureur à la Sénéchaussée; commis à la Recette générale, etc.
   24°. Par le signalement: femme à la hotte; homme à la cocarde; Dame à la robe rouge; boule à la marque noire, etc.
   25°. Par le but de la qualification: utile à la santé; désagréable à l'oreille; contraire à ses intentions, etc. GIRARD.
   Dans les exemples donés, l'Abbé Girard, dans la crainte d'embrouiller les idées, n'a pas mis ceux où la prép. à fait syncope avec l'article: comme, marrons au sucre; soupe aux choux; au et aux ne sont que des contractions de: à le, à les. C'est une remarque à faire pour les exemples suivans.
   À~ prép. quoique du département des prépositions spécificatives, sert encore à d'autres indications, qui la rendent collocative, ordinale, unitive et terminale.
   Elle est collocative, lorsqu'elle indique le lieu ou la place; demeurant à Paris; se placer à la tête; être à deux pas; rester à la porte, etc.
   Elle est ordinale dans les ocasions où elle détermine un ordre de marche: deux à deux; pas à pas, etc.
   Elle est unitive pour les circonstances du temps, de la convenance et du motif: à midi; à présent; à votre commodité; à la pointe du jour; à la belle étoile; à votre considération; à la fortune du pot, etc.
   Enfin elle est terminale dans les ocasions où elle sert à exprimer le but de l'action ou le terme de la chôse: réduit à l'aumône; se livrer au bien public; de vous à moi; de dix à douze; à votre santé. GIR.
   À~ pour ou: deux à trois. Il est moins bon que deux ou trois. Voy. OU conjonction.
   REM. C'est une cacophonie de mettre trop d'a dans la même phrâse, comme a fait par exemple M. de la Harpe. *"C'est raisoner étrangement que de dire à un homme qu'il n'a dû sa célébrité qu'à sa méchanceté; et de l'inviter à renoncer à la seule chose qui l'a rendu célèbre. — Ce mêlange trop fréquent et trop raproché d'à préposition et d'a 3e. pers. du v. avoir, produit un mauvais éfet.

A. B. C. (Page A006b)

A. B. C. s. m. [Abécé, bref, 2e. et 3e. é fer.] Petit livret contenant l'Alphabet. — Renvoyer quelqu'un à l'a b c; le traiter d'ignorant.
   Figurément, c'est le commencement d'une science, d'un art. C'est l'a b c des Mathématiques, etc.

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Dictionnaire de L'Académie française, 6th Edition (1832-5)

A. s. m. (Page 1:1)
A. s. m. La première lettre de notre alphabet, et la première des voyelles. La lettre A. Un grand A. Un petit a. Un A majuscule. Un a romain. Un a italique. Des a mal formés. La voyelle A. A est long dans Blâme. A est bref dans Glace. A, dans les mots Casuel, basilique, larron, etc., a un son intermédiaire. A ne se prononce pas dans quelques mots, tels que Août, taon, etc.

Une panse d'a, La première partie d'un petit a, dans l'écriture ordinaire.

Prov., N'avoir pas fait une panse d'a, N'avoir rien écrit, rien copié, de ce qu'on devait écrire, copier; et, figurément, N'avoir rien composé, n'être point auteur. Depuis deux jours, mon copiste n'a pas fait une panse d'a. Cet homme n'a fait de sa vie une panse d'a.

Prov. et fig., Il n'en a pas fait, il n'y a pas fait une panse d'a, se dit De quelqu'un qui veut composer un ouvrage, mais qui n'y a pas encore travaillé, ou qui n'a aucune part à un ouvrage d'esprit qu'il s'attribue ou qu'on lui attribue. Il laisse croire que cet ouvrage est de lui; mais il n'en a pas fait une panse d'a, il n'y a pas fait une panse d'a.

Fam., Ne savoir ni A ni B, Ne savoir pas lire; et, figurément, Être fort ignorant.

Fam., N'en être qu'à l'A b c; renvoyer quelqu'un à l'A b c; etc. Voyez A B C.

À. préposition. Il se place devant différentes parties du discours, et sert proprement à marquer Tendance ou direction vers un lieu, vers un terme ou un objet quelconque. (Lorsqu'il précède l'article masculin suivi d'une consonne, on le contracte en au, pour à le; et lorsqu'il précède l'article pluriel des deux genres, on le contracte en aux, pour à les.) Aller à Rome, à l'église, à l'armée. Marcher à l'autel. Arriver à bord. Il vient à nous. Envoyer à l'école. Tourner à droite, à gauche. Retourner à la ville. Rentrer au logis. Voyage à Naples, à la campagne. La route de Paris à Versailles. Monter à cheval. Mettre pied à terre. S'élancer au plus fort de la mêlée. Revenir à la charge. Se mêler à la foule. Conduire un homme au supplice, à la mort. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Tendre les mains au ciel. Se prosterner aux genoux de quelqu'un. Jeter au feu. Tirer au blanc. Atteindre au but. Quelquefois on l'unit à la préposition jusque, qui marque plus précisément le terme ou le but. J'irai jusqu'à tel endroit.

Il s'emploie, par extension, devant les mots qui indiquent Le terme, ou le but, la fin d'une action quelconque. -- Devant les substantifs: Écrire à son ami. Parler à son père. Obéir aux lois. L'obéissance, la soumission aux lois. Renvoyer une affaire au lendemain. Remettre une cause à huitaine. Travailler aux mines. Atteindre à la perfection. En venir à des injures, à des reproches. Condamner à une peine. Pousser à bout. Réduire au tiers, au quart, à la moitié. Servir à tel usage. Tirer à sa fin. Tourner à la louange, à la honte, à l'avantage de quelqu'un. Toutes nos actions doivent tendre à la gloire de Dieu, à la plus grande gloire de Dieu. Boire à la santé de quelqu'un. -- Devant les infinitifs: Il demande à sortir. Il aime à lire et à écrire. Il vise, il tend à vous supplanter. Il aspire à vous plaire. Je parvins à le persuader. Quel empressement à le servir! Il s'est abaissé à le prier, jusqu'à le prier. Elle s'est emportée à lui dire, jusqu'à lui dire que... Tous s'accordent à le louer. Je me décidai à partir. Répugner à faire une chose. J'aviserai à le faire. Inviter à dîner. Obliger à payer, à fuir, etc. (Nous avons rejeté à la fin de cet article quelques emplois particuliers de l'infinitif avec la préposition À.)

Il s'emploie particulièrement devant le régime ou complément indirect des verbes transitifs, pour marquer de même Le terme, la fin de l'action que le verbe exprime. Donner une bague à quelqu'un. J'ai prêté ce livre à mon frère. Enseigner la géographie à un enfant. Dire un mot, faire un salut à quelqu'un. S'appliquer, s'adonner à l'étude. Adressez-vous à lui.

C'est pour cela que des verbes qui semblent désigner un rapport tout opposé à celui de tendance, de direction vers un but, qui expriment au contraire extraction, séparation, sont cependant suivis de la préposition À, qui précède leur régime ou complément indirect. Arracher une dent à quelqu'un. Ôter à quelqu'un ses vêtements. Se soustraire au danger, au châtiment. Etc.

Dans certaines phrases elliptiques, la préposition À marque Consécration, dédicace, envoi à une personne. À Dieu très-bon et très-grand. Aux dieux lares. Au Dieu inconnu. Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Un tel à un tel, salut. Hymne à Vénus. Épître de Boileau à Molière, à Racine.

On doit rapporter à cet emploi de la préposition À La suscription ou l'adresse ordinaire des lettres missives: À Monsieur N.; À Madame...

Dans quelques autres phrases elliptiques, analogues aux précédentes, la même préposition marque Une louange ou un blâme, une sorte de voeu pour ou contre quelqu'un ou quelque chose. Honneur aux braves! Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes qui veulent le bien! Malheur aux vaincus! Haine à la tyrannie! Honte à la bassesse, à la lâcheté!

Quelques verbes se construisent, devant l'infinitif, tantôt avec la préposition À, tantôt avec la préposition De; mais dans des sens un peu différents.

Commencer à, désigne une action qui aura du progrès, de l'accroissement. Le jour commence à luire. Il commence à pleuvoir. Cet enfant commence à parler.

Commencer de, désigne une action qui aura de la durée. Lorsque cet orateur commença de parler, il s'éleva dans l'auditoire un murmure favorable. Quand le tonnerre commence de gronder, il faut s'attendre à un orage.

Continuer à, suppose une action commencée, et que l'on continue. Je vais continuer à écrire ma lettre. Nous allons continuer à jouer.

Continuer de, désigne une action répétée par intervalles, et qu'on a l'habitude de faire. Mon frère continue de jouer. Je ne continuerai pas longtemps de voir cet homme-là.

Nous nous bornerons à ces exemples. C'est aux grammaires d'indiquer, plus en détail, avec quels verbes on emploie tantôt À et tantôt De, et comment l'une ou l'autre de ces prépositions détermine le sens du verbe.

La préposition À est encore susceptible de beaucoup d'autres emplois, où sa valeur primitive est très-diversement modifiée, et quelquefois même assez altérée pour qu'il soit difficile de la reconnaître. Nous exposerons les plus remarquables.

À, s'emploie lorsqu'on veut marquer Distance, intervalle. De Paris à Genève il y a tant de lieues. Être vêtu de noir de la tête aux pieds. Travailler du matin au soir. Ce changement s'opéra du jour au lendemain. À trois jours de là je le rencontrai de nouveau. À deux mois de date. À dix jours de vue.

Il s'emploie aussi lorsqu'on veut marquer Relation entre les personnes ou les choses. De marchand à marchand il n'y a que la main. De vous à moi. De nation à nation. Un est à deux comme deux est à quatre. Du tout au tout. Vivre de pair à compagnon. Traiter quelqu'un de Turc à More. Vendre de gré à gré.

À, sert en outre à marquer Situation ou position relative, c'est-à-dire, à déterminer Le lieu, l'endroit où est quelque chose, où s'exécute une action. Sa maison est au faubourg Saint-Germain. Nous étions à la portée du canon. Se tenir à l'entrée du bois, au bord de la rivière. Être à sa place. Demeurer à Paris. Vivre au fond des forêts. Au sein des villes. Manger à l'auberge. Il y avait beaucoup de monde à ce bal, à cette fête. Elle a passé la matinée à l'église. Prendre un bain à la rivière. Être au bal, au jeu, à la parade, etc. Les pièces de terre qui bornent cet héritage au couchant, au levant, etc. Être au-dessus, au-dessous, au bas, au haut, etc. Restez à ses côtés, à côté d'elle. Il est à nos trousses. L'argent à la main. L'épée au côté. Les larmes aux yeux. Le diadème au front. Sentir une douleur au côté. Avoir une blessure à l'épaule, à la cuisse. Marquer au front. Ils se parlaient à l'oreille. Ils se prirent aux cheveux. À chaque arbre il cueillait un fruit. S'arrêter à chaque pas. Se prendre au piége. Être consigné à la porte. Souvent à l'idée de Situation est jointe celle d'Intervalle, comme dans ces phrases: Sa maison est à deux lieues d'ici. Il était à dix pas de nous, à dix pas.

Elliptiq., Un tel, notaire à Paris, fabricant à Lyon, etc., Établi ou demeurant à Paris, à Lyon, etc.

Au jeu, à l'escrime, etc., signifient souvent, En termes de jeu, d'escrime, etc.; ou Lorsqu'il s'agit de jeu, etc.

À la face, à la vue de l'ennemi, En présence même de l'ennemi. On dit en des sens analogues: Il fut immolé aux yeux de son père. La chose s'est faite au vu de tout le monde. À son nez et à sa barbe. Au grand jour. À la face du soleil. Coucher à la belle étoile. Le vaisseau était à vue de terre.

À, s'emploie dans quelques locutions elliptiques servant à désigner L'enseigne d'une hôtellerie, d'un magasin, etc. Au Cheval blanc. Au Veau qui tette. À la Boule d'or. À l'Y grec. Au Gagne-petit. Etc.

Il sert quelquefois à désigner L'institution, l'établissement auquel une personne est attachée. Conseiller à la cour de cassation. Avocat à la cour royale de Paris. Commis au ministère de la guerre. Etc.

À, s'emploie aussi lorsqu'on veut indiquer Le temps, l'époque, la circonstance de temps. Au commencement de l'été. À la fin du mois. Au jour indiqué. À l'aube du jour. Au matin. Au soir. Au coucher du soleil. Se lever à six heures. Déjeuner à midi. Rentrer à heure indue. Nous arrivâmes à la même heure. Je l'attends à tout moment, à toute heure. À l'heure qu'il est. Tout à l'heure. À présent. Au temps où nous sommes. Il mourut à l'âge de quatorze ans, à quatorze ans. Il fut tué au siége de telle place. Je le ferai à mon premier loisir. On l'accueillit fort bien à son arrivée. À l'instant où j'allais sortir, il vint chez moi. On dit elliptiquement, dans un sens analogue, À une personne que l'on quitte, À demain, à ce soir, à dimanche, etc., Nous nous reverrons demain, ce soir, dimanche, etc.

Il se dit particulièrement D'une circonstance, d'un événement, etc., qui détermine immédiatement quelque action. À ma mort, il héritera de cette maison. Au premier coup de canon, la ville capitula. À la troisième sommation, ils se retirèrent. Partir au premier signal. On accourut à ses cris. Au moindre geste, vous êtes mort. À ces mots, il rougit. À cette nouvelle, il parut déconcerté. À la proposition que je lui fis, je vis sa colère s'évanouir. À cette occasion, je rappellerai que...

Il sert encore, dans quelques locutions, à marquer Un espace de temps, une durée. Payer au mois. Louer à l'année. Travailler à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité. À jamais. À la vie et à la mort. À la longue, tout s'use.

À, marque souvent Appartenance, possession. Ce livre est à ma soeur. Cette ferme appartient à mon père. Avoir une maison à soi. Rendez à César ce qui est à César. Il a un style, une manière à lui. C'est un homme de mérite, un ami à moi, que je vous recommande vivement. Pop., La barque à Caron. Quelquefois il forme avec son régime une sorte de pléonasme qui marque plus énergiquement l'idée d'Appartenance. C'est mon opinion, à moi. Sa manie, à lui, c'est de croire que... Votre devoir, à tous, est de lui obéir.

Dans quelques phrases, il sert à rapporter à son complément l'action exprimée par un verbe qui le précède. Faire prendre les armes à une troupe. C'est bien fait, bien dit, bien pensé à vous. C'est à faire à lui. J'ai ouï dire à votre frère que... On dit de même, C'est modestie à vous, c'est folie à eux, de croire...

C'est à vous de parler, C'est à vous qu'il appartient, qu'il convient de parler; et, C'est à vous à parler, Votre tour de parler est venu.

Je trouve à votre soeur l'air un peu triste, Votre soeur me paraît éprouver quelque tristesse.

À, s'emploie de même quelquefois pour déterminer son régime ou complément par rapport au nombre. Avoir, louer une maison à deux, à trois. À moi seul je le ferai. À dix que nous étions, pas un ne refusa.

À, sert en outre, avec son complément, à indiquer L'espèce, la qualité. Canne à sucre. Vache à lait. Pays à pâturages. Homme à systèmes, à projets. Femme à vapeurs. Or à vingt-deux carats. Velours à trois poils. Bas à quatre fils. Manchettes à dentelle. Soupe aux herbes. Glace à la vanille.

Il indique particulièrement:

1° La forme, la structure, ou l'accessoire d'une chose. Clou à crochet. Table à tiroir. Lit à colonnes. Couteau à ressort, à gaîne, à manche d'ivoire. Bague à diamants. Canne à épée. Chandelier à branches. Chapeau à grands bords. Boîte à double fond. Bâton à deux bouts. Chaise à bras. Maison à porte cochère. Instrument à cordes. Montre à répétition. Voiture à deux roues. Les animaux à quatre pieds. Les oiseaux à bec fin. Les plantes à fleurs labiées.

2° La destination, l'usage. -- Avec un substantif: Terre à blé. Marché à la volaille. Moulin à farine, à poudre, à papier. Cuiller à pot, à soupe, à café. Pot à l'eau. Bouteille à l'encre. Boîte à thé. Sac à ouvrage. Plat à barbe. Pierre à fusil. Selle à tous chevaux. Voiture à six places. -- Avec un infinitif: Fille à marier. Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer. Maison à vendre, à louer. Verre à boire. Table à jouer. Chambre à coucher. Fer à repasser. Pierre à aiguiser. On peut rapporter à cette acception les phrases telles que: Prendre quelqu'un à témoin, Invoquer son témoignage; Prendre à tâche, S'attacher à faire une chose, ne perdre aucune occasion de la faire; Tenir à honneur, à injure, Regarder comme un honneur, comme une injure; Etc.

3° Ce qui sert spécialement, ce qui est nécessaire à l'emploi d'une machine, d'un instrument, etc. Arme à feu. Fusil à vent. Bateau, machine à vapeur. Moulin à eau, à vent, à bras. Chaise à porteurs. Instrument à vent.

À, sert en outre à former une infinité de locutions qui marquent La manière d'agir, la manière d'être des personnes ou des choses, les circonstances qui accompagnent un fait. À genoux. À pieds joints. À mains jointes. À bras ouverts. À quatre pattes. À la nage. À tâtons. À reculons. À rebours. À la renverse. À califourchon. À nu. À cru. À la débandade. Au plus vite. À la hâte. À l'improviste. À double carillon. À merveille. À la diable. À la légère. À la volée. À la boule vue. À vue de pays. À tête reposée. À bâtons rompus. À toute force. À toutes mains. À main armée. À brûle-pourpoint. À bout portant. À juste titre. À bon droit. À droit. À tort. À peine. À grand'peine. À propos. Rire à gorge déployée. Répondre à demi-mot. Crier à tue-tête. Parler à haute et intelligible voix. S'habiller à la française. Chanter à l'italienne. Marcher à petit bruit. Brûler à petit feu. S'enfuir à toutes jambes. S'avancer à grands pas. Aller à petites journées. S'éloigner à tire-d'aile. S'élever à ballon perdu. Aller à voiles et à rames. Voyager à pied et à cheval. Galoper à bride abattue, ventre à terre. Se coucher à plat ventre. Se jeter à corps perdu. Se battre à outrance. Boire à l'excès. Il pleut à verse. L'eau s'échappait à gros bouillons. Obtenir à force de prières, de démarches, d'importunités. S'amuser aux dépens de quelqu'un. Frapper à bras raccourci. Poursuivre à coups de pierres, à coups de fusil. Renverser à coups de canon. Passer au fil de l'épée. Fouler aux pieds. Toucher au doigt, Fermer au verrou. Garder à vue. Entrer à la lueur des flambeaux, au son des cloches. S'éloigner à la faveur des ténèbres. Mettre tout à feu et à sang. On les battit à plate couture. Battre du fer à froid. Boire à la glace. Traiter un sujet à fond. Être à jeun, à sec. Prendre au dépourvu. C'est au mieux. Être à billes égales. Un canon chargé à mitraille. Un mur bâti à chaux et à sable. Pigeon à la crapaudine. Veau à la bourgeoise. Anguille à la tartare. Être à couvert, à l'abri, à découvert. Se tenir à l'écart. Des rochers à fleur d'eau.

D'autres locutions, analogues aux précédentes, indiquent:

1° L'instrument dont on se sert pour faire quelque chose. Pêcher à la ligne. Jouer à la paume. Se battre à l'épée, au pistolet. Mesurer à l'aune, au mètre. Dessiner à la plume. Tracer au crayon, au compas. Travailler à l'aiguille. On dit de même, par ellipse, Des bas à l'aiguille, au métier, etc.

2° La mesure, le poids, la quantité. Vendre du vin à pot et à pinte. Vendre à la livre. Acheter au cent, à la douzaine. Donner à brassées, à poignées, à pleines mains, etc. -- Les phrases déjà citées, Avancer à grands pas, voyager à petites journées, boire à l'excès, et quelques autres semblables, ont beaucoup d'analogie avec celles de ce paragraphe.

3° Le prix, la valeur. Louer un cabriolet à douze francs par jour. Diner à trois francs par tête. Emprunter à gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent. Les places sont à six francs. Acheter du drap à vingt francs l'aune. Vendre à bon compte. Donner une marchandise à vil prix, à bon marché, etc. Vivre à peu de frais.

4° La disposition morale, l'intention. À plaisir. À regret. À dessein. coeur ouvert. À contre-coeur. Prendre une affaire à coeur. À bonne, à mauvaise intention.

5° La cause. Se ruiner au jeu, à jouer. Se tuer à travailler. Mourir à la peine. Bâiller à la lecture d'un mauvais ouvrage. Prendre plaisir à quelque chose. S'endormir au murmure des eaux. S'éveiller au bruit de la tempête. Frémir à l'aspect du danger.

6° L'effet, le résultat. Vendre à perte. Blesser à mort. Courir à perdre haleine. Danser à ravir. Cela eut lieu au grand étonnement de toute la ville, aux applaudissements de tous. Au péril de sa vie. Au risque de tout perdre. À peine d'amende. À peine de la vie. On dit plus ordinairement, Sous peine d'amende, de la vie, etc. (Voyez ci-après un emploi particulier de la préposition À placée entre un infinitif et un substantif.)

Dans plusieurs locutions, la préposition À se trouve précédée et suivie du même mot. Alors elle marque:

1° Succession, gradation; ordre, arrangement. Goutte à goutte. Un à un. Brin à brin. Feuille à feuille. Démonter une pendule pièce à pièce. Compter sou à sou. Augmenter petit à petit, peu à peu. Ils se placèrent deux à deux, trois à trois, quatre à quatre. Mettez-les deux à deux, près à près.

2° Correspondance exacte. Traduire mot à mot. Suivre quelqu'un pas à pas. Jouer but à but.

3° Jonction, proximité, rencontre, ou Opposition. Bout à bout. Dos à dos. Côte à côte. Pied à pied. Tête à tête. Nez à nez. Bec à bec. Corps à corps. Seul à seul. Face à face. Vis-à-vis.

À, se dit souvent, au Jeu, lorsqu'on veut indiquer les points respectifs des joueurs. Quand nous quittâmes le jeu, nous étions quatre à six. À cette partie de trictrac, nous étions six trous à douze.

À, placé entre deux nombres, en laisse supposer un qui est intermédiaire. Vingt à trente personnes. Quinze à vingt francs. Mille à douze cents francs.

Il se place aussi entre deux nombres consécutifs, lorsqu'ils se rapportent à des choses qui peuvent se diviser par fractions. Deux à trois livres de sucre. Cinq à six lieues. On dit, Cinq ou six personnes, onze ou douze chevaux, etc., et non, Cinq à six personnes, onze à douze chevaux, etc.

À, marque aussi Conformité, convenance; et alors il se prend pour Selon, suivant. À mon gré. À sa fantaisie. À sa manière. À mon choix. À votre avis. À ma guise. À leur jugement. Chapeau à la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour. Marcher à son rang. À la rigueur, il faudrait le condamner. À votre compte, je serais votre débiteur. À ce que je crois, vous voulez partir. Boire à sa soif. Manger à sa faim. Dieu fit l'homme à son image. Il voulut, à l'exemple de son père... À l'instar de la capitale. On dit dans un sens analogue, À la vérité, à plus forte raison, etc.

Il indique particulièrement Ce qui fournit une induction, une conjecture, etc. À l'oeuvre on connaît l'ouvrier. À ses manières on reconnaît un homme du monde. Je vis, à sa contenance, qu'il était peu rassuré. À son air triste nous pressentîmes le malheur qui lui était arrivé.

À, suivi d'un infinitif, équivaut très-souvent au participe du même verbe précédé de la préposition en. À le voir, on juge de son état, En le voyant, etc. À ne considérer que telle chose, En ne considérant que telle chose. À le bien prendre. À tout prendre. À voir les choses de sang-froid. À compter de ce jour. À partir de telle époque. Etc.

À l'en croire, à l'entendre, etc., S'il faut l'en croire, etc.

À dire la vérité, à vrai dire, à parler franchement, à ne rien dissimuler, etc., Pour dire la vérité, etc.

À, placé entre un substantif et un infinitif, sert fréquemment à indiquer Ce qu'il est nécessaire ou convenable de faire, l'opinion qu'on a d'une personne ou d'une chose. C'est un ouvrage à recommencer. C'est un avis à suivre. C'est une partie à remettre. C'est une affaire à accommoder. C'est une occasion à ne pas laisser échapper. C'est un cheval à garder. C'est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme à pendre, à noyer. C'est un livre non-seulement à lire, mais à relire souvent. On dit dans un sens analogue, Vous n'avez qu'à parler, qu'à ordonner, qu'à vouloir, etc.

Il désigne aussi Ce qui peut être l'effet ou la suite d'un événement, ce à quoi une chose peut servir, ou de quoi une personne est capable. C'est une affaire à vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est une entreprise à vous faire honneur. C'est un conte à dormir debout (à faire dormir debout). C'est un homme à réussir dans tout ce qu'il entreprendra. Il est homme à se fâcher, à vous jouer un mauvais tour.

À, devant un infinitif, peut quelquefois s'expliquer par De quoi. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à s'occuper. J'ai à vous entretenir. Il y aurait à craindre. Trouver à redire. Il n'y a pas à balancer. On dit dans un sens analogue: Le temps que j'ai à vivre, Pendant lequel je dois vivre. L'argent que j'ai à dépenser, Que je puis ou que je dois dépenser. N'avoir rien à répliquer, ne trouver rien à répondre, N'avoir rien que l'on puisse répliquer ou répondre. Etc.

Il se place encore devant l'infinitif des verbes, dans divers autres sens. Ainsi on dit: Je suis ici à l'attendre, Je l'attends. Je suis encore à savoir comment.... Je n'ai pu encore savoir comment....Etc.

Quelquefois À, devant le relatif qui, sert à former des locutions elliptiques qui expriment Une sorte de rivalité, de concurrence. Ils dansaient à qui mieux mieux. C'est à qui ne partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier. Ils s'empressaient à qui lui plairait davantage. Disputer à qui obtiendra une faveur.

À, se met après beaucoup d'adjectifs, pour en déterminer ou en restreindre la signification. -- Avec un infinitif: Habile à séduire. Fou à lier. Facile à dire. Bon à manger. Curieux à voir. Triste à penser. Prompt à s'irriter. Prêt à combattre. Lent à venir. -- Avec un substantif, un pronom, etc.: Impénétrable à l'eau. Prompt à la repartie. Indulgent à tous. Sévère à lui-même. Propre à tel usage. Utile aux hommes. On dit, par inversion: À qui sait vivre de peu, les richesses sont inutiles. À de tels hommes rien ne saurait être impossible. Etc.

À, sert également à changer, à modifier la signification de plusieurs verbes. Ainsi on dit: Prétendre la première place, L'exiger comme un droit, comme une prérogative qui nous appartient; et Prétendre à la première place, Y aspirer, travailler à l'obtenir. Toucher ses revenus, Les recevoir; et Toucher à ses revenus, En employer, en dépenser une partie. Suppléer quelque chose, L'ajouter, le fournir lorsqu'il manque: Pour faire cette acquisition, il lui manquait six mille francs; son père les a suppléés; et Suppléer à quelque chose, Le remplacer, en réparer l'absence, le défaut: Dans des temps de disette, on a suppléé au pain par le riz et par les pommes de terre. Etc.

À, s'emploie dans certaines phrases elliptiques exprimant Un appel, un avertissement bref, une imprécation, un souhait, etc. À moi! À nous! Au feu! Au voleur! À l'assassin! Au secours! À la garde! Aux armes! À bas, à bas! À l'eau! Au diable! À d'autres! À votre santé. À votre aise. Au nom du ciel!

À, placé à la suite de quelques adverbes ou de certains autres mots, forme des locutions prépositives. Conformément à l'usage. Quant à moi. Sauf à y revenir. Par rapport à lui. Etc.

Pour toutes les autres locutions, telles que, Au moins, au plus, à peu près, à cela près, à mesure, au reste, au surplus, à l'égard de, etc., et pour les diverses phrases qu'on n'a pu rapporter ici, telles que, À trompeur trompeur et demi; à bon chat bon rat; C'est à savoir; c'est-à-dire; qu'est-ce à dire? etc., voyez aux différents articles des mots qui servent à les former.

La particule relative Y remplace très-souvent la préposition À et son régime. Voyez l'article Y.

À, dans la composition des mots, marque également Tendance, rapprochement, addition, etc. Apporter. Amener. Attirer. Aborder. Appauvrir. Accoupler. Accroître. Etc. On voit qu'alors il perd ou plutôt ne reçoit point l'accent, et que souvent il détermine le redoublement de la consonne par laquelle commence le mot simple.

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Dictionnaire de L'Académie française, 8th Edition (1932-5)

A. (Page 1:1)
A. n. m. La première lettre de notre alphabet. Elle représente une des voyelles. La lettre A. Un grand A. Un petit a. Un A majuscule. Un a romain. Un a italique. Des a mal formés. La voyelle A. A est fermé dans Blâme. A est ouvert dans Glace. A, dans les mots Casuel, larron, etc., a un son intermédiaire. A ne se prononce pas ordinairement dans Août et ne se prononce jamais dans Saône.

Une panse d'a, La première partie d'un petit a, dans l'écriture ordinaire, la partie arrondie de l'a qui a la forme d'une panse.

Prov., N'avoir pas fait une panse d'a, N'avoir rien écrit, rien copié de ce qu'on devait écrire, copier; et figurément N'avoir rien composé, n'être point auteur. Depuis deux jours, mon copiste n'a pas fait une panse d'a. Il laisse croire que cet ouvrage est de lui; mais il n'en a pas fait une panse d'a, il n'y a pas fait une panse d'a.

Fam., Ne savoir ni A ni B, Ne savoir pas lire; et figurément Être fort ignorant.

A. (Page 1:1)
A. 3e pers. du sing. de l'ind. prés. du verbe AVOIR.

À. (Page 1:1)
À. préposition. Lorsque À précède l'article masculin suivi d'une consonne ou d'un h aspiré, il se contracte en au. Il fait au pluriel aux. Il exprime cinq rapports différents :

1° Possession;

2° Tendance, direction vers un lieu, vers un objet;

3° Situation, manière d'être;

4° Provenance;

5° Espèce, qualité.

Il a en outre un grand nombre de significations diverses.

- À sert à marquer Possession, appartenance. Ce livre est à ma soeur. Cette ferme appartient à mon père. Avoir une maison à soi. Rendez à César ce qui est à César. Il a un style, une manière à lui. C'est un homme de mérite, un ami à moi, que je vous recommande vivement.

Quelquefois il forme avec son complément une sorte de pléonasme qui donne plus de force à l'idée de possession. C'est mon opinion, à moi. Sa manie, à lui, c'est de croire que... Votre devoir, à tous, est de lui obéir.

C'est à vous à parler, Votre tour de parler est venu. On dit aussi C'est à vous de parler, C'est à vous qu'il convient de parler.

II° - À sert à marquer Tendance ou Direction. Aller à Rome, à l'église, à l'armée. Marcher à l'autel. Arriver à bord. Il vient à nous. Envoyer à l'école. Tourner à droite, à gauche. Retourner à la ville. Rentrer au logis. Un voyage à Naples, à la campagne. La route de Paris à Versailles. Mettre pied à terre. S'élancer au plus fort de la mêlée. Revenir à la charge. Se mêler à la foule. Conduire un homme au supplice, à la mort. Atteler à la charrue. Tendre les mains au ciel. Se prosterner aux genoux de quelqu'un. Ils se prirent aux cheveux. Jeter au feu. Atteindre au but. Quelquefois on l'unit à la préposition jusque, qui marque plus précisément le Terme ou le but. J'irai jusqu'à tel endroit.

En ce sens, il s'emploie Devant les noms. Écrire à son ami. Obéir aux lois. L'obéissance, la soumission aux lois. Renvoyer une affaire au lendemain. Atteindre à la perfection. En venir à des injures. Pousser à bout. Réduire au tiers. Servir à tel usage. Tirer à sa fin. Tourner à la louange de quelqu'un. Toutes nos actions doivent tendre à la gloire de Dieu. Boire à la santé de quelqu'un. - Devant les infinitifs. Il demande à sortir. Il aime à lire et à écrire. Il vise, il tend à vous supplanter. Il aspire à vous plaire. Je parvins à le persuader. Quel empressement à le servir! Il s'est abaissé à le prier, jusqu'à le prier. Elle s'est emportée à lui dire, jusqu'à lui dire que... Tous s'accordent à le louer. Je me décidai à partir. J'aviserai à le faire. Inviter à dîner. Obliger à fuir.

Il désigne la Destination, l'usage. Avec un nom. Terre à blé. Marché à la volaille. Moulin à farine, à poudre, à papier. Cuiller à pot, à soupe, à café. Pot à l'eau. Bouteille à l'encre. Boîte à thé. Sac à ouvrage. Plat à barbe. Pierre à fusil. - Avec un infinitif. Fille à marier. Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer. Maison à vendre, à louer. Verre à boire. Table à jouer. Chambre à coucher. Fer à repasser. Pierre à aiguiser. On peut rapporter à cette acception les phrases telles que : Prendre quelqu'un à témoin, Invoquer son témoignage; Prendre à tâche, S'attacher à faire une chose, ne perdre aucune occasion de la faire; Tenir à honneur, à injure, Regarder comme un honneur, comme une injure.

Il sert particulièrement à former le complément d'attribution de certains verbes transitifs. Donner une bague à quelqu'un. J'ai prêté ce livre à mon frère. Enseigner la géographie à un enfant. Dire un mot, faire un salut à quelqu'un. Par extension, À forme le complément d'objet indirect de quelques verbes transitifs comme Nuire à autrui. Obéir à quelqu'un. Il aime à écrire. Il demande à sortir.

Dans certaines phrases elliptiques, À marque Consécration, dédicace, envoi à une personne. À Dieu très bon et très grand. Au Dieu inconnu. Aux dieux lares. Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Un tel à un tel, salut. Hymne à Vénus. Épître de Boileau à Racine. C'est dans ce sens qu'on l'emploie encore aujourd'hui pour la suscription ou l'adresse de certaines lettres, À Monsieur le Ministre des Finances... À Monsieur le Directeur de l'Assistance publique...

Quelques autres phrases elliptiques offrent un emploi analogue de la même préposition. Honneur aux braves! Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté! Malheur aux vaincus! Haine à la tyrannie! Honte à la bassesse, à la lâcheté!

On doit rapporter encore à cet emploi de À certaines phrases elliptiques exprimant un Appel, un avertissement bref, une imprécation, un souhait, etc. À moi! À nous! Au feu! Au voleur! À l'assassin! Au secours! À la garde! Aux armes! À bas! À l'eau! Au diable! À d'autres! À votre santé! À votre aise! À revoir! Au revoir!

III° - À sert à marquer la Situation, la manière d'être, pour le lieu ou pour le temps. Nous habitons à l'entrée du bois, au bord de la rivière. Sa maison est au faubourg Saint- Germain. À portée de fusil. Être à sa place. Demeurer à Paris. Vivre au fond des forêts. Mourir à l'étranger. À l'intérieur des villes. Manger à l'auberge. Il y avait beaucoup de monde à ce bal. Elle a passé la matinée à l'église. Passer l'été à la campagne. Être au jeu, à la parade, etc. Au couchant, au levant, etc. Être au-dessus, au-dessous, au bas, au haut, etc. Restez à ses côtés, à côté d'elle. Il est à nos trousses. L'argent à la main. L'épée au côté. Les larmes aux yeux. Le diadème au front. Sentir une douleur au côté. Avoir une blessure à l'épaule, à la cuisse. Marquer au front. Ils se parlaient à l'oreille. S'arrêter à chaque pas. Se prendre au piège. Être consigné à la porte. Notaire à Paris, fabricant à Lyon.

À la face, à la vue de l'ennemi, En présence même de l'ennemi. On dit en des sens analogues Il fut battu aux yeux de la foule. La chose s'est faite au vu et au su de tout le monde. À son nez et à sa barbe. Au grand jour. À la face du soleil. Coucher à la belle étoile. À genoux. À pieds joints. À tâtons. À reculons. Attacher, fixer à la muraille, atteler à la charrue. Saisir quelqu'un aux cheveux, aux oreilles, à l'épaule. À regret. À dessein. À toute force. À tort ou à raison. Il pleut à verse. À feu et à sang. À l'abri. À la française.

Il sert à désigner l'Institution, l'établissement auquel une personne est attachée. Conseiller à la Cour de cassation. Avocat à la Cour d'appel de Paris. Professeur au Collège de France.

À s'emploie dans quelques locutions elliptiques servant à désigner par son enseigne un Hôtel, un magasin. Au Cheval blanc. À la Boule d'or. Au Gagne-petit.

À s'emploie lorsqu'on veut indiquer le Temps, l'époque, la circonstance. Au commencement de l'été. À la fin du mois. Au jour indiqué. À l'aube du jour. Au matin. Au soir. Se lever à six heures. Rentrer à une heure indue. Nous arrivâmes à la même heure. Je l'attends à tout moment, à toute heure. À l'heure qu'il est. Tout à l'heure. À présent. Au temps où nous sommes. Il mourut à l'âge de quatorze ans, à quatorze ans. Il fut tué au siège de telle place. Je le ferai à mon premier loisir. On l'accueillit fort bien à son arrivée. À l'instant où j'allais sortir, il vint chez moi. On dit elliptiquement, dans un sens analogue, à une personne que l'on quitte, À demain, à ce soir, à dimanche, etc.

Il sert encore, dans quelques locutions, déterminer un Espace de temps, une durée. Payer au mois. Louer à l'année. Travailler à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité. À jamais. À la vie et à la mort. À la longue, tout s'use.

Il s'emploie pour désigner le Rapport de deux faits entre eux. À ma mort, il héritera de cette maison. Au premier coup de canon, la ville capitula. À la troisième sommation, ils se retirèrent. Partir au premier signal. On accourut à ses cris.

IV° - À marque la Provenance. Puiser de l'eau à une fontaine. Prendre à un tas. La poésie grecque commence à Homère. Les Latins ont beaucoup emprunté aux Grecs.

Il peut désigner par suite Ce qu'on détache de quelqu'un ou de quelque chose. Ôter ses vêtements à quelqu'un. Enlever la ville aux ennemis.

V° - À marque encore l'espèce, la qualité caractéristique. Vache à lait. Canne à sucre. Instrument à cordes. Machine à vapeur.

Indépendamment de ces significations générales, À en a beaucoup d'autres, qui forment des idiotismes, et dont on ne peut énumérer que les plus importantes.

À, suivi d'un infinitif, prend des sens très différents. À le voir, on juge de son état. En le voyant, etc. À ne considérer que telle chose, En ne considérant que telle chose ou Si on ne considère que. À le bien prendre. À tout prendre. À voir les choses de sang-froid. À compter de ce jour. À partir de telle époque. Facile à dire. Bon à manger.

À l'en croire, à l'entendre, etc., S'il faut l'en croire, etc.

À dire la vérité, à vrai dire, à parler franc, à ne rien dissimuler, etc., Pour dire la vérité, etc. à la paume.

Vin à boire, Vin bon à boire. C'est un ouvrage à recommencer, Qu'il faut recommencer. C'est un avis à suivre, Qu'il faut suivre. C'est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme à pendre. C'est un livre non seulement à lire, mais à relire souvent. On dit dans un sens analogue Vous n'avez qu'à parler, qu'à vouloir, etc. C'est une affaire à vous perdre, Qui pourra vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est un conte à dormir debout, Qui pourrait faire dormir debout. Il est homme à se fâcher, Capable de se fâcher. Cela n'est pas à dédaigner, Cela n'est pas méprisable. Cette place est à prendre. Je suis encore à savoir comment... J'ignore comment...

Devant un infinitif, il peut quelquefois s'expliquer par De quoi. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à s'occuper. Il y aurait à craindre. Trouver à redire. Il n'y a pas à balancer. On dit dans un sens analogue Le temps que j'ai à vivre, Pendant lequel je dois vivre. L'argent que j'ai à dépenser, Que je puis ou que je dois dépenser. N'avoir rien à répliquer, ne trouver rien à répondre.

Il se place encore devant l'infinitif des verbes, dans divers autres sens. Ainsi on dit Je suis ici à l'attendre.

À, suivi d'un nom, signifie Au prix de. Dîner à trente francs par tête. Emprunter à gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent. Les places sont à dix francs. Acheter du drap à vingt francs le mètre. Vendre à bon compte. Donner une marchandise à vil prix, à bon marché, etc. Vivre à peu de frais.

De telle ou telle façon. Aller à la débandade. À la hâte. À l'improviste. À merveille. À la légère. À la diable, etc.

Au moyen de. Pêcher à la ligne. Jouer à la paume. Se battre à l'épée, au pistolet. Mesurer à l'aune, au mètre. Dessiner à la plume. Tracer au crayon, au compas. Travailler à l'aiguille. On dit de même par ellipse Des bas à l'aiguille, au métier, etc.

Selon, suivant. À mon gré. À sa fantaisie. À sa manière. À mon choix. À votre avis. À ma gauche. À leur jugement. Chapeau à la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour. Marcher à son rang. À la rigueur, on pourrait admettre cette opinion. À votre compte, je serais votre débiteur. À ce que je crois, vous voulez partir. Boire à sa soif. Manger à sa faim. Dieu fit l'homme à son image. Il voulut, à l'exemple de son père... À la vérité, à plus forte raison, etc.

Jusqu'à. Il est amoureux à la folie. Je suis malade à garder le lit. On dit aussi avec un infinitif Souffrir à crier.

Avec. Table à tiroir. Canne à épée. Voiture à deux roues. Clou à crochet.

Contre. Dos à dos. Corps à corps. Face à face.

Quelquefois il se rapproche de la signification d'Après. Goutte à goutte, une Goutte après l'autre. Démonter une pendule pièce à pièce. Pas à pas. Mot à mot. Sou à sou. Peu à peu. Deux à deux.

Il s'emploie quelquefois quand on veut exprimer un Nombre approximatif. Cinq à six lieues. Vingt à trente personnes. Quinze à vingt francs.

À suivi d'un nom de nombre, indique une action faite conjointement par deux ou plusieurs personnes. Louer une maison à trois. Être à deux de jeu.

Quelquefois À, devant le relatif qui, sert à former des locutions elliptiques qui expriment une Sorte de rivalité, de concurrence. Ils dansaient à qui mieux mieux. C'est à qui ne partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier. Ils s'empressaient à qui lui plairait davantage. Disputer à qui obtiendra une faveur.


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